Partager

cover art for Comment un arbre a-t-il failli déclencher une guerre mondiale ?

Choses à Savoir - Culture générale

Comment un arbre a-t-il failli déclencher une guerre mondiale ?

L’incident du peuplier, parfois appelé « incident de l’arbre de la zone démilitarisée », est un événement tendu qui a failli déclencher une guerre entre les États-Unis et la Corée du Nord en août 1976. Cette histoire incroyable commence par un simple arbre, un peuplier, qui poussait dans la zone démilitarisée (DMZ) séparant la Corée du Nord et la Corée du Sud, l’une des frontières les plus militarisées et les plus sensibles au monde.

 

Le 18 août 1976, des soldats américains et sud-coréens, accompagnés de travailleurs civils, se sont rendus dans la DMZ pour élaguer le peuplier, qui bloquait la vue d’un poste d’observation crucial pour surveiller les mouvements de l’armée nord-coréenne. Cependant, les Nord-Coréens, voyant ces travaux, ont réagi de manière inattendue et violente. Un groupe de soldats nord-coréens est arrivé sur les lieux et, après une altercation verbale, a brutalement attaqué le contingent américain et sud-coréen avec des haches et des barres de fer. Deux officiers américains, le capitaine Arthur Bonifas et le lieutenant Mark Barrett, ont été tués dans l’assaut.

 

Cet incident a déclenché une crise internationale majeure. Les États-Unis, sous la présidence de Gerald Ford, ont envisagé des réponses militaires, craignant que cet acte ne soit le signe d'une escalade planifiée par la Corée du Nord. Des tensions extrêmes se sont installées, et le monde entier a suivi avec inquiétude ce qui semblait être un prélude potentiel à une nouvelle guerre en Asie.

 

Pour montrer leur force sans déclencher de conflit direct, les États-Unis ont alors planifié l’« opération Paul Bunyan », une démonstration de puissance militaire d’une ampleur impressionnante. Trois jours après l'incident, une force massive, comprenant des soldats armés, des hélicoptères, des bombardiers et des avions de chasse, a été déployée pour sécuriser la zone et terminer l'abattage de l'arbre. La Corée du Nord, voyant ce déploiement massif, n’a pas réagi militairement, et l’incident a été désamorcé.

 

L’incident du peuplier reste un exemple frappant de la fragilité des relations internationales, où une simple opération d'élagage a failli déclencher un conflit mondial. Il met en lumière comment une situation apparemment triviale peut dégénérer rapidement en une crise majeure lorsque des tensions géopolitiques sous-jacentes sont présentes. Depuis, cet événement est souvent cité comme un cas d’école sur l’importance de la communication et de la prudence dans les zones de conflit.

More episodes

View all episodes

  • Pourquoi y a-t-il autant de maisons abandonnées au Japon ?

    02:21|
    Le Japon est confronté à un phénomène préoccupant : la multiplication des akiyas (空き家), ces maisons abandonnées qui se comptent en millions à travers le pays. Selon le dernier recensement, environ 8,5 millions de logements sont considérés comme vacants, soit près de 14 % du parc immobilier. Plusieurs facteurs expliquent cette situation unique, alliant démographie en déclin, migrations internes et héritages compliqués.Un déclin démographique massifLe Japon connaît un vieillissement accéléré de sa population, avec un taux de natalité extrêmement bas et une population qui diminue depuis plusieurs années. En 2023, le pays comptait moins de 125 millions d’habitants, et cette baisse continue entraîne un exode rural massif. Dans de nombreuses campagnes et petites villes, les jeunes quittent leur région natale pour chercher du travail dans les grandes métropoles comme Tokyo, Osaka ou Nagoya. Résultat : des maisons familiales sont laissées à l’abandon, faute d’héritiers prêts à y habiter.Une migration vers les grandes villesL’urbanisation a profondément modifié la répartition de la population japonaise. Depuis les années 1950, les zones rurales se vident au profit des mégapoles dynamiques, où se concentrent les opportunités professionnelles. Des villages entiers se retrouvent presque désertés, avec une diminution des services publics et commerces, rendant ces zones encore moins attractives pour de nouveaux habitants.Un marché immobilier rigide et peu favorable à la rénovationAu Japon, les maisons perdent rapidement de leur valeur, à l’inverse des terrains sur lesquels elles sont construites. Une maison de 30 ans est souvent considérée comme obsolète, et les Japonais préfèrent construire du neuf plutôt que de rénover. De plus, les normes antisismiques évoluent régulièrement, rendant certains bâtiments trop coûteux à mettre à jour.Des héritages compliquésLorsqu’un propriétaire décède, les maisons sont souvent transmises aux héritiers. Mais entre taxes élevées, coûts d’entretien et manque d’intérêt, beaucoup préfèrent les laisser à l’abandon. Certaines akiyas appartiennent à plusieurs héritiers, rendant leur gestion complexe et bloquant leur mise en vente.Des initiatives pour revitaliser ces maisonsFace à cette crise, certaines municipalités proposent des programmes incitatifs, comme des ventes à prix symbolique (1 000 à 10 000 euros) ou des subventions pour la rénovation. Mais inverser la tendance reste un défi de taille.Ainsi, la prolifération des akiyas reflète des enjeux profonds : vieillissement de la population, exode rural et marché immobilier rigide. Un problème que le Japon devra relever dans les années à venir.
  • Avec quoi s’essuyait-on avant l’invention du papier toilette ?

