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Choses à Savoir - Culture générale

Dans quel pays un homme sur quatre serait un violeur ?

En 2009, une étude menée par le Conseil de Recherche Médicale d'Afrique du Sud (MRC) a révélé que plus d'un quart des hommes sud-africains interrogés ont admis avoir commis un viol. Cette enquête, dirigée par la professeure Rachel Jewkes, a porté sur un échantillon représentatif de 1 738 hommes des provinces du Cap-Oriental et du KwaZulu-Natal.


Principaux résultats de l'étude :

27,6 % des hommes interrogés ont reconnu avoir violé une femme ou une fille.

Parmi eux, 23,2 % ont déclaré avoir violé deux ou trois femmes, 8,4 % entre quatre et cinq, 7,1 % entre six et dix, et 7,7 % plus de dix femmes ou filles.

46,5 % des auteurs de viols ont commis leur premier acte entre 15 et 19 ans, et 9,8 % avant l'âge de 10 ans.

Ces chiffres alarmants mettent en lumière une culture de la violence sexuelle profondément enracinée en Afrique du Sud. Les raisons évoquées par les auteurs incluent la recherche de "plaisir", l'ennui, la pression des pairs et des notions de punition envers les femmes.


Facteurs contribuant à cette situation :

Normes culturelles et sociales : Des idées de masculinité basées sur la hiérarchie de genre et le sentiment d'un droit sexuel des hommes sont répandues.

Inégalités socio-économiques : Les disparités économiques et le chômage élevé exacerbent les tensions et la violence.

Héritage de l'apartheid : La période de l'apartheid a laissé une société fragmentée avec des structures familiales déstabilisées et une méfiance envers les institutions.


Conséquences sur la santé publique :

L'étude a également établi un lien entre la violence sexuelle et la prévalence du VIH. Les hommes violents envers leurs partenaires sont deux fois plus susceptibles d'être séropositifs. De plus, une femme violée par un homme de plus de 25 ans a une chance sur quatre que son agresseur soit porteur du VIH.


Réactions et mesures prises :

Face à ces révélations, des organisations locales et internationales ont intensifié leurs efforts pour lutter contre la violence sexuelle en Afrique du Sud. Des campagnes de sensibilisation ont été lancées pour remettre en question les normes de genre toxiques et promouvoir des relations égalitaires. Cependant, malgré des lois progressistes, leur application reste insuffisante, et la culture de l'impunité persiste.


Conclusion :

Les résultats de l'étude du MRC ont mis en évidence l'ampleur de la crise de la violence sexuelle en Afrique du Sud. Ils soulignent la nécessité d'une approche multidimensionnelle, combinant des réformes législatives, des programmes éducatifs et des initiatives communautaires pour transformer les attitudes et réduire la prévalence du viol dans le pays.

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  • Pourquoi le “point F” nous rend-il accro à la nourriture ?

    02:34|
    Le point F, ce n’est ni un muscle, ni une glande, ni une zone magique de votre cerveau. C’est un concept utilisé par les industriels de l’agroalimentaire pour désigner l’équilibre idéal entre gras, sucre et sel dans un aliment — celui qui déclenche un maximum de plaisir sensoriel… et donne envie d’en reprendre, encore et encore.? Un terme marketing… mais une réalité neurobiologiqueLe point F, pour "F" comme fat, flavor, ou feel good, n’est pas un terme scientifique officiel, mais il renvoie à une idée bien documentée : certains aliments sont délibérément conçus pour surstimuler nos circuits de la récompense.Ce point d’équilibre se situe au croisement du gras fondant, du sucre addictif et du sel stimulant. C’est la formule secrète de nombreuses chips, barres chocolatées, pizzas surgelées, nuggets ou sodas. À ce niveau précis, la sensation en bouche, la texture et le goût convergent pour produire un pic de satisfaction immédiat, suivi… d’une envie irrésistible d’en reprendre. Et ce, même sans faim.? Une prise d’otage du cerveauCe phénomène active un circuit bien connu des neuroscientifiques : le système dopaminergique. Quand vous mangez un aliment parfaitement équilibré autour du point F, votre cerveau libère de la dopamine, le neurotransmetteur du plaisir et de la motivation. C’est le même mécanisme qui intervient dans les addictions.Or, ces aliments sont souvent pauvres en fibres, en protéines, en nutriments, mais très denses en énergie. Ils provoquent une réponse intense mais brève, ce qui vous pousse à en consommer de manière compulsive, souvent sans satiété réelle.? Une formule testée en laboratoireLes industriels testent leurs produits via des groupes sensoriels, des IRM fonctionnelles et même des algorithmes de prédiction de consommation. Leur but ? Trouver le point F idéal pour chaque profil de consommateur. Certains parlent aussi de "bliss point", ou point de félicité.Le chercheur américain Howard Moskowitz l’a popularisé dans les années 1980, en développant notamment la recette optimale de plusieurs sodas et plats prêts-à-manger. Résultat : un aliment parfaitement calibré pour être ni trop sucré, ni trop salé, mais juste assez pour faire exploser les ventes… et notre volonté.⚠️ En résuméLe point F, c’est la recette parfaite pour créer un aliment irrésistible, mais pas forcément sain. Il détourne nos instincts de survie pour nous pousser à manger plus que nécessaire, en exploitant nos vulnérabilités cérébrales.Une gourmandise qui n’est pas toujours innocente… et qui nous rappelle que le plus difficile à digérer, parfois, c’est la stratégie marketing.
  • Pourquoi le label Max Havelaar symbolise-t-il le commerce équitable ?

