Confidences sur la cuvette

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Episode #11 - Dimitri

Touche pas à mes couilles?

 

Eh bien si, justement messieurs, dans cette onzième confidence qui recueille le témoignage de Dimitri, stérile par choix, il est question d’y toucher, à vos bourses. On parle #vasectomie, #reproduction, #masculinité, contraception… et #égalité de genres. Un débat qui se joue aussi sous la ceinture !


La vasectomie. Cette petite opération commence à faire parler d’elle, sortant timidement de son tabou. En février 2020 se tenait un premier colloque belge sur la contraception masculine, « Focus sur les couilles ». Et la vasectomie a désormais sa journée mondiale, le 13 novembre, depuis que l’Américain Doug Stein, urologue de son état, a décidé de mieux faire connaître les avantages de cette technique de stérilisation masculine : relais à la contraception, planification des naissances. L’an dernier, il aurait déclaré : « En prenant leurs responsabilités dans la planification familiale, les hommes deviennent des héros pour leurs partenaires, leurs familles, et notre avenir »… Oui, bon, tout de suite les grands mots !

 

Petit galet dans la mare : est-ce qu’on ne pourrait pas juste considérer que le fait que les hommes réfléchissent à « prendre leur part » dans la contraception, osent poser un regard différent sur leur sexe… semble aller de soi ? L’évidence ne fait pas l’unanimité. Aujourd’hui, même si la stérilisation volontaire convainc de plus en plus d’hommes (11 000 en Belgique en 2018, dont 1/4 dans le sud et 3/4 dans le Nord du pays), il reste difficile pour la gente masculine « d’envisager la question de la vasectomie comme une question débarrassée de tous ses symboles », comme le constate Dimitri.

 

Symbole de virilité, de force, de puissance et de domination… jusqu’ici, tout va bien pour le pénis. Il profite d’une #culture #patriarcale faisant de lui une sorte d’objet sacré intouchable. Tellement intouchable qu’encore aujourd’hui, on n’envisage pas naturellement d’emmener notre ado mâle chez un gynéco pour que, comme sa sœur, il puisse « apprivoiser la bête », comprendre la contraception, les relations sexuelles, et réfléchir à ce qu’il veut pour lui. Black out complet. Ce manque d’information et de prise en charge dessert les hommes, évidemment, mais a surtout des répercussions directes sur les femmes : depuis la pilule dans les années 60, la reproduction et donc la contraception restent la responsabilité mentale, financière et physique des femmes (à 67%). Et alors que le préservatif et la stérilisation sont les seules solutions de contraception masculine en Belgique, les femmes ont aujourd’hui accès à une dizaines de méthodes aux effets secondaires allant de légers... à mortels. La science et les mentalités avançant, le chibre pourrait peu à peu perdre de sa superbe.

 

L’opération ? Elle est simple et contrôlée. C’est Dimitri qui l’explique le mieux : « Une opération en clinique de jour, sous anesthésie locale la plupart du temps. On fait une petite incision dans le scrotum, la bourse, et on va chercher le canal qui va du testicule à la prostate, c’est le chemin que prennent les spermatozoïdes pour aller jusqu’au liquide séminal, le sperme. Ce petit canal, on y met deux clampes, deux petites pinces en titane et ensuite on remet le canal dans le scrotum, on fait un ou deux points de suture, on passe de l’autre côté et c’est fini. Ca dure entre 10 et 15 min par côté et puis c’est fini. Médicalement, c’est un geste simple. Peu de risque de complications et un geste qui n’a pas de conséquence hormonale. Ce qui est particulier, c’est qu’au fil des années, comme le corps enregistre que les spermatozoïdes sont produits mais ne servent plus, il finit par en produire de moins en moins. C’est pour ça que l’opération inverse, la #vasovasectomie, est une opération très aléatoire. On dit que la vasectomie est réversible… oui mais : si on la fait après quelques années, le risque c’est que la qualité des spermatozoïdes ait diminué et leur quantité aussi. »


D'autres techniques de contraception masculine sont à l'étude, comme la méthode thermique qui consiste à augmenter la température des testicules grâce à un "slip chauffant" pour stériliser les spermatozoïdes, ou comme une contraception hormonale par injection hebdomadaire ou... la #pilule, qui peine à être mise sur le marché en raison des effets secondaires qu'elles provoque : acné, migraine, changement d'humeur, modification de la libido... soit les mêmes ou à peu près que ceux de la pilule féminine. Hum.

