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Choses à Savoir TECH VERTE

CO2 : la pollution de Google double en 5 ans à cause de l’IA ?

En 2019, Google s'était fixé un objectif ambitieux : éliminer autant de CO2 qu'elle en émet d'ici 2030. Cependant, l'essor de l'IA générative, popularisée par ChatGPT, a bouleversé la donne. Depuis plus d'un an, Google investit massivement dans cette technologie pour l'intégrer à presque tous ses produits. Le problème réside dans les énormes capacités de calcul nécessaires pour entraîner et faire fonctionner ces modèles d'intelligence artificielle. Par exemple, générer une seule image par IA consomme autant d'énergie que la recharge d'un smartphone, selon des chercheurs de la start-up française Hugging Face. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit que les centres de données pourraient consommer dix fois plus d'électricité en 2026 qu'en 2022, une hausse due en partie à l'émergence de l'IA.


Les principales causes de l'augmentation des émissions de Google sont la consommation d'électricité des centres de données et les émissions issues de la chaîne d'approvisionnement. En 2023, les émissions de Google ont augmenté de 13 % par rapport à l'année précédente, atteignant 14,3 millions de tonnes métriques. Google se montre désormais moins confiant quant à sa capacité à respecter ses engagements environnementaux, déplorant « l'incertitude concernant l'impact environnemental futur de l'IA, complexe et difficile à prédire ». Microsoft, également engagé dans l'IA, a observé une augmentation de ses émissions de gaz à effet de serre de près de 30 % depuis 2020, en raison de l'expansion de ses centres de données.


L'activité accrue des centres de données impacte également la consommation d'eau, utilisée pour refroidir les infrastructures. En 2023, les datacenters de Google ont consommé 17 % d'eau en plus par rapport à 2022, soit 6,1 milliards de litres, suffisamment pour irriguer environ 41 terrains de golf par an dans le sud-ouest des États-Unis. Face à un dérèglement climatique qui s'intensifie, Google continue d'investir dans ses infrastructures techniques. « Intégrer l'IA dans nos produits pourrait rendre difficile la réduction des émissions, en raison de la demande énergétique croissante liée à nos investissements », déclare la firme, laissant présager des défis environnementaux persistants.

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  • Une étrange créature découverte à Tchernobyl ?

    01:53|
    Dans les terres abandonnées autour de Tchernobyl, là où la nature semble figée depuis la catastrophe de 1986, les scientifiques ont découvert un organisme hors du commun. Son nom : Cladosporium sphaerospermum, un champignon microscopique capable de prospérer dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète.Ce qui intrigue les chercheurs ? Ce champignon se nourrit littéralement de radioactivité. Grâce à un processus étonnant, baptisé radiosynthèse, Cladosporium sphaerospermum capte les rayonnements ionisants, comme les rayons gamma, et les convertit en énergie chimique, un peu à la manière dont les plantes utilisent la lumière du soleil via la photosynthèse. La clé de ce mécanisme : la mélanine, un pigment qu’on retrouve aussi chez l’humain, et qui nous protège des rayons UV. Mais chez ce champignon, la mélanine va plus loin : elle absorbe la radioactivité et la transforme en carburant. Une aptitude documentée dès 2007 dans Plos One, puis confirmée en 2008 dans Nature.Et ce n’est pas tout : Cladosporium sphaerospermum a été envoyé dans l’espace, à bord de la Station spatiale internationale. Résultat ? Une croissance encore plus rapide dans cet environnement baigné de radiations cosmiques. De quoi faire rêver les ingénieurs de la NASA. Pourquoi un tel intérêt ? Ce champignon pourrait un jour dépolluer des sites radioactifs… ou même protéger les astronautes. Selon les calculs des chercheurs, une simple couche de 21 centimètres de ce champignon suffirait à bloquer les radiations martiennes. Une piste sérieuse pour les futures missions habitées vers Mars. Une découverte fascinante, à la frontière entre science-fiction et réalité.
  • OisApp : l’appli parfaite pour identifier les oiseaux ?

