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Choses à Savoir HISTOIRE

Quelle est la « malédiction » de Casimir IV Jagellon ?

Ce roi de Pologne au XVe siècle, est l'objet d'une légende fascinante mêlant pouvoir, religion et... décès inexpliqués. Elle est directement liée à sa sépulture, située dans la cathédrale de Wawel à Cracovie, et à un événement moderne troublant survenu lors de son ouverture.


Voici les faits.

En avril 1973, une équipe d’archéologues polonais dirigée par le professeur Marian Kuczaj décide d’ouvrir le tombeau de Casimir IV, mort en 1492. L’opération vise à étudier son corps, ses vêtements, et les objets funéraires du roi. À l’époque, c’est un événement scientifique majeur, suivi de près en Pologne.


Mais ce qui devait être une mission archéologique classique vire rapidement au drame. Dans les semaines qui suivent l’ouverture du cercueil, plusieurs membres de l’équipe meurent subitement. Infarctus, infections pulmonaires, maladies inexpliquées : au total, plus d’une dizaine de décès sont enregistrés parmi les participants dans les mois suivants. Les médias polonais et étrangers parlent alors d’une "malédiction royale", à la manière de celle de Toutankhamon.


Une explication scientifique

Face à la panique et aux rumeurs, des chercheurs décident d’analyser l’air et les résidus présents dans le cercueil. Et là, une découverte sème le trouble : le cercueil contenait des spores de champignons hautement toxiques, notamment de l’Aspergillus flavus. Ce champignon produit une mycotoxine puissante, l’aflatoxine, cancérigène et potentiellement mortelle par inhalation.


En ouvrant le cercueil sans protections adéquates, les scientifiques auraient été exposés à une concentration massive de spores toxiques, restées piégées pendant près de 500 ans dans un environnement fermé et humide — un terrain idéal pour la prolifération de moisissures.


Un mélange de science et de mystère

Même si l’hypothèse mycologique est aujourd’hui largement admise par les historiens et les biologistes, la coïncidence de ces morts reste frappante. La « malédiction » de Casimir IV continue d’alimenter les fantasmes, d’autant que son règne lui-même fut marqué par une volonté farouche d’affirmer le pouvoir royal face à l’Église… ce qui donne une saveur presque symbolique à cette vengeance d’outre-tombe.


En somme, la "malédiction" de Casimir IV est un exemple rare où une explication rationnelle — la toxicité biologique d’un tombeau — rencontre la dramaturgie des croyances ancestrales.


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  • De quelles maladies Louis XIV a-t-il souffert ?

    02:02|
    Rediffusion Louis XIV avait une santé de fer. En effet, il est mort à 77 ans, un âge très respectable pour l'époque, après avoir résisté, durant toute son existence, aux soins de médecins parfois plus dangereux que les maladies qu'ils étaient censés soigner.Par contre, le Roi n'a pas joui d'une bonne santé. Il fut très souvent malade. Dans sa jeunesse, il est atteint de gonorrhée, une maladie sexuellement transmissible, et d'une fièvre typhoïde qui menace sa vie.Les miasmes de Versailles, où le château est construit sur un terrain marécageux, lui font sans doute attraper le paludisme.Un régime alimentaire déplorable et une hygiène bucco-dentaire inexistante provoquent d'autres maux. Comme tous les Bourbons, le Roi est en effet un gros mangeur. Et il consomme de la viande en abondance, dont beaucoup de gibier, et une grande quantité de sucreries.Avec une telle alimentation, les crises de goutte, accompagnées de douloureuses coliques néphrétiques, ne tardent pas à se déclarer. Une maladie invalidante et provoquant de vives douleurs.Par ailleurs, le sucre et une mauvaise hygiène dentaire entraînent des caries. Ainsi, le Roi perd ou se fait enlever une bonne partie de ses dents. L'une de ces opérations dentaires se passe mal et la mâchoire royale est perforée. Désormais, quand le monarque boit, l'eau passe par son nez !Comme le Roi ne mâche pas suffisamment sa nourriture, son estomac est mis à rude épreuve et il souffre de troubles digestifs.Son goût pour les pâtisseries explique aussi le diabète dont souffrait le souverain. Un mal qui finira par causer sa perte. À la fin de sa vie, en effet, des taches noires apparaissent sur le pied et la jambe gauches du Roi.Soignée avec du lait de chèvre et des herbes aromatiques, la gangrène ne cesse de progresser. Elle finira par emporter Louis XIV, le 1er septembre 1715, après une longue et très douloureuse agonie.Il faut enfin noter que le Roi sera également opéré avec succès d'une fistule anale, sans doute provoquée par les clystères mal stérilisés avec lesquels on lui administra de très nombreux lavements.
  • Pourquoi parle-t-on du « printemps des peuples » ?

