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Choses à Savoir CERVEAU

Comment le cerveau change-t-il durant la grossesse ?

Une équipe de chercheurs a réalisé une étude pionnière cartographiant les changements cérébraux chez une femme enceinte, de la préconception jusqu'à deux ans après l'accouchement. Cette recherche, publiée dans Nature Neuroscience, offre un aperçu sans précédent de la neuroplasticité maternelle pendant la grossesse.

 

L'étude a suivi une femme primipare de 38 ans, effectuant 26 scans cérébraux et prélèvements sanguins sur une période de plus de deux ans. Les résultats révèlent des modifications significatives tant dans la matière grise que dans la matière blanche du cerveau.

 

Les chercheurs ont observé une diminution prononcée du volume de matière grise et de l'épaisseur corticale dans l'ensemble du cerveau au fur et à mesure de la grossesse, coïncidant avec l'augmentation des hormones sexuelles. Ces changements étaient environ trois fois plus importants que la variabilité cérébrale moyenne chez les femmes non enceintes.

 

Parallèlement, l'étude a mis en évidence une augmentation de l'intégrité microstructurale de la matière blanche, particulièrement marquée au deuxième trimestre, avant de revenir à la normale à la naissance. Cette découverte est une première dans le domaine.

 

Contrairement aux idées reçues, la diminution du volume de matière grise n'est pas nécessairement négative. Les chercheurs suggèrent qu'il pourrait s'agir d'un "réglage fin" des circuits cérébraux en préparation à la parentalité, comparable aux changements observés pendant la puberté.

 

Certaines régions cérébrales, comme le cortex extrastrié lié à la vision, sont restées stables. En revanche, le diencéphale ventral, comprenant des structures essentielles au comportement maternel, a montré les changements les plus prononcés.

 

Ces modifications cérébrales ont persisté longtemps après l'accouchement, démontrant une capacité remarquable de neuroplasticité chez l'adulte. Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre et potentiellement prédire des troubles comme la dépression post-partum.

 

Bien que cette étude se soit concentrée sur une seule participante, elle fournit une carte détaillée du cerveau maternel pendant la grossesse. Ces données, disponibles en libre accès, offrent aux chercheurs une base pour explorer de nouvelles questions neurobiologiques et mieux comprendre le cerveau maternel.

 

Les auteurs soulignent la nécessité de reproduire cette étude sur un échantillon plus large pour confirmer la généralisation de ces résultats. Néanmoins, cette recherche constitue une avancée majeure dans notre compréhension des changements cérébraux liés à la grossesse et ouvre la voie à de futures investigations sur la neurobiologie maternelle.

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  • Pourquoi perd-on l’appétit quand on est amoureux ?

    01:53|
    L’amour, en particulier à ses débuts, provoque des bouleversements majeurs dans le cerveau, qui se répercutent sur le corps. Parmi les effets les plus marquants figure la perte d’appétit, un phénomène expliqué par des mécanismes neurobiologiques liés à l’émotion et au stress.  Le rôle des neurotransmetteurs Lorsque nous tombons amoureux, le cerveau libère une cascade de substances chimiques, notamment la dopamine, l’adrénaline et la sérotonine. Ces neurotransmetteurs sont associés à l’excitation, au plaisir et à la concentration. La dopamine, souvent appelée « hormone du plaisir », crée un sentiment d’euphorie qui détourne notre attention des besoins fondamentaux comme manger. La sérotonine, quant à elle, joue un rôle dans la régulation de l’appétit. Lorsqu’elle est perturbée par l’amour passionnel, elle peut entraîner une diminution de l’envie de se nourrir.  L’activation du système de récompense Le système de récompense du cerveau, situé dans les structures comme le striatum ventral, est fortement activé lorsque nous pensons à l’être aimé. Cette suractivation peut entraîner une focalisation quasi exclusive sur cette personne, au point de reléguer d’autres besoins, comme manger, au second plan. En d’autres termes, l’amour agit comme une « addiction », où l’attention est absorbée par la source de plaisir et de récompense.  L’effet du stress et de l’adrénaline L’état amoureux est également associé à une montée d’adrénaline, une hormone liée au stress. Cette substance, produite par les glandes surrénales, prépare le corps à l’action en augmentant le rythme cardiaque et en réduisant temporairement les fonctions non essentielles, comme la digestion. Cela peut expliquer la sensation de nœud à l’estomac ou de perte d’appétit. Ce phénomène est similaire à ce qui se produit en cas de stress aigu, où l’organisme privilégie les mécanismes de survie.  Une attention détournée Enfin, être amoureux occupe énormément notre esprit. Cette concentration sur l’autre, soutenue par l’activité accrue du cortex préfrontal, peut simplement détourner notre attention de sensations physiques comme la faim. On « oublie » de manger, car on est trop absorbé par ses émotions et pensées.  En conclusion La perte d’appétit due à l’amour est donc un mélange de réactions chimiques, émotionnelles et cognitives. Ce phénomène montre à quel point l’état amoureux peut réorganiser les priorités du cerveau, plaçant la connexion émotionnelle au-dessus des besoins physiques fondamentaux.   
  • Qu’est-ce que l’état de flow ?

