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Choses à Savoir - Culture générale
Pourquoi dit-on « casser du sucre sur le dos de quelqu'un » ?
L'expression française « casser du sucre sur le dos de quelqu'un » signifie critiquer ou médire d'une personne en son absence. Son origine remonte à plusieurs siècles et résulte de l'évolution de certaines expressions et pratiques liées au sucre.
Le sucre : de la rareté au quotidien
Sous l'Ancien Régime, le sucre était une denrée rare et précieuse, souvent utilisée comme médicament. Au XVIIIᵉ siècle, avec l'essor des desserts et des boissons sucrées, le sucre devient plus présent sur les tables des élites. À cette époque, il se présentait sous forme de pains qu'il fallait casser en petits morceaux selon les besoins. Cette opération nécessitait des ustensiles spécifiques, comme la saupoudreuse, un objet cylindrique avec un dôme ajouré permettant de saupoudrer le sucre.
Évolution des expressions liées au sucre
Au XVIIᵉ siècle, l'expression « se sucrer de quelqu'un » signifiait « le prendre pour un idiot ». Parallèlement, « casser du grès à quelqu'un » signifiait le considérer comme quantité négligeable. Ces expressions ont progressivement fusionné, menant à « casser du sucre », qui, en argot, signifiait « dire des ragots » ou « maltraiter ».
Ajout de « sur le dos »
L'ajout de « sur le dos » dans l'expression renforce l'idée de critiquer quelqu'un en son absence, en lui faisant porter la responsabilité des commérages. Cette locution complète l'image de la médisance dirigée vers une personne sans qu'elle en soit consciente.
Conclusion
Ainsi, « casser du sucre sur le dos de quelqu'un » est le résultat d'une évolution linguistique où des expressions liées au sucre et à la critique se sont combinées pour décrire l'acte de médire en l'absence de la personne concernée.
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Quel livre de 10 pages contient Cent mille milliards de poèmes ?
02:00|Oui, le livre Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau contient réellement 100 000 milliards de poèmes. Ce nombre impressionnant est rendu possible par une structure astucieuse et mathématique, caractéristique des travaux de Queneau, membre fondateur de l'Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle). Le concept du livrePublié en 1961, ce livre n'est pas un recueil de poèmes traditionnels. Il se présente comme un objet littéraire expérimental composé de dix sonnets, chacun ayant quatorze vers. La particularité réside dans le fait que chaque vers de chaque sonnet peut être combiné avec n'importe quel autre vers occupant la même position dans les neuf autres sonnets. Ainsi, les lecteurs peuvent créer leurs propres sonnets en choisissant un vers à chaque ligne. Le calcul mathématiqueChaque sonnet comporte 14 vers. Étant donné que chaque position dans le sonnet (première ligne, deuxième ligne, etc.) offre 10 choix possibles, le nombre total de combinaisons possibles est 10^14. Expérience de lectureCe nombre dépasse largement ce qu’un être humain peut lire dans une vie. Si une personne lisait un poème par minute, sans pause, il lui faudrait environ 190 millions d'années pour parcourir toutes les combinaisons possibles. Cela fait du livre une œuvre pratiquement infinie dans sa potentialité, un véritable "livre combinatoire". Signification littéraireL'idée centrale de Queneau est de démontrer l’immense potentiel créatif contenu dans des structures fixes. Bien que les poèmes soient régis par des règles strictes (le format du sonnet), la multiplicité des combinaisons offre une liberté d'interprétation et de création infinie. Cela illustre une idée chère à l'Oulipo : produire des œuvres littéraires en jouant avec des contraintes formelles. ConclusionCent mille milliards de poèmes est à la fois un exploit mathématique et une expérimentation littéraire. Oui, le livre contient réellement 100 000 milliards de poèmes, non pas en tant que textes écrits sur papier, mais en tant que potentialités combinatoires offertes au lecteur, faisant de lui un co-créateur de l'œuvre.Pourquoi le reblochon a été un fromage de contrebande ?
