Choses à Savoir - Culture générale
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Pourquoi parfumait-on les statues dans l’Antiquité ?
02:33|Dans l’imaginaire contemporain, les statues de l’Antiquité sont souvent perçues comme de froids blocs de marbre immaculé, exposés dans des musées silencieux. Mais la recherche pionnière de l’archéologue danoise Cecilie Brøns révèle une réalité bien différente : dans l’Antiquité, les statues étaient colorées, habillées, ornées de bijoux… et parfumées. Cette découverte, publiée en 2025, réinscrit l’art antique dans une expérience sensorielle globale, où l’odorat tenait un rôle central.Le parfum comme offrande divineL’usage du parfum dans l’Antiquité ne se limitait pas à la toilette personnelle ou à la séduction. Il s’agissait aussi d’un acte religieux, un moyen de rendre hommage aux dieux. Dans les sanctuaires, les prêtres et prêtresses oignaient les statues sacrées avec des huiles aromatiques coûteuses : essence de rose, de myrrhe, de nard ou de cannelle, souvent mélangées à de l’huile d’olive ou à de la cire d’abeille. À Délos, des documents comptables mentionnent les sommes importantes dépensées pour parfumer les effigies d’Artémis ou d’Apollon, preuve de l’importance de cette pratique.Ces rituels n’étaient pas uniquement symboliques. Dans les croyances antiques, les dieux vivaient dans leurs statues. Les soigner, les habiller, les parfumer revenait donc à honorer leur présence réelle. Le parfum, volatil et invisible, servait de pont entre le monde humain et le monde divin.Une esthétique du vivantAu-delà du rituel, parfumer les statues contribuait à leur donner une présence vivante. Comme le rappelle Cecilie Brøns, ces effigies n’étaient pas conçues pour être contemplées dans un silence muséal : elles étaient exposées dans des temples animés, au milieu des chants, des prières, des fumées d’encens et… des odeurs.Certaines statues étaient même mobiles : montées sur des chars ou portées en procession, elles étaient lavées, habillées, décorées de guirlandes florales et abondamment parfumées lors des grandes fêtes religieuses. On retrouve cette pratique lors des Floralia romaines ou des Panathénées à Athènes, où les effigies de divinités participaient activement à la vie collective.Un art multisensoriel à redécouvrirEn restituant l’usage des parfums, la recherche de Cecilie Brøns invite à repenser radicalement notre rapport à l’art antique. Ces œuvres n’étaient pas seulement visuelles : elles engageaient tous les sens, dans une esthétique du sacré incarné. Le marbre n’était pas froid, il était chaud de vie. Et le dieu, loin d’être figé, respirait à travers l’odeur de ses offrandes.Pourquoi les pyramides ont-elles une forme triangulaire ?
03:12|La forme triangulaire des pyramides – ou plus précisément la forme pyramidale à base carrée avec quatre faces triangulaires planes convergeant vers un sommet – est le fruit d’un choix multidimensionnel, à la fois ingénierie avancée, symbolique religieuse et cohérence cosmologique dans l’Égypte pharaonique.1. Un chef-d’œuvre d’ingénierie : la stabilité structurelleDu point de vue architectural, la pyramide est une structure hyperstatique naturellement stable. Grâce à ses faces inclinées et à sa base large, elle répartit les charges verticales sur une très grande surface. Cela minimise les risques d’effondrement, en particulier dans un environnement désertique, soumis à des écarts thermiques importants et à des séismes légers mais récurrents.La forme triangulaire des faces permet également une optimisation des efforts de compression : la gravité agit dans l’axe des plans inclinés, renforçant leur cohésion. C’est pourquoi les pyramides ont résisté pendant plus de 4500 ans. Cette logique est connue en mécanique des structures sous le nom de distribution vectorielle de la poussée gravitationnelle.2. Adaptée aux techniques de construction de l’époqueAu IIIe millénaire av. J.-C., les Égyptiens ne disposaient ni de mortiers modernes ni de grues. Le choix d’une forme pyramidale permettait de construire progressivement à l’aide de rampes inclinées (rampes droites, tournantes ou en spirale, selon les hypothèses archéologiques), en empilant les blocs depuis la base vers le sommet. Une pyramide à faces triangulaires est aussi géométriquement simple à planifier, ce qui facilite l’alignement, l’équarrissage, et l’orientation.Fait remarquable : la pyramide de Khéops est orientée vers les quatre points cardinaux avec une précision de moins d’un dixième de degré, ce qui témoigne d’un niveau de maîtrise mathématique et astronomique très avancé.3. Symbolisme solaire et cosmogoniqueLa forme triangulaire n’est pas qu’un choix technique : elle est profondément liée à la religion solaire. À partir de la Ve dynastie (env. 2500 av. J.