Partager

Choses à Savoir - Culture générale
Pourquoi dit-on “tchin tchin” en trinquant ?
L’expression « tchin tchin », que l’on utilise en trinquant pour porter un toast, peut sembler française… mais ses origines sont en réalité surprenantes et exotiques. Loin d’être une onomatopée purement liée au bruit des verres, « tchin tchin » viendrait du chinois ! Voici l’histoire détaillée de cette formule à la fois familière et mal comprise.
Il est tentant de croire que « tchin tchin » est une onomatopée imitant le bruit cristallin des verres qui s’entrechoquent. Ce mythe est souvent relayé, mais il semble être une rationalisation a posteriori. Bien sûr, il est possible que ce jeu sonore ait renforcé l’usage et la mémorisation du mot, mais ce n’est pas l’origine première de l’expression.
Une origine chinoise… via l’armée coloniale
L’expression « tchin tchin » aurait été popularisée en France au XIXe siècle par les soldats et marins français en poste en Extrême-Orient, notamment en Chine. À cette époque, les interactions entre Français et Chinois se multiplient, dans un contexte à la fois commercial et colonial.
En chinois mandarin, pour dire « à votre santé » en levant son verre, on dit « qǐng qǐng » (請請) ou parfois simplement « qǐng », qui signifie littéralement « je vous en prie » ou « s’il vous plaît, je vous invite à boire ». La prononciation de « qǐng qǐng » se rapproche de « tchin tchin » à l’oreille d’un francophone.
Les soldats et diplomates français, séduits par cette formule conviviale, auraient alors adopté cette manière de trinquer, en imitant la sonorité sans en comprendre tout à fait le sens exact. L’expression a ensuite traversé les océans et s’est installée dans l’usage courant en France, devenant une façon légère et joyeuse de porter un toast.
Confusion avec le bruit du verre ?
Une formule internationale… mais à double tranchant
Ironiquement, bien que d’origine chinoise, « tchin tchin » ne s’utilise pas aujourd’hui en Chine pour trinquer. Et attention : au Japon, par exemple, cette expression peut prêter à sourire, car « chin chin » (ちんちん) est un mot familier pour désigner le pénis dans le langage enfantin !
Origine probable : expression chinoise (« qǐng qǐng ») importée par les soldats français au XIXe siècle.
Sens initial : « je vous en prie », invitation à boire ensemble.
Utilisation actuelle : manière conviviale et universelle de trinquer en France.
Fausse piste : l’onomatopée du verre qui tinte n’est pas l’origine historique, mais a renforcé son succès.
Ainsi, la prochaine fois que vous direz « tchin tchin », vous saurez que c’est un toast… venu d’Asie !
More episodes
View all episodes
Pourquoi la Thaïlande n’a-t-elle jamais été colonisée ?
02:35|La Thaïlande, anciennement appelée royaume de Siam, est l’un des rares pays d’Asie à n’avoir jamais été colonisé par une puissance européenne. Cette exception historique s’explique par un ensemble de facteurs diplomatiques, géopolitiques et internes qui ont permis au pays de préserver son indépendance durant tout le XIXe siècle.Une position géographique stratégiqueLa Thaïlande se situait entre deux grandes puissances coloniales rivales : les Britanniques à l’ouest (en Birmanie et en Malaisie) et les Français à l’est (au Laos, au Cambodge et au Vietnam). Plutôt que de s’emparer du Siam, ces puissances ont préféré en faire un État tampon pour éviter un affrontement direct. Cette situation géopolitique a offert au royaume une marge de manœuvre précieuse.Une diplomatie habile et moderneLe rôle des rois du Siam a été déterminant. En particulier, le roi Mongkut (Rama IV) et son fils Chulalongkorn (Rama V), qui ont régné de 1851 à 1910, ont mené une politique de modernisation et de diplomatie très habile. Ils ont envoyé des ambassadeurs en Europe, étudié les institutions occidentales, et signé des traités commerciaux avec les puissances coloniales pour entretenir des relations pacifiques.Chulalongkorn, notamment, a réformé l’administration, l’armée, l’éducation et la justice pour montrer que son royaume était « civilisé » et capable de s’administrer lui-même — un argument essentiel à l’époque pour échapper à la domination coloniale, qui se justifiait souvent par la « mission civilisatrice ».Des concessions territoriales stratégiquesPour préserver leur cœur territorial, les rois de Siam ont parfois dû céder des provinces périphériques. En 1893, le royaume abandonne le Laos à la France, et plus tard certaines régions du Cambodge et de la Malaisie. Ces pertes ont été douloureuses, mais elles ont permis de préserver l’indépendance du pays central. La stratégie était claire : perdre un peu pour ne pas tout perdre.L’intelligence culturelle et symboliqueLes souverains thaïlandais ont aussi su jouer sur la valorisation de leur monarchie, en adoptant certains codes occidentaux tout en affirmant leur spécificité. Ils se sont faits photographier en costumes européens, ont appris l’anglais et le français, tout en gardant une forte identité culturelle thaïe.En résuméLa Thaïlande n’a jamais été colonisée grâce à un jeu d’équilibre subtil entre modernisation interne, concessions diplomatiques et rivalités entre puissances étrangères. Les rois du Siam ont su anticiper les menaces, moderniser leur État, et utiliser les tensions entre Britanniques et Français pour préserver l’indépendance nationale, une exception remarquable dans l’histoire de l’Asie du Sud-Est.Pourquoi dit-on un “océan” ?