    01:59|
    Le nom "Max Havelaar" évoque aujourd’hui le commerce équitable, des produits responsables, et une promesse : celle d’un échange plus juste entre producteurs du Sud et consommateurs du Nord. Mais pourquoi ce label, en particulier, est-il devenu le symbole du commerce équitable ?Tout commence en 1988, aux Pays-Bas. À cette époque, des militants, en lien avec une ONG néerlandaise et un prêtre mexicain, cherchent un moyen concret d’améliorer les revenus des petits producteurs de café marginalisés sur les marchés mondiaux. Ils créent alors un label certifiant que le produit a été acheté à un prix juste, garantissant un revenu décent aux producteurs. Pour lui donner une portée symbolique, ils choisissent un nom fort : Max Havelaar, héros d’un roman néerlandais du XIXe siècle, dénonçant l’exploitation coloniale dans les plantations d’Indonésie.Dès lors, le label Max Havelaar devient le premier label de commerce équitable au monde. Il est introduit en France en 1992. Son objectif est clair : offrir aux petits producteurs des pays en développement des conditions commerciales plus équitables, notamment grâce à trois piliers :un prix minimum garanti, qui protège les producteurs contre les fluctuations des cours mondiaux,une prime de développement, investie dans des projets communautaires (écoles, dispensaires, infrastructures),des relations commerciales durables, basées sur le partenariat, et non la domination.Ce modèle s’oppose frontalement au commerce conventionnel, où les producteurs sont souvent pris en étau entre des intermédiaires puissants et un marché mondial volatil. Max Havelaar change la donne : le producteur retrouve une place centrale dans la chaîne de valeur.Au fil des décennies, le label s’est étendu à de nombreux produits : café, cacao, thé, bananes, sucre, coton… En choisissant un produit labellisé Max Havelaar, le consommateur exprime un acte de solidarité économique, et participe à un système qui cherche à rendre le commerce plus éthique.Aujourd’hui, Max Havelaar fait partie du réseau Fairtrade International, qui regroupe les initiatives de commerce équitable dans plus de 30 pays. En 2024, plus de 2 millions de producteurs et travailleurs dans plus de 70 pays bénéficient de ce système.Max Havelaar n’est donc pas seulement un label : c’est un emblème historique et militant, un outil de lutte contre les inégalités mondiales, et une manière de repenser le commerce comme un levier de justice sociale.
  • Pourquoi “Just Asking Questions" est une technique de désinformation ?

