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Choses à Savoir HISTOIRE
Pourquoi le bonnet rouge est-il le signe de ralliement des Bretons révoltés ?
Symbole de rébellion, de résistance et d’attachement aux libertés locales, le bonnet rouge est devenu un signe emblématique en Bretagne. Mais cette coiffe de feutre n’a pas toujours été associée aux radars routiers ou aux taxes écologiques, comme lors du mouvement des Bonnets rouges en 2013. Pour comprendre son origine, il faut remonter au XVIIe siècle, et plus précisément à l’année 1675.
À cette époque, la Bretagne est plongée dans un climat social explosif. Le royaume de Louis XIV est en guerre contre la Hollande, et pour financer ce conflit, la monarchie multiplie les impôts. Parmi ces nouvelles taxes, certaines frappent de plein fouet la Bretagne, pourtant dotée d’un statut particulier : la province bénéficiait de privilèges fiscaux garantis par le traité d’union de 1532, qui avait scellé son rattachement à la France.
Mais en 1675, ces engagements sont bafoués. Le roi impose sans concertation plusieurs nouveaux impôts : une taxe sur le papier timbré, indispensable pour les actes juridiques, une autre sur le tabac, et même une taxe sur la vaisselle d’étain. C’est la goutte de trop. De nombreuses villes se soulèvent : Rennes, Nantes, Quimper, Carhaix... et surtout les campagnes du Léon et de Cornouaille.
C’est là que le bonnet rouge entre en scène. Les paysans insurgés, armés de fourches, de bâtons et de haches, se rassemblent sous une même couleur : celle de leur bonnet. Le rouge est alors courant chez les gens modestes, en particulier chez les marins et les paysans. Il devient un signe de ralliement autant qu’un symbole de colère. Ces hommes rejettent l’injustice fiscale mais aussi l’autoritarisme royal et la remise en cause des droits bretons.
La révolte, qu’on appellera plus tard la Révolte du papier timbré, est sévèrement réprimée par la monarchie. Des villages sont incendiés, les meneurs exécutés ou envoyés aux galères, et les privilèges bretons sont encore plus réduits par la suite. Mais dans la mémoire populaire, l’image du bonnet rouge demeure.
Au fil des siècles, il est ressorti à chaque époque où les Bretons se sentent trahis, méprisés ou menacés dans leurs identités ou leurs droits. C’est ainsi qu’il a refait surface en 2013 lors du mouvement contre l’écotaxe, porté par des entrepreneurs, des agriculteurs et des citoyens bretons. Le bonnet rouge, vieux de plus de trois siècles, restait ce qu’il a toujours été : un symbole de révolte enraciné dans l’histoire et le sol breton.
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Pourquoi Witold Pilecki a-t-il été prisonnier volontaire à Auschwitz ?
02:29|La question semble presque insensée. Qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, choisirait délibérément de se faire enfermer dans l’un des camps les plus terrifiants du régime nazi ? Pourtant, c’est exactement ce qu’a fait Witold Pilecki, officier de l’armée polonaise et membre de la résistance.L’histoire débute en 1940. La Pologne est écrasée sous l’occupation allemande. À Varsovie, des rumeurs circulent : à environ 50 kilomètres de là, un nouveau camp, appelé Auschwitz, aurait été ouvert. Officiellement, il s’agit d’un camp pour prisonniers politiques. Mais des échos plus sinistres commencent à émerger. Le commandement de l’Armée secrète polonaise cherche alors un volontaire pour pénétrer ce camp et en rapporter des informations fiables.Witold Pilecki se porte volontaire. Officier de carrière, profondément patriote, il est convaincu que seule la connaissance précise de ce qui se passe à Auschwitz permettra à la résistance et aux Alliés de réagir. En septembre 1940, il se fait délibérément arrêter lors d’une rafle à Varsovie, sous une fausse identité. Direction Auschwitz.Ce qu’il découvre dépasse l’horreur. Conditions de vie inhumaines, travail forcé, exécutions sommaires, famine, maladies… Dès l’intérieur du camp, Pilecki organise un réseau clandestin de résistance, le ZOW (Związek Organizacji Wojskowej). Ce réseau collecte des renseignements, prépare des sabotages et, surtout, transmet des rapports détaillés vers l’extérieur via des contacts infiltrés. Ce sont les premiers témoignages crédibles sur les atrocités d’Auschwitz qui parviennent à Londres.Pendant près de trois ans, Pilecki survit et documente l’enfer. Mais en 1943, constatant qu’un soulèvement interne reste irréalisable sans aide extérieure, il décide de s’évader. Après une évasion rocambolesque, il reprend le combat dans la résistance polonaise.Après la guerre, le sort de Pilecki reste tragique. Opposé au nouveau régime communiste installé en Pologne, il est arrêté en 1947 par la police politique. Accusé de conspiration, il est condamné à mort et exécuté en 1948. Pendant des décennies, son histoire est étouffée.Aujourd’hui, Witold Pilecki est reconnu comme l’un des héros les plus courageux de la Seconde Guerre mondiale. Son incroyable sacrifice volontaire a permis au monde de prendre conscience, dès 1941-42, de la véritable nature d’Auschwitz. Un geste de bravoure rare, qui force encore le respect.Pourquoi Burke et Hare furent-ils des serial killers originaux ?
