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Choses à Savoir HISTOIRE
Pourquoi le procès des Templiers a-t-il marqué le Moyen Age ?
Le procès des Templiers est l’un des épisodes les plus troublants et fascinants de l’histoire médiévale. Il mêle pouvoir royal, manipulation politique, torture inquisitoriale et chute spectaculaire d’un ordre puissant. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce procès hors normes, qui scella la fin tragique des célèbres moines-soldats.
Les Templiers : richesse et puissance
Fondé vers 1119, l’ordre du Temple avait pour mission initiale de protéger les pèlerins en Terre sainte. Rapidement, il devient un acteur militaire incontournable des croisades, mais aussi un acteur économique majeur. Grâce aux dons, à leurs privilèges fiscaux et à un réseau de commanderies dans toute l’Europe, les Templiers accumulent des richesses colossales, agissant même comme banquiers pour les rois et les papes.
Mais après la chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291, dernier bastion chrétien en Orient, leur raison d’être semble affaiblie. Et un homme en particulier voit d’un très mauvais œil leur pouvoir : le roi de France Philippe IV le Bel.
Une manœuvre politique implacable
Endetté auprès des Templiers, Philippe le Bel décide de frapper fort. Le 13 octobre 1307, il ordonne l’arrestation massive de tous les Templiers de France, y compris leur grand maître, Jacques de Molay. L’accusation est grave : hérésie, idolâtrie, pratiques obscènes lors des cérémonies d’initiation, voire sodomie et reniement du Christ.
Ces accusations reposent essentiellement sur des aveux obtenus sous la torture, avec l’aide de l’Inquisition. Beaucoup de Templiers avouent tout… avant de se rétracter aussitôt après. Mais le mal est fait : la rumeur court, et l’image des Templiers s’effondre.
Un procès sans justice
Le pape Clément V, d’abord réticent, cède peu à peu à la pression du roi. Il ouvre un procès pontifical, mais les dés sont pipés. En 1312, sous la menace d’un schisme, Clément dissout l’ordre du Temple lors du concile de Vienne. Il ne le déclare pas coupable, mais supprime l’ordre par "pragmatisme".
Le 18 mars 1314, après sept ans de captivité, Jacques de Molay est brûlé vif à Paris, sur l’île de la Cité, après avoir rétracté ses aveux en public. Il aurait lancé, selon la légende, une malédiction sur le roi et le pape, tous deux morts dans l’année suivante.
Héritage et mythe
Ce procès, orchestré plus par la volonté politique que par la foi, reste un symbole de l’instrumentalisation de la justice à des fins de pouvoir. Il a aussi alimenté un immense imaginaire autour des Templiers : trésors cachés, savoirs occultes, et sociétés secrètes. Mais derrière le mythe, il reste une vérité plus crue : celle d’un ordre sacrifié pour des raisons d’argent et de souveraineté.
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Pourquoi dit-on "être médusé" ?
02:22|L’expression "être médusé" est aujourd’hui utilisée pour désigner un état de stupéfaction intense, un moment où l’on reste bouche bée, figé, incapable de réagir. Mais derrière cette formule familière se cache une origine fascinante, puisée dans la mythologie grecque.Tout commence avec Méduse, une des trois Gorgones, ces créatures monstrueuses aux cheveux faits de serpents et au regard pétrifiant. Contrairement à ses sœurs, Méduse n’était pas immortelle. Selon la version la plus répandue du mythe, elle était à l’origine une belle jeune femme, prêtresse d’Athéna. Mais après avoir été séduite — ou violée, selon les récits — par Poséidon dans le temple même de la déesse, Athéna, furieuse, la punit en la transformant en monstre. Son regard devint si redoutable qu’il changeait en pierre quiconque croisait ses yeux.C’est ce pouvoir terrifiant qui donne naissance à notre expression. Être "médusé", c’est littéralement être figé, paralysé par la stupeur, tout comme les victimes de Méduse étaient pétrifiées sur place. Cette paralysie n’est pas physique aujourd’hui, mais psychologique : surprise, choc, incompréhension, émerveillement… Tous ces états où l’esprit s’arrête un instant sont "médusants".Le mythe va plus loin encore. Méduse est finalement tuée par Persée, grâce à un stratagème ingénieux. Pour éviter de croiser son regard, il utilise un bouclier poli comme un miroir, observe son reflet et la décapite sans la regarder directement. La tête de Méduse devient alors une arme puissante, capable de pétrifier les ennemis même après sa mort. Elle est fixée sur le bouclier d’Athéna, la fameuse égide, devenant un symbole de pouvoir et de protection.C’est à partir du XIXe siècle que l’expression "être médusé" entre vraiment dans la langue française, dans le sens figuré que nous lui connaissons. Elle évoque toujours cette même idée d’un choc si soudain, si intense, qu’il nous laisse figés, sans voix.Ainsi, chaque fois que nous disons être médusés par une nouvelle, un spectacle ou un événement, nous faisons sans le savoir appel à une image vieille de plusieurs millénaires : celle d’une femme maudite, aux cheveux de serpents, dont le regard figeait la vie elle-même.Et c’est peut-être là, dans cette légende aussi troublante que puissante, que réside toute la beauté de la langue : faire survivre les mythes dans nos mots du quotidien.Quel est le plus mystérieux cold case de la préhistoire européenne ?
