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Choses à Savoir - Culture générale

Les Romains mangeaient-ils vraiment en position couchée ?

Lorsqu’on imagine un banquet romain, on pense immédiatement aux riches patriciens allongés sur des lits luxueux, dégustant des mets raffinés tout en discutant de politique et de philosophie. Cette image est-elle fidèle à la réalité ? Oui… mais pas pour tout le monde !


Une habitude réservée à l’élite


Dans la Rome antique, manger en position couchée était un marqueur de statut social. Cette pratique, empruntée aux Grecs, était courante lors des banquets aristocratiques, appelés convivia. Seuls les hommes libres et riches avaient le droit de s’étendre sur des tricliniums, ces lits disposés en U autour d’une table basse appelée mensa.


Les invités s’appuyaient sur leur bras gauche et utilisaient leur main droite pour porter la nourriture à leur bouche. Les esclaves servaient les plats, versaient le vin et assuraient le bon déroulement du festin.


Et le reste de la population ?


Les femmes, quant à elles, ne mangeaient pas allongées. Dans la Rome républicaine, elles devaient s’asseoir sur des tabourets, sauf dans certains cas où des matrones de haut rang pouvaient s’étendre à côté de leur époux. Les enfants et les esclaves, eux, mangeaient assis ou debout, en fonction de leur statut.


Les classes populaires, comme les artisans et les paysans, ne se couchaient pas pour manger. Leur quotidien était rythmé par des repas simples pris sur des bancs ou debout, notamment dans les thermopolia, sortes de fast-foods antiques où l’on achetait des plats préparés.


Pourquoi manger en position allongée ?


Ce rituel n’était pas qu’un simple caprice de riches oisifs. Se coucher pour manger était un symbole de raffinement et de civilisation. Dans l’Antiquité, être allongé représentait un mode de vie digne des dieux et des héros. Cette posture permettait aussi de prolonger les repas, qui s’étiraient parfois sur plusieurs heures, rythmés par des discussions et des divertissements.


D’un point de vue physiologique, cette position aurait facilité la digestion, bien que certaines études modernes la remettent en question.


Conclusion : un privilège aristocratique


Oui, les Romains mangeaient en position couchée, mais seulement l’élite masculine. Les femmes et les classes populaires prenaient leurs repas autrement. Ce rituel était avant tout un symbole de richesse et de distinction sociale, bien loin des habitudes du commun des mortels.

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  • Pourquoi La Liberté guidant le peuple n’est pas un tableau sur la Révolution de 1789 ?

    02:25|
    À première vue, La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix semble tout droit sortie de la Révolution française de 1789 : une femme aux seins nus brandit le drapeau tricolore, une foule en armes avance sur des cadavres, et l’ambiance est à l’insurrection. Beaucoup s’imaginent qu’il s’agit d’une représentation de la prise de la Bastille. Pourtant, ce tableau ne représente pas 1789. Il évoque un autre moment clé de l’histoire de France : les Trois Glorieuses, c’est-à-dire la révolution de juillet 1830.À cette époque, la France est sous la monarchie restaurée. Charles X, frère de Louis XVI, est au pouvoir, mais son autoritarisme croissant provoque la colère du peuple. En juillet 1830, il tente un passage en force en suspendant la liberté de la presse et en restreignant le droit de vote. En réaction, Paris se soulève pendant trois jours — du 27 au 29 juillet — et chasse le roi du pouvoir. Ces journées sont restées dans l’histoire sous le nom de « Trois Glorieuses ». Elles marquent la fin de la Restauration et l’avènement de la monarchie de Juillet, dirigée par Louis-Philippe.C’est cet événement que Delacroix a voulu immortaliser. Dans une lettre à son frère, il écrit : « J’ai entrepris un sujet moderne, une barricade. Et si je n’ai pas combattu pour mon pays, du moins peindrai-je pour lui. » Le peintre ne cherche donc pas à représenter une révolution passée, mais bien celle de son époque, qu’il transforme en une scène mythique et intemporelle.La femme centrale du tableau n’est pas une figure réelle, mais une allégorie de la Liberté, inspirée de l’Antiquité. Elle incarne l’élan populaire et révolutionnaire, avec ses attributs symboliques : bonnet phrygien, drapeau tricolore, démarche héroïque. Autour d’elle, on reconnaît des personnages issus de toutes les classes sociales : bourgeois, ouvriers, étudiants, mêlés dans une même lutte.Alors pourquoi la confusion persiste-t-elle avec 1789 ? Tout simplement parce que Delacroix a volontairement emprunté les codes visuels et émotionnels de la Révolution française. Il voulait inscrire 1830 dans une continuité révolutionnaire, évoquer une idée universelle de liberté et de soulèvement.En somme, La Liberté guidant le peuple n’est pas un tableau historique au sens strict, mais une œuvre symbolique, engagée, qui transcende l’actualité pour exalter l’esprit révolutionnaire. C’est cette ambiguïté entre histoire réelle et mythe républicain qui explique, encore aujourd’hui, les malentendus sur son véritable sujet.
  • Pourquoi “on” est-il singulier ?