    01:57|
    Amoureux des balades en pleine nature, tendez l’oreille et ouvrez l’œil : une nouvelle application pourrait bien devenir votre meilleure compagne de promenade. Son nom ? OisApp, développée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) en partenariat avec Sunbird Images et avec le soutien de l’Office français pour la biodiversité.Gratuite, disponible sur Google Play et l’Apple Store, cette application permet d’identifier près de 400 espèces d’oiseaux parmi les plus fréquentes en France métropolitaine. Au programme : plus de 1 200 illustrations de grande qualité, des fiches descriptives rédigées par les ornithologues de la LPO, et des cartes de répartition détaillées en France et en Europe. L’un des atouts majeurs d’OisApp : elle fonctionne hors connexion. Parfaite pour ceux qui s’aventurent loin du réseau mobile. Une fois sur le terrain, l’utilisateur peut enregistrer et géolocaliser ses observations, et identifier les oiseaux à partir de critères physiques comme la forme du bec, la couleur du plumage ou la taille.Et pour les plus curieux, une option payante à 19,99 € par an donne accès à des outils encore plus poussés : la reconnaissance automatique des sons et des images. Photographiez ou enregistrez un chant d’oiseau, et l’appli tente de l’identifier grâce à l’intelligence artificielle. Des fonctionnalités prometteuses, bien que la LPO rappelle que leur fiabilité dépend des conditions de prise de son ou d’image. Une partie des bénéfices est reversée à la LPO, pour soutenir ses actions en faveur de la biodiversité. Déjà déployée dans plusieurs pays européens, OisApp s’enrichira au fil du temps, et entend bien réconcilier technologie et nature… pour mieux protéger les oiseaux, et apprendre à les reconnaître.
  • La pêche hollandaise massacre les mers européennes ?

    02:51|
    C’est une enquête qui secoue le monde de la pêche industrielle. En mai dernier, l’ONG Bloom, avec le collectif de journalistes néerlandais Spit, a levé le voile sur les pratiques controversées de cinq géants néerlandais de la pêche : Parlevliet & Van der Plas, Cornelis Vrolijk, Van der Zwan, Alda Seafood et la famille De Boer.À eux cinq, ces groupes contrôlent 230 navires, dont l’Annelies Ilena, le plus grand chalutier au monde. Long de 145 mètres, il peut, à lui seul, capturer autant de poissons en une journée que 1 000 petits bateaux. Un symbole d’un système que Bloom qualifie de destructeur et entièrement tourné vers la rentabilité, au détriment des océans et des pêcheurs artisans. Avec un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros en 2023, ces groupes forment un véritable oligopole mondial. En France, leurs 24 navires détiennent une large part des quotas de pêche et siègent dans des instances clés comme le Comité national des pêches. Selon Bloom, ils pratiquent à 99,6 % des méthodes de pêche intensives et destructrices, comme le chalutage profond et les filets géants, mettant à mal les écosystèmes.Mais l’enquête ne s’arrête pas là : des soupçons de fraude, d’évasion fiscale et de corruption pèsent sur ces acteurs dans plusieurs pays. Et plus récemment, ils auraient même profité de fonds européens post-Brexit, initialement destinés aux pêcheurs fragilisés. Aujourd’hui, Bloom dénonce une logique « extractiviste » : piller les ressources marines pour investir dans l’immobilier et d’autres secteurs lucratifs. L’ONG appelle à démanteler ces conglomérats, à interdire progressivement le chalutage d’ici 2030, et à récupérer les aides publiques détournées. Un appel à réveiller l’Europe face à une pêche industrielle qui menace durablement nos océans. Enquête 1 : https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2025/05/Rapport_BIG5_FR.pdfEnquête 2 : https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2025/05/Rapport_BigFive_BigMoney_FR.pdf
  • Près de 300 000 m³ de déchets radioactifs à stocker en France ?