02:00|Le mot "océan" vient du latin oceanus, lui-même emprunté au grec ancien Ôkeanós (Ὠκεανός). Dans la mythologie grecque, Océan est un dieu primordial, représentant un immense fleuve qui entourait le monde connu. Pour les Anciens, ce n’était pas un océan au sens moderne, mais un gigantesque cours d’eau formant une frontière liquide autour de la Terre habitée.Avec le temps et l’évolution des connaissances géographiques, le mot oceanus a cessé de désigner un fleuve mythologique pour désigner les vastes étendues d’eau salée qui couvrent aujourd’hui plus de 70 % de la surface terrestre.Pourquoi dit-on "un" océan, et pas "une" ? Tout simplement parce qu’en latin, oceanus est un mot de genre masculin. En français, les mots empruntés au latin conservent très souvent leur genre d’origine. C’est aussi le cas pour d’autres termes liés à l’eau, comme "le fleuve" (latin fluvius), "le courant" (latin currens) ou "le détroit" (latin strictus), qui sont tous masculins.À l’inverse, des mots comme "la mer", issus du latin mare (qui était neutre en latin), sont devenus féminins en français. Cette variation s’explique en partie par l’évolution du genre neutre latin vers les genres masculin ou féminin en français médiéval.Il existe aussi une dimension symbolique. Dans l’imaginaire collectif, la mer et l’océan ont parfois été associés à des qualités genrées : la mer serait plus proche, plus familière, parfois douce ou capricieuse (et donc associée au féminin), tandis que l’océan, immense, sauvage, puissant, incarnerait une force plus brute, plus lointaine, d’où son association avec le masculin. Ce sont bien sûr des représentations culturelles, mais elles ont pu influencer l’usage linguistique.En résumé, on dit "un océan" :– parce que le mot vient du latin oceanus, de genre masculin,– parce qu’il désignait à l’origine un dieu masculin dans la mythologie grecque,– et parce que la langue française conserve généralement le genre des mots empruntés au latin ou au grec.C’est donc un choix à la fois linguistique, historique et symbolique.Qu'est-ce qu'un mot “proclitique” ?