02:07|Charterhouse Warren. Un site archéologique, situé près de Bristol, au sud-ouest de l’Angleterre. Tout commence par une découverte macabre faite dans les années 1970 : au fond d’une fosse naturelle, les archéologues mettent au jour un amas de restes humains. Rien d’étonnant, pense-t-on d’abord : le site est un ancien puits d’extraction de plomb, utilisé plus tard comme sépulture collective.Mais les analyses plus récentes ont révélé une toute autre histoire. Il y a environ 4000 ans, à l’âge du bronze, une communauté entière aurait été massacrée, puis partiellement dévorée. Le site se transforme alors en un véritable mystère pour les scientifiques.Que sait-on ? Les restes appartiennent à au moins 40 individus — hommes, femmes, enfants. Mais ce n’est pas un tombeau organisé. Les ossements sont jetés pêle-mêle, démembrés, avec de nombreuses traces de violence extrême. Les crânes sont fracturés, les os longs portent des marques de coupures nettes, comme si l’on avait retiré chair et moelle. Certaines fractures indiquent que les victimes étaient encore en vie au moment des coups.Plus troublant encore : des traces de découpe et de cuisson ont été détectées sur plusieurs os. Ces indices accréditent la thèse d’un cannibalisme rituel ou de survie. Mais pourquoi ? Guerre tribale ? Vengeance ? Famine extrême ? Le contexte exact échappe encore aux chercheurs.Le mystère de Charterhouse Warren réside aussi dans l’absence de parallèles connus. En Europe de l’âge du bronze, les sépultures sont en général ordonnées, respectueuses. Ici, on est face à une scène de violence collective, isolée, sans précédent clair. Était-ce une attaque venue de l’extérieur ? Un massacre interne ? Une exécution de prisonniers ? Le site défie les interprétations.Ce qui ajoute encore au trouble, c’est que le site n’était pas une nécropole : c’est un ancien gouffre de mine, qui a servi d’abattoir et de décharge humaine. Pourquoi ce choix ? Était-ce pour effacer les traces ? Pour symboliser un rejet ? Pour isoler les morts du monde des vivants ?En résumé, Charterhouse Warren est un mystère parce qu’il brise les codes connus de la préhistoire britannique. Ce n’est pas un simple site funéraire, mais la scène d’un crime de masse vieux de 4000 ans — un massacre suivi d’actes de cannibalisme dont les motivations nous échappent encore. Un vrai cold case pour les archéologues… et pour l’imaginaire.Pourquoi dit-on un "plouc" ?