02:25|Au cœur de l’Édimbourg du début du XIXe siècle, l’université de médecine connaît un essor fulgurant. Les étudiants affluent pour suivre les cours des plus grands anatomistes. Mais il y a un problème : la loi écossaise autorise seulement l’utilisation des cadavres de condamnés à mort pour les dissections. Bien trop peu pour répondre à la demande grandissante des écoles de médecine. C’est dans ce contexte que s’installe un marché noir macabre : le trafic de cadavres.C’est là qu’entrent en scène William Burke et William Hare. Les deux hommes se rencontrent en 1827 à Édimbourg. Hare tient une modeste pension de famille. Un jour, un de ses pensionnaires meurt brutalement, laissant une dette impayée. Plutôt que d’alerter les autorités, Burke et Hare décident de vendre le corps à un certain docteur Robert Knox, éminent professeur d’anatomie. Knox leur offre une belle somme pour ce cadavre tout frais. L’idée fait son chemin : pourquoi attendre les morts naturelles quand on peut... provoquer la mort ?Le duo sombre alors dans une spirale criminelle. Leur méthode est simple et redoutablement efficace : attirer des victimes isolées, souvent des mendiants ou des prostituées, dans la pension, les enivrer, puis les étouffer — une technique baptisée plus tard le "Burking", qui ne laisse pas de traces visibles. Ensuite, les corps sont vendus à Knox, qui ferme volontairement les yeux sur l’origine douteuse de ses précieuses fournitures.En moins d’un an, Burke et Hare assassinent au moins 16 personnes. Mais leur série macabre finit par éveiller les soupçons. En novembre 1828, le corps d’une de leurs victimes, Margaret Docherty, est découvert dissimulé dans la pension. La police intervient.Lors du procès retentissant, Hare passe un accord : il témoigne contre son complice en échange de l’immunité. Burke, lui, est condamné à mort. Il est pendu en janvier 1829 devant une foule immense. Ironie du sort : son propre corps est ensuite... disséqué publiquement par les médecins d’Édimbourg.Quant au docteur Knox, bien qu’il ne soit jamais poursuivi, sa réputation est irrémédiablement ternie. L’affaire provoque un tollé en Écosse et en Grande-Bretagne. En 1832, une nouvelle loi sur l’anatomie est votée : désormais, les hôpitaux peuvent utiliser les corps non réclamés des pauvres, mettant fin au sinistre commerce des "résurrectionnistes".Ainsi se clôt l’histoire glaçante de Burke et Hare — deux hommes ordinaires devenus serial killers par appât du gain, dans une ville fascinée... par la science du corps humain.Comment l’amour de Cléopâtre et Marc Antoine a provoqué leur chute ?