    02:16|
    Pour écouter l'épisode sur les obélisuqes:Apple Podcasts:https://podcasts.apple.com/fr/podcast/pourquoi-les-%C3%A9gyptiens-construisaient-ils-des-ob%C3%A9lisques/id1408994486?i=1000701195089Spotify:https://open.spotify.com/episode/6nUj7xgxJ3hI7yc2sNjXYR?si=9302caa0cecb4cff-----------------------Avant l’apparition du papier toilette, les humains ont utilisé divers matériaux selon les époques, les cultures et les moyens disponibles. L’hygiène intime a toujours été une préoccupation, mais les solutions variaient largement d’un endroit à l’autre.1. L’Antiquité : pierres, éponges et bâtonsDans l’Antiquité, les Romains utilisaient un objet appelé tersorium : une éponge attachée à un bâton, trempée dans de l’eau ou du vinaigre après usage. Cet outil était partagé dans les latrines publiques et stocké dans un seau. D’autres civilisations antiques, comme les Grecs, utilisaient des pierres lisses (pessoi) ou des tessons de poterie.2. Le Moyen Âge : chiffons et végétauxÀ l’époque médiévale, l’hygiène variait selon le statut social. Les nobles utilisaient des chiffons en lin ou de la laine, tandis que les classes populaires se servaient de paille, de foin, de feuilles ou de mousse. Les marins, eux, employaient de simples cordes trempées dans l’eau de mer.3. Les pratiques en Asie : bambou et papierEn Chine, le papier était utilisé pour l’hygiène dès le VIe siècle. Des documents du XIVe siècle attestent que l’empereur Ming en faisait produire des milliers de feuilles chaque année pour son usage personnel. Au Japon, on utilisait des bâtonnets de bois (chūgi) pour se nettoyer.4. L’époque moderne : journaux et cataloguesEn Europe et en Amérique, avant la généralisation du papier toilette au XIXe siècle, les gens utilisaient des vieux journaux, des catalogues ou des almanachs. Aux États-Unis, le catalogue Sears-Roebuck était très populaire dans les toilettes extérieures.5. L’invention du papier toiletteLe premier papier toilette commercialisé est apparu en 1857 aux États-Unis, sous forme de feuilles individuelles, inventé par Joseph Gayetty. En 1890, la marque Scott a introduit le rouleau perforé, qui s’est progressivement imposé dans les foyers.ConclusionAvant le papier toilette, l’humanité a fait preuve d’inventivité en utilisant des matériaux naturels et divers objets. Aujourd’hui, si le papier toilette est la norme en Occident, d’autres méthodes comme le bidet ou les douches hygiéniques restent courantes dans plusieurs régions du monde, perpétuant des pratiques anciennes.
  • Pourquoi l’hymne national polonais rend-il hommage à Napoléon ?