    02:30|
    Rediffusion - Pour écouter l'épisode: D'où vient l'expression "à un de ces quatre":Apple Podcasts:https://podcasts.apple.com/fr/podcast/do%C3%B9-vient-lexpression-%C3%A0-un-de-ces-quatre/id1719737952?i=1000650841144Spotify:https://open.spotify.com/episode/0YJ39KAFUm7h61LRzcjvRe?si=a6a83b18f19747ca-------------------------En 1848, une partie de l'Europe est la proie d'un ensemble de mouvements populaires que les historiens ont baptisé le "printemps des peuples". Cette appellation tient à la période durant laquelle ces soulèvements se sont déroulés, entre mars et juin 1848 pour la plupart.La cause essentielle est à rechercher dans la manière dont l'Europe a été organisée à la suite de l'épisode révolutionnaire en France et des guerres napoléoniennes.En 1815, en effet, le congrès de Vienne, qui réunit, sous l'égide du prince de Metternich, chancelier d'Autriche, les pays vainqueurs de Napoléon, rétablit une Monarchie autoritaire dans tous les pays concernés.Par ailleurs, de nombreux peuples font toujours partie de vastes ensembles multinationaux, comme l'Empire d'Autriche ou l'Empire russe.Le système est encore renforcé, en 1815, par le pacte de la Sainte-Alliance, conclu entre les pays vainqueurs, qui doit veiller sur l'œuvre du congrès et éviter les débordements révolutionnaires.Or, cette réorganisation du continent est contestée partout en Europe. Elle l'est d'abord par tous les libéraux. Influencés par la Révolution française, ils réclament plus de démocratie et le respect des droits de l'Homme.Elle est également remise en cause par les nationalistes, qui demandent l'indépendance pour chaque peuple. Certaines nationalités avaient d'ailleurs déjà obtenu satisfaction : en 1830, en effet, les Grecs s'étaient dégagés du joug ottoman et les Belges s'étaient soustraits à la domination hollandaise.En 1848, des soulèvements éclatent donc partout en Europe. En févier, les émeutes qui éclatent à Paris chassent Louis-Philippe et remplacent la Monarchie de Juillet par la IIe République.Même si ces événements ne sont pas les premiers à se dérouler à ce moment-là en Europe, ils vont déclencher une véritable cascade de mouvements révolutionnaires à travers tout le continent.Certains frappent les divers États italiens, amorçant ainsi le processus qui conduira à l'unité de la péninsule. D'autres se produisent en Allemagne et dans l'Empire d'Autriche.Sauf en France, ces soulèvements sont réprimés et n'ont pas de résultats immédiats. Mais leur influence se fera sentir dans les décennies à venir.
  • Que sont devenus les enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette ?