01:43|Le reblochon, célèbre fromage savoyard, doit son nom et son histoire à une pratique clandestine bien particulière : la « re-blocha », qui signifie littéralement « traire à nouveau ». Cette pratique remonte au XIIIe siècle, une époque où les paysans de la région de Savoie étaient soumis à de lourdes taxes foncières imposées par les propriétaires terriens ou les seigneurs. Ces taxes étaient calculées sur la quantité de lait produit par leurs troupeaux. Pour réduire leur contribution, les paysans avaient recours à un stratagème ingénieux.Lors du passage des collecteurs, les paysans n’effectuaient qu’une traite partielle de leurs vaches, ne libérant qu’une partie du lait. Une fois les collecteurs partis, ils procédaient à une deuxième traite, plus légère, mais avec un lait particulièrement riche en matières grasses, puisque c’était le dernier lait de la traite. Ce lait, appelé « lait de reblochon », servait alors à la fabrication d’un fromage destiné à leur consommation personnelle ou à une revente discrète.Ce système astucieux transformait le reblochon en un fromage de contrebande. Sa production échappait non seulement aux taxes, mais elle se faisait également dans une certaine clandestinité pour éviter d’attirer l’attention des autorités. Cette économie parallèle a permis aux paysans de subsister malgré les pressions fiscales.Avec le temps, le reblochon a gagné en notoriété, non seulement pour son origine insolite mais aussi pour sa saveur unique, fruit de son processus de fabrication à base de lait cru riche et de son affinage dans des caves fraîches et humides. À partir du XXe siècle, le reblochon est sorti de l’ombre, devenant un produit reconnu et apprécié. En 1958, il a obtenu l’Appellation d'Origine Contrôlée (AOC), renforçant son statut de patrimoine gastronomique savoyard.Ainsi, le reblochon raconte l’histoire d’une astuce paysanne face à l’oppression fiscale, tout en incarnant l’ingéniosité et la résilience des communautés montagnardes. Ce fromage, autrefois produit dans le secret, est aujourd’hui un symbole de la richesse culinaire française, célébré dans les plats traditionnels comme la tartiflette, mais aussi dans les tables gastronomiques du monde entier.Pourquoi les trains roulent-ils à gauche ?
01:54|Le fait que les trains roulent à gauche remonte à des traditions historiques et à des choix techniques faits au début de l'ère ferroviaire. Ce principe, largement adopté en France et dans d'autres pays, trouve son origine dans des pratiques anciennes bien avant l'invention des chemins de fer. Origines historiques1. Circulation des chevaliers et des voitures à cheval : - Sous l’Ancien Régime, les chevaliers portaient leur épée à gauche pour la dégainer facilement de la main droite. Ils circulaient donc sur la gauche pour pouvoir croiser un adversaire potentiel tout en restant prêts à se défendre. - Cette habitude s'est transmise dans le transport routier, où les voitures à cheval prenaient la gauche pour éviter que les conducteurs ne s'entrechoquent ou n'accrochent leurs fouets. 2. Pratiques routières préexistantes : - Avant l’arrivée des trains, la circulation sur les routes en France et dans plusieurs pays européens se faisait majoritairement à gauche. Les infrastructures ferroviaires ont donc été conçues en tenant compte de cette norme. Émergence du chemin de fer1. Influence britannique : - Les premiers réseaux ferroviaires européens ont été fortement influencés par l'Angleterre, où la circulation à gauche était la norme. George Stephenson, ingénieur britannique célèbre pour ses locomotives, a contribué à exporter cette pratique en France. - Les premières lignes françaises, comme celles de Saint-Étienne à Andrézieux ou Paris à Saint-Germain, ont adopté la circulation à gauche par simple mimétisme avec les pratiques britanniques. 2. Logistique des signaux et des gares : - La signalisation ferroviaire et les aménagements des gares ont été conçus pour une circulation à gauche. Inverser ce sens aurait nécessité des ajustements coûteux et complexes. Exceptions et évolutions- Certains pays comme les États-Unis et l'Allemagne ont adopté la circulation à droite pour leurs trains, reflétant leurs habitudes routières.- En France, la coexistence des trains circulant à gauche avec les automobiles circulant à droite a nécessité une adaptation spécifique aux passages à niveau et autres points de rencontre entre ces deux modes de transport. ConclusionLa circulation des trains à gauche est donc le fruit de traditions anciennes, renforcées par les premières influences britanniques et des choix techniques lors de la conception des réseaux ferroviaires. Ce système, bien que parfois déconcertant pour les étrangers, demeure une norme stable en France et dans d'autres pays, sauf adaptation spécifique pour des raisons opérationnelles.Pourquoi parle-t-on de “validisme” ?