    02:00|
    L’hymne national de la Pologne, la "Marche de Dąbrowski" (Mazurek Dąbrowskiego en polonais), est un chant patriotique adopté officiellement en 1927. Il se distingue par un fait unique : il contient un hommage explicite à Napoléon Bonaparte, ce qui est exceptionnel pour un hymne national. Le contexte de la création de l’hymneLa Marche de Dąbrowski est composée en 1797 par Józef Wybicki, un écrivain et patriote polonais, pour soutenir les légions polonaises dirigées par Jan Henryk Dąbrowski. Ces légions étaient formées en Italie pour combattre aux côtés de Napoléon contre les Autrichiens, dans l’espoir de restaurer un État polonais indépendant.À cette époque, la Pologne avait été démantelée et partagée entre la Russie, la Prusse et l’Autriche à la suite des partages de la Pologne (1772, 1793 et 1795). Il n’existait plus de nation polonaise souveraine, et l’armée polonaise était réduite à une force dispersée. Les patriotes polonais voyaient donc en Napoléon un libérateur potentiel qui pourrait restaurer leur pays.Le passage dédié à NapoléonL’un des couplets les plus marquants de l’hymne mentionne directement l’Empereur français :"Jak Czarniecki do Poznania""Po szwedzkim zaborze,""Dla ojczyzny ratowania""Wrócim się przez morze."Suivi d’une référence plus explicite :"Dał nam przykład Bonaparte,""Jak zwyciężać mamy."Ce qui se traduit en français par :"Bonaparte nous a donné l’exemple""De la manière dont nous devons vaincre."Cette phrase exprime la confiance des Polonais en Napoléon et leur espoir qu’il les aiderait à récupérer leur indépendance.L’espoir déçu, mais un héritage durableEn 1807, Napoléon crée le Duché de Varsovie, un État polonais semi-indépendant sous son influence, ce qui renforce encore son prestige parmi les patriotes polonais. Mais après la défaite de Napoléon en 1815, ce duché est absorbé par la Russie.Malgré cet échec, Napoléon reste une figure admirée en Pologne, et l’hymne national conserve cette référence, symbole d’un espoir inébranlable de liberté.
  • Qu'est-ce que le brutalisme ?

    02:09|
    Le brutalisme est un mouvement architectural.Le terme "brutalisme" vient du français béton brut, utilisé par l’architecte suisse Le Corbusier pour décrire l’aspect brut du béton après décoffrage. C’est dans les années 1950 que le mouvement prend son essor avec les architectes Alison et Peter Smithson, qui revendiquent une architecture honnête, où les matériaux et la structure ne sont pas dissimulés sous des finitions décoratives.Dans les années 1960 et 1970, le brutalisme devient un style dominant, notamment pour les bâtiments publics (universités, mairies, bibliothèques) et les logements sociaux. Son influence s’étend à travers le monde, particulièrement en Grande-Bretagne, en France, en Union soviétique et aux États-Unis.Principales caractéristiques du brutalisme1. Béton brut exposé : Pas d’enduit, pas de peinture, les bâtiments affichent directement la texture du béton. 2. Formes massives et angulaires : L’architecture brutaliste privilégie des volumes imposants, des lignes droites et des structures souvent monolithiques. 3. Matériaux apparents : Outre le béton, on trouve de la brique, de l’acier et du verre, laissés à l’état brut. 4. Fonctionnalité et minimalisme : Les bâtiments sont conçus pour répondre à un usage précis, sans ornementation superflue. 5. Expression de la structure : Les éléments architecturaux (escaliers, piliers, poutres) sont volontairement exposés et mis en avant. Exemples emblématiquesLa Cité radieuse (1947-1952, Marseille) de Le Corbusier Le Barbican Estate (1965-1976, Londres) La Bourse du Travail (1972, Bobigny) Le siège du Parti communiste français (1971, Paris) par Oscar Niemeyer Déclin et renouveauDans les années 1980, le brutalisme est critiqué pour son aspect froid et oppressant. Beaucoup d’édifices brutalistes sont détruits ou délaissés. Pourtant, depuis les années 2010, il connaît un regain d’intérêt, notamment dans l’art contemporain et le design urbain, où son esthétique radicale inspire de nouveaux projets.Aujourd’hui, le brutalisme est reconnu comme un courant architectural majeur du XXe siècle, apprécié pour son audace et sa force expressive.
  • Quelle est l'origine stupéfiante du verbe “décimer” ?