    02:04|
    Rediffusion On le sait, Louis XVI et Marie-Antoinette ont été guillotinés durant la Révolution française, le premier le 21 janvier 1793, la seconde le 16 octobre de la même année.Mais que sont devenus les enfants du couple royal ? Sur les quatre enfants nés de cette union, deux, Louis-Joseph et Sophie-Béatrice sont morts en bas âge, avant le déclenchement de la Révolution.De son côté, Louis-Charles de France, né le 27 mars 1785, devient dauphin, donc successeur désigné de son père, à la mort de son frère aîné, en 1789. En 1791, il sera désigné comme prince royal.Après la journée du 10 août 1792, qui marque la fin de la Monarchie, le dauphin est enfermé, avec ses parents et sa sœur, dans la prison du Temple. À la mort de son père, en janvier 1793, le jeune prince est reconnu Roi par les royalistes, et la plupart des pays étrangers, sous le nom de Louis XVII.En juillet 1793, Louis-Charles est enlevé à sa mère et confié à un cordonnier, qui doit transformer le petit prince en un citoyen ordinaire. Laissé seul, dans une chambre obscure, l'enfant, rongé par la tuberculose, se réfugie dans le silence. Il meurt le 8 juin 1795, à l'âge de dix ans.Premier enfant du couple royal, Marie-Thérèse de France, appelée "Madame Royale", naît le 19 décembre 1778. En 1792, elle suit ses parents et son frère à la prison du Temple.Après l'exécution de sa mère et celle de sa tante, Madame Elisabeth, en mai 1794, la jeune princesse se retrouve seule. Elle devient dès lors "l'orpheline du Temple". En décembre 1795, la princesse est finalement échangée contre des prisonniers français.Elle est alors accueillie, à la Cour de Vienne, par la famille de sa mère. En juin 1799, elle épouse son cousin germain, le duc d'Angoulême, fils aîné du futur Charles X. Rentrée en France à la Restauration, en 1814, elle doit de nouveau s'exiler en 1830 et, en 1851, meurt sans descendance au château de Frohsdorf, en Autriche.
  • Hitler aurait-il pu devenir peintre ?

    01:52|
    Rediffusion Le destin du monde n'a pas seulement été influencé par le nez de Cléopâtre, mais aussi par le pinceau d'Hitler. En effet, si son coup de pinceau avait été plus adroit, il aurait peut-être fait carrière dans les arts et ne serait pas devenu l'un des dictateurs les plus sanglants que l'Histoire ait connus.Car Hitler se piquait d'être un artiste. Il se présente ainsi par deux fois, en 1907 et 1908, à l'examen d'entrée de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne. Ses toiles sont jugées sévèrement par un jury qui déplore une exécution "malhabile" et une "ignorance des techniques".Pour subsister, Hitler peint alors des cartes postales qu'un ami, qui se fait passer pour aveugle, tente de vendre aux passants. Et il continue à faire des aquarelles. Il en aurait peint un grand nombre, 2.000 ou 3.000 sans doute.Par contre, Hitler affirme dans "Mein kampf" qu'il n'a jamais été peintre en bâtiment, comme le veut une rumeur qui n'a pas de fondement solide.La question de l'éventuel talent d'Hitler, en tant que peintre, relève de la subjectivité. Quant à savoir s'il se vengea de ses frustrations d'artiste en se laissant posséder par la folie meurtrière qui devait l'habiter par la suite, ce sont là de simples spéculations.Quoi qu'il en soit, les toiles d'Hitler sont réapparues après la guerre. Les spécialistes estiment que seulement 10 % de son œuvre aurait survécu. Il est cependant difficile d' authentifier ces toiles. Il existe en effet beaucoup de faux.Ainsi, sur les 700 tableaux attribués à Hitler, dans un catalogue présenté en 1983, les deux tiers seraient des faux. Depuis le début des années 2.000 des tableaux sont vendus, dont de nombreuses aquarelles.Ce qui n'a pas manqué de susciter des polémiques. Pourtant, les sujets de ces toiles, des paysages urbains ou champêtres le plus souvent, n'ont aucun caractères délictueux. Hitler les a d'ailleurs peintes, pour la plupart, avant d'accéder au pouvoir.Il est à noter, enfin, que certaines aquarelles se sont négociées à 14.000 et même à 18.000 euros.
  • Quelle est l'origine de la légende d'Excalibur ?

