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Circular Metabolism Podcast
4 Scénario Futurs pour les Villes - Sébastien Marot
🎥 Cet épisode est sponsorisé par la Fondation Modus @modus-ge . Lien vers le podcast de la Fondation : https://youtu.be/NG2Auc-In6I (vidéo évoquée dans cet épisode)
Aujourd’hui, nous allons explorer comment agriculture et architecture se sont renforcées l'une l'autre depuis la révolution néolithique, jusqu'à devenir toutes 2 destructrices pour notre écosystème actuel.
Comment en est-on arrivé là ? Et, suite à ce constat, comment construire des scénarios où architecture et agriculture cohabitent pour mieux répondre aux crises socio-écologiques ?
Vous êtes sur le podcast Circular Metabolism, le podcast pour mieux comprendre le métabolisme de nos sociétés et leurs impacts socio-environnementaux.
Pour parler de ces sujets, j’ai le plaisir d'accueillir Sébastien Marot.
Sébastien est :
- philosophe,
- spécialiste d’histoire de l’environnement,
- et professeur à l’Ecole d’Architecture de la Ville et des Territoires Paris-Est
Il a notamment écrit un livre basé sur son une exposition basée Prendre la clef des champs, qui explore le lien entre agriculture et architecture.
Et pour comprendre cette dynamique, nous allons parler :
- de l’histoire de ces 2 pratiques,
- de l’impasse écologique à laquelle elles nous ont mené,
- et de 4 scénarios futurs mêlant architecture et agriculture pour sortir de cette impasse.
🔷 SOMMAIRE
00:00:00 Introduction
00:01:48 Crises créées par l’urbanisation
00:10:59 Architecture et agriculture inséparables
00:22:21 Verrouillages agricoles et architecturaux
00:34:18 Les 4 futurs selon David Holmgren
00:46:36 Les 4 futurs selon Sébastien Marot
🔷 REFERENCES
Écrits et auteurs cités
00:01:48 Prendre la clef des champs - Sébastien Marot
00:17:36 The Limits to Growth - D&D Meadows, J. Randers & W. Behrens
00:17:56 The Entropy Law and the Economic Process - Nicholas Georgescu-Roegen
00:18:10 Designing for survival - Colin Moorcraft
00:35:17 Zomia ou l’art de ne pas être gouverné - James C. Scott
00:35:47 Au commencement était... - David Wengrow & David Graeber
00:37:39 Scénarios futurs - David Holmgren
00:45:07 Crash on demand : Welcome to the Brown Tech future - David Holmgren
00:51:22 Whole Earth Discipline - Stewart Brand
00:54:00 Broadacre City, la nouvelle frontière - Frank Lloyd Wright
Autres personnes citées
00:16:44 Bill Mollison
00:16:56 Kevin Lynch
00:17:53 Howard T. Odum
00:29:32 Fritz Haber & Carl Bosch
00:50:43 Richard Buckminster Fuller
00:54:08 Albert Pope
Episodes mentionnés
00:28:35 Mathieu Calame : https://www.youtube.com/watch?v=FlyKUBtcLlU
00:58:49 David Holmgren : https://www.youtube.com/watch?v=KQ_w8lwY6dw
00:58:56 Carolyn Steel : https://www.youtube.com/watch?v=jQMjwO7bqtQ
🔷 CRÉDITS
🎤 Interview : Aristide Athanassiadis
🎞️ Montage: https://codexprod.fr
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🔷 LIENS VERS LE PODCAST
💌 Newsletter: https://www.circularmetabolism.com/
👀 Youtube: https://youtu.be/Zz5eHhAoc4Y
👂 iTunes: https://podcasts.apple.com/be/podcast/circular-metabolism-podcast/id1455115320
👂 Spotify: https://open.spotify.com/show/13qH9Oj4b0yF0dBidGAdFR
🙏 Tipeee: https://fr.tipeee.com/circular-metabolism-podcast
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📅 Calendrier de l'Avent 26/26 - Z comme ZAD
03:27|Ca y est, c’est le dernier épisode !On est enfin arriver au bout de ce calendrier. En me lançant dans cette aventure, je ne mesurais pas vraiment le travail que cela demanderait. Beaucoup de personnes m’ont demandé si j’avais déjà tout enregistré en avance et si tout était programmé en avance. Evidemment que non ce serait trop beau pour être vrai. Non, non, tous les jours il a fallu écrire, filmer, monter et puis publier. Et surtout il fallait trouvé le mot de la journée d’après, le stress.Je voulais aussi vous remercier pour tous les messages encourageants durant la série et vos soutiens sur cette newsletter !Allez, c’est parti pour la lettre Z avec Zones à Défendre.Les Zones à Défendre se sont surtout fait connaître lors de l’opposition de citoyen.nes au projet de construction de l’Aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Depuis on compte une petite dizaine de ZAD qui se développent pour contester des grands projets d’aménagement qui sont considérés comme d’utilité publique.Les citoyen.nes qui s’opposent aussi appelé.es ZADistes se battent frontalement contre la destruction du vivant, contre la destruction des zones avec des écosystèmes précieux et fragiles, contre la destruction de terres agricoles mais aussi contre des infrastructures productivistes.Il s’agit de luttes environnementales, citoyennes et locales qui contestent des grands projets d’aménagement au nom du droit des populations locales à décider de l'avenir de leurs territoires.Ces ZAD ne sont qu’une formalisation d’anciennes luttes qui ont existé en France et ailleurs. En France, l’exemple ancien le plus connu est évidemment la lutte du Larzac qui a duré environ dix ans (1971-1981) contre l’extension d’un camp militaire sur des terres agricoles.Circular Metabolism est une publication soutenue par les lecteurs. Pour recevoir de nouveaux posts et soutenir mon travail, envisagez de devenir un abonné gratuit ou payant.Lors des épisodes sur les infrastructures, les régimes d’historicité ou les verrouillages, on avait vu comment les infrastructures dictent nos pratiques quotidiennes et verrouillent une consommation de ressources présente et futures mais aussi cristallisent une idéologie du progrès technique et une fuite en avant.Nous nous sentons parfois impuissant.es envers les grandes forces productivistes de l’économie mondiale. Mais cette économie à besoin d’infrastructures pour se matérialiser. Elle a besoin de nous verrouiller dans la consommation excessive de ressources pour faire croître cette économie plutôt que satisfaire réellement nos besoins.Et c’est exactement pour cela que je trouve ces luttes comme un des seuls moyens de faire face à la mégamachine. Requestionner nos besoins, requestionner l’utilité publique de ces aménagements, requestionner les moyens démocratriques pour prendre des décisions à la hauteur des enjeux actuels.Ces luttes ouvrent un imaginaire sur comment contester une économie productiviste via ses composantes les plus matérielles et physiques : ses infrastructures.Voici la fin de la série. J’espère que cet exercice vous a plus. N’hésitez pas à me dire quelle lettre vous avez préféré et on se dit à l’année prochaine pour de nouvelles aventures ✌📅 Calendrier de l'Avent 25/26 - Y comme Youtube
04:31|Le mot d’aujourd’hui pour la lettre Y est Youtube ou plus précisément les chaînes Youtube que je suis pour mieux m’informer sur les enjeux socio-écologiques.Depuis des années, comme beaucoup de personnes, j’essaye de m’informer sur ces sujets. Traditionnellement, je lisais des articles scientifiques pointus sur la question du métabolisme des sociétés que ce soit au niveau théorique ou au niveau méthodologique.Puis, depuis quelques années, une série de chaînes youtube ont commencé à mettre des conférences en ligne ou des podcasts qui filment en même temps des épisodes avec des scientifiques.Cette nouvelle source de contenu m’a permis de découvrir plein de sujets annexes au métabolisme urbain et territorial. Des facettes tant de luttes écologiques, d’imaginaires, de décolonialisme, d’agroécologie, d’écologie politique, de solutions low-techs, etc.Alors les voilà et n’hésitez pas à partager vos chaînes que vous utilisez pour vous informer (et n’hésitez pas à mettre quelques pépites non connues).Circular Metabolism est une publication soutenue par les lecteurs. Pour recevoir de nouveaux posts et soutenir mon travail, envisagez de devenir un abonné gratuit ou payant.Allez à demain pour la lettre Z ✌📅 Calendrier de l'Avent 24/26 - X comme Xénophobie