    02:34|
    La technique du "Just Asking Questions" (ou JAQ), littéralement « je fais juste poser des questions », peut sembler inoffensive, voire vertueuse : après tout, poser des questions, c’est chercher la vérité, non ? Pourtant, dans le domaine de la rhétorique et de la communication, c’est aussi une stratégie de désinformation bien connue, précisément parce qu’elle sème le doute sans assumer directement une affirmation fausse ou trompeuse.1. Une apparence de neutralité… trompeuseLa force du JAQ réside dans sa fausse neutralité. Plutôt que d’affirmer : « Les vaccins causent des maladies »,on dira : « Est-ce que les vaccins pourraient causer des maladies ? »Cette formulation n’engage pas directement celui qui parle. Il peut toujours dire :« Je ne fais que poser la question ! »Mais l’effet est bien là : on introduit une idée douteuse dans l’esprit de l’auditeur, même sans preuve, sans source, ni affirmation explicite.2. Semeur de doute, sans preuveLe JAQ est souvent utilisé pour introduire des théories du complot ou des mensonges, en évitant la responsabilité factuelle. Il sème la suspicion à l’égard de faits établis, de la science ou des institutions, sans jamais présenter de données solides.Exemples : « Et si le changement climatique n’était qu’un moyen de contrôle ? » « Pourquoi les médias ne parlent-ils jamais de ce scientifique censuré ? »Ces questions laissent entendre une manipulation, tout en évitant frontalement le mensonge… mais elles créent un climat de méfiance généralisée, souvent injustifié.3. Le JAQ comme outil de manipulation rhétoriqueDans les débats publics ou en ligne, le JAQ est un outil puissant car il déplace la charge de la preuve. Celui qui répond doit défendre la réalité face à une question insidieuse, ce qui lui donne l’air d’être sur la défensive.C’est aussi une technique délibérément virale : elle invite à s’interroger, à douter, à partager, même sans croire complètement à ce qui est suggéré. 4. Quand poser une question devient un acte politiqueToutes les questions ne sont pas problématiques, évidemment. Ce qui distingue le JAQ en tant que stratégie de désinformation, c’est l’intention derrière : utiliser la question pour propager un doute, sans jamais chercher une réponse honnête.Dans les discours de figures complotistes, d’influenceurs extrémistes ou de certains trolls, c’est une arme rhétorique redoutable, précisément parce qu’elle prétend être innocente.En résuméLe "Just Asking Questions" devient problématique quand il est utilisé pour manipuler, et non pour comprendre. Sous couvert de curiosité, il propage le doute, légitime les fausses croyances, et affaiblit la confiance dans les faits établis. Poser des questions, oui. Mais pas pour éviter la vérité.
  • Quel est le poids d'un corps humain incinéré ?

    02:17|
    La crémation est un choix de plus en plus courant dans le monde, pour des raisons culturelles, religieuses, environnementales ou pratiques, tant en France qu'à l'échelle mondiale. En 2024, environ 46 % des obsèques en France ont donné lieu à une crémation, contre seulement 1 % en 1980 . Cette tendance reflète une évolution des mentalités et une acceptation croissante de la crémation dans les mœurs françaises.À l'échelle mondiale, les taux de crémation varient considérablement selon les pays. Par exemple, le Japon affiche un taux de crémation de 99,97 %, tandis que la France se situe autour de 46 % .Mais une question fascine ou intrigue souvent : combien pèse un corps humain une fois incinéré ?À la fin du processus de crémation, il ne reste plus que des fragments d’os, réduits en poudre – ce qu’on appelle communément les « cendres ». Mais en réalité, ce que l’on nomme « cendres » n’est pas un résidu de cendres à proprement parler, comme celles du bois brûlé, mais plutôt des fragments d’os calcinés qui sont ensuite broyés dans un appareil appelé crémulator.Le poids de ces « cendres » dépend de plusieurs facteurs : le poids initial du défunt, sa masse osseuse, son âge, son sexe, et même la température du four crématoire. En moyenne, le résidu post-crémation représente environ 3 à 7 % du poids total d’un adulte.Selon une étude publiée dans Forensic Science International par Bass & Jantz (2004), un corps adulte produit en moyenne :2 à 3,5 kg de résidus chez une femme adulte,2,5 à 4 kg chez un homme adulte.Les hommes ont généralement une ossature plus dense et plus lourde, ce qui explique cette différence. Un enfant, quant à lui, ne laissera qu’environ 250 à 1000 grammes de restes osseux.Le processus lui-même dure environ 1h30 à 2 heures, avec des températures atteignant 850 à 1000°C dans le four crématoire. À ces températures, tous les tissus mous – muscles, organes, peau, graisse – sont entièrement consumés, ne laissant que le squelette. Ce dernier est ensuite refroidi, puis pulvérisé mécaniquement.Le poids final peut aussi varier selon la présence ou non de prothèses, implants ou objets métalliques (comme des vis ou des couronnes dentaires). Ces éléments sont généralement séparés des restes osseux et retirés manuellement ou par aimantation après la crémation.Il est à noter qu’il ne s’agit pas de cendres en termes chimiques. Les résidus sont composés principalement de phosphate de calcium, un composant inorganique des os, très résistant à la chaleur.En somme, d’un être humain de 70 kg, il ne reste en moyenne que 2,5 à 4 kg de fragments d’os réduits en poudre, une matière silencieuse, mais chargée de symboles.
  • Pourquoi parle-t-on de l'Eldorado ?