01:38|Aujourd’hui, traiter quelqu’un de "plouc", c’est l’accuser d’être mal dégrossi, rustre, provincial, voire carrément vulgaire. Mais d’où vient exactement ce mot que l’on utilise si facilement dans la conversation ? Comme souvent avec le langage populaire, l’histoire du mot "plouc" est plus subtile qu’il n’y paraît.Le terme apparaît pour la première fois à la fin du XIXe siècle, et son origine est géographique. À cette époque, de nombreux Bretons viennent chercher du travail à Paris. Or, les Bretons de langue bretonne utilisent couramment le mot "plou", qui signifie "paroisse". Il est d’ailleurs omniprésent dans les toponymes de Bretagne : Plouha, Plougastel, Plouzané, Ploudalmézeau, etc.Ces travailleurs bretons étaient souvent mal vus à Paris. Ils parlaient mal le français, avaient un accent prononcé, et occupaient des emplois peu valorisés. Les Parisiens, moqueurs, se mirent à les surnommer les "Ploucs", en référence à ce "plou" qui leur collait à la peau. Le "c" final aurait été ajouté par déformation ou par analogie avec d’autres mots péjoratifs.Mais le mot ne tarda pas à s’élargir : il ne désignait plus seulement les Bretons, mais plus généralement tous ceux que les Parisiens percevaient comme des "péquenauds" ou des provinciaux un peu arriérés. Le succès du mot dans l’argot parisien a été renforcé par le développement de la presse populaire et des chansons de cabaret au début du XXe siècle.Au fil du temps, "plouc" a perdu son ancrage breton pour devenir un terme générique. On l’utilise aujourd’hui pour désigner quelqu’un de malhabile socialement, de mal habillé, ou simplement jugé de mauvais goût. Ce peut être un provincial aux yeux d’un urbain snob, mais aussi un nouveau riche sans raffinement, ou un voisin perçu comme "beauf".L’histoire de "plouc" est donc celle d’un mot né d’une moquerie sociale et régionale, qui a fini par s’universaliser. Ce qui en fait aussi un témoignage sur les tensions entre Paris et la province, entre élites urbaines et classes populaires rurales.Aujourd’hui, bien sûr, le mot est employé sur un ton souvent humoristique ou affectueux. Mais son origine nous rappelle que le langage véhicule aussi des préjugés… et que certains mots, derrière leur apparente légèreté, ont une histoire bien plus sérieuse.Depuis quand se fait-on des doigts d’honneur ?
02:10|Ce geste universellement compris — lever le majeur en repliant les autres doigts — est aujourd’hui un symbole grossier et insultant. Mais quelle est son origine ? À quand remonte-t-il vraiment ? Pour le savoir, il faut remonter… très loin.Les historiens s’accordent à dire que le doigt d’honneur est l’un des gestes obscènes les plus anciens de l’histoire. On en retrouve des traces dans l’Antiquité. Chez les Grecs déjà, au IVe siècle avant notre ère, le philosophe Diogène de Sinope l’utilisait pour se moquer ou provoquer ses interlocuteurs. Le geste, appelé katapygon, visait clairement à représenter un symbole phallique. Le majeur dressé était vu comme la représentation d’un sexe masculin tendu, les doigts repliés suggérant les testicules. Une manière directe et visuelle d’insulter.Les Romains ont hérité de cette coutume. Chez eux, le geste était connu sous le nom de digitus impudicus — littéralement, le "doigt sans pudeur". Il avait la même connotation sexuelle et servait à marquer le mépris ou à offenser quelqu’un. On le retrouve mentionné dans plusieurs textes latins, preuve de sa large diffusion.Et après l’Antiquité ? Le geste n’a jamais complètement disparu. Il a traversé les siècles, souvent associé aux classes populaires et aux comportements jugés vulgaires. Mais son retour en force dans la culture contemporaine est plus récent.Contrairement à une légende tenace, le doigt d’honneur ne vient pas des archers anglais de la guerre de Cent Ans. Cette histoire raconte que les archers anglais faisaient le geste pour narguer les Français, qui leur coupaient l’index et le majeur s’ils étaient capturés. Mais cette anecdote est largement apocryphe : aucun document médiéval sérieux ne la confirme.Le doigt d’honneur tel qu’on le connaît aujourd’hui s’est surtout popularisé au XXe siècle, avec l’émergence de la culture de masse. Dès les années 1920-30, on retrouve des clichés de boxeurs ou de gangsters américains utilisant le geste. Puis, avec le rock’n’roll, le cinéma et la télévision, il devient un signe de rébellion et de provocation universellement compris.En résumé : le doigt d’honneur est un geste vieux de plus de deux millénaires. Né dans la Grèce antique, codifié chez les Romains, il a survécu à travers les âges pour devenir ce symbole de défiance que l’on retrouve aujourd’hui sur tous les continents. Un simple doigt levé… mais chargé de 2 400 ans d’histoire.Pourquoi Witold Pilecki a-t-il été prisonnier volontaire à Auschwitz ?