02:06|Un mot proclitique est un mot grammatical qui ne peut pas être prononcé seul de manière autonome : il est phonétiquement attaché au mot qui le suit, comme s’il en faisait partie. Autrement dit, il se colle au mot suivant pour être prononcé, et forme avec lui une unité prosodique, c’est-à-dire une seule syllabe accentuée ou rythmique.Le terme vient du grec « pro » (avant) et « klínein » (incliner), ce qui signifie littéralement « incliné vers l’avant ». Le mot proclitique se place donc toujours devant un autre mot, sur lequel il s’appuie.En français, de nombreux mots sont proclitiques. Il s’agit notamment :– des articles définis : le, la, les → le chat, la maison– des articles contractés : du, des → du pain, des amis– des prépositions simples : de, à → de Paris, à Marseille– de certains pronoms personnels : je, me, te, se, le, la → je pars, me voilàPrenons un exemple : dans la phrase « le garçon arrive », le mot « le » ne peut pas être prononcé isolément de manière naturelle. On dit [ləgaʁsɔ̃], c’est-à-dire « le-garçon », comme une seule unité rythmique. Si l’on essaie de détacher le mot « le », il perd son sens et sa fluidité.Les proclitiques sont des mots outils : ils n’ont généralement pas de sens lexical fort, mais remplissent une fonction grammaticale essentielle. Ils servent à structurer la phrase, à introduire un complément ou à déterminer un nom. Surtout, ils n’ont pas d’accent tonique propre : l’accent tombe toujours sur le mot suivant. Cette absence d’accent les rend phonétiquement dépendants.Il ne faut pas les confondre avec les enclitiques, qui sont des mots qui se collent au mot qui les précède. En français, ce phénomène est plus rare, mais on peut le trouver dans des tournures anciennes comme « a-t-il », où le « -t- » joue un rôle enclitique. Les mots proclitiques ne doivent pas non plus être confondus avec les mots toniques, qui portent l’accent principal de la phrase.Le phénomène de cliticité (proclitique et enclitique) est répandu dans de nombreuses langues. En espagnol ou en italien, par exemple, les pronoms objets peuvent être proclitiques ou enclitiques selon la place dans la phrase.Comprendre ce qu’est un mot proclitique permet de mieux analyser la structure rythmique des phrases, d’enseigner la prononciation et de distinguer les mots de fonction des mots lexicaux. En résumé, un mot proclitique est un petit mot grammatical qui s’appuie phonétiquement sur le mot suivant. Il est indispensable pour parler naturellement, mais toujours discret.Pourquoi le docteur Delgado est-il si célèbre (et controversé) ?
02:27|Le docteur José Manuel Rodríguez Delgado est célèbre pour avoir été l’un des pionniers de la neurostimulation du cerveau. Ce neurophysiologiste espagnol, actif surtout dans les années 1950 à 1970, est devenu célèbre (et controversé) pour ses expériences spectaculaires visant à contrôler le comportement humain et animal à distance à l’aide de dispositifs électroniques implantés dans le cerveau.1. L’invention du "stimoceiver"Delgado a mis au point un appareil appelé "stimoceiver" : un petit émetteur implanté dans le cerveau d’un sujet (humain ou animal), permettant de stimuler certaines zones cérébrales à distance via des ondes radio. L’objectif ? Explorer le rôle précis de certaines régions du cerveau dans le comportement, les émotions ou la motricité.2. L'expérience du taureauSon expérience la plus célèbre reste celle de 1963, lorsqu’il est parvenu à arrêter un taureau en pleine charge dans une arène de Cordoue, simplement en appuyant sur un bouton. Le taureau, équipé d’un stimoceiver, s’est brusquement arrêté net à quelques mètres de Delgado. Cette scène a frappé les esprits et a symbolisé la capacité (réelle ou exagérée) de la science à contrôler le vivant par la technologie.3. Le contrôle du comportement humainDelgado a également mené des expériences sur des patients souffrant de troubles psychiatriques. En stimulant certaines zones du cerveau, il parvenait à provoquer ou apaiser la colère, le plaisir ou la peur. Ces travaux ont alimenté l’idée que les émotions et comportements humains pouvaient être "programmés", ce qui a suscité autant d’enthousiasme scientifique que d’inquiétudes éthiques.4. Une figure controverséeDelgado a suscité la controverse, notamment parce qu’il parlait ouvertement de l’usage possible de la neurostimulation pour modeler une société "meilleure". Il affirmait que la technologie permettrait un jour de corriger la violence, le fanatisme ou les troubles mentaux en agissant directement sur le cerveau.En résumé :Le docteur Delgado est célèbre pour avoir ouvert la voie au contrôle cérébral à distance, en démontrant que l’activité neuronale pouvait être modifiée artificiellement pour influencer le comportement. Ses expériences, aussi fascinantes qu’inquiétantes, restent une référence dans l’histoire des neurosciences, et un symbole des dérives potentielles du pouvoir technologique sur le cerveau humain.Pourquoi le "Triangle de l'Alaska" est-il si dangereux ?
