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Confidences sur la cuvette
Episode #9 - Jérôme
Vaincre l’ignorance collective à propos du VIH, c’est tout l’enjeu des confidences de Jérôme dans ce 9e épisode. Entre la souffrance due au regard des autres et l’éternelle crainte de transmettre le virus, c’est petit à petit la Vie qui reprend ses droits.
Nous sommes tous marqués par les images et témoignages de personnes séropositives : Philadelphia, Les nuits fauves, L’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, Jo… Autant d’objets de prévention et de mémoire qui nous ont incités à ouvrir les yeux sur le SIDA et sur la nécessité de s’en protéger. En 2018, 37,9 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH, dont 1,7 millions infectées cette année-là ; et 770 000 personnes sont décédées de maladies liées au SIDA. En Belgique aussi, quarante ans après son apparition, la maladie est encore toujours bien là, malgré de grandes avancées de la recherche et l’existence d’outils préventifs et de traitements efficaces qui promettent une qualité de vie quasi normale aux personnes infectées, ainsi que la possibilité de ne plus contaminer leur partenaire. La raison majeure? La peur et l’ignorance collective. « Aujourd’hui encore, le plus gros facteur de diffusion de la maladie, c’est le manque d’information, la peur du dépistage, et l’ignorance de notre statut sérologique », explique Mary Stevens, chargée de communication de la plateforme Prévention Sida à Bruxelles.
Le danger, c’est de ne pas savoir
Pour vaincre le VIH, la stratégie est simple et nous concerne tous : être capable de prendre soin de sa santé sexuelle. C’est à-dire : se protéger avec un préservatif, faire un dépistage en cas de rapport sexuel à risque (sans préservatif) et si le résultat est positif, commencer un traitement qui permet de devenir « indétectable », soit porter une charge virale tellement faible que le virus ne peut plus être détecté et surtout plus transmis. Le grand tournant de la recherche, c’est cette nouvelle donne : un patient devenu « indétectable » est « intransmissible », vous le saviez, vous ? D’où l’importance de se faire dépister et traiter. « Le danger, c’est que comme le virus peut être asymptomatique, explique encore Mary Stevens, il y a de nombreux ‘séro-ignorants’ qui sont porteurs sans le savoir parce qu’ils ne se sont pas fait dépistés. Ce sont eux qui sont les plus grands contaminants car les symptômes peuvent apparaître des années après l’infection. Chez nous en 2017, le taux de dépistage tardif du VIH était encore de 36%. » Pour rappel, en Belgique, ce dépistage est remboursé par la mutuelle et peut se faire chez le médecin traitant, dans un centre de dépistage subventionné (il est alors gratuit), ou dans n’importe quel hôpital proche de chez vous.
Tous concernés
La dernière enquête de Sciensano parue en décembre dernier et qui fait état de la situation en Belgique fin 2018, montre que la progression de la maladie est en baisse de 2% par rapport à 2017 (et de 26% par rapport à 2012). Une baisse importante et encourageante. Reste que ce sont encore 882 infections diagnostiquées en 2018, soit près de 2,4 nouveaux cas par jour. Pour poursuivre avec les chiffres et en finir avec les préjugés : « Parmi les personnes diagnostiquées en 2018, 49 % ont été contaminées par des rapports sexuels entre hommes, 47 % par des rapports hétérosexuels, 1,8 % par usage de drogues injectables et 1,5% par transmission mère-enfant. » Oui, nous sommes tous concernés.
La raison de cette baisse progressive de la maladie, c’est le développement d’une approche combinée qui mêle différents moyens préventifs, dont l’introduction, depuis le 1er juin 2017, d’une alternative au préservatif : la PrEP (pour Prophylaxie pré-exposition), une sorte de barrière chimique, une pilule que l’on prend, si l’on est séronégatif, avant et après un rapport sexuel à risque (soit en continu, soit à la demande). « C’est une technique qui a fait ses preuves, explique Mary Stevens, mais qui implique un suivi médical tous les trois mois par un infectiologue pour faire le point. Il convient surtout à un public spécifique qui a des prises de risques régulières ou à un groupe social dit à risque. Pour les petits jeunes qui débutent leur vie sexuelle par exemple, l’usage du préservatif reste conseillé avec un dépistage régulier !»
