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Choses à Savoir - Culture générale

Pourquoi le piège de Thucydide pourrait conduire à la guerre avec la Chine ?

Le « piège de Thucydide » est une théorie historique et géopolitique qui décrit un mécanisme récurrent : lorsqu’une puissance montante menace de supplanter une puissance dominante, la confrontation armée devient presque inévitable. Cette idée trouve son origine dans les écrits de Thucydide, historien grec du Ve siècle avant notre ère, auteur de La Guerre du Péloponnèse. Dans son œuvre, il analyse le conflit entre Athènes et Sparte, deux cités rivales dont la rivalité finit par plonger la Grèce antique dans une guerre longue et dévastatrice.


Thucydide y écrit cette phrase devenue célèbre :


« Ce fut la montée en puissance d’Athènes et la crainte que cela inspira à Sparte qui rendit la guerre inévitable. »


Cette observation simple mais profonde a traversé les siècles. Elle met en lumière une dynamique psychologique autant que stratégique : la peur. Lorsqu’un État établi sent son hégémonie menacée, il a tendance à réagir par la méfiance, la coercition, voire la guerre préventive. De son côté, la puissance montante se sent injustement entravée et réagit à son tour par la défiance et la provocation. Le cycle de la peur et de la réaction mutuelle s’enclenche, jusqu’à l’affrontement.


Dans l’histoire moderne, ce piège de Thucydide semble s’être reproduit à plusieurs reprises. Au début du XXe siècle, la montée de l’Allemagne impériale face au Royaume-Uni est souvent citée comme un exemple typique : la crainte britannique de perdre sa suprématie maritime contribua à l’engrenage qui mena à la Première Guerre mondiale. Plus récemment, cette grille de lecture a été remise au goût du jour par le politologue américain Graham Allison pour analyser les relations entre les États-Unis et la Chine. Washington, puissance dominante depuis 1945, voit en Pékin une menace économique, technologique et militaire croissante. Pékin, de son côté, estime légitime de revendiquer une place de premier plan. La tension entre ces deux géants incarne parfaitement le dilemme décrit par Thucydide il y a 2 400 ans.


Mais le piège n’est pas fatal. Dans plusieurs cas — comme la transition entre la domination britannique et américaine au XIXe siècle — la rivalité ne déboucha pas sur la guerre. Cela montre qu’il est possible d’échapper au piège de Thucydide par la diplomatie, la coopération et la maîtrise des peurs réciproques.


Ainsi, ce concept rappelle que les guerres ne naissent pas seulement des ambitions, mais aussi des émotions collectives : la peur de décliner, la volonté de s’affirmer. Et comprendre ce mécanisme, c’est peut-être la meilleure façon d’éviter qu’il se répète.

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  • Pourquoi trouve-t-on des snacks près des ordinateurs à Taïwan ?