    02:17|
    L’Eldorado… Un mot qui évoque un lieu fabuleux, une terre de richesses infinies, un paradis perdu. Aujourd’hui encore, on l’utilise pour désigner un endroit rêvé, plein de promesses, souvent lié à la richesse, au bonheur ou à l’espoir d’une vie meilleure. Mais d’où vient ce mythe ? Pourquoi ce mot est-il si chargé d’or et de mystère ?Aux origines : un roi couvert d’orLe mythe de l’Eldorado prend racine au XVIe siècle, lors des grandes explorations espagnoles en Amérique du Sud. Les conquistadors, avides de conquêtes et de richesses, entendent parler d’un roi fabuleux qui, selon les récits indigènes, se couvrait de poussière d’or avant de se baigner dans un lac sacré. Ce roi était surnommé "El Dorado", littéralement "l’homme doré" en espagnol.Ce rituel aurait eu lieu en Colombie, près du lac Guatavita, et appartenait à une tradition des Muiscas, un peuple indigène local. À chaque cérémonie, le roi doré offrait de l’or et des pierres précieuses aux dieux en les jetant dans le lac. De quoi enflammer l’imaginaire des Européens.De l’homme doré à la cité d’orTrès vite, le personnage devient un lieu : Eldorado ne désigne plus un homme, mais une cité fabuleuse, puis un royaume entier où l’or serait aussi abondant que la poussière.Les Espagnols, puis les Anglais, les Allemands et les Portugais, envoient expéditions sur expéditions à la recherche de cet Eldorado, quelque part entre l’Amazonie, les Andes, le Venezuela ou même le Brésil. Des centaines d’hommes périssent dans la jungle, dévorés par la fièvre, les serpents, ou simplement l’épuisement… sans jamais trouver cette fameuse terre d’or.Parmi les plus célèbres chercheurs d’Eldorado, on compte Francisco de Orellana, le premier Européen à descendre le fleuve Amazone, ou Sir Walter Raleigh, qui échouera à deux reprises dans sa quête, mais publiera malgré tout un récit enflammé sur la richesse du royaume de Guyane.Un mythe qui dépasse l’orAu fil du temps, Eldorado devient un symbole : celui d’un espoir démesuré, d’une quête sans fin, parfois tragique. On le retrouve dans la littérature (Voltaire en parle dans Candide), dans les récits d’explorateurs, et aujourd’hui dans les discours politiques ou économiques — on parle par exemple d’Eldorado pétrolier, Eldorado numérique, ou Eldorado écologique.En résumé, Eldorado est moins un lieu réel qu’un mirage. Il raconte notre désir d’ailleurs, de richesse, de bonheur facile… et aussi notre tendance à projeter nos rêves sur des terres inconnues. Un mythe doré, au sens propre comme au figuré.
  • Pourquoi Israël participe à l’Eurovision ?

    01:57|
    Quand on regarde l’Eurovision, on s’attend à voir s’affronter des pays européens. Alors, chaque année, la même question revient sur les réseaux sociaux : « Mais pourquoi Israël participe ? Ce n’est pas un pays d’Europe ! » Et pourtant, Israël est là, sur scène, avec ses artistes, ses votes… et même plusieurs victoires à son actif.Pour comprendre cette présence, il faut revenir à l’origine du concours. L’Eurovision n’est pas organisé par une institution politique comme l’Union européenne, mais par l’Union européenne de radio-télévision — l’UER. Il s’agit d’une organisation qui regroupe des chaînes de télévision publiques. Pour participer au concours, il ne faut donc pas être membre de l’UE, mais avoir une télévision publique membre actif de l’UER. Et c’est le cas d’Israël depuis… 1957 !Mais comment un pays situé au Proche-Orient peut-il faire partie d’un réseau européen ? La réponse est simple : l’UER n’impose pas de frontières géographiques strictes. Elle autorise des membres issus de ce qu’on appelle la « zone de radiodiffusion européenne », un concept défini par l’Union internationale des télécommunications. Cette zone inclut non seulement l’Europe géographique, mais aussi des pays du bassin méditerranéen — dont Israël fait partie.Israël a donc parfaitement le droit de participer au concours. Et il ne s’en est pas privé : le pays a fait ses débuts à l’Eurovision en 1973, et il a même remporté la compétition quatre fois ! Qui se souvient de "A-Ba-Ni-Bi" en 1978, de l’hymne "Hallelujah" en 1979, de la révolution symbolique de Dana International en 1998, ou de l’excentrique Netta en 2018 avec son "Toy" ?Et Israël n’est pas un cas isolé. En 1980, le Maroc a tenté une participation. Depuis 2015, l’Australie – oui, l’Australie ! – est invitée à concourir chaque année. D’autres pays, comme la Turquie, l’Azerbaïdjan ou l’Arménie, bien qu’aux portes de l’Asie, sont aussi présents.En réalité, l’Eurovision est bien plus qu’un concours européen : c’est une fête de la musique télévisée, une grande scène ouverte aux pays qui partagent une histoire de coopération médiatique, même au-delà des frontières du continent.Alors la prochaine fois qu’Israël apparaîtra à l’écran, souvenez-vous : ce n’est pas une anomalie, c’est une tradition bien ancrée.
  • Pourquoi dit-on “les femmes et les enfants d'abord” ?