    02:28|
    Le mot « décimer » vient du latin decimare, qui signifie « prélever un dixième ». Son origine remonte à une pratique disciplinaire redoutée dans l’armée romaine, utilisée pour punir une unité jugée coupable de lâcheté, de mutinerie ou de désobéissance grave.1. Le principe de la décimationLorsqu’une légion romaine faiblissait au combat ou se révoltait, le général pouvait ordonner la décimation (decimatio). Cette punition consistait à exécuter un soldat sur dix, tiré au sort parmi les fautifs. Les hommes étaient alignés, et on formait des groupes de dix. Chaque groupe devait choisir un homme, qui était ensuite exécuté par ses propres compagnons, souvent à coups de bâton ou d’épée. Les survivants subissaient en plus des humiliations : rationnement, perte de leur équipement ou exclusion des honneurs militaires.2. Un moyen de restaurer la disciplineL’armée romaine était célèbre pour sa rigueur et sa discipline. La décimation, bien que rare, servait à terroriser les troupes et empêcher toute forme d’insubordination. Elle envoyait un message fort : l’échec collectif entraînait des conséquences individuelles aléatoires, même pour ceux qui n’avaient pas personnellement failli.3. Des exemples historiques célèbresPlusieurs sources antiques mentionnent l’usage de la décimation.Appien et Tite-Live racontent qu’en 471 av. J.-C., le consul Appius Claudius Sabinus aurait décimé une unité après une défaite face aux Éques. Crassus, en 71 av. J.-C., aurait utilisé cette méthode pour punir ses légions après un échec contre l’armée de Spartacus. Marc Antoine, au Ier siècle av. J.-C., aurait recouru à la décimation pour rétablir l’ordre parmi ses troupes. 4. Évolution et disparition de la pratiqueAvec le temps, la décimation est devenue de moins en moins courante, car elle était jugée trop brutale et démotivante. Elle a progressivement disparu avec l’évolution des stratégies militaires et l’introduction de sanctions plus ciblées.5. Un sens moderne détournéAujourd’hui, le mot « décimer » signifie souvent « exterminer en grand nombre », alors qu’il signifiait à l’origine « tuer un sur dix ». Cet élargissement du sens s’est produit avec le temps, notamment à partir du XVIIe siècle, où l’usage figuré a pris le dessus sur l’origine militaire stricte.Ainsi, derrière ce mot se cache une pratique romaine impitoyable, rappelant la dureté du monde militaire antique.
  • Qu’est-ce que la loi du mort-kilomètre ?

    03:01|
    La loi du mort-kilomètre est une expression qui désigne un phénomène médiatique et psychologique : plus un événement tragique se déroule près de nous, plus il nous touche émotionnellement et attire l’attention des médias. À l’inverse, un drame identique survenant à des milliers de kilomètres suscitera beaucoup moins d’émotion et de couverture médiatique, même s’il est bien plus meurtrier.Origine et principeLe mot "kilomètre" met en évidence la dimension géographique de cette règle implicite, utilisée notamment dans le journalisme. L’idée sous-jacente est que "la mort d’une personne proche géographiquement et culturellement vaut médiatiquement plus que celle de centaines d’étrangers lointains". Ce phénomène repose sur plusieurs facteurs :1. La proximité géographique : Un accident ou une catastrophe ayant lieu dans notre ville ou pays nous paraît toujours plus marquant qu’un drame similaire à l’étranger. 2. La proximité culturelle et sociale : Nous nous identifions plus facilement aux victimes qui partagent notre langue, nos habitudes ou notre mode de vie. 3. L’effet médiatique et économique : Les médias privilégient souvent les événements locaux ou nationaux, car ils génèrent plus d’audience et d’émotions chez les spectateurs. Exemples concretsUn attentat qui fait 5 morts en Europe peut faire la une des journaux pendant plusieurs jours, tandis qu’un attentat causant des centaines de victimes en Asie ou en Afrique est souvent relayé de manière plus brève. Une catastrophe naturelle en France, comme une tempête ou une inondation, déclenche une mobilisation intense, alors que des typhons meurtriers en Asie peuvent être à peine mentionnés. Une perception biaisée du mondeCe phénomène a des conséquences importantes :Il fausse notre perception des risques : On peut croire que certains événements sont plus fréquents qu’ils ne le sont réellement, simplement parce qu’ils sont plus médiatisés. Il influence les politiques publiques et l’aide internationale : Certains drames attirent plus d’attention et de fonds humanitaires que d’autres, non pas en raison de leur gravité, mais de leur visibilité médiatique. Approfondir le sujet avec des études et ouvragesCe concept a été exploré par plusieurs chercheurs et journalistes :1. "Manuel de journalisme : Écrire pour le journal" – Yves Agnès : il explique comment la proximité géographique et émotionnelle influence la hiérarchisation des nouvelles dans les médias. 2. "Le fait divers" – Annick Dubied et Marc Lits : ils analysent le rôle du fait divers dans la société et la manière dont la proximité affecte la couverture des événements. 3. "La loi du mort-kilomètre n'est pas automatique" – La Revue des Médias (INA) : cet article nuance le concept en montrant que d’autres facteurs (intérêt stratégique, actualité dominante) influencent aussi la couverture médiatique 4. "La proximité dans les médias : retour sur une 'loi'" – Jean-Marie Charon : il analyse comment la proximité influence la sélection et le traitement de l'informationConclusionLa loi du mort-kilomètre est un biais naturel mais amplifié par les médias, qui accordent plus d’importance aux tragédies proches. Cette inégalité de traitement pose la question de la responsabilité des journalistes et de notre propre perception du monde.
  • Pourquoi dit-on que les gens étaient sales au Moyen Âge ?