03:33|Je dois avouer, je ne pensais pas choisir ce mot pour ce calendrier de l’Avent quand j’ai commencé le projet mais je vous invite à regarder le dictionnaire et me trouver un meilleur mot en lien avec les crises socio-écologiques en cours.Par contre, c’est un sujet qui m’inquiète énormèment dans le contexte actuel. Non seuleme c’est la seule réplique de l’extrême droite qui tourne en boucle et qui détruit tous les efforts pour rendre nos sociétés plus solidaires et plus justes. Ces arguments xénophobes viennent également en opposition frontale de notre héritage passé d’exploitation de peuples et de terres passée, présente et potentiellement future.Nous nous dirigeons vers un monde où les conditions de survie vont être de plus en plus difficiles. Des parties entières de la Planète vont être inhabitables que ce soit à cause des canicules, des inondations, de la montée des eaux, des incendies, ou parce que les terres et les océans seront vidés de vie et ne pourront plus nous nourrir.Ces parties de la Planète sont habitées par les populations les plus pauvres, les plus vulnérables et celles qui ont le moins contribuées à la destruction de l’habitabilité de la Planète. Ces personnes seront obligées de se séparer de leurs maisons, de leurs cultures, de leurs héritages pour trouver un lieu plus sûr pour survivre.A quel accueil vont faire face ces personnes ? Que vont faire les dirigeants politiques du Nord Global ? Qu’allons nous faire nous en tant que citoyen.nes ? Allons nous être solidaires et justes ? Allons nous réduire nos consommations excessives pour les redistribuer justement ? Ou allons nous fermer les yeux et nous barricader chez nous ?Bon, et maintenant on fait quoi ? Je n’ai pas vraiment de bonne solution à proposer ici d’autant plus que je ne suis pas spécialiste de la question. Mais ces tensions existent et sont réelles. Et tant qu’elles ne sont pas adressées, il n’existera pas de transformation socio-écologique juste et non-violente.Que ce soit durant la crise des gilets jaunes ou la crise des agriculteur.ices, les débats de justice sociale reviennent sur la table. On ne peut pas demander à une partie de la population de faire des efforts lorsque le haut de la pyramide ne fait pas son travail. Au plus nous tardons d’exiger et mettre en place cette justice sociale, au plus nous allons composer avec des tensions et moins de ressources. Répétons le, la sobriété est encore une fois un des antidotes face au monde incertain de demain.Bon allez j’arrête avec le X et je vous dis à demain pour la lettre📅 Calendrier de l'Avent 22/26 - V comme Verrouillage
04:57|En quelques mots, le verrouillage souligne que la construction d’une infrastructure mais aussi des législations peuvent verrouiller nos habitudes de consommation et de modes de vies pour la durée de de vie cette infrastructure ou législations.Par exemple, lorsque nous construisons un incinérateur, et afin de le rentabiliser financièrement voire rentabiliser les ressources utilisées, nous allons continuer à l’utiliser pour quelques décennies. Et là se trouve le noeud du problème.Dès que nous construisons une infrastructure “nous” devenons obligés de l’utiliser pour la rentabiliser. Dans le cas de l’incinérateur, nous devons continuer à l’alimenter de déchets ménagers pour le rentabiliser alors que précisément les dernières directives européennes nous poussent à réduire la production de déchets.Je vous donne un autre exemple, la Chine ou l’Inde essaye de décarbonner leurs économies mais construisent de nombreuses centrales à charbon tous les ans. Encore une fois le problème est qu’une fois installées ces centrales vont tourner pendant 30 ans ou plus pour être rentabilisées.Donc pour résumer chaque nouvelle infrastructure installée qui linéarise ou rend plus carbonée notre économie le fera encore pour une des dizaines d’années à venir (coucou les Accords de Paris).L’enjeu principal d’un incinérateur, d’une centrale à charbon et d’une autoroute est que nos pratiques deviennent également verrouillées. Si