    02:09|
    C’est une alerte grave, et pourtant passée presque inaperçue. Dans un rapport publié ce mardi 3 juin, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme : la France n’a toujours aucune solution de stockage pour quelque 280 000 mètres cubes de déchets radioactifs, dits de « faible activité à vie longue », et qui resteront dangereux pendant des dizaines, voire des centaines de milliers d’années.Ces déchets ne sont ni acceptables en surface — trop durables — ni suffisamment actifs pour rejoindre les couches profondes du projet Cigéo, en Meuse, prévu pour les déchets les plus radioactifs. Résultat : ces déchets, issus notamment des anciennes centrales nucléaires ou de traitements chimiques complexes, s’accumulent sur des sites provisoires, comme ceux d’EDF, du CEA ou d’Orano. Plus de 210 000 m³ ont déjà été produits. Problème : aucune filière pérenne n’existe aujourd’hui. Le projet d’un centre de stockage à faible profondeur, envisagé à Soulaines, dans l’Aube, accuse lui aussi un retard de plus de trente ans sur la date prévue. Et même s’il voit le jour, il ne pourra accueillir qu’une partie des déchets — les déchets radifères — laissant les autres sans solution.La Cour des comptes s’inquiète : faute de sites dédiés, certains déchets pourraient ne plus avoir de place disponible, menaçant à terme la sécurité nucléaire du pays. Elle appelle donc à une réaction rapide : identifier des solutions concrètes, dès 2025, et créer des fonds financés par les producteurs de déchets pour accélérer les études. Quant au projet Cigéo, lui aussi est englué dans les retards, avec une ouverture reportée bien au-delà de 2025. Contesté localement, il souffre d’incertitudes juridiques, de tensions sur les expropriations, et d’un flou persistant sur la fiscalité locale censée compenser les impacts. Un dossier technique, certes, mais au cœur de l’avenir énergétique français. Pour la Cour, il y a urgence à sortir de l’immobilisme.
  • BYD promet 400 km en 5 min de charge ?

    02:10|
    Imaginez recharger 400 kilomètres d’autonomie en à peine cinq minutes. Le temps d’un café, d’un passage aux toilettes… et c’est reparti. C’est la promesse faite par Stella Li, vice-présidente de BYD, le géant chinois de la voiture électrique, lors de son passage à Bruxelles. Une promesse qui s’appuie sur du concret : l’arrivée imminente en Europe des « chargeurs flash » développés par le constructeur.Ces bornes de nouvelle génération utilisent une architecture électrique de 1000 volts. Une technologie déjà éprouvée en Chine sur plusieurs modèles BYD, et qui devrait débarquer sur le Vieux Continent d’ici douze mois. L’objectif est clair : rassurer les automobilistes européens encore frileux à l’idée de passer au tout électrique. Peur de tomber en panne, attente trop longue aux bornes… BYD veut balayer ces freins avec une arme redoutable : la vitesse. Trois fois plus rapides que les bornes actuelles, ces chargeurs permettront même aux véhicules déjà en circulation de bénéficier de temps de recharge réduits de 20 à 30 %. D’abord installés dans les concessions BYD, ils devraient s’étendre via des partenariats avec des acteurs locaux.Mais derrière cette offensive technologique, une stratégie bien plus large se dessine : celle d’une intégration verticale à la Tesla. BYD veut contrôler l’ensemble de la chaîne de valeur électrique, de la batterie à la borne, en passant par la voiture. À une nuance près : contrairement à Tesla, BYD ouvrira ses bornes à tous les véhicules électriques. Un choix économique malin : plus d’utilisateurs, plus de revenus, et un pas de plus vers la domination du marché. Et si l’Europe tente de freiner les ambitions chinoises avec des droits de douane — jusqu’à 27 % sur les véhicules BYD —, le constructeur contourne l’obstacle. Une usine ouvre cette année en Hongrie, avec production locale, centre R&D et siège européen à Budapest. Pour Stella Li, ces taxes ne sont qu’un « obstacle à court terme ». Pour l’instant, BYD avance à grande vitesse — et compte bien électrifier l’Europe, borne après borne.
  • Voitures électriques : le prix des batteries au plus bas ?