-C.), le dieu Rê devient la divinité principale. Le triangle, par sa forme élancée, symbolise les rayons du soleil descendant sur Terre, tandis que le sommet de la pyramide – souvent recouvert d’un pyramidion doré – incarnait le lien entre le monde des hommes et celui des dieux.La pyramide représente également le Benben, colline primordiale qui aurait émergé du Noun (l’océan originel) lors de la création du monde selon la théologie héliopolitaine. Ce concept cosmologique est inscrit dans la forme même de la pyramide, où l’ordre émerge du chaos.4. Un choix optimal dans une logique d’éternitéLa verticalité maîtrisée de la pyramide, son ancrage dans la terre et sa pointe tournée vers le ciel expriment aussi la volonté de figer l’âme du pharaon dans un mouvement d’ascension perpétuel, garant de sa résurrection et de son union avec les dieux. Cette élévation n’est pas seulement symbolique : elle traduit une conception hiérarchisée et ordonnée de l’univers, où le roi défunt franchit les degrés cosmiques.En résumé, la forme triangulaire des pyramides égyptiennes est le résultat d’un entrelacement entre rationalité technique, contraintes logistiques, géométrie sacrée et vision cosmologique du monde. Ce n’est pas une coïncidence, mais une architecture du sens autant que de la matière.Quelle était l’espérance de vie d’un homme préhistorique ?
02:23|Quand on pense à la vie à la Préhistoire, on imagine souvent une existence brutale, courte, marquée par la chasse, les maladies et les dangers constants. Mais quelle était réellement l’espérance de vie des hommes préhistoriques ? Spoiler : c’est plus nuancé qu’on le croit.Selon une étude publiée en 2007 dans Proceedings of the National Academy of Sciences par Rachel Caspari et Sang-Hee Lee, les populations humaines ont connu une augmentation progressive de la longévité à partir du Paléolithique supérieur, il y a environ 30.000 ans. Les chercheurs ont analysé des crânes fossiles et ont constaté qu’au fil du temps, le nombre d’adultes âgés augmentait dans les populations humaines, signe d’une meilleure survie à l’âge adulte.Mais avant d’aller plus loin, précisons un point important : l’espérance de vie à la naissance est une moyenne, très influencée par la mortalité infantile. Chez les Homo sapiens du Paléolithique, elle était estimée entre 25 et 35 ans. Cela ne signifie pas que tous mouraient à 30 ans ! Cela veut plutôt dire qu’un grand nombre d’enfants mouraient avant 5 ans. Ceux qui atteignaient l’âge adulte pouvaient vivre jusque 50 ou même 60 ans, comme l’indiquent plusieurs restes squelettiques.Des travaux publiés en 2011 dans Nature par le paléoanthropologue Erik Trinkaus ont montré, en étudiant les fossiles de Néandertaliens et d’Homo sapiens, que la proportion d’individus âgés était assez comparable dans certaines régions au Paléolithique. Cela suggère que la survie à un âge avancé n’était pas aussi rare qu’on le croyait.Autre point crucial : le mode de vie. Les chasseurs-cueilleurs vivaient dans des groupes mobiles, exposés aux blessures, aux infections, mais aussi à des régimes alimentaires variés. Ce mode de vie, bien que difficile, pouvait parfois être plus sain que celui des premières sociétés agricoles, où la sédentarité, la promiscuité et la dépendance à une seule source alimentaire entraînaient malnutrition et maladies.Aujourd’hui encore, certaines sociétés de chasseurs-cueilleurs comme les Hadza en Tanzanie ou les Tsimané en Bolivie montrent que, malgré l’absence de médecine moderne, des individus peuvent atteindre 60 ou 70 ans si l’enfance est bien passée.En résumé, l’homme préhistorique n’était pas condamné à mourir jeune. La forte mortalité infantile tirait l’espérance de vie vers le bas, mais ceux qui passaient les premières années pouvaient vivre étonnamment longtemps. Alors non, nos ancêtres n’étaient pas tous des vieillards à 30 ans… bien au contraire !Pourquoi certaines personnes voient le monde avec des sous-titres ?