une autoroute est construite, le message envoyé par l’Etat est que nous investissons à un type de mobilité dominant au profit des autres. Nous choisissons de donner des sous et des ressources à un mode de vie plutôt qu’un autre. Et si nous poussons la réflexion un peu plus loin, nous sacrifions notre précieux budget carbone et de ressources et venons piocher dans les réserves des voisins et des générations futures.Donc si nous savons que certaines infrastructures ne sont plus viables selon les Accords de Paris, ou au niveau des ressources requises ou au niveau de la justice sociale et écologiques alors que faire de celles-ci ? Il me semble qu’on arrive tout doucement sur la question du démantèlement et du sabotage.Si ces infrastructures sont trop polluantes et injustes, comment choisir collectivement quoi démanteler et comment le faire ? Qui va obliger les entreprises pétrolières, de charbon, de gaz naturel, les entreprises de construction, les entreprises de valorisation de déchets, d’arrêter d’installer de nouvelles infrastructures et de déconstruire les plus polluantes ?Est-ce la pression sociétale qui va se traduire en action politique ? Est-ce des outils de démocratie directe tels les référendums ? Est-ce de la désobéissance civile “semi”-violente ? Et à quoi cela va ressembler financièrement ? Est-ce que l’Etat va racheter ses infrastructures pour internaliser les coûts ? Est-ce que ces entreprises vont devoir internaliser les coûts et venir piocher dans leurs profits historiques ?Connaissant le niveau de violence et le nombre de morts que les inondations et les canicules entrainent à cause d’une série d’infrastructures polluantes, ne serait-il pas urgent de les démanteler voire les saboter comme mentionne Andreas Malm ? Comme la majorité d’entre nous, je ne suis pas fan de la violence mais il est important de comprendre les dynamiques présentes et futures. Les anciennes infrastructures nous verrouillent aujourd’hui à toujours plus polluer et toute nouvelle infrastructure va nous verrouiller vers de nouvelles pratiques et nouvelles consommations de ressources.A nous de rendre plus explicite ces mécanismes et surtout bien comprendre que nous devons simultanérment démanteler des infrastructures polluantes et construire des infrastructure non-polluantes. Il s’agit d’un bras de fer infrastructurel ainsi que des modèles de gouvernance associé qui va décider de notre futur.Allez à demain pour la lettre W ✌📅 Calendrier de l'Avent 21/26 - U comme Urbanocène
04:17|Il s’agit d’un concept développé par Neil Brenner en collaboration avec différents collègues (dont Nikos Katsikis). Ce concept questionne l’étendue réelle des villes.Lorsque nous lisons les statistiques officielles de l’ONU, il ressort souvent que les villes occupent 3% de la surface terrestre et accueillent plus de la moitié de la population globale.Mais la question à mille points est comment définir ce qu’est une ville et ce que ne l’est plus. Au niveau Européen, Eurostat, définit une ville comme un territoire densément bâti, avec une population de plus 50 000 habitant.es et une administration politique associée.Le problème est que pour la majorité des villes dans le monde, cette définition n’inclus qu’une petite partie du territoire réellement influencé par les villes. Dans la majorité des cas, les banlieus des villes s’étendent au-delà des limites administratives. Les personnes qui viennent travailler et font tourner une ville (les personnes qui travaillent dans les soins, le nettoyage, la collecte des déchets, etc.) vivent souvent à plusieurs dizaines de kms de leur lieu de travail.En quelques sortes, le territoire où habitent ces travailleur.euses est un territoire servant ou fantôme de la ville. Même si la ville n’est pas politiquement responsable de ce territoire elle l’influence directement. A cause de la ville, ce territoire se voit complètement transformé.Si nous poussons la réflexion plus loin, quels sont tous les