02:31|Moins connu que son cousin des Bermudes, le Triangle de l’Alaska est pourtant tout aussi mystérieux… voire plus inquiétant. Situé dans une zone délimitée entre Anchorage, Juneau et Barrow (au nord de l’État), ce triangle imaginaire fascine les chercheurs, les passionnés d’ésotérisme et les populations locales pour une raison troublante : plus de 16 000 personnes y ont disparu depuis les années 1980, sans laisser de traces.Ce chiffre impressionnant alimente la réputation d’une zone où avions, randonneurs, chasseurs et touristes disparaissent inexplicablement. Un des cas les plus célèbres remonte à 1972, lorsque le petit avion transportant le membre du Congrès américain Hale Boggs s’est volatilisé dans la région, sans jamais être retrouvé malgré d’intenses recherches mobilisant l’armée. Ni épave, ni corps, ni explication.Mais que se passe-t-il réellement dans ce triangle de glace ? Plusieurs hypothèses coexistent.D’abord, l’environnement naturel. L’Alaska est une terre extrême : conditions climatiques imprévisibles, blizzards soudains, forêts denses, montagnes escarpées, crevasses cachées sous la neige. À cela s’ajoutent les activités sismiques fréquentes (l’Alaska est l’un des États les plus géologiquement actifs des États-Unis) et la présence de failles tectoniques majeures qui pourraient entraîner des glissements de terrain ou engloutir des objets sans laisser de traces visibles.Ensuite, des phénomènes plus mystérieux sont évoqués. Des témoignages parlent de lumières étranges dans le ciel, de perturbations magnétiques, voire de portails vers d’autres dimensions. Des théories pseudo-scientifiques suggèrent l’existence de vortex énergétiques, comme ceux évoqués dans le mythe du Triangle des Bermudes. Pour les populations autochtones, la région est habitée par des esprits ou créatures surnaturelles, comme le Kushtaka, une entité mi-loutre mi-humaine qui attirerait les voyageurs perdus vers leur perte.Enfin, certains chercheurs évoquent des causes plus humaines : isolement extrême, trafics illicites, ou fugues délibérées. Dans une région aussi vaste, peu peuplée et difficile d’accès, il est relativement facile de disparaître… volontairement ou non.En résumé, le Triangle de l’Alaska est célèbre car il cumule des disparitions massives, un environnement hostile et des légendes captivantes. Dangereux à la fois par la nature et par les mystères qu’il inspire, il reste l’un des lieux les plus énigmatiques d’Amérique du Nord. Un triangle où la frontière entre réalité et mythe se brouille à chaque nouvelle disparition.Pourquoi Napoléon n'a-t-il jamais tenté d'envahir le Royaume Uni ?
02:55|Napoléon Bonaparte, malgré sa volonté affirmée de soumettre l’Angleterre, n’a jamais concrétisé une invasion du Royaume-Uni. Pourtant, l’idée l’a obsédé durant plusieurs années, notamment entre 1798 et 1805. Alors pourquoi cette attaque n’a-t-elle jamais eu lieu ? Plusieurs raisons expliquent cet échec stratégique.Une volonté forte mais contrariéeDès son accession au pouvoir, Napoléon voit l’Angleterre comme le principal obstacle à son hégémonie européenne. Elle finance les coalitions contre la France, domine les mers et refuse tout traité durable. En réponse, Napoléon envisage une invasion directe des îles britanniques, projet baptisé « Opération Boulogne », avec des troupes massées sur les côtes françaises à partir de 1803. Près de 200 000 hommes sont entraînés pour traverser la Manche depuis Boulogne-sur-Mer.La supériorité navale britanniqueLe problème, c’est que pour envahir l’Angleterre, il faut traverser la Manche, et pour cela, contrôler la mer. Or, la Royal Navy domine les océans. Napoléon tente de ruser en imaginant un détour : attirer la flotte britannique vers les Antilles avec un jeu de diversion, puis ramener sa flotte en Europe pour sécuriser un passage. Ce plan complexe aboutit à la bataille de Trafalgar en 1805.L’amiral Nelson y inflige une défaite décisive à la flotte franco-espagnole. La supériorité maritime de l’Angleterre devient incontestable, et tout espoir de débarquement s’effondre. Napoléon comprend alors qu’il ne pourra jamais rivaliser sur mer.Une stratégie continentale de remplacementFace à cet échec, Napoléon change de tactique. Il choisit la guerre économique : c’est le Blocus continental, lancé en 1806, qui interdit à tous les pays européens sous influence française de commercer avec le Royaume-Uni. L’objectif est d’étrangler l’économie britannique. Mais cette stratégie se retourne contre lui, ruinant des économies alliées et poussant certains pays à la révolte, comme la Russie.Une impossibilité technique et politiqueAu fond, même si Napoléon était un stratège redoutable sur terre, il n’avait ni la maîtrise navale, ni les capacités logistiques suffisantes pour traverser la Manche face à la Royal Navy. De plus, l’opinion publique britannique, unie et protégée par la mer, n’a jamais montré de signe de faiblesse permettant une attaque surprise ou un soulèvement interne.ConclusionNapoléon n’a jamais attaqué directement le Royaume-Uni car il en était empêché par un mur naturel — la mer — et un rempart militaire — la flotte britannique. Ce projet abandonné signe l’une de ses rares limites stratégiques : le contrôle des mers lui a échappé, et avec lui, l’idée d’une conquête de l’Angleterre.Pourquoi les corbeaux sont-ils rancuniers ?