 

Intrigué par la sujet ? Envie d’en parler au sein de votre couple ou autour de vous ? N’hésitez pas à faire un tour sur ce dossier « Contraception masculine : l’affaire est dans le slip », rédigé par la magazine Alter Echo au printemps dernier et accessible gratuitement. 

Découvrez aussi le documentaire réalisé par Dimitri : "Choisir, et après. la vasectomie en question", disponible à l'écoute ici

 

Nous on a pris beaucoup de plaisir à questionner ce tabou en compagnie de Dimitri (merci encore à lui!), pour mieux comprendre les enjeux qui se jouent dans nos sous-vêtements!


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A bientôt!


Stéphanie et Yasmine


Plus d'épisodes

1/3/2020

Episode #2 - Sam

Saison 1, Ép. 2
"Prendre soin de la méthode avec laquelle on se met des trucs dans le crâne", c’est le crédo de Sam qui sème son regard critique par le biais de sa chaîne Youtube Mr. Sam — Point d’Interrogation.Depuis quelques années, ce sont quelque 70.000 abonnés qui suivent les vidéos dans lesquelles Sam examine le monde qui nous entoure selon les principes de la zététique. La quoi? La zététique, une discipline ou plutôt une démarche de réflexion qui aborde avec un regard sceptique et une méthodologie rationnelle les phénomènes extraordinaires(un petit tour sur l’Observatoire de zététique si vous voulez en savoir plus).Voyance, télépathie, fantômes, homéopathie, physique quantique, scientologie, Terre plate… autant de sujets passés au crible de sa démarche. Le caillou dans sa chaussure? Les ovnis. Comment maintenir une démarche objective sur les phénomènes extraordinaires alors que l’on est soi-même témoin? Il y a quelques années, Sam a observé quelque chose d’à la fois mécanique et vivant dans le ciel Schaerbeekois; un phénomène qu’il est toujours incapable d’expliquer aujourd’hui confie-t-il, mais qu’il est sûr d’avoir vécu.Et il ne devrait pas être le seul. Car en Belgique, le dernier rapport du Cobeps (le Comité belge d’étude des phénomènes spaciaux) signale une augmentation du nombre de signalements d’ovnis, tant au nord qu’au sud du pays: 255 notifications au total pour 2018. Analysées, filtrées et identifiées par le Comité, ces données demeurent pour quelques-unes encore inexpliquées: “Il reste environ 5 % de phénomènes non identifiés après enquête qui focalisent particulièrement notre attention”, peut-on lire sur leur site. Les mois d’été sont les plus propices aux signalements d’ovnis, ouvrez l’oeil :-)!
1/3/2020