    01:55|
    Rediffusion Toute une légende s'est forgée autour du mythique Roi Arthur. L'existence historique de ce personnage semble assez douteuse à la majorité des historiens. Les récits légendaires le font naître à la fin du Ve siècle.Il serait le fils d'Uther Pendragon, qui régnait sur la Bretagne, un royaume correspondant à la Grande-Bretagne actuelle.Durant son enfance, l'identité du jeune Arthur aurait été tenue secrète. Le Roi en aurait confié la garde à Merlin l'Enchanteur. Ce personnage fabuleux, né d'une mère humaine et d'un père diabolique, serait le créateur du fameux site de Stonehenge.À la mort d'Uther Pendragon, plusieurs prétendants se disputent le trône. C'est alors qu'intervient Merlin. La veille de Noël, il convoque ces seigneurs et leur lance un défi.Il leur présente en effet un rocher, qui vient d'apparaître dans la nuit. Dans ce roc est plantée une épée. Le magicien demande à chacun d'eux de la retirer de son socle. Celui qui y parviendra deviendra Roi de Bretagne.Tous les chevaliers s'y essaient, l'un après l'autre, mais sans succès. Malgré tous leurs efforts, l'épée reste plantée dans son rocher. C'est alors que paraît le jeune Arthur, qui passe pour un simple écuyer.À peine le jeune homme frêle s'est-il emparé de la poignée de l'épée que celle-ci se retire de son socle comme par enchantement. Arthur est aussitôt reconnu comme leur souverain légitime par les seigneurs médusés.Dans le cycle arthurien, Excalibur deviendra dès lors l'épée du jeune Roi. Ce n'est pas une arme comme les autres. Elle aurait été forgée par des elfes, à la demande d'une fée, la Dame du Lac, une amie de Merlin, dont il était même amoureux. D'après la légende, ils l'auraient fabriquée dans un métal particulier, que rien ne pouvait briser.Muni de cette épée magique, Arthur était assuré de vaincre ses ennemis. Il s'agissait surtout des Saxons, qui convoitaient alors la Bretagne. Mieux encore, le fourreau de l'épée le protégeait en toute circonstance. Rien ne pouvait donc arriver à ce jeune souverain, auquel la victoire était promise.
  • Pourquoi Eben Byers a-t-il été enterré dans un cercueil de plomb ?

    02:06|
    Rediffusion Personne ne songerait aujourd'hui à s'approcher du radium. Issu de l'uranium, ce métal découvert par Pierre et Marie Curie est en effet très radioactif. Mais on ne voyait pas les choses ainsi au début du XXe siècle.Non seulement on ne craignait pas le radium, mais on lui prêtait des vertus curatives. Aux États-Unis, on en fait même un remède miracle : le "radithor". On l'obtient en mélangeant tout simplement des sels de radium dans un peu d'eau distillée.Cette boisson radioactive était réputée pour ses propriétés énergisantes. Elle avait enrichi son promoteur, qui se targuait faussement d'être médecin. Il prétendait même que le radithor pouvait guérir jusqu'à 150 maladies !On ne s'étonnera pas qu'une telle préparation ait ruiné la santé des malheureux qui se laissèrent abuser par une publicité alléchante. Certaines de ces victimes sont plus connues que d'autres.C'est le cas d'Eben Byers. C'est un industriel américain, né en 1880, qui reprend l'entreprise familiale. Il est aussi connu pour ses talents de golfeur.En 1927, il se blesse au bras et, la douleur ne cessant pas, son médecin lui prescrit du radithor. Dès lors, cette boisson devient pour lui une véritable drogue. Il a en effet l'impression qu'elle améliore grandement sa santé.Il est tellement satisfait des effets de ce produit miracle qu'il en parle à tous ses amis, faisant ainsi, sans le savoir, d'autres victimes du radithor.L'industriel prend des doses de plus en plus massives, buvant, au total, le contenu d'environ 1.400 bouteilles. En fait, la consommation de ce produit hautement radioactif, qui se fixe dans ses os, lui vaut de contracter plusieurs cancers, qui finissent par provoquer son décès, le 31 mars 1932.Entre autres maux, Eben Byers souffrait d'une grave affection du maxillaire, qui entraîne la chute de ses dents et la perte d'une partie de sa mâchoire inférieure.À sa mort, on place son corps dans un cercueil de plomb, pour éviter la contamination. Trente plus tard, l'examen de la dépouille de l'industriel confirme la présence d'une forte radioactivité.
  • Pourquoi l'affaire Gouzenko est-elle célèbre ?