02:13|Imaginez entendre quelqu’un parler… et voir, en même temps, les mots s’écrire devant vos yeux, comme si le monde réel était un film étranger automatiquement sous-titré. Non, ce n’est pas de la science-fiction ni une technologie futuriste, mais une réalité neurologique vécue par certaines personnes atteintes d’un phénomène rare : la synesthésie lexicale visuelle, un type particulier de synesthésie.La synesthésie est un trouble neurologique fascinant, où les sens sont « câblés » de façon inhabituelle. En d'autres termes, la stimulation d’un sens entraîne involontairement une réponse dans un autre. Par exemple, certaines personnes peuvent voir des couleurs en entendant de la musique, ou associer des chiffres à des personnalités ou à des textures. Dans le cas qui nous intéresse, le lien se fait entre le son (particulièrement le langage parlé) et la vision de mots écrits.Les personnes atteintes de cette forme de synesthésie « entendent » les mots comme tout le monde, mais leur cerveau génère automatiquement une image mentale des mots entendus, comme s’ils étaient écrits quelque part dans leur champ de vision — parfois sur des surfaces imaginaires, parfois flottant dans l’espace, ou projetés sur une ligne fictive à hauteur des yeux. Pour elles, cette expérience est naturelle. Elles n'ont pas l'impression d'imaginer les mots : elles les voient, réellement, dans leur esprit, comme une projection superposée au monde réel.Ce phénomène reste extrêmement rare et peu documenté. Il n’existe que quelques cas recensés dans la littérature neurologique. Mais il nous éclaire sur le fonctionnement mystérieux du cerveau. La synesthésie serait liée à une hyperconnectivité entre différentes zones cérébrales, notamment entre les aires auditives (qui traitent les sons) et les aires visuelles (chargées de l’interprétation des formes, dont les lettres). Ces connexions inhabituelles provoquent des associations automatiques et involontaires.Les scientifiques s’interrogent encore : s'agit-il d'une anomalie, ou simplement d'une autre façon d’expérimenter le monde ? Pour les personnes concernées, cela peut même s’avérer utile. Certaines affirment mieux retenir les noms, les phrases ou les langues étrangères grâce à ces « sous-titres » mentaux.Contrairement à un hallucination pathologique, cette synesthésie n’est ni dangereuse ni liée à un trouble psychiatrique. C’est une variante de la perception, une fenêtre différente sur le réel.Voir le monde avec des sous-titres, c’est donc un petit miracle neurologique, à la frontière du langage, de la vue et de l’imaginaire.Pourquoi les escargots sortent-ils quand il pleut ?