Se défendre contre la peur
Alors que l’on ne meurt plus du VIH dans nos contrées, que les traitements s’allègent (ils se limitent aujourd’hui à la prise d’un à trois médicaments par jour) et que les préventions font leur preuve, la peur semble encore dominer les esprits. Cela se traduit dans nos comportements à l’égard des personnes séropositives et plus paradoxalement, comme le montre le témoignage de Jérôme, souvent aussi par des réactions froides et inhumaines du corps médical même… Dans une enquête réalisée sur les conditions de vie de porteurs de VIH, il ressort que « 13,1% des répondants ont déjà connu des refus de soins du fait de leur séropositivité ; 21,4% déclarent avoir ressenti une gêne de la part du personnel médical du fait de leur séropositivité, 49,8% déclarent qu’ils ont renoncé à quelque chose, de peur d’être discriminés. 85,6% ne connaissent pas l’existence d’une loi protégeant les séropositifs en Belgique. » Cette loi existe bel et bien, depuis le 10 mai 2007 : il s’agit de la loi anti-discrimination qui s’applique à tous les cas avérés de discrimination sur le handicap, dans laquelle la notion de « handicap » s’élargit à celle des maladies chroniques, dont le VIH.
Parler à ses proches ou à un ami semble évident, même si, chez nous en Belgique, rien oblige une personne séropositive à dévoiler son statut sérologique dans sa vie privée, à son partenaire. C’est le bon sens et la responsabilisation qui prévalent, en espérant qu’ils ne soient pas trop malmenés par la peur de se voir rejetés, dénoncés, calomniés en cas de transparence. Les victimes peuvent aujourd’hui porter plainte, notamment en s’adressant à l’UNIA, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances (0800/12 800).
Parler, dire, et même hurler… c’est ce qu’a décidé de faire Jérôme Fafchamps. Avec le collectif qui l’accompagne dans ce beau projet hybride qu’est Hurler à la mer, il raconte son histoire pour se délivrer et délivrer ses pairs de l’insupportable silence. Un spectacle à voir les 19, 20 et 21 février 2021 à La Boverie à Liège dans le cadre de l’exposition Warhol.
Besoin d’informations ou d’écoute : PreventionSida.org
Trouver un centre de dépistage proche de chez vous : ici
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1. Episode #1 - Max
09:21||Saison 1, Ep. 1Dans ce premier épisode, on donne la parole à Max, une personne transgenre qui a confondé l’asbl Genres Plurielles. Depuis 2007, il milite pour la cause des personnes au genre trans, fluide ou intersexe, en leur réservant un accueil bienveillant et respectueux, et en luttant pour leurs droits. Vous pouvez retrouver leurs activités sur www.genrespluriels.beDepuis mars 2019, c’est l’association Transkids qui a ouvert ses portes en Belgique. Transkids est la première association belge francophone spécifiquement dédiée aux enfants transgenres et à leurs parents. Elle s’engage pour la reconnaissance et le respect de leurs droits. www.transkids.beEnfin, si vous êtes intéressé.es par cette thématique, rendez-vous à la Rainbow House, au coeur de Bruxelles. Une association qui compte sous son aile une cinquantaine d’associations, soit “ une grande famille qui travaille à construire une société libérée des stéréotypes et des discriminations afin de promouvoir le vivre-ensemble dans la paix et le respect.”Rainbow House, 42 rue du Marché au Charbon, 1000 Bruxelles. www.rainbowhouse.be2. Episode #2 - Sam
09:30||Saison 1, Ep. 2"Prendre soin de la méthode avec laquelle on se met des trucs dans le crâne", c’est le crédo de Sam qui sème son regard critique par le biais de sa chaîne Youtube Mr. Sam — Point d’Interrogation.Depuis quelques années, ce sont quelque 70.000 abonnés qui suivent les vidéos dans lesquelles Sam examine le monde qui nous entoure selon les principes de la zététique. La quoi? La zététique, une discipline ou plutôt une démarche de réflexion qui aborde avec un regard sceptique et une méthodologie rationnelle les phénomènes extraordinaires(un petit tour sur l’Observatoire de zététique si vous voulez en savoir