    01:24|
    L'intérêt que cette question est bien celui-cie st bien celle-ci: pourquoi le pronom « on » est-il singulier, alors qu’il désigne souvent plusieurs personnes ?1. Les origines de « on » : le mot vient de homo (latin)Le pronom « on » vient du latin classique homo, qui signifie "homme", mais au sens d’être humain (et pas de sexe masculin). Ce mot, à l’origine, n’était pas un pronom, mais un nom commun qui désignait l’homme en général, l’individu humain non précisé.En ancien français, homo devient « hom », puis « om », puis enfin « on » par évolution phonétique.Exemple : Om dit que… → On dit que…Ce mot est donc hérité d’un nom commun au singulier, ce qui explique que sa forme grammaticale reste au singulier, même quand il désigne un ensemble de personnes.2. Un pronom personnel indéfini, donc neutre et impersonnelGrammaticalement, « on » est devenu un pronom personnel indéfini. Il désigne une ou plusieurs personnes de façon vague, sans les identifier précisément. C’est pourquoi on le conjugue toujours à la 3e personne du singulier, comme un sujet impersonnel :On parle beaucoup en ce moment.On est allés au cinéma.Ce fonctionnement est identique à celui de « quelqu’un », « personne », ou « chacun », qui eux aussi prennent des verbes au singulier bien qu’ils puissent désigner plusieurs personnes.3. Mais son sens peut être collectif (et ça change l’accord du reste de la phrase)Même si « on » est grammaticalement singulier, il peut représenter un groupe — par exemple « nous », « les gens », « tout le monde »… C’est pourquoi, dans l’usage courant, on peut accorder les adjectifs ou participes avec le sens réel du pronom, notamment à l’oral ou dans les discours familiers.On est contents ! (si on est plusieurs, et masculins)On est contentes ! (si on est plusieurs, et féminines)Ce phénomène s’appelle un accord de sens, et il est toléré à l’écrit (surtout dans les dialogues ou un style relâché), mais pas obligatoire.4. « On » est un pronom caméléon : il désigne qui on veut« On » peut remplacer :"nous" (usage très courant à l’oral) : On va au resto ce soir ?"les gens en général" : On dit que le temps va changer."tu" ou "vous" (ton moqueur ou affectif) : Alors, on ne range pas ses affaires ?"quelqu’un" ou un agent indéfini : On m’a volé mon vélo.C’est un outil de distance, d’abstraction, ou d’inclusion, ce qui en fait l’un des pronoms les plus souples et expressifs du français.En résumé : pourquoi « on » est singulier ?Parce qu’il vient d’un nom au singulier : homo → onParce qu’il est devenu un pronom personnel indéfini, donc neutreParce que, même s’il peut désigner plusieurs personnes, il est conjugué comme un sujet impersonnel à la 3e personne du singulierEt parce que le français adore les exceptions… surtout élégantes et ambiguës !
  • Pourquoi vos blagues ne font-elles rire personne ?