territoires, écosystèmes et personnes qui sont mobilisés par les villes. Est-ce qu’un champ qui nourrit une ville fait en quelque sorte partie de la ville ? Est-ce qu’une carrière qui extraie le sable et le gravier pour les constructions d’une ville est assimilé par cette ville ? Etc. etc.Au final jusqu’où s’étendent les villes et quelles devraient être les responsabilités étendues d’une ville lorsqu’elles viennent réellement transformés tous les territoires proches et lointains (pensons à un champ de soja qui nourrit du bétail français pour nourrir un.e citadin.e français.e) ?Si nous poussons la réflexion à l’extrême, existe-t-il réellement des territoires qui sortent de l’emprise de l’urbain (c’est-à-dire la ville construite, mais aussi son emprise de pouvoir et ses modes de vies associés) ? Est-ce que finalement la vie à la campagne et tellement différent de celle de la ville, sachant que nous achetons des produits similaires en ayant des habitudes pas si différentes ? Une fois ce constat fait que nous apprend réellement ce concept ou que pouvons nous faire avec celui-ci. En effet, l’idée n’est pas juste de dire que tout est urbain et nous sommes tou.tes quelque part urbain. Pour moi, ce concept nous appelle à se poser réellement la question de la gouvernance des ressources, des terres, des emplois au niveau local, national et international. Lors des épisodes sur l’échange inégal et de la géopolitique des ressources, nous avions souligné qu’il faudra trouver des modalités justes pour partager les ressources tout en tenant compte du passé colonial mais aussi de l’oppression des villes sur les campagnes.Vu qu’il existe une relation de la poule et de l’oeuf entre les villes et l’économie néolibérale, nous pouvons nous poser la question à quoi ressembleront les territoires qui échangent de manière juste avec leurs voisins. Est-ce qu’un territoire qui abrite plus de 100 000 personnes ou 1 000 000 de personnes est par définition un territoire injuste qui approprient des ressources proches et lointaines ?Il est sûr que les villes d’aujourd’hui nous laissent penser ceci. Mais est-ce une fatalité ? Une chose est sûr, si nous réduisons notre demande de ressources et nous relocalisons en partie cette demande, ces échanges pourront être plus apaisés.Allez à demain pour la lettre V ✌📅 Calendrier de l'Avent 20/26 - T comme Transition
10:23|Le mot d’aujourd’hui pour la lettre T est Transition.C’est un autre concept est souvent revenu dans cette série d'épisodes et qu’on entend un peu partout, tout le temps et à toutes les sens. On l’entend tellement qu’il est difficilement d’y voir clair. De séparer les discours de greenwashing, d’une étude sérieuse de la transformation d’une société.Afin d’y voir un peu plus clair je vous propose de vous présenter quelques définitions et quelques composantes d’une transition pour mieux recontextualiser les efforts actuels par différents acteurs.📚 Transition : une définitionDe manière simple, nous pouvons définir la transition comme un passage d’un état (stable) vers un autre. Ceci est facilement imaginable quand nous pensons la transition de l’eau d’un état solide vers un état liquide ou gazeux.Par contre, quand on parle d’un système socio-écologique (par exemple un territoire ou une ville), qu’est-ce qui décrit un état ? Qu’est-ce qui décrit un état stable et en existe-t-il un ? Existe-t-il des phases ou éléments fondamentaux pour qu’une transition s’opère ? Quand pouvons nous acter qu’une transition a été effectuée ? Et pouvons nous de manière théorique prévoir voire orchestrer une transition ?Pour aborder cette notion complexe, je vous propose de donner quelques définitions puis un exemple. Dans le graphique ci-dessous, certaines composantes d’une transition (empruntées des transitions des systèmes écologiques) sont illustrées dans la Figure 1 :Signaux d’Alerte Précoces (Early Warning Signals) : Série de signaux qui annoncent qu’un changement significatif pourrait se