    02:44|
    Cette règle, vous le savez, est souvent associée aux scènes de naufrages maritimes, où elle est censée guider l’évacuation des passagers en donnant la priorité aux personnes perçues comme les plus vulnérables. Mais d'où vient vraiment cette règle ? Est-elle une tradition ancienne, une norme sociale… ou un mythe romantisé par la littérature et le cinéma ?Une origine bien précise : le naufrage du HMS Birkenhead (1852)La formule prend racine dans un événement réel : le naufrage du HMS Birkenhead, un navire militaire britannique, survenu le 26 février 1852 au large des côtes d’Afrique du Sud.Le navire transportait environ 640 personnes, dont des soldats et quelques femmes et enfants. Lorsqu’il heurta un rocher, les embarcations de sauvetage étaient en nombre insuffisant. Le commandant donna alors l’ordre de faire embarquer en priorité les femmes et les enfants, pendant que les soldats restaient au garde-à-vous sur le pont, sans paniquer.Grâce à cette discipline exceptionnelle, toutes les femmes et les enfants survécurent, tandis que près de 450 hommes périrent. Ce sacrifice héroïque inspira l’expression « the Birkenhead drill », qui désignait cette conduite de calme et de discipline face à la mort.Une règle sociale… plus qu’une loiContrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’existe aucune loi maritime internationale imposant « femmes et enfants d’abord ». Il s’agit plutôt d’une norme morale et culturelle, valorisée par l’imaginaire victorien puis par la littérature et le cinéma, comme dans Titanic.Cependant, son application a été très inégale dans l’histoire. Par exemple :Lors du naufrage du Titanic en 1912, le capitaine ordonna effectivement de donner la priorité aux femmes et aux enfants. Résultat : 74 % des femmes mais seulement 20 % des hommes survécurent.À l’inverse, lors du naufrage du Lusitania en 1915, dans un contexte de panique totale, aucune règle de priorité ne fut respectée.Une construction culturelleCette règle renvoie à des valeurs paternalistes héritées du XIXe siècle : les femmes sont vues comme fragiles, les enfants comme innocents, et les hommes comme protecteurs. Elle a été largement romancée et idéalisée, surtout dans les récits anglophones. En réalité, lors de nombreuses catastrophes, c’est souvent l’instinct de survie qui domine, et la priorité aux plus vulnérables dépend davantage du capitaine, du contexte et du chaos que d’une règle universelle.En somme, « femmes et enfants d’abord » est une belle idée, parfois appliquée, parfois trahie, mais toujours chargée d’un poids symbolique fort, reflet des normes d’une époque… et des histoires qu’on aime se raconter face au drame.
  • Pourquoi les salles d’escalade seraient-elles plus polluées que certaines routes ?