    01:50|
    Le syndrome de Witzelsucht, au nom aussi imprononçable qu’inattendu, est un trouble neurologique rare… qui transforme littéralement une personne en machine à blagues. Mais attention : ce n’est pas le genre de blague fine et bien placée au dîner. Non. Ce sont souvent des jeux de mots maladroits, des calembours répétitifs, des plaisanteries inappropriées — bref, un humour un peu décalé, voire carrément embarrassant.Une histoire de cerveau (et de lobe frontal)Ce syndrome est lié à des lésions au niveau du lobe frontal droit du cerveau, parfois aussi à des atteintes du système limbique, qui gère les émotions. Le lobe frontal, c’est un peu notre centre de contrôle social : il nous aide à comprendre ce qui est approprié ou non, à moduler notre comportement, à prendre du recul. Quand il est endommagé — par un traumatisme crânien, une tumeur, un AVC ou une dégénérescence — certaines personnes peuvent développer des troubles du jugement, de l’impulsivité… et donc, dans des cas rares, un besoin irrépressible de faire des blagues.Mais quel type d’humour, exactement ?Les personnes atteintes du syndrome de Witzelsucht (du mot allemand Witz = blague, et Sucht = addiction) racontent souvent des histoires drôles qui ne font rire qu’elles. Elles peuvent :-sortir des blagues à répétition, même dans des contextes graves,-inventer des jeux de mots très pauvres ou absurdes,-rire de choses qui ne sont pas censées être drôles,-avoir du mal à comprendre l’humour des autres, surtout s’il est subtil ou ironique.Ce qui est étonnant, c’est que leur besoin de faire de l’humour est compulsif, presque comme une envie incontrôlable. Et souvent, elles ne se rendent même pas compte que leur entourage ne trouve pas ça drôle du tout.Un cas célèbre ?Il y a des cas rapportés en neurologie, comme cet homme qui, après un traumatisme crânien, passait ses journées à raconter des blagues douteuses à ses soignants, avec un grand sourire… tout en restant émotionnellement plat. Il riait, mais sans ressentir vraiment le plaisir qu’on associe normalement à l’humour.Une curiosité neurologiqueLe syndrome de Witzelsucht est rare, fascinant et un peu triste : il montre à quel point notre sens de l’humour, si humain, est lié à des structures cérébrales précises. Et que, parfois, une petite lésion suffit à transformer l’humour en comportement compulsif… à mi-chemin entre le clown et le robot.Bref, ce n’est pas qu’ils veulent forcément être drôles. C’est que leur cerveau, lui, n’a plus le bouton pause.
  • Quelle est la différence entre un singe et un primate ?

    01:30|
    On emploie parfois « singe » et « primate » comme des synonymes, mais en réalité, ce n’est pas la même chose. 1. Le mot « primate » est un terme scientifiqueLe mot primate désigne un ordre zoologique dans la classification des animaux. C’est un groupe large qui inclut :Les singes (comme les babouins, les macaques, les capucins…),Les grands singes (chimpanzés, gorilles, orangs-outans),Les prosimiens (comme les lémuriens et les tarsiers),Et aussi… les humains ! Oui, nous faisons partie de l’ordre des primates.Donc :Tous les singes sont des primates, mais tous les primates ne sont pas des singes.2. Le mot « singe » est plus restreint (et non scientifique)Le terme singe, lui, n’est pas un terme scientifique, mais un mot courant qui désigne certains primates à queue (le plus souvent), qui ne sont ni lémuriens, ni humains. On distingue souvent deux grands types de singes :Les singes du Nouveau Monde (Amérique centrale et du Sud) : capucins, ouistitis, atèles…Les singes de l’Ancien Monde (Afrique, Asie) : macaques, babouins, colobes…Ils sont généralement plus petits que les grands singes et vivent en groupes très sociaux.3. Et les grands singes dans tout ça ?Les grands singes (ou « hominoïdes ») sont aussi des primates, mais ne sont pas considérés comme des « singes » au sens courant, car ils n’ont pas de queue et partagent une anatomie plus proche de l’humain.Ils comprennent :Le gorilleLe chimpanzéL’orang-outanLe bonoboEt l’humain, qui en est une branche particulière.Donc, paradoxalement :Un macaque est un singe,Un chimpanzé est un primate, mais pas un singe.
  • Pourquoi les jaunes d'oeufs japonais sont orange ?