02:06|On les aperçoit sur les trottoirs, les feuilles, les murs… Dès qu’il pleut, les escargots semblent surgir de nulle part. Pourtant, ce n’est pas la pluie qui les fait naître, mais bien les conditions humides qu’elle crée qui leur permettent de sortir. Explications.Un animal qui déteste la sécheresseL’escargot est un gastéropode terrestre, à sang froid, et surtout… très dépendant de l’humidité. Son corps est recouvert d’une peau fine et humide, qui se déshydrate très rapidement au soleil ou par temps sec.Or, pour se déplacer, l’escargot produit un mucus gluant qui facilite son glissement sur les surfaces. Mais ce mucus coûte de l’eau à fabriquer ! Par temps chaud et sec, il risquerait de se dessécher en quelques heures, ce qui peut être mortel pour lui.C’est pourquoi, pour économiser l’eau de son corps, l’escargot reste caché (sous des pierres, dans la terre ou sous des feuilles) dès que l’air devient trop sec.La pluie : un feu vert pour sortirQuand il pleut, l’humidité de l’air et du sol augmente, la température baisse, et l’évaporation diminue. C’est le moment idéal pour l’escargot : il peut se déplacer sans se dessécher, et son mucus reste efficace plus longtemps.De plus, la pluie ramollit le sol, ce qui facilite ses déplacements et même la ponte des œufs, qui ont besoin d’un environnement humide pour survivre.Et la nuit ? C’est la même raison !Les escargots sortent aussi souvent la nuit, pour les mêmes raisons : moins de chaleur, plus d’humidité. Nuit + pluie = conditions parfaites pour une petite balade de gastéropode.L’humidité, c’est aussi l’heure du festin !En sortant après la pluie, les escargots trouvent aussi plus facilement de la nourriture fraîche : les jeunes pousses, les champignons, les feuilles ramollies. Et comme leurs prédateurs (oiseaux, lézards) sont moins actifs sous la pluie, c’est aussi plus sûr pour eux.En résumé :Les escargots sortent quand il pleut parce que :Ils ont besoin d’humidité pour vivre et se déplacer,La pluie limite le risque de déshydratation,Le sol devient plus facile à explorer,La nourriture est plus accessible,Et les dangers sont moins présents.Pourquoi faudrait-il 9 ans pour goûter tous les produits Coca-Cola ?
03:21|Pour écouter mes autres épisodes:- Le libre arbitre existe-t-il ?Spotify:https://open.spotify.com/episode/3oVQpR2qpmhw94HJrmTjgI?si=62a17a0725f247bfApple Podcast:https://podcasts.apple.com/fr/podcast/bonus-le-libre-arbitre-existe-t-il-vraiment/id1057845085?i=1000703952672- Que se passe-t-il dans le cerveau lors d'une anesthésie ?Spotify:https://open.spotify.com/episode/4ewTtsRwZQoRMtxux62Kcy?si=MmaPm0uJT6O5DcsHi9b-pQApple Podcast:https://podcasts.apple.com/fr/podcast/bonus-que-se-passe-t-il-dans-le-cerveau-pendant-une/id1062748833?i=1000703953386--------------------------Cette affirmation peut paraître exagérée… mais elle repose sur une réalité étonnante : la diversité gigantesque des produits que propose la marque à travers le monde.Un empire mondial du goûtCoca-Cola, ce n’est pas seulement la fameuse boisson brune au goût sucré. L’entreprise possède plus de 500 marques et distribue plus de 3 500 produits différents, dans plus de 200 pays. Cela inclut non seulement des sodas, mais aussi des eaux, des jus, des thés, des cafés, des boissons énergétiques, des laits aromatisés, et même des produits locaux spécifiques à certaines cultures ou régions.Par exemple, en Inde, Coca-Cola vend Maaza, une boisson à la mangue. Au Japon, on trouve Ayataka, un thé vert glacé. Au Mexique, on peut boire du Del Valle, un jus de fruit populaire. Aux États-Unis, la marque commercialise aussi Vitaminwater, Minute Maid, ou encore Fresca.Pourquoi 9 ans ?L'affirmation selon laquelle il faudrait 9 ans pour tout goûter repose sur un calcul simple : si vous testiez un nouveau produit Coca-Cola chaque jour, il vous faudrait près de 10 ans pour venir à bout de tous.3 500 produits ÷ 365 jours = environ 9,6 ansMais attention : cela suppose qu’on ait accès à tous ces produits… ce qui est quasiment impossible, car certains ne sont disponibles que dans un seul pays, ou même dans une seule région. Autrement dit, il faudrait aussi faire le tour du monde pour les goûter tous !Une stratégie de diversificationCette incroyable variété n’est pas un hasard : elle fait partie de la stratégie de Coca-Cola pour s’adapter aux goûts locaux, aux réglementations alimentaires, et aux tendances de consommation. Dans certains pays, les boissons sont moins sucrées, parfois sans caféine, parfois enrichies en vitamines, ou encore aux arômes totalement inconnus ailleurs.Coca-Cola investit aussi beaucoup dans l’innovation, lançant chaque année des dizaines de nouvelles saveurs ou formats, testés parfois sur des marchés spécifiques avant d’être élargis. Le dernier produit mis sur le marché par Coca-Cola est le Jack Daniel's & Coca-Cola Cherry, une boisson alcoolisée en canette de 330 ml, combinant le célèbre whisky Jack Daniel's et le Coca-Cola Cherry. Cette nouvelle saveur a été lancée au Royaume-Uni en avril 2025, en collaboration avec Jack Daniel's, et est disponible dans les supermarchés Tesco...Pourquoi dit-on un/une “secrétaire" et "s’orienter" ?