02:29|La question semble presque insensée. Qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, choisirait délibérément de se faire enfermer dans l’un des camps les plus terrifiants du régime nazi ? Pourtant, c’est exactement ce qu’a fait Witold Pilecki, officier de l’armée polonaise et membre de la résistance.L’histoire débute en 1940. La Pologne est écrasée sous l’occupation allemande. À Varsovie, des rumeurs circulent : à environ 50 kilomètres de là, un nouveau camp, appelé Auschwitz, aurait été ouvert. Officiellement, il s’agit d’un camp pour prisonniers politiques. Mais des échos plus sinistres commencent à émerger. Le commandement de l’Armée secrète polonaise cherche alors un volontaire pour pénétrer ce camp et en rapporter des informations fiables.Witold Pilecki se porte volontaire. Officier de carrière, profondément patriote, il est convaincu que seule la connaissance précise de ce qui se passe à Auschwitz permettra à la résistance et aux Alliés de réagir. En septembre 1940, il se fait délibérément arrêter lors d’une rafle à Varsovie, sous une fausse identité. Direction Auschwitz.Ce qu’il découvre dépasse l’horreur. Conditions de vie inhumaines, travail forcé, exécutions sommaires, famine, maladies… Dès l’intérieur du camp, Pilecki organise un réseau clandestin de résistance, le ZOW (Związek Organizacji Wojskowej). Ce réseau collecte des renseignements, prépare des sabotages et, surtout, transmet des rapports détaillés vers l’extérieur via des contacts infiltrés. Ce sont les premiers témoignages crédibles sur les atrocités d’Auschwitz qui parviennent à Londres.Pendant près de trois ans, Pilecki survit et documente l’enfer. Mais en 1943, constatant qu’un soulèvement interne reste irréalisable sans aide extérieure, il décide de s’évader. Après une évasion rocambolesque, il reprend le combat dans la résistance polonaise.Après la guerre, le sort de Pilecki reste tragique. Opposé au nouveau régime communiste installé en Pologne, il est arrêté en 1947 par la police politique. Accusé de conspiration, il est condamné à mort et exécuté en 1948. Pendant des décennies, son histoire est étouffée.Aujourd’hui, Witold Pilecki est reconnu comme l’un des héros les plus courageux de la Seconde Guerre mondiale. Son incroyable sacrifice volontaire a permis au monde de prendre conscience, dès 1941-42, de la véritable nature d’Auschwitz. Un geste de bravoure rare, qui force encore le respect.Pourquoi Burke et Hare furent-ils des serial killers originaux ?
02:25|Au cœur de l’Édimbourg du début du XIXe siècle, l’université de médecine connaît un essor fulgurant. Les étudiants affluent pour suivre les cours des plus grands anatomistes. Mais il y a un problème : la loi écossaise autorise seulement l’utilisation des cadavres de condamnés à mort pour les dissections. Bien trop peu pour répondre à la demande grandissante des écoles de médecine. C’est dans ce contexte que s’installe un marché noir macabre : le trafic de cadavres.C’est là qu’entrent en scène William Burke et William Hare. Les deux hommes se rencontrent en 1827 à Édimbourg. Hare tient une modeste pension de famille. Un jour, un de ses pensionnaires meurt brutalement, laissant une dette impayée. Plutôt que d’alerter les autorités, Burke et Hare décident de vendre le corps à un certain docteur Robert Knox, éminent professeur d’anatomie. Knox leur offre une belle somme pour ce cadavre tout frais. L’idée fait son chemin : pourquoi attendre les morts naturelles quand on peut... provoquer la mort ?Le duo sombre alors dans une spirale criminelle. Leur méthode est simple et redoutablement efficace : attirer des victimes isolées, souvent des mendiants ou des prostituées, dans la pension, les enivrer, puis les étouffer — une technique baptisée plus tard le "Burking", qui ne laisse pas de traces visibles. Ensuite, les corps sont vendus à Knox, qui ferme volontairement les yeux sur l’origine douteuse de ses précieuses fournitures.En moins d’un an, Burke et Hare assassinent au moins 16 personnes. Mais leur série macabre finit par éveiller les soupçons. En novembre 1828, le corps d’une de leurs victimes, Margaret Docherty, est découvert dissimulé dans la pension. La police intervient.Lors du procès retentissant, Hare passe un accord : il témoigne contre son complice en échange de l’immunité. Burke, lui, est condamné à mort. Il est pendu en janvier 1829 devant une foule immense. Ironie du sort : son propre corps est ensuite... disséqué publiquement par les médecins d’Édimbourg.Quant au docteur Knox, bien qu’il ne soit jamais poursuivi, sa réputation est irrémédiablement ternie. L’affaire provoque un tollé en Écosse et en Grande-Bretagne. En 1832, une nouvelle loi sur l’anatomie est votée : désormais, les hôpitaux peuvent utiliser les corps non réclamés des pauvres, mettant fin au sinistre commerce des "résurrectionnistes".Ainsi se clôt l’histoire glaçante de Burke et Hare — deux hommes ordinaires devenus serial killers par appât du gain, dans une ville fascinée... par la science du corps humain.Comment l’amour de Cléopâtre et Marc Antoine a provoqué leur chute ?