plus).Voyance, télépathie, fantômes, homéopathie, physique quantique, scientologie, Terre plate… autant de sujets passés au crible de sa démarche. Le caillou dans sa chaussure? Les ovnis. Comment maintenir une démarche objective sur les phénomènes extraordinaires alors que l’on est soi-même témoin? Il y a quelques années, Sam a observé quelque chose d’à la fois mécanique et vivant dans le ciel Schaerbeekois; un phénomène qu’il est toujours incapable d’expliquer aujourd’hui confie-t-il, mais qu’il est sûr d’avoir vécu.Et il ne devrait pas être le seul. Car en Belgique, le dernier rapport du Cobeps (le Comité belge d’étude des phénomènes spaciaux) signale une augmentation du nombre de signalements d’ovnis, tant au nord qu’au sud du pays: 255 notifications au total pour 2018. Analysées, filtrées et identifiées par le Comité, ces données demeurent pour quelques-unes encore inexpliquées: “Il reste environ 5 % de phénomènes non identifiés après enquête qui focalisent particulièrement notre attention”, peut-on lire sur leur site. Les mois d’été sont les plus propices aux signalements d’ovnis, ouvrez l’oeil :-)!3. Episode #3 - Gilles
08:12||Saison 1, Ep. 3Dans ce nouvel épisode, c'est Gilles qui prend place sur nos cuvettes. Gilles se prête passionnément au Jeu de Rôle Grandeur Nature (GN) depuis l’âge de 13 ans. Une pratique d’enfant qui nourrit l’homme et le père qu’il est devenu aujourd’hui. L’occasion de mieux comprendre grâce à lui, cet univers ludique qui mêle imaginaire, émotions fortes, introspection, apprentissage et rencontre de l’autre.Le dernier week-end de juillet s’est tenue la 19éme édition d’Avatar Stronghold, un jeu de rôle grandeur nature (à l’international, on parle de LARP pour “Live Action Role-Playing Game”) organisé par la Fédération belge de GN, dont Gilles est aussi membre fondateur (… Vous avez dit mordu?). Ce sont environ 1200 personnes venues des quatre coins de la Belgique, mais aussi de France, des Pays-Bas, du Royaume-Unis et du Canada qui, pendant quatre jours, se plongent dans l’univers médiéval fantastique de Caldera, un immense cratère de volcan éteint, dans lequel évoluent communautés humaines, orcs, fées et démons. Un petit tour sur le teaser d’Avatar 2019 vous donnera le ton!“Ressentir les choses, les vivre en vrai” comme le cherche Gilles, c’est sans doute ce qui motive les quelque 3 000 GNistes membres de la fédération belge aujourd’hui. Un scénario, des personnages, un costume crédible, un cadre de jeu sécurisant, une charte à respecter, une organisation de dingue… il n’en faut pas plus pour s’émouvoir ensemble dans un formidable espace de liberté et d’expression. Cette espèce de match d’impro géant et sans public réunit hommes et femmes de tous les horizons pour jouer à “On disait que” et trouver par là un fabuleux outil de socialisation.La rencontre de Gilles nous apprendra également que le jeu de rôle grandeur nature est aussi un outil pédagogique, comme l’illustre cette école danoise : au lieu d’enseigner les matières de façon magistrale, les professeurs immergent les élèves dans la réalité du sujet étudié. A l’instar de ces innovants Danois, sur le site de la Fédération belge, vous trouverez une multitudes de fiches pédagogiques à utiliser en classe: si vous êtes prof, laissez-vous tenter!4. Episode #4 Catherine
10:59||Saison 1, Ep. 4Un jour, mes princes charmants… Dans ce 4e épisode, Catherine raconte son parcours sentimental de polyamoureuse et les réflexions qui le jalonnent. Où l’on parle d’amour évidemment, mais surtout de respect, de partage, d’illusion et de développement personnel.Polyamour, amours plurielles, lutinage, couple libre, pluriamour… autant de termes pour nommer une conception libre et libérée des relations amoureuses. C’est le choix de Catherine depuis près de 8 ans: s’autoriser à aimer plusieurs personnes à la fois, prendre soin d’elles tout en se respectant, vivre dans la vérité, dans sa vérité.Même si elle concerne une petite minorité encore aujourd’hui (on parle de 2% en France, 5% aux Etats-Unis…), l’idée de l’amour libre n’est pas neuve. Et même si elle est souvent confondue ou associée au libertinage frivole, à l’échangisme ou à l’adultère, le polyamour continue à intriguer les uns, à offusquer les autres… et à attirer hommes et femmes qui cherchent des modèles relationnels et affectifs alternatifs, dessinant par là les tracés de leur propre Carte du Tendre.Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir avec leur “pacte de poly-fidélité”, Virginia et Leonard Woolf et leur couple libre… Ils étaient jusque ici des couples d’intellectuels un peu excentriques, une sorte d’exception qui faisait la règle. Entre-temps, il y a eu Mai 68, la contraception, la dislocation longue et lente du modèle familial et du couple, la recherche perpétuelle de l’égalité entre les hommes et les femmes, l’apparition d’Internet et des sites de rencontre… débridant le schéma classique de nos relations amoureuses. Et pour un plus grand nombre alors, l’envie de questionner la fidélité, le respect, la jalousie, le consentement, le couple.Comment aimer plusieurs personnes? Est-ce possible? Comment l’assumer? Comment l’expliquer? L’idée est belle, mais concrètement? La lecture des livres Le guide des amours plurielles et Aimer plusieurs hommes de Françoise Simpère (journaliste française surnommée “la grande amoureuse”) ont été des repères pour beaucoup de “polys”. Côté films, on pense à Jules et Jim de Truffaut, à César et Rosalie de Claude Sautet, les célèbres Valseuses de Bertrand Blier ou plus récemment Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen. En 2018, la “comédie-documentaire” Lutine d’Isabelle Broué nous embarque en polyamorie.Et si l’envie vous prend d’aller plus loin dans cette réflexion, un petit tour sur polyamour.be, l’écoute de Polyplaisir des utopies sur radio Campus, où la participation à un Café Poly près de chez vous peuvent vous être utiles.Et n’oubliez pas: gardez l’esprit ouvert!5. Episode #5 - Gaétano
12:29||Saison 1, Ep. 5Anxieux? Gaetano l’est par nature, sensible qu’il est au monde et aux personnes qui l’entourent. Depuis la lecture du livre Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigne en 2015, il expérimente l’éco-anxiété : un mal-être et une souffrance qu’il vit depuis qu’il prend conscience de la possible finitude du monde et des hommes. Il nous l’explique dans ce 5e épisode des Confidences sur la cuvette.Dépression verte, angoisse climatique, eco-anxiété, solastalgie… Ils sont nombreux les mots pour décrire ce mal être nouveau. Force est de constater que le dérèglement climatique et la crise environnementale n’ont pas que des effets sur la nature et la biodiversité, mais également sur la santé mentale de l’être humain. En 2012 déjà, l’informaticien canadien Paul Chefurka déterminait une échelle de la prise de conscience de l’effondrement par les individus. Une échelle qu’il étalonne en 5 étapes, de ce qu’il appelle le “sommeil profond” à “la prise de conscience que “la situation difficile englobe tous les domaines de la vie”. Dans cet article, l’association Adrastia.org traduit l’échelle de Chefurka en français pour éclairer les balises de nos esprits en questionnements.De son côté, dans un article de la revue Imagine Demain le monde (oct. 2017), Pablo Servigne “classe” les réactions humaines face à l’effondrement comme ceci: les “aquoibonistes” qui pensent qu’il vaut mieux profiter de la vie à fond tant qu’on peut; les “çavapétistes” qui, entre colère, tristesse et injustice, se disent qu’il est temps que “ça pète”; les “collapsologues” qui s’abreuvent d’informations sur le sujet et les transmettent à leur entourage; et enfin ceux qui pensent qu’il faut agir, tous ensemble pour le bien commun comme les “transitionnistes” ou seul en autosuffisance pour les “survivalistes”.Petit à petit aussi, de nouvelles disciplines apparaissent, comme l’écophysiologie, cette branche de la biologie qui étudie les réponses comportementales et physiologiques des organismes à leur environnement. Ou comme l’écopsychologie qui s’attèle à comprendre les relations entre les humains et la nature, et à accompagner les individus