    02:30|
    Si vous visitez un laboratoire de recherche, une salle de serveurs ou une entreprise high-tech à Taïwan, vous remarquerez peut-être un détail intrigant : des paquets de snacks Kuai Kuai soigneusement posés sur les ordinateurs, les routeurs ou les machines industrielles. Non, ce n’est pas une pause-café oubliée. C’est un rituel bien réel, respecté par des ingénieurs, des chercheurs et même des institutions gouvernementales.Tout commence avec la marque Kuai Kuai (乖乖), littéralement « sois sage » ou « sois obéissant » en chinois. Créés dans les années 1960, ces petits biscuits soufflés au maïs sont très populaires à Taïwan. Mais avec le temps, leur nom a pris une valeur symbolique inattendue : dans la culture taïwanaise, placer un paquet de Kuai Kuai à proximité d’un appareil, c’est une manière humoristique et superstitieuse de lui demander d’« être sage » — autrement dit, de fonctionner sans panne.Le rituel s’est propagé dans les années 1990 dans les milieux technologiques et scientifiques. Les ingénieurs, confrontés à des machines capricieuses ou à des serveurs instables, ont adopté ces snacks comme porte-bonheur officiels. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir un paquet vert de Kuai Kuai sur les serveurs d’une banque, les ordinateurs d’un observatoire ou même sur les satellites de l’agence spatiale taïwanaise !Mais attention : le code couleur est crucial. Le paquet vert, saveur noix de coco, est celui qu’il faut utiliser, car le vert symbolise le bon fonctionnement, la stabilité et la sécurité. En revanche, les paquets jaunes ou rouges sont à proscrire : le jaune évoque l’avertissement, le rouge la panne ou le danger. Certains techniciens vont jusqu’à vérifier la date de péremption du paquet, car un Kuai Kuai périmé risquerait d’annuler son effet protecteur — voire d’attirer la malchance !Les entreprises ont même institutionnalisé la pratique : certains services de maintenance exigent qu’un paquet neuf soit déposé après chaque mise à jour logicielle. D’autres personnalisent leurs Kuai Kuai avec des étiquettes de projet ou le nom de la machine.Derrière cette superstition amusante se cache un aspect typiquement taïwanais : un mélange de technologie de pointe et de traditions populaires. Les ingénieurs savent bien que les biscuits n’ont aucun pouvoir magique… mais ils les gardent quand même, par respect pour le folklore et pour l’esprit d’équipe qu’il crée.En somme, le Kuai Kuai n’est pas qu’un snack : c’est un symbole de chance et de stabilité, devenu la mascotte officieuse de l’industrie high-tech taïwanaise.
  • Pourquoi mangeons-nous du sable sans le savoir ?

    02:33|
    La question paraît absurde, presque inquiétante, et pourtant la réponse est simple : nous consommons régulièrement du dioxyde de silicium, aussi appelé silice, classé comme additif alimentaire sous le nom de E551. Et cette silice n’est rien d’autre qu’un proche cousin… du sable.Attention : il ne s’agit pas du sable granuleux que l’on trouve sur la plage, mais d’une forme extrêmement fine et amorphe, invisible à l’œil nu. Cette poudre très légère possède une propriété précieuse pour l’industrie alimentaire : elle empêche les aliments de coller entre eux. C’est ce qu’on appelle un agent anti-agglomérant. Sans elle, de nombreux produits de nos placards formeraient des blocs durs et inutilisables.On retrouve cet additif dans le café soluble, les soupes en poudre, les sauces instantanées, certaines épices, les compléments alimentaires, mais aussi dans le très banal sel de table. Le rôle du E551 est toujours le même : absorber l’humidité, rendre le produit fluide, permettre un meilleur dosage et éviter les paquets compacts.Mais d’où vient cette idée d’ajouter de la silice alimentaire ? En fait, cette pratique est ancienne. Dès les années 1950, les industriels comprennent que la poudre de silice améliore la conservation et la manipulation des produits secs. Elle ne modifie ni le goût ni la couleur, elle est stable, bon marché, efficace… et naturellement abondante : la silice constitue environ 60 % de la croûte terrestre.La question qui fâche vient alors : est-ce dangereux ? Les agences sanitaires – européennes comme américaines – considèrent la silice amorphe comme sûre aux doses utilisées dans l’alimentation. Elle traverse notre organisme sans être absorbée. En revanche, une autre forme de silice, appelée silice cristalline, est à éviter lorsqu'elle est inhalée sous forme de poussière : elle est classée cancérogène dans certaines conditions. Ce n’est cependant pas celle que l’on trouve dans les aliments.Paradoxalement, nous en consommons tous, quotidiennement, sans nous en rendre compte. Et l’on pourrait aller encore plus loin : la silice est également utilisée dans certains vins, dans la filtration de la bière, dans le pain industriel ou encore dans certaines friandises, toujours pour stabiliser les textures.En somme, nous ne mangeons pas du sable au sens littéral, mais un ingrédient très commun, purifié, contrôlé et utile. Un minéral discret qui accompagne en silence la plupart des produits secs de nos cuisines. Et dont nous ignorons presque toujours la présence.
  • Pourquoi les statues sont-elles souvent en bronze ?