    01:44|
    Cela peut surprendre, mais l’air que vous respirez dans une salle d’escalade pourrait être aussi pollué – voire plus – que celui d’une route très fréquentée. C’est la conclusion alarmante d’une étude menée par des chercheurs suisses de l’EPFL et autrichiens de l’Université de Vienne, qui se sont penchés sur un élément inattendu : les semelles des chaussures d’escalade.Ces chaussures, conçues pour offrir une adhérence maximale, sont fabriquées à partir de caoutchoucs très techniques, similaires à ceux utilisés dans les pneus automobiles. Cette similarité n’est pas anodine : comme les pneus, ces semelles contiennent des additifs chimiques leur conférant durabilité et résistance. Problème : lorsque les grimpeurs évoluent sur les murs, les semelles s’usent, libérant des microparticules dans l’air confiné des salles.L’analyse de l’air intérieur dans plusieurs salles d’escalade a révélé des niveaux de pollution parmi les plus élevés jamais enregistrés dans des environnements clos. Selon Thilo Hofmann, vice-directeur du CeMESS à l’Université de Vienne, ces concentrations sont comparables à celles observées sur les axes routiers très fréquentés des grandes villes.Parmi les substances identifiées, on retrouve notamment le 6PPD (N-(1,3-diméthylbutyl)-N’-phényl-p-phénylènediamine), un stabilisateur de caoutchouc utilisé pour retarder l’usure. Ce composé, déjà impliqué dans la mortalité massive de saumons dans certaines rivières nord-américaines, devient un toxique environnemental reconnu lorsqu’il est libéré sous forme de particules fines.Dans une salle d’escalade, l’accumulation de ces microdébris en suspension, couplée à un renouvellement d’air parfois insuffisant, crée un cocktail potentiellement nocif. Bien que ces résultats soient préoccupants, les chercheurs ne recommandent pas d’abandonner l’escalade pour autant. Au contraire, ils appellent à une meilleure aération des locaux, à fréquenter les salles aux heures creuses, et surtout à sensibiliser les fabricants afin qu’ils remplacent les composés chimiques dangereux par des alternatives plus sûres.Cette étude met en lumière un paradoxe : une activité perçue comme saine et proche de la nature peut, en intérieur, exposer à des niveaux de pollution inattendus. C’est un appel à la vigilance, non à la peur, pour que sport et santé restent compatibles – jusque dans les moindres recoins des salles d’escalade.
  • Pourquoi Hégésias de Cyrène est-il le philosohpe le plus déprimant ?

    02:34|
    Parmi tous les penseurs de l’Antiquité, Hégésias de Cyrène est sans doute celui dont la vision du monde est la plus sombre. Philosophe grec du IVe siècle avant notre ère, disciple de l’école cyrénaïque fondée par Aristippe, il part pourtant d’une idée simple : comme ses prédécesseurs, il pense que le but de la vie humaine est de rechercher le plaisir. Mais là où les autres voient dans le plaisir une source de bonheur, Hégésias, lui, constate l’échec total de cette quête. Et c’est là que tout bascule.Selon lui, le bonheur est une illusion. La vie est pleine de souffrances, d’injustices, de maladies, de frustrations. Les plaisirs existent, certes, mais ils sont rares, fragiles et souvent accompagnés de douleur. Et surtout, ils ne durent jamais. Le bonheur complet et durable ? Impossible. Même le plus sage des hommes ne peut y prétendre.Dans ce contexte, Hégésias en vient à une conclusion radicale : puisque vivre ne garantit ni bonheur ni sérénité, la mort n’est pas une chose à craindre. Elle peut même être préférable à la vie. À ses yeux, continuer à vivre n’a de sens que si la vie apporte un bien réel. Si ce n’est pas le cas, alors le suicide peut être une issue légitime, presque rationnelle.Hégésias aurait exposé ses idées dans un livre aujourd’hui perdu, intitulé L’Apokarterôn, qu’on pourrait traduire par Celui qui renonce. Il y décrivait, avec un réalisme glaçant, les misères de l’existence humaine. Selon Cicéron, ses lectures publiques de ce texte à Alexandrie auraient eu un effet tragique : plusieurs auditeurs, bouleversés, se seraient donné la mort. Le contenu du livre était si désespérant que les autorités de l’époque finirent par interdire à Hégésias de continuer à enseigner en public.Ce que propose Hégésias, ce n’est pas une apologie systématique du suicide, mais une remise en question du "devoir de vivre". Si la vie ne nous apporte rien de bon, alors pourquoi s’y accrocher ? En cela, il se distingue de presque toutes les autres écoles de pensée grecques, qu’elles soient stoïciennes, épicuriennes ou platoniciennes, qui tentent toujours de donner du sens à l’existence, même dans la souffrance.Aujourd’hui encore, sa pensée dérange. Elle questionne frontalement la valeur que nous accordons à la vie. Et même si elle peut sembler insupportablement sombre, elle force aussi à réfléchir : vivre à tout prix est-il toujours un choix évident ? Chez Hégésias, le doute est permis — et c’est peut-être cela, le plus déstabilisant.