02:38|Imaginez qu’un jour, vous croisiez un corbeau dans un parc. Par jeu, vous le chassiez d’un geste brusque ou lui lanciez un caillou. Vous pensez que l’incident s’arrête là. Mais non : des années plus tard, dans une autre ville, ce même oiseau – ou ses congénères – vous reconnaissent, vous harcèlent, vous suivent du regard, croassent en bande et vous poursuivent. Science-fiction ? Pas du tout. Ce comportement a été rigoureusement observé par plusieurs équipes de chercheurs, notamment à l’université de Washington.Dans une expérience devenue célèbre, des scientifiques ont porté des masques représentant des visages humains tout en capturant des corbeaux à des fins d’étude (sans les blesser). Résultat : même des années plus tard, les oiseaux réagissaient agressivement à la simple vue du masque du "malfaiteur", le reconnaissant immédiatement. Ce qui est encore plus étonnant : d’autres corbeaux, n’ayant jamais vu la scène initiale, se mettaient aussi à attaquer la personne masquée. Les corbeaux s’étaient donc transmis l’information entre eux. Une véritable réputation sociale était née.Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Des personnes qui, au contraire, ont nourri ou secouru des corbeaux ont parfois reçu des "cadeaux" : branches, boutons, objets brillants. Des gestes spontanés qui témoignent d’une forme de reconnaissance. Les scientifiques y voient des comportements similaires à ceux observés chez des primates : mémoire sociale, coopération, et même représentation morale.Comment ces oiseaux, pourtant si éloignés de nous sur le plan évolutif, peuvent-ils faire preuve d’une telle intelligence ? Les corvidés – dont les corbeaux, les pies et les geais font partie – ont un cerveau particulièrement développé, notamment au niveau du nidopallium caudolaterale, une région analogue au cortex préfrontal chez l’humain. Ils savent utiliser des outils, planifier des actions, et comprendre la perspective d’un autre individu.Mais ce qui fascine ici, c’est cette capacité à construire une mémoire sociale collective. Un corbeau peut signaler à ses congénères qu’un humain est dangereux, et cette réputation peut se transmettre de génération en génération. Un humain malveillant peut ainsi devenir un ennemi public chez les corbeaux… sans même le savoir.Ces découvertes nous rappellent que les animaux, même ceux qu’on considère comme "communs", peuvent être dotés d’une intelligence sociale et émotionnelle surprenante. Alors la prochaine fois que vous croisez un corbeau, un conseil : soyez respectueux. Il se souviendra de vous. Longtemps.Pourquoi dit-on un "plouc" ?