    01:59|
    Ah, les jaunes d’œufs japonais, si intensément orange qu’on dirait presque qu’ils ont passé un mois à bronzer sous une lampe à UV ! Ce phénomène intrigue souvent les voyageurs occidentaux qui, habitués à des jaunes plus pâles, se demandent s’il s’agit d’une manipulation, d’un effet Photoshop, ou d’un régime alimentaire digne d’un top chef pour poules. Et justement, c’est un peu ça : tout est une question de nourriture.Une histoire de pigmentsLa couleur du jaune d’œuf dépend directement de ce que la poule mange. Ce n’est pas une blague : pas de génétique miracle, pas de laser, pas de manga magique. Simplement, les pigments contenus dans l’alimentation de la poule vont se retrouver dans le jaune. Plus précisément, ce sont les caroténoïdes, des pigments naturels présents dans de nombreux végétaux, qui colorent le jaune.Parmi ces caroténoïdes, on retrouve :la lutéine (présente dans le chou, les épinards, le maïs),la zéaxanthine,et bien sûr, le bêta-carotène, le même qui donne sa couleur aux carottes.Les éleveurs japonais utilisent souvent des mélanges alimentaires enrichis en ces pigments. Résultat : les jaunes deviennent orange vif, voire presque rougeâtres dans certains cas !Une question de culture (et de gastronomie)Mais pourquoi les Japonais tiennent-ils tant à cette couleur intense ? Eh bien, parce que pour eux, cela signifie qualité. Un jaune bien orange évoque un œuf plus riche, plus savoureux, plus nutritif. C’est aussi une question d’esthétique. Dans la cuisine japonaise, la couleur et la présentation comptent presque autant que le goût. Un œuf coulant orange sur un bol de riz fumant (le fameux tamago kake gohan), c’est bien plus appétissant qu’un jaune pâlot, non ?De plus, les œufs sont souvent consommés crus ou à peine cuits au Japon. La couleur devient alors un critère visuel fort : plus c’est orange, plus ça semble « premium ». Certains producteurs vont même jusqu’à indiquer sur l’emballage le type d’alimentation donnée aux poules pour obtenir cette teinte !Que mangent ces poules, du coup ?Voici quelques ingrédients typiques que l’on retrouve dans l’alimentation des poules japonaises pour booster la couleur des jaunes :du maïs rouge,des piments doux (eh oui, sans le piquant !),de la luzerne,de la marigold (souci), une fleur riche en lutéine,et parfois même du poisson, pour la richesse en oméga-3.En résumé, les jaunes d’œufs japonais sont orange non pas par magie, mais par design. C’est le résultat d’un choix culturel, d’une préférence esthétique et d’une alimentation soigneusement étudiée. Bref, ces œufs-là ont le luxe dans la coquille.
  • Pourquoi le terme “varappe” évoque-t-il l'escalade ?

    02:08|
    Le mot « varappe » occupe une place très particulière dans l’histoire de l’escalade, surtout dans le monde francophone. Avant que le mot « escalade » ne désigne le sport que l’on connaît aujourd’hui, la varappe en a été le précurseur direct. Voici pourquoi ce terme est si intimement lié à l’origine de cette discipline.1. Une origine géographique : la falaise de la VarappeLe mot « varappe » » vient à l’origine d’un lieu réel : la combe de la Varappe, située près de Marseille, dans les Alpes provençales, ou selon une autre tradition bien établie, la gorge de la Varappe près de Genève, dans le Salève (Suisse). C’est ce deuxième site qui semble historiquement le plus fondé.À la fin du XIXe siècle, des amateurs de montagne et d’escalade — souvent issus de la bourgeoisie genevoise — allaient s’entraîner sur les parois rocheuses de cette gorge. Ils utilisaient les mots « faire de la varappe » pour désigner cette activité de grimpe sur rochers escarpés. Le mot a alors migré du toponyme au verbe, puis au nom commun.2. Avant "l’escalade", on faisait de la varappeJusqu’au début du XXe siècle, le mot « escalade » était surtout utilisé dans un contexte militaire ou historique (comme « l’escalade de murailles »). Le terme « varappe » s’est donc naturellement imposé pour désigner cette pratique émergente de grimper sur des rochers, en particulier en montagne.Peu à peu, on utilisait « varappe » pour désigner l’ensemble des techniques et des pratiques de progression sur parois rocheuses, que ce soit à but sportif ou alpin.3. La varappe, mère de l’escalade moderneC’est dans les gorges de la Varappe, puis dans des régions comme Fontainebleau ou le Verdon, que les techniques de grimpe ont été peu à peu formalisées. L’usage de chaussons d’escalade, de prises naturelles, de cordes, d’assurage et de cotations de difficulté découle directement de ces pratiques dites « de varappe ».En ce sens, la varappe est l’ancêtre directe de l’escalade libre moderne. Le mot est resté très utilisé jusque dans les années 1960-1970, avant d’être progressivement supplanté par le terme « escalade » dans le langage courant.4. Un mot chargé d’histoire et de nostalgieAujourd’hui, le mot « varappe » a une connotation un peu désuète, parfois associée à une escalade rustique, en montagne, avec les mains, les pieds, et la roche brute. Il évoque une époque pionnière, celle des premiers passionnés qui grimpaient sans baudriers high-tech, mais avec l’envie d’explorer et de vaincre la verticalité.En résumé : le mot varappe est un héritage linguistique et culturel. C’est le berceau lexical et pratique de l’escalade moderne, un mot qui, à lui seul, raconte toute une histoire de passion, de montagne et d’aventure verticale.
  • Pourquoi parfumait-on les statues dans l’Antiquité ?