    02:05|
    L'état de flow, ou « expérience optimale », est un état mental où une personne est entièrement plongée dans une activité, ressentant une concentration intense, une perte de la notion du temps et une satisfaction intrinsèque. Ce concept, introduit par le psychologue Mihály Csíkszentmihályi dans les années 1970, se manifeste lorsque les compétences d'un individu sont en adéquation avec le défi proposé par l'activité.  Mécanismes cérébraux de l'état de flow Lorsqu'une personne entre en état de flow, plusieurs changements se produisent dans le cerveau : - Activation du cortex préfrontal : Cette région, impliquée dans la planification et le contrôle de soi, voit son activité diminuer, ce qui peut entraîner une diminution de l'autocritique et une immersion totale dans la tâche. - Libération de neurotransmetteurs : Des substances chimiques comme la dopamine et les endorphines sont libérées, procurant une sensation de plaisir et renforçant la motivation. - Synchronisation des ondes cérébrales : Les ondes alpha et thêta augmentent, favorisant la relaxation et la concentration profonde.  Transition vers le flow créatif Une étude récente de l'Université Drexel a exploré comment le cerveau bascule en flow créatif, notamment lors de l'improvisation musicale. Les chercheurs ont observé que, pendant le flow, il y a une diminution de l'activité dans le cortex préfrontal dorsolatéral, associé à l'autocritique et au contrôle exécutif. Cette réduction permettrait une expression plus libre et spontanée de la créativité. De plus, l'étude a révélé une augmentation de la connectivité entre les régions impliquées dans la motivation et le plaisir, suggérant que le flow créatif est soutenu par une interaction harmonieuse entre les circuits neuronaux de la récompense et ceux de la créativité.  Favoriser l'état de flow Pour atteindre le flow, certaines conditions sont propices : - Équilibre entre défi et compétence : L'activité doit être suffisamment stimulante sans être trop difficile. - Objectifs clairs : Savoir ce que l'on veut accomplir aide à maintenir la concentration. - Retour d'information immédiat : Recevoir des indications sur sa performance permet d'ajuster ses actions en temps réel. En somme, l'état de flow est un phénomène complexe impliquant diverses régions et processus cérébraux. Comprendre ces mécanismes offre des perspectives pour favoriser la créativité et l'engagement dans diverses activités.
  • Quel est l’effet du “sifflet de la mort” sur le cerveau ?

    02:07|
    Le sifflet de la mort aztèque est un artefact fascinant et effrayant, utilisé par les Aztèques dans des contextes rituels et possiblement guerriers. Il s’agit d’un petit instrument en céramique ou en os, sculpté avec soin, souvent décoré de motifs macabres représentant des crânes ou des figures squelettiques. Ce sifflet est capable de produire un son strident, terrifiant, semblable à un hurlement humain, qui donne l’impression d’un cri de désespoir ou d’agonie.Origines et usagesLes Aztèques étaient une civilisation qui accordait une grande importance aux rites et symboles. Ce sifflet, souvent découvert dans des tombes ou associé à des pratiques funéraires, servait probablement à accompagner des cérémonies religieuses, notamment celles dédiées aux divinités de la mort ou de la guerre. Il aurait également été utilisé comme une arme psychologique sur les champs de bataille. Imaginez des centaines de guerriers aztèques soufflant simultanément dans ces sifflets : le chaos sonore devait être paralysant pour leurs adversaires, créant une panique collective.Un son et ses effets sur le cerveauLe sifflet de la mort produit un son unique et perturbant grâce à sa conception ingénieuse. À l’intérieur, une chambre acoustique complexe amplifie et module l’air soufflé pour créer un bruit strident qui évoque un hurlement humain. Ce type de son sollicite directement le cerveau, notamment l’amygdale, une région impliquée dans les émotions comme la peur. Lorsqu’une personne entend ce cri glaçant, son cerveau réagit instinctivement, interprétant le son comme une menace.Cette réaction, connue sous le nom de réponse de lutte ou de fuite, déclenche une libération d’adrénaline et de cortisol, augmentant la fréquence cardiaque et plaçant l’auditeur dans un état de stress aigu. Les fréquences aiguës du sifflet exploitent également une hypersensibilité humaine aux sons associés au danger, ce qui rend l’effet encore plus puissant.Une arme sonore ancestraleLe sifflet de la mort aztèque est donc bien plus qu’un simple instrument. Il révèle une compréhension instinctive des effets du son sur le cerveau humain. Utilisé pour marquer les esprits, semer la peur ou honorer les dieux, cet artefact reste un témoignage saisissant du génie rituel et psychologique des Aztèques, capable d’impressionner et de perturber même les auditeurs modernes.
  • Pourquoi parle-t-on de “la mémoire de l’obésité” ?