02:20|Le mot "secrétaire" vient du latin secretarius, lui-même issu de secretum, qui signifie "chose secrète" ou "confidentielle". À l’origine, un secretarius était une personne chargée des affaires secrètes, autrement dit un confident, un homme de confiance auquel on confiait des informations sensibles, souvent au service d’un roi, d’un pape ou d’un haut dignitaire.Au fil du temps, la fonction s’est transformée. Le "secrétaire" n’était plus seulement le dépositaire de secrets d’État, mais aussi celui qui rédigeait, organisait et classait les correspondances importantes. C’était donc un scribe spécialisé, puis un assistant administratif, toujours dans une position de confiance.Au XVIIe siècle, le mot désignait également un meuble – le fameux "secrétaire", une sorte de bureau fermé à clé — destiné à conserver des lettres ou des documents confidentiels. Cette double signification persiste encore aujourd’hui.Le mot "secrétaire" signifie à l’origine celui qui garde ou traite des secrets. C’est une fonction de discrétion et de confiance, bien avant d’être un métier administratif.Pourquoi dit-on "s’orienter" ?Le verbe "s’orienter" vient du mot "Orient", qui signifie l’Est, le point cardinal où le soleil se lève. Le terme est issu du latin oriens, participe présent du verbe oriri, qui signifie "se lever", en parlant du soleil.Dans l’Antiquité et au Moyen Âge, les cartes et les bâtiments étaient souvent orientés vers l’est, c’est-à-dire vers le lever du soleil. De nombreuses églises chrétiennes, par exemple, étaient construites avec le chœur tourné vers l’Orient, symbolisant la lumière, la résurrection, et donc la spiritualité."S’orienter", à l’origine, voulait donc dire trouver sa direction en se repérant par rapport à l’Est. Par extension, le mot a pris le sens de se repérer dans l’espace, puis plus largement se repérer dans une situation, choisir une direction, faire un choix."S’orienter", c’est d’abord se tourner vers l’Orient (l’Est) pour se situer, puis, par extension, trouver sa voie, au sens concret comme au sens figuré.Pourquoi Hello Kitty n’a-t-elle pas de bouche ?