02:46|C’est l’une des plus célèbres histoires d’amour tragiques de l’Antiquité : celle de Cléopâtre VII, reine d’Égypte, et de Marc Antoine, général et homme fort de Rome.Mais derrière la légende romantique, leur alliance fut aussi un choix politique, qui finit par précipiter leur perte. Voici pourquoi.Tout commence après l’assassinat de Jules César, en 44 av. J.-C.Marc Antoine, son fidèle lieutenant, hérite d’une partie du pouvoir à Rome. Il forme avec Octave (le futur Auguste) et Lépide le Second Triumvirat pour gouverner la République en crise.Envoyé en mission en Orient, Marc Antoine rencontre Cléopâtre en 41 av. J.-C. à Tarse. La reine d’Égypte, fine stratège, comprend qu’elle peut faire de cette liaison un atout politique. Antoine, fasciné par son charisme et sa richesse, tombe amoureux. Très vite, leur relation devient autant personnelle que politique.Cléopâtre lui offre un soutien financier et militaire. En échange, Antoine lui cède des territoires en Orient. Ils ont ensemble des enfants, et Antoine passe de plus en plus de temps à Alexandrie, ce qui irrite profondément les Romains.Pourquoi cela conduit-il à leur chute ?Le problème, c’est que cette alliance apparaît à Rome comme une trahison des intérêts romains.Octave, rival d’Antoine, s’en sert habilement dans sa propagande : il accuse Marc Antoine d’être sous l’emprise de Cléopâtre, de vouloir déplacer le centre de pouvoir à Alexandrie, et même de préparer une guerre contre Rome.Le coup de théâtre a lieu en 32 av. J.-C. : Antoine divorce de sa femme romaine, Octavie (sœur d’Octave), pour vivre pleinement avec Cléopâtre. C’est le prétexte qu’attendait Octave pour déclarer la guerre... non pas à Antoine, mais à Cléopâtre elle-même. C’est donc une guerre entre Rome et l’Égypte qui se prépare.Le conflit culmine en 31 av. J.-C. avec la célèbre bataille navale d’Actium. La flotte romano-égyptienne, commandée par Antoine et Cléopâtre, est battue par celle d’Octave.Fuyant vers l’Égypte, les deux amants tentent de se ressaisir, mais la cause est perdue.En 30 av. J.-C., Octave envahit Alexandrie. Antoine se suicide, croyant Cléopâtre morte. Peu après, Cléopâtre, refusant d’être exhibée en triomphe à Rome, met fin à ses jours, selon la tradition, en se faisant mordre par un aspic.Leur chute signe la fin de l’indépendance de l’Égypte, qui devient province romaine. Et Octave, vainqueur, pose les fondations de l’Empire romain.Ainsi, ce qui était au départ une alliance stratégique et une passion sincère est devenu le levier qu’Octave utilisa pour abattre ses rivaux et refonder Rome.Comment Jules César vivait-il sa calvitie ?
01:58|Les grands hommes de l’Histoire n’échappent pas aux petits tracas du quotidien… et c’est le cas de Jules César, célèbre conquérant et stratège romain, qui souffrait d’une calvitie bien visible. Mais comment la vivait-il ? Que nous disent les sources antiques ?Le biographe Suétone, dans La Vie des douze Césars, nous en donne un témoignage précieux. Il écrit :“Il supportait très péniblement la laideur que lui causait la raréfaction de ses cheveux, et c'est pour cela qu'il portait souvent la couronne de laurier, qui lui avait été décernée en permanence par le Sénat.”(Suétone, César, 45)Autrement dit, César vivait mal sa perte de cheveux — qu’il percevait comme une atteinte à son image publique. Dans une Rome où la chevelure abondante était signe de vigueur et de beauté virile, la calvitie faisait tache, surtout pour un homme d’ambition. D’où sa fameuse astuce : porter presque en permanence la couronne de laurier, officiellement honorifique, mais bien pratique pour masquer son crâne dégarni.Que pensaient les médecins antiques de la calvitie ?Les médecins de l’Antiquité, comme Hippocrate ou Galen, identifiaient deux grandes causes principales à la chute des cheveux :Un excès de chaleur sèche dans le corpsSelon la théorie des humeurs, un déséquilibre de chaleur (souvent lié à l’âge ou au tempérament) desséchait le cuir chevelu, entraînant la chute des cheveux.Un déséquilibre des fluides corporelsUn excès de bile noire (la fameuse mélancolie) ou des “humeurs impures” pouvait aussi, pensait-on, affaiblir la racine des cheveux.Quels traitements ?Les médecins antiques recommandaient divers traitements, souvent... folkloriques :Frictions du cuir chevelu avec des onguents à base de graisse animale, de cendres, de vin, ou d’herbes aromatiques.Compresses de miel, d’huile d’olive, ou même de crottes de rats broyées (si, si !) pour "réchauffer" et "stimuler" les follicules.Saignées ou purges pour rééquilibrer les humeurs internes.Rien de tout cela n’aurait vraiment sauvé la chevelure de César… mais la stratégie politique, elle, était efficace : derrière sa couronne de laurier, César resta l’image du général triomphant.Comment l’arsenic a sauvé des vies ?