produire à faible ou grande probabilité. Par exemple, une fréquence élevée de canicules peut être un signal d’une perturbation de plus grande ampleur ou chronique.Déclencheur (Trigger) : Elément déclencheur qui initie un processus de transition. Par exemple, une pénurie de bois peut être l’élément déclencheur pour introduire le charbon comme vecteur énergétique principal.Point de Bascule (Tipping Point) : Un point de bascule survient lorsque un faible changement (d’une quantité d’un flux de consommation ou de pollution) entraîne une réponse forte et non-linéaire. Par exemple, une fois la pollution d’un lac dépasse un certain seuil, toute la vie du lac peut s’éteindre d’une manière abrupte et (quasi)irreversible.Transition : ensemble des processus qui bascule un système d’un état (stable) vers un autre état (stable).Afin d’éplucher cette complexité, je vous propose d’étudier l’évolution de la consommation énergétique de Paris du XVIIIè siècle à aujourd’hui grâce à l’incroyable article d’Eunhye Kim et Sabine Barles (Kim et Barles 2012).Dans cet article nous pouvons découvrir plusieurs transitions énergétiques du système socio-écologique “Paris”. Par exemple, la consommation énergétique de Paris avant le 19ème était basée à 100% de bois (bois de chauffage, à brûler et charbon de bois). Il a fallu environ 50 ans pour le charbon devienne le vecteur énergétique principal. Il a fallu par la suite environ un siècle pour que les combustibles fossiles (autres que le charbon) représente ensemble plus de 50% du mix énergétique (avec une disparition complète du bois). Cinquante ans plus tard, l’électricité et la chaleur représente 50% du mix énergétique parisien.📅 Calendrier de l'Avent 19/26 - S comme Sobriété
03:25|Ce concept se retrouve en filigrane dans toute une série d’épisodes. Sur la question des flux, des low-techs, de l’échange inégal, de la justice environnementale, sur la décroissance. Bref, comme vous le voyez c’est un concept central pour la question des enjeux socio-écologiques présents et futurs.Lors de mon entretien avec Yamina Saheb, elle me mentionnée que la sobriété telle que décrite dans le volet 3 du sixième rapport du GIEC pourrait se définir ainsi :"les politiques de sobriété sont un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau, tout en assurant le bien-être humain pour tou.tes dans le cadre des limites planétaires".Si nous décortiquons cette définition, nous avons quatre points à souligner :1/ La sobriété se base d’abord sur des mesures politiques qui par la suite facilitent les pratiques quotidiennes. Il est beaucoup plus simple de prendre un vélo lorsqu’il existe une piste cyclable. Il est beaucoup plus simple de se déplacer à pied lorsque les logements sont proches des emplois et des commerces.2/ La sobriété doit se focaliser sur toutes les ressources et sortir de la myopie carbone et énergétique. Nous devons réduire de manière absolue, simultanée et systémique notre demande de ressources sans compromis d’une ressource vers une autre.3/ La consommation des ressources doit être utilisée pour assurer le bien-être humain. Il est ici sous-entendu que nous utilisons aujourd’hui des ressources qui ne contribuent pas directement au bien-être et qu’il serait nécessaire de s’assurer de ce lien. Cette consommation de ressources doit aussi s’intégrer à l’intérieur des limites planétaires4/ Finalement, la partie sur le bien être pour tou.tes souligne cette fois-ci la question de justice environnementale mentionnée dans un autre épisode.Dans le résumé pour décideurs de ce fameux volet 3, nous pouvons également voir que l’impact des mesures de sobriété est énorme. Les mesures de sobriété dans l’alimentation pourraient réduire de 44% les émissions de GES associées. Dans le cas du transport la réduction serait autour de 67%, dans le cas des bâtiments 66% et dans le cas de l’électricité 73%.En français, le mot sobriété est peut-être choisi pour illustrer notre ébriété matérielle et énergétique