01:38|Aujourd’hui, traiter quelqu’un de "plouc", c’est l’accuser d’être mal dégrossi, rustre, provincial, voire carrément vulgaire. Mais d’où vient exactement ce mot que l’on utilise si facilement dans la conversation ? Comme souvent avec le langage populaire, l’histoire du mot "plouc" est plus subtile qu’il n’y paraît.Le terme apparaît pour la première fois à la fin du XIXe siècle, et son origine est géographique. À cette époque, de nombreux Bretons viennent chercher du travail à Paris. Or, les Bretons de langue bretonne utilisent couramment le mot "plou", qui signifie "paroisse". Il est d’ailleurs omniprésent dans les toponymes de Bretagne : Plouha, Plougastel, Plouzané, Ploudalmézeau, etc.Ces travailleurs bretons étaient souvent mal vus à Paris. Ils parlaient mal le français, avaient un accent prononcé, et occupaient des emplois peu valorisés. Les Parisiens, moqueurs, se mirent à les surnommer les "Ploucs", en référence à ce "plou" qui leur collait à la peau. Le "c" final aurait été ajouté par déformation ou par analogie avec d’autres mots péjoratifs.Mais le mot ne tarda pas à s’élargir : il ne désignait plus seulement les Bretons, mais plus généralement tous ceux que les Parisiens percevaient comme des "péquenauds" ou des provinciaux un peu arriérés. Le succès du mot dans l’argot parisien a été renforcé par le développement de la presse populaire et des chansons de cabaret au début du XXe siècle.Au fil du temps, "plouc" a perdu son ancrage breton pour devenir un terme générique. On l’utilise aujourd’hui pour désigner quelqu’un de malhabile socialement, de mal habillé, ou simplement jugé de mauvais goût. Ce peut être un provincial aux yeux d’un urbain snob, mais aussi un nouveau riche sans raffinement, ou un voisin perçu comme "beauf".L’histoire de "plouc" est donc celle d’un mot né d’une moquerie sociale et régionale, qui a fini par s’universaliser. Ce qui en fait aussi un témoignage sur les tensions entre Paris et la province, entre élites urbaines et classes populaires rurales.Aujourd’hui, bien sûr, le mot est employé sur un ton souvent humoristique ou affectueux. Mais son origine nous rappelle que le langage véhicule aussi des préjugés… et que certains mots, derrière leur apparente légèreté, ont une histoire bien plus sérieuse.Pourquoi l'enfance dure-t-elle si longemps chez les humains ?
02:43|L’enfance dure exceptionnellement longtemps chez les humains par rapport à la majorité des autres espèces animales, et cette particularité s’explique par une combinaison de facteurs évolutifs, biologiques, cognitifs et sociaux.Tout d’abord, la raison principale réside dans le développement du cerveau humain, qui est extrêmement complexe et demande beaucoup de temps pour arriver à maturité. À la naissance, le cerveau humain ne représente qu’environ 25 % de sa taille adulte, alors que chez de nombreux autres mammifères, il atteint déjà 60 à 90 %. Cette lente croissance postnatale permet une grande plasticité cérébrale, c’est-à-dire une capacité d’adaptation et d’apprentissage étendue. Le cerveau de l’enfant reste flexible pendant des années, ce qui lui permet d’acquérir le langage, des connaissances culturelles, des compétences sociales et des comportements complexes.Ensuite, sur le plan évolutif, les humains ont adopté une stratégie différente de celle d’autres espèces. Là où certains animaux doivent être autonomes très rapidement pour survivre, l’humain mise sur un développement lent mais riche en apprentissage. Cette stratégie, dite « K-sélective », favorise un faible nombre d’enfants, des soins parentaux intensifs, une longue dépendance, mais un fort potentiel adaptatif à long terme.Cette longue enfance est rendue possible par la structure sociale humaine. Les humains vivent en groupes et pratiquent souvent l’élevage coopératif, c’est-à-dire que d’autres membres du groupe – comme les grands-parents ou les frères et sœurs – participent à l’éducation des enfants. Cela permet à l’enfant de rester dépendant plus longtemps sans que cela mette en danger sa survie.Enfin, l’humain est une espèce profondément culturelle. L’enfance ne sert pas seulement à grandir physiquement, elle est aussi un temps d’acculturation. Pendant cette période, l’enfant apprend à parler, à comprendre les règles sociales, à manipuler des outils, à imiter des comportements et à intégrer des normes morales. Le jeu, l’observation et l’expérimentation sociale font partie intégrante de ce long apprentissage.En résumé, l’enfance dure si longtemps chez l’humain parce que notre cerveau met du temps à se développer, notre espèce a fait le choix évolutif de privilégier l’apprentissage plutôt que l’autonomie précoce, et notre culture nécessite un long temps de préparation. C’est un investissement évolutif qui permet aux humains de s’adapter à un monde complexe, changeant et culturellement riche.