01:52|Le validisme est une forme de discrimination ou de préjugé qui privilégie les personnes dites "valides", c’est-à-dire celles qui n’ont pas de handicap, au détriment des personnes handicapées. Ce concept, souvent méconnu, englobe un ensemble d’attitudes, de comportements, de politiques et de structures sociales qui perpétuent l’exclusion ou la marginalisation des personnes en situation de handicap. Une idéologie basée sur la "norme"Le validisme repose sur l’idée implicite que le corps et l’esprit "valides" constituent la norme, et que tout ce qui s’en écarte est une anomalie ou un défaut. Cette vision conduit à considérer les personnes handicapées comme "inférieures", "malheureuses" ou "incomplètes", une perception souvent renforcée par les médias, les institutions et les discours sociaux. En conséquence, les besoins et les droits des personnes handicapées sont régulièrement ignorés ou minimisés. Manifestations du validismeLe validisme peut se manifester de manière :1. Institutionnelle : par des politiques ou des infrastructures qui ne tiennent pas compte des besoins spécifiques des personnes handicapées, comme des bâtiments inaccessibles ou un manque d'accommodations en milieu scolaire ou professionnel.2. Interpersonnelle : à travers des attitudes paternalistes, des blagues dévalorisantes, ou encore des remarques basées sur des stéréotypes.3. Culturelle : en invisibilisant les personnes handicapées dans les représentations médiatiques ou en glorifiant les personnes handicapées qui "surmontent" leur handicap, comme si cela était l’unique voie vers la reconnaissance sociale. Les conséquences du validismeLe validisme crée des barrières physiques, sociales et psychologiques. Il limite l'accès des personnes handicapées à des opportunités équitables en matière d’éducation, d’emploi, de loisirs et de participation citoyenne. De plus, il peut engendrer une stigmatisation, une perte d'estime de soi, et des effets néfastes sur la santé mentale. Combattre le validismePour lutter contre cette discrimination, il est crucial d'adopter une approche inclusive et de reconnaître la diversité des expériences humaines. Cela passe par :- La sensibilisation aux réalités des personnes handicapées.- La mise en place de politiques d'accessibilité universelle.- Le respect de leur autonomie et de leur droit à participer pleinement à la société. Le validisme, en fin de compte, interroge notre capacité à bâtir une société équitable, où toutes les personnes, indépendamment de leurs capacités, sont respectées et valorisées.Pourquoi les corn flakes étaient censés lutter contre la masturbation ?
02:29|Les corn flakes, célèbres céréales du petit-déjeuner, sont nés d’une idée surprenante : lutter contre la masturbation. Cette conviction étrange provient de leur inventeur, le Dr John Harvey Kellogg, médecin et nutritionniste américain du XIXe siècle. Profondément influencé par le mouvement adventiste et les idéaux puritains, Kellogg considérait la masturbation comme un acte moralement répréhensible et physiquement nocif, susceptible de causer des maladies telles que l'épilepsie, la folie ou l'acné. Une croisade anti-masturbationDans son ouvrage Plain Facts for Old and Young, Kellogg expose ses théories sur la sexualité. Il prônait une vie chaste et dénonçait fermement les plaisirs charnels, y compris au sein du mariage. Pour lui, une alimentation riche et épicée stimulait les désirs sexuels. À l’inverse, une nourriture fade et sans excès devait permettre de contrôler les pulsions. C’est dans ce contexte qu’il met au point les corn flakes en 1894, une céréale insipide et facile à digérer. Son objectif ? Fournir un aliment « moralement sain » qui découragerait les comportements qu'il jugeait immoraux, notamment la masturbation. Ces céréales devaient faire partie d’un régime strict, dépourvu de viande et d’épices, destiné à maintenir un esprit pur dans un corps sain. Une invention accidentelle La création des corn flakes résulte d’un concours de circonstances. Avec son frère Will Keith Kellogg, John cherchait à produire un aliment simple pour les patients de son sanatorium. Un jour, un mélange de blé cuit fut accidentellement laissé de côté et devint rassis. En le passant au rouleau, les frères découvrirent qu’il se transformait en flocons, d’où le nom "corn flakes". Le produit fut rapidement commercialisé. Ironie de l’histoireSi le Dr Kellogg voyait dans les corn flakes un remède contre les pulsions sexuelles, leur succès commercial a pris une toute autre direction. Son frère Will ajouta du sucre aux flocons, rendant les céréales savoureuses et attrayantes, en rupture totale avec les idéaux austères du docteur. Ainsi, les corn flakes, nés d’une croisade contre la masturbation, sont devenus un symbole du petit-déjeuner moderne, bien loin des préoccupations puritaines de leur créateur. Cette histoire singulière illustre les étonnants liens entre santé, morale et alimentation à la fin du XIXe siècle.Pourquoi les pharaons se mariaient-ils souvent avec leurs sœurs ?