durant ce dernier siècle. Il est sûr que nous sommes devenus accros à de l’énergie pas cher et à des matériaux sont se soucier des dégâts environnementaux et sociétaux proches ou lointains.Mais le mot suffisance comme en anglais sufficiency serait peut-être encore plus approprié selon moi pour illustrer la sobriété. La vraie idée derrière la sobriété serait de consommer que les ressources suffisantes pour satisfaire les besoins et pas plus. Eviter la demande excessive afin de ne pas produire de trop.Allez à demain pour la lettre T,✌️📅 Calendrier de l'Avent 18/26 - R comme Régimes d'Historicité
03:25|Le mot d’aujourd’hui pour la lettre R est Régime d’Historicité.Ce concept assez nouveau pour moi, représente le rapport que les sociétés entretiennent avec leur passé, leur présent et leur futur. Ce concept ou outil heuristique développé par l’historien François Hartog se place entre l’histoire et l’anthropologie et nous permet de mieux recontextualiser certains choix techniques et politiques d’une société.Par exemple en Grèce Antique, nous pourrions parler d’un régime d’historicité antique ou passéiste. Le passé était glorifié et le présent et le futur étaient en quelques sortes prédéterminés par les mythes passés.Nous avons également le régime d’historicité moderne qui selon François Hartog va de 1789 à 1989 et qui est cette fois-ci futuriste. Dans ce régime d’historicité, le passé et le présent se projettent vers le futur qui sera par définition ou construction meilleur et prospère. Il y a un effet d’accélération perpétuelle vers le futur qui est très dépendant au progrès.Je dois ouvrir une parenthèse ici, par rapport à la question du progrès. Lors de mon entretien avec François Jarrige, il me disait que le progrès était accompli par différents moyens à travers les siècles. Par exemple durant le 18ème, le progrès pouvait être accompli par l’amélioration des moeurs, l’essor du commerce, l’essor des savoir et des connaissances. Cette diversité de la conception du progrès va se refermer au 19ème en mettant en avant la technique comme seul moyen d’avoir du progrès.Cette nouvelle conception du progrès ainsi que ce régime d’historicité moderne nous plonge pendant quasi deux siècles dans un verrouillage idéologique et technologique dans lequel nous devons toujours aller vers l’avant et pour se faire on a besoin de progrès technologique.Circular Metabolism est une publication soutenue par les lecteurs. Pour recevoir de nouveaux posts et soutenir mon travail, envisagez de devenir un abonné gratuit ou payant.AbonnéOlivier Coutard me disait dans un autre entretien que ce régime d’historicité moderne avait aussi été cristalisé et permi par les infrastructures. En effet, les infrastructures modernes sont conçues pour matérialiser des promesses futures. Nous empruntons de l’argent et des ressources pour la promesse de gains futurs que ce soit des économiques ou alors la satisfaction de futurs besoins.Et là se trouve tout l’enjeu.On hérite à présent d’une myriade d’infrastructures qui sont conçues pour un futur toujours plus abondant avec une idéologie qu’il est impossible de saturer les besoins puisqu’ils croissent de manière non bornée.Finalement, selon François Hartog, nous nous trouvons peut-être aujourd’hui dans un nouveau régime d’historicité, qui est peut-être transitoire, qui s’appelle le présentisme. En d’autres mots nos sociétés ne se préoccupent plus du passé ou du futr mais elles sont obsédées par le présent. Nous n’avons plus d’horizons futurs.Pour conclure, je dois bien préciser que je suis ni historien, ni anthropologue mais je trouve ce concept de régimes d’historicité très utile pour comprendre pourquoi nos mettons en place certaines infrastructures, pourquoi les personnes politiques mettent en avant des promesses futures qui vont être résolues grâce à la technique et finalement peut-être pourquoi aujourd’hui nous n’avons pas de vision claire pour le futur.Allez à demain pour la lettre S,✌️