02:46|C’est l’une des plus célèbres histoires d’amour tragiques de l’Antiquité : celle de Cléopâtre VII, reine d’Égypte, et de Marc Antoine, général et homme fort de Rome.Mais derrière la légende romantique, leur alliance fut aussi un choix politique, qui finit par précipiter leur perte. Voici pourquoi.Tout commence après l’assassinat de Jules César, en 44 av. J.-C.Marc Antoine, son fidèle lieutenant, hérite d’une partie du pouvoir à Rome. Il forme avec Octave (le futur Auguste) et Lépide le Second Triumvirat pour gouverner la République en crise.Envoyé en mission en Orient, Marc Antoine rencontre Cléopâtre en 41 av. J.-C. à Tarse. La reine d’Égypte, fine stratège, comprend qu’elle peut faire de cette liaison un atout politique. Antoine, fasciné par son charisme et sa richesse, tombe amoureux. Très vite, leur relation devient autant personnelle que politique.Cléopâtre lui offre un soutien financier et militaire. En échange, Antoine lui cède des territoires en Orient. Ils ont ensemble des enfants, et Antoine passe de plus en plus de temps à Alexandrie, ce qui irrite profondément les Romains.Pourquoi cela conduit-il à leur chute ?Le problème, c’est que cette alliance apparaît à Rome comme une trahison des intérêts romains.Octave, rival d’Antoine, s’en sert habilement dans sa propagande : il accuse Marc Antoine d’être sous l’emprise de Cléopâtre, de vouloir déplacer le centre de pouvoir à Alexandrie, et même de préparer une guerre contre Rome.Le coup de théâtre a lieu en 32 av. J.-C. : Antoine divorce de sa femme romaine, Octavie (sœur d’Octave), pour vivre pleinement avec Cléopâtre. C’est le prétexte qu’attendait Octave pour déclarer la guerre... non pas à Antoine, mais à Cléopâtre elle-même. C’est donc une guerre entre Rome et l’Égypte qui se prépare.Le conflit culmine en 31 av. J.-C. avec la célèbre bataille navale d’Actium. La flotte romano-égyptienne, commandée par Antoine et Cléopâtre, est battue par celle d’Octave.Fuyant vers l’Égypte, les deux amants tentent de se ressaisir, mais la cause est perdue.En 30 av. J.-C., Octave envahit Alexandrie. Antoine se suicide, croyant Cléopâtre morte. Peu après, Cléopâtre, refusant d’être exhibée en triomphe à Rome, met fin à ses jours, selon la tradition, en se faisant mordre par un aspic.Leur chute signe la fin de l’indépendance de l’Égypte, qui devient province romaine. Et Octave, vainqueur, pose les fondations de l’Empire romain.Ainsi, ce qui était au départ une alliance stratégique et une passion sincère est devenu le levier qu’Octave utilisa pour abattre ses rivaux et refonder Rome.Comment Jules César vivait-il sa calvitie ?