    01:58|
    Rediffusion Le Soviétique Igor Gouzenko a été au centre d'une affaire d'espionnage un peu oubliée aujourd'hui. Affecté à l'ambassade soviétique à Ottawa, Gouzenko se rend compte, durant la Seconde Guerre mondiale, que son pays entretient un réseau d'espionnage au Canada.Il est bien placé pour le savoir, puisqu'il s'occupe notamment de chiffrer les messages. Il se dit sans doute qu'il en sait un peu trop sur des questions qui doivent rester secrètes. Peut-être est-il également déçu par l'évolution politique de son pays.Toujours est-il qu'en septembre 1945, il quitte l'ambassade et décide de demander l'asile politique. Il n'est pas parti les mains vides, puisqu'il a emporté avec lui une centaine de documents, dérobés dans les bureaux de l'ambassade.Gouzenko s'adresse d'abord à un journal qui, trouvant l'affaire trop sensible, lui conseille de se rendre au ministère de la Justice.Même si le ministre se montre assez circonspect, il juge l'affaire assez importante pour en parler au Premier ministre, Mackenzie King. Celui-ci informe alors le Président Truman et le Premier ministre britannique, Clement Attlee.En attendant, Igor Gouzenko obtient l'asile politique dès septembre 1945, et se voit accorder une protection policière, pour lui et sa famille, qu'il a réussi à faire venir d'URSS.L'affaire reste d'abord secrète, puis ces informations sont finalement divulguées par la presse, en février 1946. Une commission d'enquête est alors nommée, pour faire la lumière sur les faits rapportés par Gouzenko.Elle conduit à l'arrestation de plusieurs personnes au Canada, dont un militaire et un député communiste. Au Royaume-Uni, des scientifiques travaillant pour le programme nucléaire britannique sont également appréhendés.Pour autant, et même si cette affaire est parfois considérée comme le premier épisode de la guerre froide, les renseignements donnés par Gouzenko n'ont pas paru d'une grande importance à certaines des autorités de l'époque.De son côté, Ivor Gouzenko, toujours protégé par la police, se sent menacé. C'est pourquoi il prend soin de changer souvent d'identité et de donner des interviews le visage masqué.
  • Quel est le lien entre les “tablettes de malédiction” et la Bible ?