    02:19|
    Cette notion est mise en lumière par une étude récente menée par des chercheurs de l'ETH Zurich, publiée en novembre 2024, qui a exploré les mécanismes sous-jacents à l'effet "yo-yo" observé après des régimes amaigrissants.  Comprendre l'effet "yo-yo" L'effet "yo-yo" décrit le cycle de perte et de reprise de poids souvent observé après des régimes restrictifs. Après une perte de poids rapide, les individus tendent à reprendre le poids perdu, voire davantage, une fois le régime terminé. Ce phénomène est non seulement frustrant, mais il peut également avoir des conséquences néfastes sur la santé, augmentant le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et d'autres complications associées à l'obésité. Les mécanismes épigénétiques en jeu L'étude mentionnée a révélé que les adipocytes conservent une "mémoire" de l'obésité à travers des modifications épigénétiques. L'épigénétique concerne les changements dans l'expression des gènes sans altération de la séquence ADN elle-même, souvent influencés par des facteurs environnementaux, l'alimentation ou le stress. Ces modifications peuvent persister sur de longues périodes, influençant durablement le comportement des cellules. Les chercheurs ont analysé le tissu adipeux de personnes obèses avant et deux ans après une chirurgie bariatrique, ainsi que de personnes de poids normal n'ayant jamais été obèses. Ils ont observé que, même après une perte de poids significative, certaines modifications épigénétiques dans les adipocytes persistaient. Ces altérations prédisposent les cellules à stocker de nouveau de la graisse de manière plus efficace lors d'une reprise d'une alimentation riche en calories, facilitant ainsi la regaine de poids. Implications pour la gestion de l'obésité La découverte de cette "mémoire de l'obésité" suggère que la difficulté à maintenir une perte de poids ne résulte pas uniquement d'un manque de volonté ou d'effort, mais est également liée à des mécanismes biologiques profonds. Cela souligne l'importance d'adopter des stratégies de gestion du poids qui prennent en compte ces aspects épigénétiques. Actuellement, il n'existe pas de méthodes pharmacologiques spécifiques pour effacer cette mémoire épigénétique. Cependant, ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles approches thérapeutiques, incluant des interventions diététiques ciblées ou le développement de médicaments visant à modifier ces marques épigénétiques. En attendant, il est crucial de prévenir le surpoids dès le plus jeune âge pour éviter l'établissement de cette mémoire cellulaire et les complications associées. En conclusion, la notion de "mémoire de l'obésité" met en évidence la complexité de cette maladie chronique et la nécessité d'approches thérapeutiques intégrant les dimensions génétiques, épigénétiques et environnementales pour une gestion efficace et durable du poids.
  • Quel est le lien entre asthme et mémoire ?