02:23|Le mariage entre frères et sœurs, fréquent dans la royauté égyptienne, était avant tout motivé par des raisons politiques, religieuses et symboliques plutôt que personnelles. Cette pratique, choquante selon les normes modernes, répondait à des logiques propres à la culture de l'Égypte ancienne. Voici les principales raisons pour lesquelles les pharaons se mariaient souvent avec leurs sœurs.Mais avant, 2 exemples : ToutankhamonToutankhamon, l’un des pharaons les plus célèbres, a épousé sa demi-sœur Ankhesenamon. Tous deux étaient les enfants d’Akhenaton, bien qu’ils n’aient pas la même mère. Cette union faisait partie de la tradition royale égyptienne pour renforcer la continuité dynastique et la légitimité divine.Ramsès IIRamsès II, l’un des plus grands pharaons de l’histoire égyptienne, aurait également épousé plusieurs de ses filles et sœurs dans le cadre de ce même principe dynastique. Les preuves de ces unions restent cependant sujettes à débat parmi les égyptologues.1. Maintenir la pureté du sang royalLes Égyptiens croyaient que les pharaons étaient des êtres divins, des descendants directs des dieux. En se mariant avec une sœur, un pharaon préservait la pureté de la lignée royale, en évitant de mêler le sang divin avec celui de personnes extérieures. Cette "pureté" était perçue comme essentielle pour garantir la légitimité et le pouvoir du souverain.2. Symboliser la continuité divineDans la mythologie égyptienne, des divinités majeures comme Osiris et Isis ou encore Geb et Nout étaient souvent représentées comme des frères et sœurs unis par le mariage. En imitant ces unions divines, les pharaons renforçaient leur position en tant que représentants des dieux sur terre. Ces mariages royaux étaient donc un acte religieux autant que politique, ancrant le pouvoir dans un cadre sacré.3. Consolidation du pouvoirLes mariages entre membres de la famille royale limitaient les alliances extérieures susceptibles de fragiliser ou de diviser le pouvoir. En maintenant l’unité au sein du cercle familial, les pharaons réduisaient les risques de revendications concurrentes au trône. Cette stratégie garantissait également une continuité dynastique claire.4. Rôle des reines dans le pouvoirDans l’Égypte ancienne, les reines n’étaient pas de simples épouses : elles jouaient un rôle clé dans la légitimité royale. Épouser une sœur renforçait la stature divine de la reine et, par extension, celle du roi. Certaines reines, comme Néfertari ou Hatchepsout, jouissaient d’une grande influence politique et religieuse grâce à leur statut sacré.Une pratique controverséeBien que courante au sommet de la société, cette pratique était rare dans les classes inférieures. Elle n’était pas exempte de critiques : les unions consanguines pouvaient entraîner des problèmes génétiques, même si les archives historiques ne s’attardent pas sur ce point. Cependant, pour les pharaons, les considérations symboliques et politiques primaient largement sur les risques biologiques.Ainsi, ces mariages reflétaient une vision du monde où le pouvoir, la religion et la famille étaient intimement liés, au service de la pérennité de la dynastie et de l’État égyptien.Pourquoi le dessin animé "Moana" de Disney est devenu "Vaiana" en Europe ?