01:46|L’élixir à l’arsenic, parfois appelé "solution arsenicale", est l’héritier d’une très longue histoire de la médecine… et du poison.Pendant des siècles, l’arsenic a eu une réputation double : poison redoutable — surnommé "poudre des héritiers" dans l’Europe de la Renaissance — mais aussi remède puissant.Son usage médicinal s’est structuré au XIXe siècle. L’un des pharmaciens les plus célèbres à avoir formalisé un élixir à base d’arsenic est Thomas Fowler, un médecin anglais. En 1786, il met au point ce qu’on appellera bientôt la solution de Fowler : un élixir à base d’arsénite de potassium dilué dans de l’eau et de l’alcool.Thomas Fowler ne l’invente pas totalement, car on savait déjà depuis l’Antiquité que l’arsenic (notamment l’orpiment ou le réalgar) pouvait avoir des effets médicinaux à très faibles doses. Mais Fowler, lui, en standardise la préparation et en fait un remède prescrit officiellement.À quoi servait cet élixir ?De façon surprenante, à beaucoup de choses ! À l’époque, la solution de Fowler devient un médicament courant, prescrit :contre le paludisme (en remplacement ou en complément du quinquina),contre les fièvres récurrentes,comme tonique général pour les personnes affaiblies,contre les affections cutanées, notamment l’eczéma ou le psoriasis,et même, plus tard, contre la syphilis avant l’arrivée de traitements plus modernes.Au XIXe siècle, l’arsenic est aussi utilisé en micro-doses pour stabiliser l’humeur ou comme "booster" de la vitalité : en Autriche ou en Suisse, certains montagnards prenaient de minuscules doses d’arsenic pour améliorer leur endurance !Jusqu’à quand ?La solution de Fowler a été utilisée jusque dans les années 1930–1940.Mais à mesure que la médecine progresse, on découvre ses effets secondaires graves : cancers, lésions de la peau, neuropathies.Elle est progressivement abandonnée, sauf pour certains usages très spécifiques.Fait fascinant : même aujourd’hui, des dérivés arsenicaux modernes (non toxiques à dose contrôlée) sont utilisés en oncologie. Par exemple, le trioxyde d’arsenic est un traitement de certaines leucémies aiguës.En résuméC’est donc Thomas Fowler qui, au XVIIIe siècle, a "popularisé" l’élixir à l’arsenic sous une forme médicale fiable. Ce remède, à la fois sauveur et dangereux, rappelle que beaucoup de substances toxiques peuvent, bien dosées, devenir des médicaments.Pourquoi Marat a-t-il été assassiné (dans sa baignoire) ?
02:16|Le 13 juillet 1793, l’un des visages les plus radicaux de la Révolution française est assassiné... dans sa baignoire. Jean-Paul Marat, journaliste et homme politique, est poignardé par une jeune femme de 25 ans, Charlotte Corday.Mais pourquoi cet assassinat spectaculaire ? Revenons sur le contexte.À cette date, la Révolution est entrée dans une phase violente. Depuis la chute de la monarchie en août 1792, le pouvoir est disputé entre deux camps révolutionnaires :les Girondins, modérés, attachés à une république plus libérale,les Montagnards, radicaux, proches des sans-culottes, prônant la Terreur contre les "ennemis de la Révolution".Marat, médecin devenu journaliste, est l’une des voix les plus virulentes des Montagnards. Dans son journal L’Ami du peuple, il dénonce sans relâche les Girondins, les accusant de trahison. Il réclame des têtes, appelle aux purges, et soutient les émeutiers parisiens.En juin 1793, la lutte atteint son paroxysme : les Montagnards, soutenus par les sans-culottes, font arrêter plusieurs députés girondins. Les Girondins sont désormais traqués.Parmi leurs partisans figure Charlotte Corday, jeune femme venue de Caen. Issue d’une famille normande modeste, nourrie des idéaux de la Révolution, elle est révoltée par la dérive sanglante qu’a prise le mouvement. Pour elle, Marat, par ses appels incessants à la violence, est l’homme qui précipite la France dans le chaos.Convaincue qu’éliminer Marat pourrait "sauver la République" et stopper les massacres, elle décide d’agir seule. Le 13 juillet, elle se rend au domicile parisien de Marat, rue des Cordeliers.Affaibli par une maladie de peau (probablement une dermatite), Marat travaille la plupart du temps dans sa baignoire en bois, un linge trempé sur le corps. Charlotte, se présentant comme une informatrice venue dénoncer des complots girondins en Normandie, parvient à être reçue.Pendant qu’il prend note, elle sort un couteau caché et lui plante dans la poitrine. Marat meurt en quelques minutes.Loin de stopper la Terreur, son assassinat produit l’effet inverse : Marat devient un martyr révolutionnaire, célébré par les sans-culottes.Charlotte Corday est arrêtée sur place, jugée et guillotinée quatre jours plus tard.Le Titanic s'est-il vraiment brisé en deux avant de couler ?