Episode #3 - Gilles

Saison 1, Ép. 3
Dans ce nouvel épisode, c'est Gilles qui prend place sur nos cuvettes. Gilles se prête passionnément au Jeu de Rôle Grandeur Nature (GN) depuis l’âge de 13 ans. Une pratique d’enfant qui nourrit l’homme et le père qu’il est devenu aujourd’hui. L’occasion de mieux comprendre grâce à lui, cet univers ludique qui mêle imaginaire, émotions fortes, introspection, apprentissage et rencontre de l’autre.Le dernier week-end de juillet s’est tenue la 19éme édition d’Avatar Stronghold, un jeu de rôle grandeur nature (à l’international, on parle de LARP pour “Live Action Role-Playing Game”) organisé par la Fédération belge de GN, dont Gilles est aussi membre fondateur (… Vous avez dit mordu?). Ce sont environ 1200 personnes venues des quatre coins de la Belgique, mais aussi de France, des Pays-Bas, du Royaume-Unis et du Canada qui, pendant quatre jours, se plongent dans l’univers médiéval fantastique de Caldera, un immense cratère de volcan éteint, dans lequel évoluent communautés humaines, orcs, fées et démons. Un petit tour sur le teaser d’Avatar 2019 vous donnera le ton!“Ressentir les choses, les vivre en vrai” comme le cherche Gilles, c’est sans doute ce qui motive les quelque 3 000 GNistes membres de la fédération belge aujourd’hui. Un scénario, des personnages, un costume crédible, un cadre de jeu sécurisant, une charte à respecter, une organisation de dingue… il n’en faut pas plus pour s’émouvoir ensemble dans un formidable espace de liberté et d’expression. Cette espèce de match d’impro géant et sans public réunit hommes et femmes de tous les horizons pour jouer à “On disait que” et trouver par là un fabuleux outil de socialisation.La rencontre de Gilles nous apprendra également que le jeu de rôle grandeur nature est aussi un outil pédagogique, comme l’illustre cette école danoise : au lieu d’enseigner les matières de façon magistrale, les professeurs immergent les élèves dans la réalité du sujet étudié. A l’instar de ces innovants Danois, sur le site de la Fédération belge, vous trouverez une multitudes de fiches pédagogiques à utiliser en classe: si vous êtes prof, laissez-vous tenter!
1/3/2020

Episode #4 Catherine

Saison 1, Ép. 4
Un jour, mes princes charmants… Dans ce 4e épisode, Catherine raconte son parcours sentimental de polyamoureuse et les réflexions qui le jalonnent. Où l’on parle d’amour évidemment, mais surtout de respect, de partage, d’illusion et de développement personnel.Polyamour, amours plurielles, lutinage, couple libre, pluriamour… autant de termes pour nommer une conception libre et libérée des relations amoureuses. C’est le choix de Catherine depuis près de 8 ans: s’autoriser à aimer plusieurs personnes à la fois, prendre soin d’elles tout en se respectant, vivre dans la vérité, dans sa vérité.Même si elle concerne une petite minorité encore aujourd’hui (on parle de 2% en France, 5% aux Etats-Unis…), l’idée de l’amour libre n’est pas neuve. Et même si elle est souvent confondue ou associée au libertinage frivole, à l’échangisme ou à l’adultère, le polyamour continue à intriguer les uns, à offusquer les autres… et à attirer hommes et femmes qui cherchent des modèles relationnels et affectifs alternatifs, dessinant par là les tracés de leur propre Carte du Tendre.Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir avec leur “pacte de poly-fidélité”, Virginia et Leonard Woolf et leur couple libre… Ils étaient jusque ici des couples d’intellectuels un peu excentriques, une sorte d’exception qui faisait la règle. Entre-temps, il y a eu Mai 68, la contraception, la dislocation longue et lente du modèle familial et du couple, la recherche perpétuelle de l’égalité entre les hommes et les femmes, l’apparition d’Internet et des sites de rencontre… débridant le schéma classique de nos relations amoureuses. Et pour un plus grand nombre alors, l’envie de questionner la fidélité, le respect, la jalousie, le consentement, le couple.Comment aimer plusieurs personnes? Est-ce possible? Comment l’assumer? Comment l’expliquer? L’idée est belle, mais concrètement? La lecture des livres Le guide des amours plurielles et Aimer plusieurs hommes de Françoise Simpère (journaliste française surnommée “la grande amoureuse”) ont été des repères pour beaucoup de “polys”. Côté films, on pense à Jules et Jim de Truffaut, à César et Rosalie de Claude Sautet, les célèbres Valseuses de Bertrand Blier ou plus récemment Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen. En 2018, la “comédie-documentaire” Lutine d’Isabelle Broué nous embarque en polyamorie.Et si l’envie vous prend d’aller plus loin dans cette réflexion, un petit tour sur polyamour.be, l’écoute de Polyplaisir des utopies sur radio Campus, où la participation à un Café Poly près de chez vous peuvent vous être utiles.Et n’oubliez pas: gardez l’esprit ouvert!