02:04|Hello Kitty est l’un des personnages les plus célèbres au monde. Créée en 1974 par la société japonaise Sanrio, cette petite chatte blanche, reconnaissable à son nœud rouge et son visage minimaliste, a conquis des générations d’enfants et d’adultes. Mais un détail intrigue encore aujourd’hui : elle n’a pas de bouche.Pourquoi ? Ce choix graphique, loin d’être une omission ou un caprice de designer, est délibéré et profondément symbolique. Il répond à plusieurs logiques à la fois esthétiques, émotionnelles et culturelles.Une neutralité émotionnelle voulueSelon Sanrio, l’absence de bouche permet à Hello Kitty de servir de miroir émotionnel. En d'autres termes, elle n'exprime pas une émotion précise : elle s’adapte à celle de la personne qui la regarde. Si vous êtes triste, elle vous semble compatissante. Si vous êtes joyeux, elle paraît vous sourire. Cela renforce l’attachement émotionnel et la capacité d’identification.C’est ce que les créateurs appellent une "projection émotionnelle". L’idée est que Hello Kitty reflète les sentiments de chacun, sans les influencer.Un design inspiré de la culture japonaiseDans l’esthétique japonaise, notamment dans l’art du kawaii (le "mignon"), la simplicité prime. Les traits sont réduits au minimum pour accentuer la douceur et la pureté. Les personnages kawaii ont souvent de grands yeux, un petit nez, et peu ou pas de bouche. Cela crée une impression de calme et de douceur, très éloignée des expressions exagérées des personnages occidentaux.En ce sens, Hello Kitty suit cette logique : elle est minimaliste, apaisante, neutre, et donc universelle.Une porte-parole… sans paroleParadoxalement, bien qu’elle n’ait pas de bouche, Hello Kitty a une voix dans certaines séries animées, et un caractère bien défini. Sanrio la décrit comme une petite fille anglaise vive, joyeuse, généreuse, qui aime cuisiner, faire des gâteaux, et jouer du piano.L’absence de bouche ne signifie donc pas l’absence de personnalité, mais au contraire une manière de ne pas imposer un ton ou une humeur. Cela permet à Hello Kitty d’être interculturelle, intemporelle et accessible à tous, au-delà des langues ou des expressions faciales.Hello Kitty n’a pas de bouche, non par oubli ou par hasard, mais pour des raisons précises :Permettre l’identification émotionnelle,Respecter les codes esthétiques du kawaii japonais,Créer un personnage neutre et universel.Et c’est peut-être justement ce silence graphique qui fait d’elle l’une des figures les plus expressives et attachantes de la pop culture mondiale.Pourquoi le Groenland est-il danois ?
02:30|Le Groenland, immense île glacée située entre l’Atlantique Nord et l’Arctique, est aujourd’hui rattaché au Royaume du Danemark. Pourtant, il ne s’agit ni d’une colonie classique ni d’une terre peuplée majoritairement de Danois. Alors pourquoi le Groenland est-il danois ? Pour le comprendre, il faut remonter dans l’histoire.Des Inuits aux VikingsLe Groenland est habité depuis des millénaires par des peuples inuit venus de l’Arctique canadien. Vers l’an 982, l’explorateur viking Erik le Rouge, originaire de Norvège, fonde les premières colonies européennes sur la côte sud-ouest de l’île. À cette époque, le Groenland est associé à la Norvège, royaume dont dépendaient les Vikings installés en Islande et au Groenland.Une union avec le DanemarkAu XIVe siècle, la Norvège entre en union avec le Danemark, formant la Couronne dano-norvégienne. Lorsque cette union est dissoute en 1814 à la suite des guerres napoléoniennes, la Norvège est cédée à la Suède, tandis que le Danemark conserve le Groenland, l’Islande et les îles Féroé.C’est donc par héritage historique, à travers l’union médiévale entre la Norvège et le Danemark, que le Groenland devient officiellement danois.Une colonie puis une province danoiseAu XIXe siècle, le Groenland devient une colonie danoise à part entière. En 1953, il est intégré à la Constitution du Danemark et devient une province danoise, avec représentation au Parlement danois.Mais cette intégration politique ne signifie pas assimilation culturelle : la population est majoritairement inuite, avec sa propre langue et ses traditions. Progressivement, une volonté d’autonomie se fait sentir.Une autonomie croissanteEn 1979, le Danemark accorde au Groenland un statut d’autonomie interne, lui permettant de gérer ses affaires locales. En 2009, un nouveau pas est franchi avec l’octroi du « gouvernement autonome » : le Groenland obtient le contrôle de presque tous les domaines, sauf la défense, les affaires étrangères et la monnaie, qui restent gérés par Copenhague.Aujourd’hui, le Groenland est un territoire autonome au sein du Royaume du Danemark, avec son propre gouvernement et son propre Parlement. Il est même sorti de l’Union européenne en 1985, contrairement au Danemark, à la suite d’un référendum.En résuméLe Groenland est danois en raison de liens historiques anciens avec la Norvège, puis du héritage politique laissé par l’union avec le Danemark. Mais il est aussi un territoire autonome, à l’identité forte, qui pourrait un jour — qui sait ? — choisir de devenir totalement indépendant.
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