    01:57|
    L'asthme, une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires, est couramment associée à des symptômes tels que la toux, la respiration sifflante et l'essoufflement. Cependant, des recherches récentes suggèrent que l'asthme infantile pourrait également avoir des répercussions sur les fonctions cognitives, notamment la mémoire. Impact de l'asthme sur la mémoire chez l'enfant Une étude publiée en 2023 dans la revue Pediatric Allergy and Immunology a examiné les performances cognitives de 200 enfants âgés de 6 à 12 ans, dont 100 souffrant d'asthme modéré à sévère et 100 en bonne santé. Les résultats ont révélé que les enfants asthmatiques présentaient des scores significativement inférieurs aux tests de mémoire verbale et de mémoire de travail par rapport au groupe témoin. Cette étude suggère que l'asthme peut être associé à des altérations spécifiques de la mémoire chez l'enfant. Mécanismes potentiels expliquant cette association Plusieurs hypothèses pourraient expliquer le lien entre l'asthme infantile et les troubles de la mémoire : 1. Hypoxie cérébrale : Les crises d'asthme sévères peuvent entraîner une diminution de l'oxygénation du cerveau, affectant ainsi les fonctions cognitives, y compris la mémoire. 2. Inflammation systémique : L'asthme est caractérisé par une inflammation chronique qui pourrait avoir des effets neuroinflammatoires, perturbant les processus cognitifs. 3. Effets secondaires des traitements : Certains médicaments utilisés pour gérer l'asthme, tels que les corticostéroïdes, peuvent avoir des impacts sur l'humeur et la cognition, bien que les données soient encore limitées. 4. Perturbations du sommeil : Les symptômes nocturnes de l'asthme peuvent altérer la qualité du sommeil, ce qui est essentiel pour la consolidation de la mémoire. Conséquences et recommandations Les implications de ces découvertes sont significatives. Une altération de la mémoire chez l'enfant peut entraîner des difficultés scolaires et affecter le développement social et émotionnel. Il est donc crucial que les professionnels de santé prennent en compte ces aspects lors de la prise en charge des jeunes patients asthmatiques. Des interventions telles que la gestion optimale de l'asthme pour minimiser les symptômes, l'évaluation régulière des fonctions cognitives et la mise en place de stratégies éducatives adaptées peuvent aider à atténuer ces effets. De plus, la sensibilisation des parents et des éducateurs à ces enjeux est essentielle pour offrir un soutien approprié aux enfants concernés. Conclusion Bien que l'asthme soit principalement une affection respiratoire, ses répercussions potentielles sur la mémoire et d'autres fonctions cognitives chez l'enfant ne doivent pas être négligées. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour approfondir la compréhension de ces liens et développer des stratégies d'intervention efficaces. En attendant, une approche holistique de la prise en charge de l'asthme infantile, intégrant la dimension cognitive, est recommandée pour assurer le bien-être global de l'enfant. 
  • Les jeux « cérébraux » sont-ils vraiment efficaces ?

    02:22|
    Les jeux de « brain-training » sont souvent présentés comme des outils efficaces pour améliorer nos capacités cognitives. Cependant, la recherche scientifique offre une perspective plus nuancée sur leur efficacité réelle. Efficacité des jeux de brain-training Plusieurs études ont évalué l'impact des jeux d'entraînement cérébral sur les fonctions cognitives. Une méta-analyse publiée en 2016 dans la revue Psychological Science in the Public Interest a examiné les preuves disponibles et conclu que, bien que ces jeux puissent améliorer les performances sur les tâches spécifiques entraînées, il existe peu de preuves qu'ils entraînent des améliorations significatives dans la vie quotidienne ou sur des tâches non entraînées.  De même, une étude de 2014 publiée dans Psychological Science a révélé que les améliorations observées étaient généralement limitées aux tâches spécifiques pratiquées, sans transfert notable à d'autres domaines cognitifs.  Activités bénéfiques pour la santé cognitive Face aux limites des jeux de brain-training, la recherche suggère plusieurs activités susceptibles de soutenir efficacement la santé cognitive : 1. Activité physique régulière : L'exercice physique, notamment l'aérobic, a démontré des effets positifs sur la cognition. Une étude publiée en 2011 dans le Proceedings of the National Academy of Sciences a montré que l'exercice aérobie peut augmenter la taille de l'hippocampe, une région clé pour la mémoire, chez les adultes âgés. 2. Engagement social : Maintenir des interactions sociales régulières stimule le cerveau et peut réduire le risque de déclin cognitif. Des recherches indiquent que les activités sociales favorisent la plasticité cérébrale et renforcent les réseaux neuronaux. 3. Apprentissage continu : S'engager dans de nouvelles activités intellectuellement stimulantes, comme l'apprentissage d'une langue ou d'un instrument de musique, peut renforcer les fonctions cognitives. Une étude de 2014 publiée dans Psychological Science a montré que l'apprentissage de nouvelles compétences complexes améliore la mémoire chez les adultes âgés. 4. Sommeil de qualité : Un repos adéquat est essentiel pour la consolidation de la mémoire et le fonctionnement cognitif global. Des recherches ont démontré que le sommeil profond joue un rôle crucial dans le traitement et le stockage des informations. 5. Alimentation équilibrée : Une diète riche en antioxydants, acides gras oméga-3 et vitamines soutient la santé cérébrale. Des études suggèrent que le régime méditerranéen, par exemple, est associé à un risque réduit de déclin cognitif. Conclusion Bien que les jeux de brain-training puissent offrir des améliorations limitées dans des tâches spécifiques, les preuves scientifiques soutiennent davantage des activités telles que l'exercice physique, l'engagement social, l'apprentissage continu, un sommeil de qualité et une alimentation équilibrée pour maintenir et améliorer la santé cognitive. Adopter un mode de vie actif et stimulant sur le plan intellectuel semble être la stratégie la plus efficace pour préserver les fonctions mentales à long terme.
  • Pourquoi notre cerveau divise-t-il le sjournées en chapitres ?