    02:33|
    Dans l’imaginaire contemporain, les statues de l’Antiquité sont souvent perçues comme de froids blocs de marbre immaculé, exposés dans des musées silencieux. Mais la recherche pionnière de l’archéologue danoise Cecilie Brøns révèle une réalité bien différente : dans l’Antiquité, les statues étaient colorées, habillées, ornées de bijoux… et parfumées. Cette découverte, publiée en 2025, réinscrit l’art antique dans une expérience sensorielle globale, où l’odorat tenait un rôle central.Le parfum comme offrande divineL’usage du parfum dans l’Antiquité ne se limitait pas à la toilette personnelle ou à la séduction. Il s’agissait aussi d’un acte religieux, un moyen de rendre hommage aux dieux. Dans les sanctuaires, les prêtres et prêtresses oignaient les statues sacrées avec des huiles aromatiques coûteuses : essence de rose, de myrrhe, de nard ou de cannelle, souvent mélangées à de l’huile d’olive ou à de la cire d’abeille. À Délos, des documents comptables mentionnent les sommes importantes dépensées pour parfumer les effigies d’Artémis ou d’Apollon, preuve de l’importance de cette pratique.Ces rituels n’étaient pas uniquement symboliques. Dans les croyances antiques, les dieux vivaient dans leurs statues. Les soigner, les habiller, les parfumer revenait donc à honorer leur présence réelle. Le parfum, volatil et invisible, servait de pont entre le monde humain et le monde divin.Une esthétique du vivantAu-delà du rituel, parfumer les statues contribuait à leur donner une présence vivante. Comme le rappelle Cecilie Brøns, ces effigies n’étaient pas conçues pour être contemplées dans un silence muséal : elles étaient exposées dans des temples animés, au milieu des chants, des prières, des fumées d’encens et… des odeurs.Certaines statues étaient même mobiles : montées sur des chars ou portées en procession, elles étaient lavées, habillées, décorées de guirlandes florales et abondamment parfumées lors des grandes fêtes religieuses. On retrouve cette pratique lors des Floralia romaines ou des Panathénées à Athènes, où les effigies de divinités participaient activement à la vie collective.Un art multisensoriel à redécouvrirEn restituant l’usage des parfums, la recherche de Cecilie Brøns invite à repenser radicalement notre rapport à l’art antique. Ces œuvres n’étaient pas seulement visuelles : elles engageaient tous les sens, dans une esthétique du sacré incarné. Le marbre n’était pas froid, il était chaud de vie. Et le dieu, loin d’être figé, respirait à travers l’odeur de ses offrandes.
  • Pourquoi les pyramides ont-elles une forme triangulaire ?