02:39|Pendant près de 75 ans, une énigme a plané sur l’un des naufrages les plus célèbres de l’Histoire. Le 15 avril 1912, le Titanic sombre dans l’Atlantique Nord après avoir heurté un iceberg. Mais s’est-il brisé en deux avant de disparaître sous les flots ?Étonnamment, cette question a suscité un vif débat durant des décennies.Dès les premières heures suivant la catastrophe, plusieurs rescapés — parmi eux des passagers de première et troisième classes — témoignent que le navire se serait littéralement cassé en deux avant de sombrer. On évoque un vacarme effroyable, une fracture du navire vers le centre. Pourtant, ces récits sont vite relégués au second plan.Pourquoi ? En grande partie à cause du témoignage d’un homme clé : Charles Lightoller, le second officier du Titanic et le plus haut gradé ayant survécu au naufrage. Devant les commissions d’enquête britannique et américaine, Lightoller affirme catégoriquement que le Titanic est resté intact jusqu’à son engloutissement.Ce témoignage pèse lourd. Lightoller, officier expérimenté et figure respectée, est perçu comme une source crédible.Mais pourquoi aurait-il soutenu cette version erronée ? Plusieurs historiens avancent des hypothèses. D’abord, Lightoller se trouvait à la mer lorsqu’il a vu disparaître le navire : sa vision était donc limitée. Ensuite, en pleine tourmente médiatique, la White Star Line — la compagnie du Titanic — avait tout intérêt à minimiser l’ampleur de la défaillance structurelle du navire, conçu pour être "pratiquement insubmersible". Affirmer qu’il s’était brisé en deux aurait été un aveu d’échec dans sa conception.Ainsi, durant les enquêtes officielles de 1912, la thèse du naufrage "en un seul morceau" s’impose. Les témoignages contradictoires des passagers sont jugés peu fiables, attribués au chaos et à la confusion. Pendant des décennies, les représentations du naufrage — livres, films, manuels — perpétuent cette version.Tout change en 1985, lorsque l’océanographe Robert Ballard et son équipe découvrent l’épave du Titanic, à plus de 3 800 mètres de profondeur. Les images sont sans appel : la coque repose bel et bien en deux sections distinctes, l’avant et l’arrière séparés de plusieurs centaines de mètres.Cette découverte réhabilite les témoignages des passagers longtemps ignorés. Elle rappelle aussi combien la mémoire des survivants, même face aux récits officiels, peut contenir une part essentielle de vérité. Aujourd’hui, on sait avec certitude : oui, le Titanic s’est brisé en deux avant de couler.Quelle est cette mystérieuse armée de paysans déguisés en femmes au 19e siècle ?