    02:26|
    Notre cerveau a une tendance naturelle à structurer nos expériences quotidiennes en séquences distinctes, ou « chapitres ». Cette organisation cognitive, mise en lumière par une étude dirigée par Alexandra De Soares et publiée dans Current Biology, joue un rôle essentiel dans notre mémoire et notre perception du temps.  L’étude explore un mécanisme clé : les « frontières d’événements ». Ces moments marquent des transitions entre différentes activités ou contextes dans une journée, comme passer d’une réunion à un déjeuner ou rentrer chez soi après le travail. Ces frontières sont essentielles pour notre cerveau, car elles lui permettent de segmenter la journée en blocs cohérents et digestes.  Les chercheurs ont montré que ces changements sont interprétés par des régions cérébrales spécifiques, notamment l’hippocampe et le cortex préfrontal. Ces structures sont connues pour leur rôle dans la mémoire épisodique, c’est-à-dire la capacité à se souvenir d’événements spécifiques dans leur contexte. Les frontières d’événements agissent comme des « points de repère » cognitifs, aidant à structurer nos souvenirs.  Pour tester cette hypothèse, Alexandra De Soares et son équipe ont demandé à des participants de regarder une série de vidéos contenant des changements marqués dans le scénario ou le contexte, comme un passage d’une scène d’intérieur à une scène extérieure. En parallèle, l’activité cérébrale des participants a été mesurée par IRM fonctionnelle. Les résultats ont révélé une augmentation de l'activité dans l'hippocampe chaque fois qu'une frontière d’événement était rencontrée, indiquant que le cerveau enregistrait ces transitions comme des points de division significatifs.  Ce processus a une fonction adaptative importante. Il permet de mieux organiser et stocker les informations dans notre mémoire à long terme. Par exemple, il est plus facile de se souvenir d’un voyage structuré en étapes — comme les différentes villes visitées — que d’un récit monotone sans transitions claires.  Cependant, ce découpage a aussi des implications sur notre perception du temps. Une journée riche en « chapitres » semble souvent plus longue, car chaque segment est mémorisé distinctement. À l’inverse, une journée routinière, avec peu de transitions, peut paraître floue et passer très vite.  En conclusion, cette étude illustre comment notre cerveau, grâce aux frontières d’événements, structure naturellement notre quotidien en chapitres pour optimiser la mémoire et donner du sens à nos expériences. Ce mécanisme est une pièce maîtresse de notre perception du monde et de notre identité.
  • Le cancer a-t-il un effet protecteur contre la maladie d’Alzheimer ?