    02:06|
    C’est une petite révolution qui s’opère discrètement, mais sûrement, sous le capot des voitures électriques. En 2024, le prix des batteries a chuté de 20 % en moyenne à l’échelle mondiale — du jamais vu depuis 2017. Un recul spectaculaire qui s’explique par la baisse des matières premières, une production accrue et une concurrence technologique de plus en plus féroce. Et sans surprise, c’est en Chine que la baisse est la plus marquée : -30 % contre deux fois moins aux États-Unis et en Europe.Il faut dire que l’Empire du Milieu n’a pas de rival en la matière : 4 batteries sur 5 y sont désormais fabriquées. Grâce à des volumes gigantesques, une main-d'œuvre qualifiée et une logistique ultra-optimisée, les industriels chinois cassent les prix tout en continuant d’innover. Les batteries LFP, autrefois perçues comme bon marché mais peu performantes, sont aujourd’hui au cœur de la moitié des modèles vendus dans le monde. Cette efficacité redessine aussi le marché automobile global. En Amérique latine, en Asie du Sud-Est ou en Afrique du Nord, les voitures électriques made in China raflent la mise : jusqu’à 85 % des ventes en Thaïlande ou au Mexique. Résultat : les prix fondent. En Thaïlande, les voitures électriques se vendent désormais au prix des thermiques. Au Brésil, l’écart a été divisé par quatre en un an.Mais ce succès n’est pas qu’une affaire de tarifs. Les constructeurs chinois jouent une carte stratégique : produire localement pour contourner les taxes. BYD, Geely ou GAC investissent massivement au Brésil, en Indonésie ou en Malaisie, adaptant leurs modèles aux besoins locaux, des matériaux aux moteurs. Face à cette avancée éclair, l’Europe marque le pas. Les États-Unis résistent à coups de crédits d’impôt, suspendus au bon vouloir politique. Pendant ce temps, la Chine vend où la demande explose… et produit ce que d’autres ne font encore qu’importer. Selon l’Agence internationale de l’énergie, un quart des voitures neuves vendues dans le monde seront électriques en 2025. Et dans de nombreuses régions, ce sont les modèles chinois qui électrisent la route.
  • Le label bas carbone débarque en rayon ?

    02:10|
    Ce matin, parlons de ce qui se cache derrière les produits du quotidien. Farine, lait ou bière : ces aliments que l’on consomme presque sans y penser s’engagent désormais dans la lutte contre le réchauffement climatique. Et tout commence à la ferme.Moins de passages de tracteurs, des sols vivants, une alimentation plus durable pour les troupeaux : la révolution agricole bas carbone est en marche. Ces pratiques repensées permettent de réduire les émissions, mais elles ont un coût. Car produire sans carbone ou presque, c’est plus cher, sauf rares exceptions. Pour accompagner cette transition, le gouvernement a lancé en 2019 le label bas-carbone, renforcé en 2021. Il ne certifie pas les produits, mais les démarches qui ont permis de réduire les émissions. Une sorte de label énergétique pour les pratiques agricoles.Prenons l’exemple de Leclerc, qui propose désormais une farine baptisée Récoltons l’avenir. Vendue 99 centimes, elle ne coûte que quelques centimes de plus qu’une version classique, et moins qu’une marque nationale. Un signal fort : rendre cette démarche accessible. Chez Candia, la mention « démarche bas carbone » est apparue sur certains produits. La marque pousse les éleveurs à réduire leur empreinte carbone de 20 % par litre de lait, grâce à des outils comme SelfCO2 ou CAP'2ER. Objectif : -50 % d’émissions dans ses laiteries d’ici 2030. Enfin, du côté de la bière, Kronenbourg s’engage aussi. Depuis janvier 2024, la moitié du malt utilisé dans sa 1664 est issue d’une filière responsable, avec l’ambition d’atteindre les 100 % en 2026. Le tout, en partenariat avec Malteries Soufflet. Une chose est sûre : nos choix de consommation peuvent peser… pour alléger le climat.
  • L’Antarctique regagne de la glace ?