face au possible déclin du monde tel que nous le connaissons. Deux auteures américaines ont publié des travaux qui nourrissent cette nouvelle dimension de la prise en charge de la dépression et des troubles anxieux : Joanna Macy en 2008 déjà avec son livre Ecopsychologie pratique et rituels pour la Terre (Le Souffle d’or) et Carolyn Baker en 2016, avec L’effondrement, petit guide de résilience en temps de crise (Ecosociété).Son salut, Gaetano le puise dans l’action: par la création du collectif citoyen Rise for Climate qui appelle à la mobilisation et qui a réuni 75000 personnes dans les rues de Bruxelles le 2 décembre 2018. Pour les spécialistes de l’effondrement, face au déclin de notre système industriel, un véritable travail de deuil s’impose. Pour l’accomplir, Gaetano puise ses forces dans un chemin spirituel teinté de pensée bouddhique qui lui redonne de l’espoir.L’espoir, c’est ce que sème aussi Rob Hopkins, Dans son dernier livre à paraître le 17 octobre From what is to what if… (L’imagination au pouvoir!), ce pionnier du mouvement de la Transition, invite à redécouvrir notre imaginaire pour envisager d’autres possibles.6. Episode #6 - Nadia
19:38||Saison 1, Ep. 6Dans cet épisode #6, Nadia raconte la façon dont elle a accompagné la demande d’euthanasie de sa maman. Parce qu’aimer, parfois, c’est laisser l’autre partir.Pouvoir choisir le moment de sa mort. Alors que la Belgique a légalisé l’euthanasie depuis mai 2002 et reste le seul pays au monde à l’autoriser chez les mineurs en phase terminale, la question reste sensible. Très récemment, deux actualités ont montré que la mort assistée continue d’émouvoir et de bousculer le cadre de la loi: la mort consentie et paisible de la championne paralympique Marieke Vervoort, et l’enquête pour assassinat ouverte à l’encontre d’un médecin du CHU Namur ayant pratiqué une euthanasie contre l’avis de la fille de la défunte.En Belgique, le cadre légal prévoit que “le médecin ‘ne commettra pas d’infraction’ dès lors que le patient, victime d’une ‘souffrance physique ou psychique constante et insupportable’ des suites d’une ‘affection accidentelle ou pathologique incurable’, ‘se trouve dans une situation médicale sans issue’”, commente l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD). La loi est là. L’accepter, c’est faire en sorte que l’on soit capable d’apprendre à mourir, apprendre à faire mourir et à laisser mourir… Sommes nous prêts? A la croisée des questions médicales, religieuses, morales et politiques, la pratique continue de bousculer notre représentation de la mort, et donc de la vie.Depuis 10 ans, le programme EOL (End Of Life) de l’Institut Jules Bordet à Bruxelles propose une formation d’un an aux médecins, infirmières et psychologues pour leur apprendre à accompagner les patients et leurs proches. Le corps médical s’adapte, petit à petit. En proie à leur intime conviction, certains médecins refusent d’accompagner leur patient vers cette voie, d’autres approuvent moralement mais se sentent incapables d’exécuter le geste fatal, d’autres se forment pour accompagner au mieux leurs patients épuisés, ainsi que leurs collègues dans le doute. En 2018, on compte 2357 morts par euthanasie, selon le SPF Santé, dont 55% âgés de 70 à 89 ans et 47% qui ont choisi leur domicile comme dernière porte d’embarquement.Et les proches dans tout cela? Légalement, ils ne sont pas censés intervenir dans la demande du patient, mais la réalité est loin d’être aussi simpliste. Qu’on le veuille ou non, les membres de la famille sont mêlés à la demande de mort de leur proche: démarche administrative, dialogue avec le(s) médecin(s) et puis… préparation mentale: comprendre, accepter, soutenir, accompagner un proche malade qui a choisir de mourir, est-ce une preuve ultime d’amour? Ici point de règle ni de loi, chacun fait avec ce qu’il a.Riche de son expérience et de ses convictions laïques, Nadia a décidé de faire avancer les choses: parler, expliquer, réfléchir, questionner… Dans L’après-midi sera courte; plaidoyer pour le droit à l’euthanasie (l’Harmattan), elle encourage le dialogue autour du droit de mourir dans la dignité.7. Episode #7 - Margreta