02:21|Imaginez une armée nocturne, dévalant les forêts des Pyrénées, armée de faux, de bâtons, de fusils parfois. Ce ne sont pas des soldats, ni des brigands… mais des paysans déguisés en femmes, en jupons et bonnets. Leur nom ? Les Demoiselles. Et leur révolte, l’une des plus saisissantes de la France du XIXe siècle.Tout commence en 1829, dans le département de l’Ariège, au cœur des montagnes. Cette année-là, le gouvernement de Charles X adopte une nouvelle loi forestière. L’État centralise les droits d’usage des forêts, interdisant aux populations locales l’accès libre au bois, à la chasse, au pacage. Or, pour les paysans ariégeois, ces ressources sont vitales. Les forêts sont leur banque, leur garde-manger, leur réserve de chauffage et de matériaux.Privés de ces droits ancestraux, ils entrent en résistance. Mais pas à visage découvert. Dans une stratégie aussi symbolique qu'efficace, les insurgés se griment en femmes : robes, corsages, foulards, parfois même maquillage. Ils adoptent ainsi le nom de "Demoiselles".Ce travestissement a un double effet. D’un côté, il désarme symboliquement l’adversaire, tournant en ridicule les gendarmes et gardes forestiers. De l’autre, il renforce la cohésion du groupe, dans une mise en scène à la fois grotesque et terrifiante. La nuit, des centaines d’hommes se rassemblent dans les bois, masqués, hurlant des chants de guerre ou frappant aux portes des fonctionnaires forestiers pour les menacer, les humilier, voire les expulser.La révolte se propage vite. De 1829 à 1832, les Demoiselles mènent une guérilla rurale intense. Plus de 300 incidents sont recensés, certains très violents. Gendarmes, ingénieurs forestiers, percepteurs : tous deviennent des cibles.Mais malgré les arrestations, les condamnations, et même l’envoi de troupes, l’État ne parvient jamais à éteindre complètement la révolte. Car elle repose sur une solidarité communautaire profonde. Les villages couvrent les insurgés. Les femmes, cette fois les vraies, les soutiennent, les ravitaillent, les cachent. Et puis, comment faire la différence entre un simple paysan et une Demoiselle, une fois la robe tombée ?Finalement, l’État plie. Dans les années 1840, une série de concessions sont faites sur la gestion forestière. La révolte s’essouffle, mais le mythe reste.Aujourd’hui encore, dans l’Ariège, le souvenir des Demoiselles perdure. À la fois mouvement de contestation sociale et geste de théâtre politique, elles sont restées dans l’histoire comme une preuve que même dans les coins les plus reculés, le pouvoir peut être défié… en robe.Pourquoi les rois de France s'appelaient presque tous Charles, Philippe ou Louis ?
02:11|À première vue, cela pourrait sembler monotone. Louis IX, Louis XIV, Charles V, Philippe Auguste, Henri IV… La monarchie française semble s’être limitée à une poignée de prénoms, répétés encore et encore pendant plus de mille ans. Mais derrière cette apparente routine se cache une véritable stratégie politique, religieuse et symbolique.Tout commence au haut Moyen Âge. Les rois mérovingiens, puis carolingiens, portaient déjà des prénoms issus de leur lignée, mais c’est avec les Capétiens, à partir de 987, que s’installe une logique durable de recyclage dynastique des prénoms. Le but ? Ancrer le pouvoir dans la continuité. En répétant les mêmes noms, les rois affirment qu’ils sont les héritiers légitimes de leurs prédécesseurs et qu’ils incarnent une même autorité royale, au-delà des générations.Prenons Louis, par exemple. Ce prénom devient central après le règne de Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis, canonisé en 1297. À partir de là, porter le nom de Louis, c’est revendiquer une dimension sacrée, presque divine, du pouvoir. C’est se présenter comme un roi pieux, juste, protecteur de la foi et du royaume. Il n’est donc pas étonnant que ce prénom ait été attribué à 18 rois de France.Charles renvoie quant à lui à Charlemagne (Carolus Magnus), figure fondatrice de la royauté chrétienne en Occident. Un roi nommé Charles invoque donc l’image d’un conquérant, d’un unificateur, d’un empereur. Ce n’est pas anodin si Charles VII est celui qui met fin à la guerre de Cent Ans, ou si Charles V est surnommé “le Sage”.Le prénom Philippe, popularisé par Philippe Auguste, roi capétien du XIIe siècle, connote l’autorité forte, la centralisation du pouvoir, et l’expansion du territoire royal. D’autres Philippe suivront, en écho à cette figure d’un roi bâtisseur.Quant à Henri, il s’impose à la Renaissance et renvoie à Henri IV, premier roi bourbon, artisan de la paix religieuse et du renouveau monarchique après les guerres de Religion. Là encore, reprendre son prénom, c’est s’inscrire dans cette image de réconciliation et de renouveau.Ce choix de prénoms n’a jamais été laissé au hasard. Il s’agissait d’une forme de “branding” royal avant l’heure, une signature politique destinée à rassurer le peuple et les élites : le roi qui monte sur le trône n’est pas un inconnu, c’est un nouveau chapitre d’une même histoire.Ainsi, la répétition des prénoms royaux en France n’est pas une routine, mais un acte de pouvoir. Une manière de dire que le roi n’est jamais vraiment un individu, mais un rôle, une fonction, un héritage incarné.