    02:04|
    Depuis plus de 4 000 ans, le bronze est le métal préféré des sculpteurs. Des dieux grecs aux figures contemporaines, il traverse les siècles sans prendre une ride. Mais pourquoi ce matériau, né à l’aube de la civilisation, reste-t-il encore aujourd’hui la référence absolue de la sculpture ?Le bronze est un alliage de cuivre et d’étain. Dès l’Antiquité, les artisans ont découvert que cette combinaison produisait un métal à la fois résistant, malléable et durable. Contrairement au fer, qui rouille, ou à la pierre, qui casse, le bronze supporte le temps, les intempéries et les manipulations sans se dégrader. Il ne se fissure pas, ne se corrode que très lentement et peut même être poli pour briller comme de l’or.Mais la vraie révolution du bronze, c’est sa souplesse artistique. Lorsqu’il est chauffé, il devient liquide et peut être coulé dans des moules très précis. Cette technique, appelée “cire perdue”, consiste à sculpter d’abord le modèle en cire, à le recouvrir d’un moule en argile, puis à faire fondre la cire pour y verser le métal fondu. Résultat : le bronze reproduit fidèlement les moindres détails du modèle original — muscles, plis du tissu, expression du visage. C’est grâce à cela que les artistes de la Grèce antique ou de la Renaissance ont pu donner vie à des œuvres d’un réalisme saisissant.Le bronze possède aussi une valeur symbolique. Par sa couleur chaude et sa brillance, il évoque la noblesse, la force et la permanence. De nombreux peuples l’ont utilisé pour représenter leurs dieux, leurs héros ou leurs souverains, précisément parce qu’il résiste à l’usure du temps. Une statue en bronze, c’est un message de puissance et d’éternité.Un autre atout du bronze est sa stabilité physique : en refroidissant, il se contracte légèrement, ce qui facilite le démoulage et réduit le risque de cassure. De plus, il peut être fondu et refondu sans perdre ses qualités, permettant de corriger, réparer ou même recycler les œuvres.Aujourd’hui encore, les sculpteurs contemporains continuent de choisir ce métal millénaire, autant pour ses qualités techniques que pour son héritage artistique. Le bronze allie la solidité du métal à la finesse du geste humain — un mariage parfait entre science et art.En somme, si les statues sont souvent en bronze, c’est parce que nul autre matériau ne conjugue aussi bien beauté, précision et immortalité.
  • Pourquoi parle-t-on de “bouc-émissaire” ?