14:50||Saison 1, Ep. 7Dans ce 7e épisode, Margreta lève le voile sur une pratique qui dérange : l’assistance sexuelle à la personne handicapée. Un témoignage riche et décapant qui nourrit tout en nuance notre petite machine à penser.Ils rêvent tous d’une sexualité normale. Mais voilà. Enfermés dans leur handicap, physique ou mental, ils sont coupés de cette chance, de ce droit humain fondamental. Incapables d’assouvir leurs besoins affectifs et leurs désirs, déconnectées de leur propre corps, reléguées aux oubliettes de notre société, les personnes handicapées souffrent ainsi d’une double peine discriminante. En Belgique, ce n’est que dans les années 90 qu’on se penche sur la question de leur sexualité : en 1997, une recrudescence de l’épidémie du Sida toucha des personnes handicapées au sein même des institutions, créant l’émoi et levant radicalement le voile sur les besoins de ces dernières et sur l’état de leur condition humaine. « Ainsi a-t-on vu trois ministres francophones avaliser, au début des années 2000, la Charte pour agir, rédigée par des acteurs de terrain, dont un des objectifs est le développement de l’information et le soutien à l’épanouissement affectif et sexueldes personnes handicapées », commente le Comité consultatif de bioéthique de Belgique dans l’Avis positif qu’il promulgue en faveur de l’assistance sexuelle à la personne handicapée, en 2017… seulement.Vouloir sortir ces personnes fragilisées de l’isolement, vouloir comprendre leur misère affective et sexuelle est devenu légitime. Mais l’idée de leur faciliter l’accès à l’exploration et à la découverte de leur corps, de leurs sensations et de leur sensualité paraît une évidence somme toute encore très théorique. Sur le terrain, le sujet reste tabou, tendu, clivant. Soit que les assistants sexuels restent incompris voire à peine tolérés, soit que l’on nie l’existence même des demandes des bénéficiaires, soit que l’on peine à qualifier cette pratique thérapeutique floue, à mi-chemin entre la câlino-thérapie et la prostitution. Dans la tête de certains, l’accompagnement vers les plaisirs intimes est une pratique potentiellement perverse qui pourrait aliéner encore davantage la personne. Dans la bouche des personnes qui témoignent, en revanche, il s’agit « juste » de proposer son aide à des personnes en souffrance. Et les rendre plus humains.Bien-sûr, les questions sont nombreuses et le cadre nécessaire : Quelle formation enseigner ? Quel statut donner aux assistants sexuels ? Doit-on prévoir un remboursement par la sécurité sociale ? Comment cadrer les demandes des bénéficiaires ? Comment éviter le soupçon d’un « Etat proxénète » ?… En Belgique, la loi autorise la pratique et sa rémunération. Il faut compter une centaine d’euros la séance, hors frais de déplacement. La prise en charge par la mutuelle n’est pas autorisée alors qu’elle l’est dans certains cas au Danemark, en Suisse et aux Pays-Bas. En France, la formation et la pratique sont légales, mais pas leur rémunération…Concrètement, en Belgique, on compte une centaine d’assistants sexuels, essentiellement des femmes, et majoritairement en Flandre. Ces personnes sont formées par l’association Aditi qui propose (depuis 2009 en Flandre, 2012 en Wallonie et à Bruxelles) des solutions concrètes pour les personnes en situation de handicap et leur entourage, des conseils et des formations pour les professionnels qui les accompagnent. L’association coordonne les demandes des bénéficiaires et les clarifie grâce à un premier rendez-vous avec un sexologue qui voit ensuite vers qui transférer au mieux cette demande si particulière.Et si la sexualité et le handicap restent un sujet difficile à aborder dans la vraie vie, le cinéma y a déjà pourtant consacré quelques films sensibles, drôles, pertinents, comme le belge Hasta la vista de Goeffrey Enthoven, le mémorable Intouchables d’Olivier Nakache et Eric Tolédano, le récompensé De rouille et d’os de Jacques Audiard et le réaliste The Session de Ben Lewin, qui raconte l’histoire vraie de la rencontre entre un homme paralysé et une thérapeute qui va lui permettre d’aimer « comme tout le monde ».8. Episode #8 - Stef