    02:18|
    L’idée que les gens étaient sales au Moyen Âge est un cliché largement répandu, mais il mérite d’être nuancé. Cette perception vient en grande partie de jugements formulés à des époques ultérieures et d’une méconnaissance des pratiques d’hygiène médiévales.1. Une hygiène quotidienne sous-estiméeContrairement aux idées reçues, les médiévaux ne vivaient pas dans la crasse. Beaucoup d’entre eux avaient des habitudes d’hygiène régulières, adaptées aux moyens de l’époque. Ils se lavaient le visage et les mains tous les jours avec de l’eau, souvent mélangée à des herbes parfumées. Le bain complet était plus rare, mais il existait, notamment dans les bains publics appelés étuves, qui étaient courants dans les villes jusqu’au XVIe siècle.2. Un déclin avec le tempsSi l’on considère que le Moyen Âge s’étend du Ve au XVe siècle, l’hygiène a évolué au fil du temps. Durant le Haut Moyen Âge, l’influence de l’Empire romain, où les thermes étaient monnaie courante, se faisait encore sentir. Mais après le XIVe siècle, notamment avec la Peste Noire (1347-1352), une crainte de l’eau s’installa. Certains médecins pensaient que l’eau ouvrait les pores et favorisait la transmission des maladies. C’est alors que les bains publics commencèrent à être fermés et que l’usage du linge propre devint une alternative à l’eau pour l’hygiène corporelle.3. Une propreté sociale différenteL’hygiène médiévale ne correspond pas aux standards modernes. Se parfumer, changer régulièrement de linge, se frotter avec des étoffes et utiliser des plantes odorantes étaient des pratiques jugées suffisantes pour être considéré comme propre. De plus, le statut social influençait la perception de la propreté : les nobles, ayant accès à des tissus fins et lavés, étaient jugés plus propres que les paysans qui portaient des vêtements en laine rugueuse.4. Le mythe renforcé par les siècles suivantsLa vision d’un Moyen Âge sale a été construite plus tard, notamment à l’époque des Lumières et du XIXe siècle, qui cherchaient à opposer la « barbarie médiévale » au progrès. Pourtant, ironiquement, c’est à la Renaissance et sous l’Ancien Régime que l’usage du bain déclina réellement. Louis XIV, par exemple, se lavait très peu et masquait les odeurs avec du parfum.En réalité, le Moyen Âge n’était pas une époque de crasse généralisée, mais un temps où l’hygiène avait ses propres normes, différentes des nôtres.
  • Pourquoi dit-on l' “été indien” ?