    01:43|
    Le dérèglement climatique a ses victimes emblématiques, et l’Antarctique figure en tête de liste. Ce vaste continent glacé, refuge des majestueux manchots empereurs, voit fondre ses glaces à un rythme inquiétant depuis le début du millénaire. Et pourtant, ces deux dernières années, un phénomène inattendu a surpris les scientifiques.Entre 2021 et 2023, une étude menée par l’université Tongji à Shanghai, relayée par le média Space, révèle que l’Antarctique n’a pas continué à perdre de la glace. Mieux : il en aurait même regagné. À l’aide de données satellites fournies par la NASA, les chercheurs ont constaté une légère croissance de la calotte glaciaire, avec un gain annuel moyen estimé à 119 milliards de tonnes. Une parenthèse inédite, quand on sait qu’entre 2011 et 2020, le continent perdait environ 157 milliards de tonnes par an.Mais cette embellie n’est hélas qu’un mirage. Les scientifiques l’expliquent par une anomalie climatique ponctuelle : des précipitations exceptionnellement élevées — surtout de la neige, un peu de pluie — ont temporairement gonflé les masses glaciaires, notamment sur quatre glaciers de l’Antarctique oriental. Pas de quoi crier victoire. Car selon les dernières données de la NASA, en 2025, la calotte est déjà revenue à son niveau de 2020. Loin d’une inversion de tendance, cet épisode rappelle surtout la vulnérabilité extrême de ce continent face aux déséquilibres climatiques. Une accalmie de courte durée, donc, qui ne doit pas masquer l’urgence d’agir pour limiter les effets du réchauffement. Car l’Antarctique, sentinelle de notre planète, reste en sursis.
  • Exploiter les grands fonds, une catastrophe pour l’humanité ?

    03:18|
    Elle a vu naître l’exploration des abysses. À la fin des années 1970, alors que la France se lançait dans la recherche sur les environnements profonds, Françoise Gaill embarque pour ses premières campagnes océanographiques. Quelques années plus tard, au début des années 1980, elle effectue une plongée historique dans le Pacifique, à 2 500 mètres de profondeur. Un monde silencieux, hostile, et pourtant d’une richesse biologique inouïe. Très vite, elle comprend : ces écosystèmes sont aussi fascinants que fragiles. Mais le choc, pour elle, viendra d’ailleurs. Un jour, elle entend parler d’un projet américain : proposer à des touristes de visiter les sources hydrothermales… à bord de sous-marins russes. “Un coup de tonnerre”, dit-elle. Car au moment même où les scientifiques commençaient à peine à en découvrir les mystères, d’autres étaient prêts à les commercialiser, voire les détruire.C’est à cette époque qu’émerge l’idée d’un code de conduite international pour protéger les grands fonds marins. En 1994, l’ONU crée l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), tandis que la Convention de Montego Bay proclame les abysses “patrimoine commun de l’humanité”. Mais trente ans plus tard, ces grands principes sont sérieusement mis à mal. Sous prétexte d’urgence climatique, des acteurs veulent désormais exploiter les ressources minières du fond des océans. Exemple récent : The Metals Company, une entreprise canadienne, a demandé un permis pour exploiter le Pacifique. Et en avril, Donald Trump signait un décret visant à faire des États-Unis “le leader mondial de l’exploitation minière des grands fonds”. Un pays qui, rappelons-le, n’a jamais ratifié la convention de Montego Bay.Face à ces menaces, Françoise Gaill ne baisse pas les bras. Elle coordonne aujourd’hui, avec l’ancien président du Muséum d’histoire naturelle Bruno David, un comité scientifique international réclamant un moratoire de 10 à 15 ans. Objectif : gagner du temps. Pour mieux connaître ces fonds, pour évaluer les risques, pour créer un code minier encadré. Et les premières alertes sont déjà là. Une expérience menée dans le Pacifique en 1979 a laissé un sol encore marqué 44 ans plus tard. D’autres études montrent que l’exploitation des fonds marins libérerait des nuages de sédiments toxiques, dangereux pour la faune… et peut-être pour l’humain. “L’océan est un système connecté. Des courants peuvent remonter des virus, perturber la chaîne alimentaire”, prévient la biologiste.Sur le plan économique aussi, elle reste sceptique. “Ce n’est pas rentable. Il y a encore tant à faire sur les terres émergées.” Alors elle poursuit son combat. Avec la juriste Tanya Brodie Rudolph, elle lance l’International Platform for Ocean Sustainability, qui verra officiellement le jour lors de la conférence des Nations unies sur l’océan, en juin 2025 à Nice. L’objectif : donner aux États les outils pour agir vite et bien, sur la base de la connaissance scientifique. Et elle veille aussi à une autre menace montante : le stockage du CO₂ dans les profondeurs. Une solution “climatiquement séduisante”, mais écologiquement risquée. “La vie est fragile. Et c’est notre devoir de la protéger”, conclut-elle. Une voix précieuse, à l’heure où les abysses, trésor ignoré, deviennent la nouvelle frontière des appétits humains.