    03:12|
    La forme triangulaire des pyramides – ou plus précisément la forme pyramidale à base carrée avec quatre faces triangulaires planes convergeant vers un sommet – est le fruit d’un choix multidimensionnel, à la fois ingénierie avancée, symbolique religieuse et cohérence cosmologique dans l’Égypte pharaonique.1. Un chef-d’œuvre d’ingénierie : la stabilité structurelleDu point de vue architectural, la pyramide est une structure hyperstatique naturellement stable. Grâce à ses faces inclinées et à sa base large, elle répartit les charges verticales sur une très grande surface. Cela minimise les risques d’effondrement, en particulier dans un environnement désertique, soumis à des écarts thermiques importants et à des séismes légers mais récurrents.La forme triangulaire des faces permet également une optimisation des efforts de compression : la gravité agit dans l’axe des plans inclinés, renforçant leur cohésion. C’est pourquoi les pyramides ont résisté pendant plus de 4500 ans. Cette logique est connue en mécanique des structures sous le nom de distribution vectorielle de la poussée gravitationnelle.2. Adaptée aux techniques de construction de l’époqueAu IIIe millénaire av. J.-C., les Égyptiens ne disposaient ni de mortiers modernes ni de grues. Le choix d’une forme pyramidale permettait de construire progressivement à l’aide de rampes inclinées (rampes droites, tournantes ou en spirale, selon les hypothèses archéologiques), en empilant les blocs depuis la base vers le sommet. Une pyramide à faces triangulaires est aussi géométriquement simple à planifier, ce qui facilite l’alignement, l’équarrissage, et l’orientation.Fait remarquable : la pyramide de Khéops est orientée vers les quatre points cardinaux avec une précision de moins d’un dixième de degré, ce qui témoigne d’un niveau de maîtrise mathématique et astronomique très avancé.3. Symbolisme solaire et cosmogoniqueLa forme triangulaire n’est pas qu’un choix technique : elle est profondément liée à la religion solaire. À partir de la Ve dynastie (env. 2500 av. J.-C.), le dieu Rê devient la divinité principale. Le triangle, par sa forme élancée, symbolise les rayons du soleil descendant sur Terre, tandis que le sommet de la pyramide – souvent recouvert d’un pyramidion doré – incarnait le lien entre le monde des hommes et celui des dieux.La pyramide représente également le Benben, colline primordiale qui aurait émergé du Noun (l’océan originel) lors de la création du monde selon la théologie héliopolitaine. Ce concept cosmologique est inscrit dans la forme même de la pyramide, où l’ordre émerge du chaos.4. Un choix optimal dans une logique d’éternitéLa verticalité maîtrisée de la pyramide, son ancrage dans la terre et sa pointe tournée vers le ciel expriment aussi la volonté de figer l’âme du pharaon dans un mouvement d’ascension perpétuel, garant de sa résurrection et de son union avec les dieux. Cette élévation n’est pas seulement symbolique : elle traduit une conception hiérarchisée et ordonnée de l’univers, où le roi défunt franchit les degrés cosmiques.En résumé, la forme triangulaire des pyramides égyptiennes est le résultat d’un entrelacement entre rationalité technique, contraintes logistiques, géométrie sacrée et vision cosmologique du monde. Ce n’est pas une coïncidence, mais une architecture du sens autant que de la matière.
  • Quelle était l’espérance de vie d’un homme préhistorique ?

    02:23|
    Quand on pense à la vie à la Préhistoire, on imagine souvent une existence brutale, courte, marquée par la chasse, les maladies et les dangers constants. Mais quelle était réellement l’espérance de vie des hommes préhistoriques ? Spoiler : c’est plus nuancé qu’on le croit.Selon une étude publiée en 2007 dans Proceedings of the National Academy of Sciences par Rachel Caspari et Sang-Hee Lee, les populations humaines ont connu une augmentation progressive de la longévité à partir du Paléolithique supérieur, il y a environ 30.000 ans. Les chercheurs ont analysé des crânes fossiles et ont constaté qu’au fil du temps, le nombre d’adultes âgés augmentait dans les populations humaines, signe d’une meilleure survie à l’âge adulte.Mais avant d’aller plus loin, précisons un point important : l’espérance de vie à la naissance est une moyenne, très influencée par la mortalité infantile. Chez les Homo sapiens du Paléolithique, elle était estimée entre 25 et 35 ans. Cela ne signifie pas que tous mouraient à 30 ans ! Cela veut plutôt dire qu’un grand nombre d’enfants mouraient avant 5 ans. Ceux qui atteignaient l’âge adulte pouvaient vivre jusque 50 ou même 60 ans, comme l’indiquent plusieurs restes squelettiques.Des travaux publiés en 2011 dans Nature par le paléoanthropologue Erik Trinkaus ont montré, en étudiant les fossiles de Néandertaliens et d’Homo sapiens, que la proportion d’individus âgés était assez comparable dans certaines régions au Paléolithique. Cela suggère que la survie à un âge avancé n’était pas aussi rare qu’on le croyait.Autre point crucial : le mode de vie. Les chasseurs-cueilleurs vivaient dans des groupes mobiles, exposés aux blessures, aux infections, mais aussi à des régimes alimentaires variés. Ce mode de vie, bien que difficile, pouvait parfois être plus sain que celui des premières sociétés agricoles, où la sédentarité, la promiscuité et la dépendance à une seule source alimentaire entraînaient malnutrition et maladies.Aujourd’hui encore, certaines sociétés de chasseurs-cueilleurs comme les Hadza en Tanzanie ou les Tsimané en Bolivie montrent que, malgré l’absence de médecine moderne, des individus peuvent atteindre 60 ou 70 ans si l’enfance est bien passée.En résumé, l’homme préhistorique n’était pas condamné à mourir jeune. La forte mortalité infantile tirait l’espérance de vie vers le bas, mais ceux qui passaient les premières années pouvaient vivre étonnamment longtemps. Alors non, nos ancêtres n’étaient pas tous des vieillards à 30 ans… bien au contraire !