01:58|Les grands hommes de l’Histoire n’échappent pas aux petits tracas du quotidien… et c’est le cas de Jules César, célèbre conquérant et stratège romain, qui souffrait d’une calvitie bien visible. Mais comment la vivait-il ? Que nous disent les sources antiques ?Le biographe Suétone, dans La Vie des douze Césars, nous en donne un témoignage précieux. Il écrit :“Il supportait très péniblement la laideur que lui causait la raréfaction de ses cheveux, et c'est pour cela qu'il portait souvent la couronne de laurier, qui lui avait été décernée en permanence par le Sénat.”(Suétone, César, 45)Autrement dit, César vivait mal sa perte de cheveux — qu’il percevait comme une atteinte à son image publique. Dans une Rome où la chevelure abondante était signe de vigueur et de beauté virile, la calvitie faisait tache, surtout pour un homme d’ambition. D’où sa fameuse astuce : porter presque en permanence la couronne de laurier, officiellement honorifique, mais bien pratique pour masquer son crâne dégarni.Que pensaient les médecins antiques de la calvitie ?Les médecins de l’Antiquité, comme Hippocrate ou Galen, identifiaient deux grandes causes principales à la chute des cheveux :Un excès de chaleur sèche dans le corpsSelon la théorie des humeurs, un déséquilibre de chaleur (souvent lié à l’âge ou au tempérament) desséchait le cuir chevelu, entraînant la chute des cheveux.Un déséquilibre des fluides corporelsUn excès de bile noire (la fameuse mélancolie) ou des “humeurs impures” pouvait aussi, pensait-on, affaiblir la racine des cheveux.Quels traitements ?Les médecins antiques recommandaient divers traitements, souvent... folkloriques :Frictions du cuir chevelu avec des onguents à base de graisse animale, de cendres, de vin, ou d’herbes aromatiques.Compresses de miel, d’huile d’olive, ou même de crottes de rats broyées (si, si !) pour "réchauffer" et "stimuler" les follicules.Saignées ou purges pour rééquilibrer les humeurs internes.Rien de tout cela n’aurait vraiment sauvé la chevelure de César… mais la stratégie politique, elle, était efficace : derrière sa couronne de laurier, César resta l’image du général triomphant.Comment l’arsenic a sauvé des vies ?
01:46|L’élixir à l’arsenic, parfois appelé "solution arsenicale", est l’héritier d’une très longue histoire de la médecine… et du poison.Pendant des siècles, l’arsenic a eu une réputation double : poison redoutable — surnommé "poudre des héritiers" dans l’Europe de la Renaissance — mais aussi remède puissant.Son usage médicinal s’est structuré au XIXe siècle. L’un des pharmaciens les plus célèbres à avoir formalisé un élixir à base d’arsenic est Thomas Fowler, un médecin anglais. En 1786, il met au point ce qu’on appellera bientôt la solution de Fowler : un élixir à base d’arsénite de potassium dilué dans de l’eau et de l’alcool.Thomas Fowler ne l’invente pas totalement, car on savait déjà depuis l’Antiquité que l’arsenic (notamment l’orpiment ou le réalgar) pouvait avoir des effets médicinaux à très faibles doses. Mais Fowler, lui, en standardise la préparation et en fait un remède prescrit officiellement.À quoi servait cet élixir ?De façon surprenante, à beaucoup de choses ! À l’époque, la solution de Fowler devient un médicament courant, prescrit :contre le paludisme (en remplacement ou en complément du quinquina),contre les fièvres récurrentes,comme tonique général pour les personnes affaiblies,contre les affections cutanées, notamment l’eczéma ou le psoriasis,et même, plus tard, contre la syphilis avant l’arrivée de traitements plus modernes.Au XIXe siècle, l’arsenic est aussi utilisé en micro-doses pour stabiliser l’humeur ou comme "booster" de la vitalité : en Autriche ou en Suisse, certains montagnards prenaient de minuscules doses d’arsenic pour améliorer leur endurance !Jusqu’à quand ?La solution de Fowler a été utilisée jusque dans les années 1930–1940.Mais à mesure que la médecine progresse, on découvre ses effets secondaires graves : cancers, lésions de la peau, neuropathies.Elle est progressivement abandonnée, sauf pour certains usages très spécifiques.Fait fascinant : même aujourd’hui, des dérivés arsenicaux modernes (non toxiques à dose contrôlée) sont utilisés en oncologie. Par exemple, le trioxyde d’arsenic est un traitement de certaines leucémies aiguës.En résuméC’est donc Thomas Fowler qui, au XVIIIe siècle, a "popularisé" l’élixir à l’arsenic sous une forme médicale fiable. Ce remède, à la fois sauveur et dangereux, rappelle que beaucoup de substances toxiques peuvent, bien dosées, devenir des médicaments.