    02:29|
    À première vue, tout semble opposer la Bible, texte sacré du christianisme, et les mystérieuses "tablettes de malédiction", objets païens de l’Antiquité. Et pourtant, ces défixions, petites plaques de plomb utilisées pour maudire un ennemi ou influencer les dieux, pourraient avoir laissé une trace dans l’écriture même de certains textes bibliques. Un lien inattendu… mais éclairant.Ces tablettes de malédiction, répandues dans le monde gréco-romain entre le Ve siècle avant J.-C. et la fin de l’Empire romain, contenaient des formules magiques destinées à nuire à quelqu’un. On les déposait dans des tombes, des puits ou sous les temples, croyant ainsi que les esprits ou divinités infernales transmettraient la malédiction à la cible. Il pouvait s’agir d’un adversaire au tribunal, d’un rival amoureux, ou même d’un concurrent aux jeux.Ces textes étaient souvent écrits dans un style très particulier : formules brèves, répétitives, parfois en langage codé ou en grec mêlé de latin, appelant à la vengeance ou à la destruction. Et c’est là que le lien avec la Bible devient intéressant.Des chercheurs en philologie et en histoire des religions ont remarqué que certains psaumes de l’Ancien Testament, en particulier les psaumes dits "imprécatoires", utilisent un langage étonnamment proche de celui des défixions. Par exemple, le Psaume 109, souvent cité à ce sujet, contient des invocations virulentes :« Qu’un autre saisisse ses fonctions ! Que ses enfants deviennent orphelins, et sa femme veuve ! »Ces passages, appelant clairement à la perte ou à la punition d’un ennemi, utilisent la malédiction comme moyen d’expression religieuse, tout comme les défixions païennes. On y retrouve la même idée : confier à une puissance supérieure la tâche d’infliger une justice vengeresse, dans un style incantatoire, presque magique.Bien sûr, les intentions ne sont pas identiques. Les tablettes païennes sont liées à des rituels magiques personnels, tandis que la Bible, même dans ses passages les plus violents, s’inscrit dans une tradition spirituelle plus vaste. Mais la forme et le ton suggèrent que les auteurs bibliques ont pu puiser dans des pratiques culturelles courantes, pour exprimer leur détresse ou leur désir de justice divine.En somme, les tablettes de malédiction nous rappellent que la Bible n’est pas née en dehors de l’Histoire, mais au cœur d un monde ancien où magie, religion et texte sacré coexistaient. Elles offrent une clé pour comprendre comment le langage de la foi a parfois intégré, transformé… ou recyclé des formes venues d’ailleurs.
  • Pourquoi l'histoire du “Merci Train” ets-elle fasninante ?

    02:03|
    L’histoire du “Merci Train” – ou “Train de la Reconnaissance Française” – est l’un des plus beaux gestes de remerciement entre deux nations au XXe siècle. Son origine remonte à la période de l’après-Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de solidarité transatlantique sans précédent.En 1947, l’Europe sort à peine de la guerre. La France, comme d'autres pays, est exsangue : les villes sont détruites, la population souffre du froid et du rationnement. C’est dans ce contexte que les États-Unis organisent une vaste collecte humanitaire, appelée le “Friendship Train” : des milliers de tonnes de vivres, vêtements et médicaments sont envoyés à la France et à l’Italie. Le peuple américain, ému par les souffrances européennes, répond massivement à cet appel.Un an plus tard, en 1948, un mouvement inverse se met en place. Touchés par cette générosité, les Français décident de remercier le peuple américain. C’est l’industriel et résistant André Picard qui lance l’idée d’un train chargé de cadeaux, offerts non pas par le gouvernement, mais par des milliers de citoyens français.On baptise ce projet le “Merci Train”. Il se compose de 49 wagons de type “40 and 8” — un modèle utilisé pendant la guerre pour transporter les troupes (appelé ainsi car chaque wagon pouvait contenir 40 hommes ou 8 chevaux). Chaque wagon est offert à un État américain (les 48 de l’époque plus un pour Washington D.C. et Hawaï).À l’intérieur de ces wagons : des dizaines de milliers de cadeaux envoyés par les Français. On y trouve des jouets, des vêtements, des œuvres d’art, des lettres d’enfants, des sabots, du vin, de la porcelaine, et même un gobelet ayant appartenu à Napoléon. Tout est collecté localement, de façon volontaire, dans un grand élan de solidarité.Le train quitte Le Havre en février 1949 et traverse l’Atlantique à bord d’un navire américain. À son arrivée à New York, il est accueilli avec une ferveur immense. Chaque wagon est ensuite envoyé à l’État auquel il est destiné, souvent accompagné de cérémonies officielles et de défilés.Aujourd’hui, plusieurs wagons du Merci Train sont encore visibles aux États-Unis, exposés dans des musées ou des parcs. Ils restent le symbole d’une amitié populaire, d’un remerciement sincère et d’un lien fort entre deux peuples. Bien plus qu’un simple convoi de marchandises, ce train raconte une histoire humaine : celle d’une gratitude spontanée née des ruines de la guerre.