    02:31|
    L’expression « bouc émissaire » a une origine à la fois biblique, religieuse et symbolique, remontant à plus de trois mille ans. Aujourd’hui, elle désigne une personne injustement accusée et punie à la place des véritables responsables — mais son sens premier était beaucoup plus concret et rituel.Tout commence dans l’Ancien Testament, dans le Livre du Lévitique (chapitre 16), texte fondamental de la tradition juive. À l’époque, les Hébreux célébraient chaque année le Yom Kippour, le grand jour de l’expiation. Ce jour-là, le grand prêtre d’Israël accomplissait un rituel destiné à purifier le peuple de ses fautes. Deux boucs étaient choisis : l’un était sacrifié à Dieu, l’autre devenait le bouc émissaire. Le prêtre posait symboliquement les mains sur sa tête et transférait sur lui les péchés de toute la communauté. Puis l’animal, chargé de ces fautes, était chassé dans le désert, vers un lieu inhabité appelé « Azazel ». Il emportait ainsi les péchés du peuple loin du camp.Ce rite très ancien visait à purifier la collectivité en rejetant symboliquement le mal hors d’elle. L’expression hébraïque originelle, ‘azazel, a longtemps prêté à confusion : on ne savait pas s’il s’agissait d’un lieu, d’un démon du désert ou du nom donné au bouc lui-même. Les premières traductions de la Bible en grec, puis en latin, ont choisi de rendre le terme par « bouc pour l’éloignement » (caper emissarius), d’où vient notre expression française « bouc émissaire ».Au fil des siècles, la dimension religieuse a disparu, mais l’image est restée puissante. Le bouc émissaire est devenu une métaphore sociale et psychologique. Dans toute société, lorsqu’un groupe traverse une crise — guerre, famine, épidémie, échec politique — il cherche souvent un responsable unique, un individu ou une minorité sur qui reporter la faute collective. C’est ce mécanisme que le philosophe et anthropologue René Girard a théorisé au XXe siècle : selon lui, les sociétés humaines maintiennent leur cohésion en désignant une victime expiatoire, qu’on exclut ou qu’on sacrifie pour apaiser les tensions internes.Ainsi, le « bouc émissaire » d’aujourd’hui — qu’il soit un collègue, un groupe social ou un peuple — n’est que l’héritier moderne du rituel antique : une manière de se débarrasser du mal ou du conflit en le projetant sur un autre. L’expression rappelle à quel point le besoin de désigner un coupable est ancré dans nos mécanismes les plus anciens de survie et de cohésion collective.
  • Pourquoi manger du homard a été un signe de pauvreté ?

    02:04|
    Pendant des siècles, le homard n’a pas été ce mets raffiné qu’on savoure aujourd’hui dans les restaurants étoilés. Bien au contraire : il fut longtemps considéré comme le “poulet du pauvre”, un aliment de misère réservé aux marginaux, aux prisonniers et aux domestiques. L’histoire de ce renversement de prestige est à la fois sociale, économique et culturelle.Au XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècle, sur les côtes d’Europe comme d’Amérique du Nord, le homard abondait. Tellement abondait, en réalité, qu’il s’échouait parfois en masse sur les plages après les tempêtes. En Nouvelle-Angleterre, certaines villes de pêcheurs voyaient ces crustacés s’entasser par milliers dans les filets. Ils étaient si nombreux qu’on les utilisait comme engrais pour les champs ou nourriture pour les cochons. Autant dire qu’ils n’avaient rien de rare ni de noble.Pour les colons et les populations pauvres, le homard représentait la solution facile : riche en protéines, gratuit, facile à pêcher. Dans les prisons du Massachusetts, les détenus s’en plaignaient ouvertement : certains règlements interdisaient même d’en servir plus de trois fois par semaine, tant les prisonniers s’en disaient écœurés. En Europe aussi, sur les côtes bretonnes ou irlandaises, le homard faisait partie de la ration des serviteurs ou des marins les plus modestes.Alors, que s’est-il passé pour qu’il devienne un produit de luxe ?Au XIXᵉ siècle, plusieurs changements s’opèrent. D’abord, le rail et la conservation permettent de transporter le homard vivant ou en conserve vers les grandes villes. Le crustacé devient exotique pour les citadins. Ensuite, la raréfaction naturelle due à la surpêche en fait un produit moins commun. Et surtout, la montée de la gastronomie française transforme son image : les grands chefs le cuisinent avec des sauces riches, des présentations spectaculaires, et le homard devient synonyme de raffinement.En quelques décennies, il passe du rôle de “nourriture du pauvre” à celui de “symbole du luxe”. Son prix grimpe, sa consommation se raréfie, et le regard social s’inverse totalement.Aujourd’hui encore, ce contraste fascine : un même animal qui, jadis, symbolisait la misère, incarne désormais l’élégance et la réussite. Manger du homard, c’est goûter à une ironie de l’histoire — celle d’un crustacé qui, sans changer de carapace, a changé de monde.
  • Pourquoi dit-on “se faire l'avocat du Diable” ?