14:34||Saison 1, Ep. 8Ce nouvel épisode accueille l’histoire de Stéphanie, une comédienne humoriste qui a la particularité d’être aussi tétraplégique. L’histoire des Confidences sur la cuvette, c’est l’envie commune d’aller à la rencontre des gens, de tenter de les comprendre. De leur permettre d’exprimer leur voix, leur parcours, leurs rêves, leurs blessures cachées et leur vécu, pour les partager comme on confierait un secret au creux d’une oreille amie. Pour ouvrir les yeux, aussi, sur d’autres réalités, d’autres vécus, et élargir notre champ de vision… et de réflexion. Rencontrer Stéphanie, c’est rencontrer une personnalité forte et combative, drôle, humble, fofolle et sage à la fois. Un parcours de vie touchant, un chemin de résilience que l’on a eu envie de recueillir et partager, pas pour la leçon de vie culpabilisante ni l’injonction à la résilience, mais pour l’énergie vivifiante qu’elle procure à nos vies trop souvent rabougries. A 14 ans, Stéphanie, gymnaste de haut niveau qui se destine à faire carrière, chute des barres asymétriques et se brise la nuque. Elle ne pourra plus jamais marcher. Qu’à cela ne tienne, rien ne l’empêchera d’assouvir sa soif de liberté et d’autonomie. Elle (re)vit, rit, aime, teste, travaille, rit encore, séduit, enrage, rit toujours, voyage, s’ouvre aux autres et transmet d’abord son envie d’avoir envie par le biais son blog, Handinary Stories, dans lequel elle communique joyeusement sur le handicap, avec une communauté fidèle et attentive.Aujourd’hui, elle monte sur scène avec un « one-woman-situp-show » qui grince et qui déménage autant qu’il émeut, déride et enchante. C’est juste avant son spectacle que, porte close, dans les toilettes, elle nous a livré sans tabou quelques bouts de son intimité.Pour suivre ses aventures : Facebook One Woman Sit-Up Show et www.handinary-stories.comCuvet-19 #1
11:32|Confinées, chacune de notre côté, on a les neurones qui frétillent! On s'est dit que, par temps de pandémie, il y avait peut-être quelque chose d’autre à faire pour continuer de sourire et de maintenir le lien.Depuis le début de notre projet, nous avons choisi les toilettes comme lieu de confidence car c’est un lieu intime, où bien souvent, on est seul. Et en cette période de confinement, c’est même parfois le seul endroit où on peut s'isoler. Mais les toilettes, c’est aussi un lieu fermé à la manière d’un confessionnal, vous voyez où on veut en venir ?On vous propose de devenir les invités de notre cuvette et de partager avec nous quelques confidences par temps de confinement.Vous n’en pouvez plus plus de vos mômes, vous avez choisi de voir la vie en rose, vous avez redécouvert une activité que vous aviez abandonnée, vous êtes loin de votre chéri.e, ce temps devant vous est une réelle opportunité, vous vous êtes fait de nouveaux amis, vous redessinez déjà les contours de votre vie d’après, vous êtes hypocondriaque… vous êtes inquiet, vous vous sentez seul?Ce qu’on veut savoir, nous, c’est comment vous vous sentez, comment vous vivez les choses. Sans jugement, juste l’envie de partager ensemble les bons et moins bons moments… C’est l’occasion de mettre des mots, du son sur ce que vous vivez, d’avouer l’inavouable parce que fois de miss popote: on vous garantit l’anonymat.Et surtout, (aussi, on l’avoue) ce qu’on veut savoir combien de rouleau de PQ vous avez achetés et pourquoi ? (c’est très sérieux)Vous nous connaissez maintenant et vous savez qu’on traite chaque témoignage avec beaucoup de respect, qu'on n’est pas dans le schato ni le vulgaire, mais en revanche, on a de l’humour et de l’empathie. Beaucoup !L’exercice est simple, vous enregistrez un témoignage de quelques minutes (via votre smartphone par exemple) et vous nous envoyer le fichier mp3 à confidencescuvette@gmail.com et nous on tente le pari de vous proposer régulièrement des petits bouts de vous!Yasmine & Stéphanie