02:01|Le changement de nom du film d’animation "Moana" en "Vaiana" dans plusieurs pays européens, dont la France, est lié à un problème de droits d’auteur, mais pas que ! Explication.Le titre original "Moana" (qui signifie "océan" ou "mer" en polynésien) ne pouvait pas être utilisé en Europe en raison de plusieurs conflits de marques déposées dont celle en Espagne. En effet le nom "Moana" y est déjà une marque déposée par une société espagnole dans le domaine des cosmétiques. Cela empêchait Disney d’utiliser ce nom sur le marché européen sans risquer des poursuites. Mais ce n’est pas la seule raison. En Italie cette fois Une célèbre actrice des années 1980 et 1990, s’appelle Moana Pozzi. Elle est décédée depuis, mais sa notoriété est encore grande. Or, il s’agissait d’une actrice pronographique. Elle a joué dans Les ingénues, Italie Folies, Docteur Angelica ! Par ailleurs en 1991, Moana Pozzi cofonde, avec l'actrice de films X d'origine hongroise connue comme etant « la Cicciolina », le « Parti de l'amour » (Partito dell'Amore) en Italie, qui milite pour la légalisation des maisons closes, la promotion d'une meilleure éducation sexuelle et la création de « parcs de l'amour ». Aussi, largement Associée à l’industrie du cinéma pour adultes, l’utilisation de son prénom pour un film destiné à un public familial aurait pu entraîner des controverses ou des malentendus. Pourquoi "Vaiana" ?Pour remplacer "Moana", Disney a opté pour le nom "Vaiana", qui s’inscrit toujours dans la thématique polynésienne. "Vaiana" peut être traduit par "eau de la grotte" en langue tahitienne (combinant "vai" pour eau et "ana" pour grotte). Ce choix permettait de conserver l’essence exotique et océanique du personnage tout en évitant les problèmes juridiques. L’impact sur le succès du filmMalgré ce changement de titre, "Vaiana, la légende du bout du monde" a rencontré un énorme succès en Europe, comme ailleurs. L’histoire captivante, les musiques mémorables (notamment "Le Bleu Lumière") et le personnage de Vaiana ont transcendé les frontières linguistiques, prouvant que ce changement de nom n’a pas entaché la popularité du film.Pourquoi le "rôti sans pareil" est-il une recette unique ?
02:14|Le "rôti sans pareil" est une recette absolument unique, digne d’un banquet extravagant, et elle témoigne de l’ingéniosité — ou de la folie — de la gastronomie française d’antan. Inventée par Alexandre Grimod de la Reynière, considéré comme l’un des pères fondateurs de la critique gastronomique française, cette création culinaire symbolise l’excès et le raffinement de la cuisine aristocratique au début du XIXe siècle. La recette du "rôti sans pareil" est une véritable prouesse : elle consiste à imbriquer 17 oiseaux, de tailles décroissantes, les uns dans les autres, comme des poupées russes comestibles. On commence par farcir une olive aux anchois et aux câpres, que l’on place dans un petit oiseau appelé becfigue. Ce becfigue est inséré dans un ortolan, puis on continue à empiler méthodiquement des oiseaux de plus en plus gros : mauviette, grive, caille, vanneau, pluvier doré, perdrix, bécasse, sarcelle, pintadeau, canard, poulet, faisan, oie, dinde, et enfin, le tout est enrobé dans une outarde, un oiseau imposant. L’idée est que chaque couche d’oiseau, en cuisant, infuse de ses arômes le prochain, créant une symphonie complexe de saveurs. Le plat est ensuite rôti lentement pour s'assurer que chaque couche soit cuite à la perfection sans que les plus petits oiseaux ne se dessèchent. La réalisation est extrêmement délicate, nécessitant un savoir-faire et une patience remarquables, ce qui en fait une recette que peu de chefs ont osé reproduire intégralement. Grimod de la Reynière, auteur de l’Almanach des gourmands, a créé cette recette non seulement pour le plaisir gastronomique mais aussi comme un témoignage de l'excès culinaire qui régnait dans les cercles de la haute société de son époque. Le "rôti sans pareil" est une célébration de l’opulence et de la virtuosité culinaire, mais il pose aussi des questions sur l’accessibilité et le réalisme dans la cuisine : c’est une recette qui semble presque impossible à exécuter. Aujourd’hui, cette création a inspiré des versions plus simples, souvent réduites à un assemblage de quelques oiseaux seulement, car la recette originale, avec ses 17 volatiles, est non seulement coûteuse, mais d'une complexité presque absurde. Elle demeure cependant une légende de la gastronomie, un exemple de la créativité sans limite de la cuisine française.