    02:02|
    L’expression « se faire l’avocat du diable » vient d’une tradition bien réelle, née au cœur de l’Église catholique, plusieurs siècles avant d’entrer dans le langage courant. Elle désigne aujourd’hui quelqu’un qui défend une position contraire à la majorité, souvent pour provoquer le débat ou tester la solidité d’un argument. Mais son origine est bien plus solennelle : elle plonge dans le rituel de canonisation des saints.À partir du XVIᵉ siècle, sous le pape Sixte V, l’Église établit une procédure rigoureuse pour évaluer les candidats à la sainteté. L’objectif est clair : éviter les emballements populaires ou les canonisations hâtives. Pour cela, un poste officiel est créé : celui du Promotor Fidei, littéralement le “promoteur de la foi”. Son rôle ? Examiner minutieusement la vie, les miracles et les vertus du candidat, mais surtout… en démonter les failles. Ce juriste ecclésiastique devait chercher les incohérences, les doutes, les contradictions, et pointer tout élément qui contredirait la réputation de sainteté.Très vite, ce personnage est surnommé « advocatus diaboli », c’est-à-dire « l’avocat du diable ». Non pas parce qu’il défendait le mal, mais parce qu’il s’opposait systématiquement à la cause du futur saint, jouant le rôle de la contradiction, du scepticisme, de la raison froide face à la ferveur religieuse. En face de lui se tenait l’« advocatus Dei », l’avocat de Dieu, chargé de défendre le candidat et de prouver ses miracles. Ensemble, ces deux figures incarnaient le principe du débat contradictoire au sein même de la théologie.L’expression sort du cadre religieux au XIXᵉ siècle pour rejoindre la langue commune. Elle en conserve le sens figuré : endosser volontairement une position contraire pour éprouver une idée. Se “faire l’avocat du diable”, c’est donc adopter une posture critique, parfois provocatrice, non par conviction, mais pour pousser la réflexion plus loin. Dans le journalisme, la philosophie ou les débats publics, cette attitude est devenue un outil intellectuel essentiel — un moyen d’éviter les certitudes trop faciles et de tester la solidité d’un raisonnement.Aujourd’hui, l’expression garde une connotation ambivalente. D’un côté, elle évoque la curiosité, l’esprit critique, la rigueur. De l’autre, elle peut désigner quelqu’un qui cherche la polémique pour le plaisir de contredire. Mais à l’origine, l’« avocat du diable » n’était ni cynique ni moqueur : c’était un gardien du discernement, celui qui rappelait que même la sainteté doit résister à l’épreuve du doute.
  • Pourquoi l’IA pleure pour vous attendrir ?