    01:39|
    L’expression été indien évoque ces périodes de douceur automnale qui surviennent après les premiers froids. Mais pourquoi parle-t-on d’un été indien et non d’un été tardif ou d’un été d’octobre ? L’origine de cette expression est aussi intéressante que les phénomènes climatiques qu’elle désigne.L’été indien est un phénomène météorologique qui se caractérise par une remontée des températures après une période de froid en automne. Il dure généralement quelques jours et s’accompagne d’un ciel dégagé. On l’observe souvent en Amérique du Nord, notamment au Canada et aux États-Unis, mais aussi en Europe. Toutefois, l’usage du terme été indien est plus courant dans les pays francophones.L’origine de cette expression remonte au XVIIIe siècle en Amérique du Nord. Les colons européens auraient observé que ces périodes de douceur intervenaient alors que les peuples autochtones continuaient leurs activités de chasse et de cueillette avant l’arrivée définitive de l’hiver. On pense aussi que ce terme pourrait faire référence aux incendies de forêts allumés par les Amérindiens pour faciliter la chasse, phénomène qui coïncidait souvent avec ces périodes de chaleur inhabituelle.L’expression Indian Summer apparaît en anglais dès la fin du XVIIIe siècle. Elle est mentionnée pour la première fois en 1778 par un écrivain américain, John de Crevecoeur, dans une lettre où il décrit ces périodes automnales agréables. En France, l’expression été indien est adoptée plus tard, probablement sous l’influence des échanges entre le Canada francophone et la métropole.Dans le langage courant, été indien a pris une dimension plus large, évoquant une période de répit, une seconde chance ou une renaissance inattendue. On parle ainsi de l’été indien d’une carrière ou d’une relation pour désigner une embellie tardive. Cette connotation poétique et nostalgique a été renforcée par la célèbre chanson L’Été indien de Joe Dassin, sortie en 1975, qui a ancré l’expression dans la culture populaire francophone.Ainsi, l’été indien n’est pas seulement un phénomène climatique ; c’est aussi une métaphore du temps qui s’étire, d’un bonheur prolongé au-delà des attentes. Une manière douce d’accueillir l’automne en profitant encore un peu de la chaleur estivale.
  • Quels sont les motifs d'une OQTF ?

    03:15|
    Une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) est une mesure administrative prononcée par le préfet, imposant à un étranger en situation irrégulière de quitter la France dans un délai défini. Plusieurs motifs peuvent justifier son application, conformément au Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA).1. Séjour irrégulierL’OQTF est souvent prise lorsque l’étranger est en situation irrégulière sur le territoire français. Cela concerne :Les personnes entrées sans visa ou sans titre de séjour valide. Les demandeurs d’asile déboutés. Les étrangers dont le titre de séjour a expiré et n’a pas été renouvelé. Si un étranger demande un titre de séjour et que l’administration rejette sa demande, une OQTF peut être prononcée. Cela peut être motivé par l'absence de justificatifs suffisants (ressources, motifs de séjour, etc.) ou par une menace à l’ordre public.3. Comportement constituant une menace à l’ordre publicUn étranger peut être visé par une OQTF si son comportement est jugé dangereux pour la société. Cela concerne les personnes condamnées pour des délits graves ou impliquées dans des actes de terrorisme.4. Emploi sans autorisationUn étranger qui travaille sans autorisation (sans titre de séjour permettant l’exercice d’une activité professionnelle) peut être expulsé via une OQTF.5. Fraude ou fausse déclarationSi un étranger obtient un titre de séjour par fraude (faux documents, fausses déclarations, mariage blanc, etc.), l’administration peut annuler son titre et prononcer une OQTF.7. Expulsion pour atteinte aux intérêts fondamentaux de l’ÉtatEn cas de menace grave à la sécurité nationale, une expulsion immédiate peut être décidée.L’OQTF peut être avec délai (30 jours) ou sans délai (exécution immédiate) en cas de menace grave. L’étranger peut contester cette décision devant le tribunal administratif dans un délai restreint (48 heures à 30 jours selon les cas).​En France, le taux d'exécution des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) est historiquement faible. Selon les données disponibles jusqu'à 2022, ce taux a fluctué autour de 12,5 % en moyenne sur les quinze dernières années, avec des variations notables :2007 : 3,9 %2012 : 22,4 %​Depuis 2020 : stabilisation en dessous de 7 % ​Plus précisément, en 2022, le taux d'exécution des OQTF était de 6,8 %, soit 9 078 mesures exécutées sur les 134 280 prononcées. Ce taux a légèrement augmenté de 0,8 point par rapport à 2021, mais reste inférieur aux niveaux observés avant la crise sanitaire de 2020 .Concernant les nationalités des personnes sous OQTF, les données de 2022 indiquent que les ressortissants du Maghreb représentent une proportion significative :Algériens : 44 % des personnes sous OQTF ​Marocains et Tunisiens : ensemble, ils constituent une part notable des OQTF prononcées​ Ces chiffres mettent en lumière les défis auxquels la France est confrontée en matière d'exécution des OQTF, notamment en raison de la coopération variable des pays d'origine pour la délivrance des laissez-passer consulaires nécessaires au retour de leurs ressortissants .Il est important de noter que ces statistiques peuvent varier d'une année à l'autre et sont influencées par divers facteurs, tels que les relations diplomatiques, les politiques migratoires en vigueur et les situations géopolitiques des pays concernés.