2/29/2020Episode #7 - Margreta
Saison 1, Ép. 7
Dans ce 7e épisode,Margretalève le voile sur une pratique qui dérange :l’assistance sexuelle à la personne handicapée. Untémoignageriche etdécapantqui nourrit tout ennuancenotre petite machine à penser.Ils rêvent tous d’une sexualité normale. Mais voilà. Enfermés dans leur handicap, physique ou mental, ils sont coupés de cette chance, de cedroit humain fondamental. Incapables d’assouvir leursbesoinsaffectifs et leurs désirs,déconnectéesde leur proprecorps, reléguées auxoubliettesde notre société, les personnes handicapées souffrent ainsi d’unedouble peine discriminante. EnBelgique, ce n’est que dans les années 90 qu’on se penche sur la question de leur sexualité : en 1997, une recrudescence de l’épidémie du Sida toucha des personnes handicapées au sein même des institutions, créantl’émoiet levant radicalement le voile sur les besoins de ces dernières et sur l’état de leurcondition humaine. «Ainsi a-t-on vu trois ministres francophones avaliser, au début des années 2000, laCharte pour agir, rédigée par des acteurs de terrain, dont un des objectifs est le développement de l’information et le soutien à l’épanouissement affectif et sexueldes personnes handicapées», commente le Comité consultatif de bioéthique de Belgique dansl’Avis positifqu’il promulgue en faveur de l’assistance sexuelle à la personne handicapée, en 2017… seulement.Vouloirsortirces personnes fragilisées del’isolement, vouloircomprendreleurmisère affective et sexuelleest devenu légitime. Mais l’idée de leur faciliter l’accès à l’explorationet à ladécouvertede leur corps, de leurs sensations et de leur sensualité paraît uneévidencesomme toute encore trèsthéorique. Sur le terrain, le sujet restetabou,tendu,clivant. Soit que les assistants sexuels restent incompris voire à peinetolérés, soit que l’on nie l’existence même des demandes des bénéficiaires, soit que l’on peine à qualifier cette pratiquethérapeutiquefloue, à mi-chemin entre lacâlino-thérapieet laprostitution. Dans la tête de certains, l’accompagnement vers lesplaisirs intimesest une pratique potentiellement perverse qui pourrait aliéner encore davantage la personne. Dans la bouche des personnes qui témoignent, en revanche, il s’agit «juste» de proposer sonaideà des personnes en souffrance. Et les rendreplus humains.Bien-sûr, lesquestionssont nombreuses et le cadre nécessaire: Quelle formation enseigner? Quel statut donner aux assistants sexuels? Doit-on prévoir unremboursementpar la sécurité sociale? Comment cadrer les demandes des bénéficiaires? Comment éviter le soupçon d’un «Etat proxénète»?… EnBelgique, la loi autorise la pratique et sa rémunération. Il faut compter une centaine d’euros la séance, hors frais de déplacement. La prise en charge par la mutuelle n’est pas autorisée alors qu’elle l’est dans certains cas au Danemark, en Suisse et aux Pays-Bas. En France, la formation et la pratique sont légales, mais pas leur rémunération…Concrètement, en Belgique, on compte unecentained’assistants sexuels, essentiellement des femmes, et majoritairement en Flandre. Ces personnes sont formées par l’associationAditiqui propose (depuis 2009 en Flandre, 2012 en Wallonie et à Bruxelles) dessolutions concrètespour les personnes en situation de handicap et leur entourage, des conseils et des formations pour les professionnels qui les accompagnent.L’associationcoordonne les demandes des bénéficiaires et les clarifie grâce à un premier rendez-vous avec unsexologuequi voit ensuite vers qui transférer au mieux cette demande si particulière.Et si la sexualité et le handicap restent unsujet difficileà aborder dans la vraie vie, lecinémay a déjà pourtant consacré quelques films sensibles, drôles, pertinents, comme le belgeHasta la vistade Goeffrey Enthoven, le mémorableIntouchablesd’Olivier Nakache et Eric Tolédano, le récompenséDe rouille et d’osde Jacques Audiard et le réalisteThe Sessionde Ben Lewin, qui raconte l’histoire vraie de la rencontre entre un homme paralysé et une thérapeute qui va lui permettre d’aimer «comme tout le monde».