    03:20|
    Le scénario est souvent celui-ci : Il pleure. Sa voix tremble. On devine les sanglots étouffés d’un jeune homme en détresse. Il dit s’appeler Lucas, il dit avoir eu un accident. Il a besoin d’aide. Et vous, à l’autre bout du fil, vous n’avez aucun doute : c’est bien la voix de votre neveu. Vous la reconnaissez. Sauf que… Lucas n’a jamais décroché son téléphone. Ce n’est pas lui. C’est une IA.Autre scénario, et qui a vraiment eu lieu celui-ci, en 2023, Jennifer DeStefano, une mère de famille américaine, reçoit un appel paniqué : sa fille de 15 ans, Briana, pleure, supplie qu’on vienne la sauver. En arrière-plan, des voix masculines hurlent qu’ils vont lui faire du mal si elle ne paie pas une rançon. Jennifer est tétanisée : la voix est celle de sa fille, les intonations, les sanglots, tout y est. Mais la police découvrira plus tard qu’il s’agissait d’une copie vocale générée par IA à partir de quelques secondes de vidéos postées sur TikTok. L’arnaque n’a duré que quelques minutes, mais elle a suffi à plonger une famille entière dans la terreur. Depuis, les experts en cybersécurité tirent la sonnette d’alarme : les IA vocales émotionnelles savent désormais imiter non seulement la voix, mais aussi la peur, la douleur, la tendresse. Bref les émotions ! En moins d’une minute d’enregistrement, un logiciel peut ainsi créer une fausse conversation chargée émotionnellement et d’une authenticité glaçante.C'est ce qu'on appelle des “arnaques émotionnelles IA” et elles se multiplient : faux appels d’urgence, fausses vidéos de proches, voire faux amoureux numériques sur des sites de rencontre, capables de vous parler des heures avant de réclamer une aide financière.Le danger, vous l'avez compris, et c'est là toute la nouveauté, c’est l’émotion. Ces IA savent exactement où frapper : dans le réflexe humain de compassion. Pourquoi ? Parce que ace à une voix qui pleure, notre cerveau perd en rationalité. Il baisse la garde. Une étude neuro-cognitives publiée en 2024 dans Nature Communications montre ainsi que lorsqu’une voix émotive (pleurs, détresse) parvient à un auditeur, la réponse cérébrale de celui-ci priorise le signal affectif plutot que la rationnalité— ce qui réduit la vigilance et favorise une décision impulsive.La solution ? La protection numérique.Toujours vérifier, toujours rappeler via un autre canal. Et s’équiper d’outils capables de repérer les signaux d’alerte : comme les antivirus et les solutions de protection contre les arnaques d'Avast, qui soutient cet épisode. La version payante d’Avast identifie et bloque les appels frauduleux, permettant aux utilisateurs de choisir entre répondre, ou ignorer ses appels.D'ailleurs faites particulièrement attention aux arnaques liées aux achats de fin d’année. Une récente étude d’Avast révèle que 22 % des consommateurs français affirment en avoir été victimes pendant les fêtes l'année dernière. A cette période, nous avons tendance à baisser la garde en ligne et les escros le savent. Les arnaques vont donc se multiplier et seront toujours plus sophistiquées.Aussi je vous invite à tester l'Antivirus Gratuit d'Avast qui offre une protection complète contre les virus, les malwares et les escroqueries en ligne sur PC, Mac, et smartphones (iOS et Android). A télécharger depuis depuis Google Play et l’App Store d’Apple ou en cliquant directement sur le lien suivant:https://www.avast.com/fr-fr/lp-free-av?full_trSrc=mmm_ava_tst_008_470_g&utm_source=codesource&utm_medium=referral&utm_campaign=mid-funnel_mmm_ava_tst_008_470_g&utm_content=mid_audio
  • Pourquoi certaines personnes aiment les films d'horreur ?