    02:19|
    Les relations entre cancer et maladie d’Alzheimer intriguent les scientifiques depuis plusieurs années. Des études épidémiologiques ont observé un phénomène contre-intuitif : les patients atteints de certains cancers semblent moins susceptibles de développer la maladie d’Alzheimer, et vice versa. Ce paradoxe a suscité de nombreuses recherches pour comprendre les mécanismes sous-jacents.  En 2013, une étude publiée dans Neurology a analysé les dossiers de 3,5 millions de patients sur une période de 50 ans. Elle a révélé que les personnes ayant un diagnostic de cancer présentaient un risque réduit de 35 % de développer la maladie d’Alzheimer. Ce résultat a été confirmé par d’autres travaux, comme une méta-analyse publiée en 2021 dans Frontiers in Neuroscience, qui a examiné plusieurs cohortes et établi un lien inverse significatif entre les deux pathologies.  Les mécanismes biologiques expliquant ce phénomène restent hypothétiques, mais plusieurs pistes sont explorées. La première concerne les voies de régulation cellulaire. Le cancer résulte d’une prolifération incontrôlée des cellules, tandis que la maladie d’Alzheimer est liée à une dégénérescence neuronale et à une mort cellulaire excessive. Ces pathologies opposées pourraient impliquer des mécanismes biologiques inverses. Par exemple, la protéine p53, connue pour son rôle dans la prévention des cancers en éliminant les cellules endommagées, semble sous-active dans les cancers et suractive dans l’Alzheimer.  Une autre hypothèse concerne le système immunitaire. Dans le cancer, une inflammation chronique et une réponse immunitaire altérée sont fréquentes. Certaines de ces altérations pourraient paradoxalement limiter les processus inflammatoires caractéristiques d’Alzheimer.  Cependant, ce lien protecteur n’est pas universel. Il varie selon les types de cancer. Par exemple, une étude de 2017 dans JAMA Oncology a montré que les cancers hématologiques, comme la leucémie, n’offrent pas la même protection.  Malgré ces corrélations intrigantes, il est important de souligner qu’aucun lien de causalité direct n’a été établi. Les facteurs de confusion, comme le biais lié à une espérance de vie différente chez les patients atteints de cancer, pourraient expliquer en partie cette association.  En conclusion, bien que le cancer puisse, dans certains cas, sembler offrir une protection contre la maladie d’Alzheimer, cette observation reflète probablement une interaction complexe entre biologie cellulaire, génétique et immunologie. Ces découvertes ouvrent toutefois des perspectives intéressantes pour comprendre les mécanismes fondamentaux de ces deux pathologies et développer des traitements innovants.
  • Pourquoi le « doomscrolling » est-il nuisible à notre cerveau ?

    02:36|
    Le « doomscrolling » désigne le comportement compulsif consistant à passer de longues périodes à consulter des informations négatives ou anxiogènes en ligne, souvent via les réseaux sociaux ou les sites d'actualité. Si cette pratique est motivée par le besoin de rester informé, elle s'avère nuisible pour notre santé mentale et physique, comme l'a démontré une étude publiée en 2022 dans la revue Health Communication.  Selon cette étude, relayée par The Guardian, sur les 1 100 participants interrogés, 16,5 % montraient des signes de consommation d'information qualifiée de « gravement problématique ». Ces personnes, particulièrement vulnérables, rapportaient des impacts significatifs sur leur bien-être : 74 % souffraient de troubles mentaux comme l'anxiété ou la dépression, et 61 % mentionnaient des problèmes physiques tels que des troubles du sommeil ou de la fatigue chronique. Ces chiffres mettent en lumière l'ampleur des conséquences du doomscrolling.  Les mécanismes neurologiques impliqués dans cette pratique expliquent en partie ses effets délétères. L'exposition répétée à des informations négatives active de manière excessive l'amygdale, une région du cerveau impliquée dans la gestion des émotions et la réaction au stress. À force d’être sollicité, ce système de réponse au stress s’emballe, contribuant à des niveaux chroniquement élevés de cortisol, l’hormone du stress. À long terme, cela peut altérer la mémoire, diminuer la capacité de concentration et fragiliser l’équilibre émotionnel.  En outre, le doomscrolling agit comme un cercle vicieux. La recherche d'informations négatives, souvent sans but précis, alimente une boucle addictive qui piège l'individu dans un cycle où l'angoisse incite à consommer davantage d'actualités. Ce comportement compulsif détourne l’attention des activités positives ou relaxantes, réduisant ainsi les opportunités de régulation émotionnelle.  L'étude souligne également que les effets ne se limitent pas au mental. Le temps passé devant les écrans, combiné à une position assise prolongée, contribue à des douleurs physiques et à une fatigue oculaire.  Pour préserver sa santé, il est crucial de limiter son exposition aux informations négatives, d’établir des plages horaires sans écrans et de pratiquer des activités qui favorisent le bien-être, comme le sport ou la méditation. À une époque où l'information est omniprésente, apprendre à filtrer et à se déconnecter devient une compétence essentielle pour protéger notre cerveau.