    02:10|
    Si certaines personnes adorent les films d’horreur tandis que d’autres les fuient, la raison se trouve en grande partie dans notre cerveau. Les neurosciences montrent que tout dépend de la manière dont chacun traite la peur, cette émotion universelle mais extrêmement variable d’un individu à l’autre.Lorsqu’on regarde une scène effrayante, l’amygdale, une petite structure située au cœur du cerveau, s’active. C’est elle qui déclenche la réponse de peur : accélération du rythme cardiaque, sécrétion d’adrénaline, contraction musculaire. En temps normal, cette réaction prépare à fuir ou à se défendre. Mais dans un cinéma ou sur un canapé, le cerveau sait qu’il n’y a aucun danger réel. Résultat : la peur devient une expérience contrôlée, une montée d’adrénaline sans risque, un peu comme les montagnes russes.Chez les amateurs de films d’horreur, cette activation de l’amygdale s’accompagne souvent d’une libération de dopamine, le neurotransmetteur du plaisir et de la récompense. Ils ressentent donc un mélange paradoxal de peur et d’excitation. C’est cette combinaison – la montée du stress suivie du soulagement – qui crée le frisson agréable. Des chercheurs de l’Université de Copenhague ont montré en 2020 que le cerveau des amateurs de films d’horreur alterne très vite entre état d’alerte et retour à la sécurité, un peu comme un entraînement émotionnel : ils apprennent à “jouer” avec leur peur.À l’inverse, certaines personnes ont une hyperactivité de l’amygdale ou une moindre régulation de cette zone par le cortex préfrontal, la région du raisonnement. Leur cerveau a plus de mal à distinguer la fiction du réel. Pour elles, les images d’horreur déclenchent un véritable état de stress, avec libération excessive de cortisol (l’hormone du stress), sueurs et anxiété prolongée. D’où le rejet total du genre.Enfin, le goût de la peur dépend aussi de la personnalité et du câblage neuronal. Les personnes curieuses, en quête de sensations fortes, ou dotées d’un système dopaminergique plus sensible (comme les amateurs de sports extrêmes) trouvent dans l’horreur une stimulation gratifiante. D’autres, plus anxieuses ou empathiques, activent plus intensément les circuits de la douleur et du dégoût.En résumé, aimer les films d’horreur, c’est une question de chimie cérébrale : pour certains cerveaux, la peur est un jeu excitant ; pour d’autres, c’est une alarme qu’il vaut mieux ne jamais déclencher.
  • Pourquoi certains filles sont gavées de force ?

    02:01|
    Imaginez une petite fille, huit ans à peine, assise sur un tapis. Devant elle, un bol immense de lait de chamelle, une assiette débordante de bouillie. Elle n’a plus faim. Mais sa mère la regarde avec insistance. Dans la culture de sa région, refuser de manger, c’est refuser son avenir. Cette pratique a un nom : le leblouh.Le leblouh, c’est une tradition encore présente en Mauritanie, et dans certaines communautés touarègues. Elle consiste à gaver les jeunes filles de force pour qu’elles prennent du poids, beaucoup de poids. L’objectif ? Les rendre plus belles, plus désirables, et donc… plus faciles à marier.Cette idée ne vient pas de nulle part. Dans ces sociétés sahéliennes, l’histoire a façonné un idéal de beauté très différent du nôtre. Autrefois, être ronde, c’était incarner la richesse, la fertilité, la prospérité. Une femme forte prouvait que son mari avait les moyens de bien la nourrir. À l’inverse, une femme mince évoquait la pauvreté, la maladie ou le manque d’amour.Alors, pour “préparer” leurs filles, certaines mères les soumettent à ce rituel dès l’enfance. Chaque jour, elles doivent avaler des litres de lait, des kilos de bouillie, du beurre, des dattes. Jusqu’à 15 000 calories par jour. Si la fillette refuse, on la punit. Parfois même, on lui pince les doigts entre deux bâtons. Le corps devient un champ de bataille où se joue la valeur d’une vie future.Mais le prix de cette tradition est terrible. Les médecins mauritaniens alertent depuis longtemps : hypertension, diabète, douleurs articulaires, dépression. Les victimes de leblouh paient souvent, à l’âge adulte, le poids d’une beauté imposée.Pourtant, cette pratique résiste encore, surtout dans les zones rurales. Parce qu’elle est intimement liée à la notion d’honneur, de réussite et de mariage. Et parce que les mères, souvent, le font par amour, persuadées d’assurer un avenir meilleur à leurs filles.Depuis quelques années, le gouvernement mauritanien et plusieurs ONG locales, comme l’Association des femmes chefs de famille, mènent campagne pour changer les mentalités. Dans les villes, une nouvelle génération rejette le leblouh. Les réseaux sociaux, la scolarisation, l’accès à l’information font reculer cette coutume.Mais dans les villages reculés, elle persiste, transmise comme un héritage. Et derrière chaque bol de lait avalé de force, il y a une fillette qui rêve, peut-être, d’un autre avenir : celui où la beauté ne pèsera plus des kilos.