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Choses à Savoir - Culture générale

Pourquoi des milliers de villes ont changé de nom pendant la Révolution ?

Aujourd’hui, des villes françaises comme Valence, Nevers ou Châtillon sonnent familières à nos oreilles. Mais il fut un temps, à la Révolution française, où elles ne portaient pas les mêmes noms. Pourquoi ? Parce que plus de 3000 communes ont changé de nom entre 1790 et 1795.


Un véritable tsunami toponymique, qui en dit long sur l’époque. Alors, que s’est-il passé ?


La Révolution française, ce n’est pas seulement la chute de la monarchie. C’est une volonté de refaire la France, de fond en comble.

Changer les lois. Changer les mœurs. Et même… changer les noms.


Les révolutionnaires considéraient que les noms de villes portaient les stigmates de l’Ancien Régime : des références religieuses, royales ou féodales qui n’avaient plus leur place dans la République naissante.

Alors, on a voulu épurer le territoire.


Adieu "Saint-Quelque-Chose", "Ville-Royale", "Notre-Dame-de…"


Prenons des exemples concrets :


Saint-Étienne devient Armes-le-Républicain, en référence à son industrie d’armement.

Montpellier est rebaptisée Mont-Libre.

Châtillon-sur-Seine devient Montagne-sur-Seine, dans l’esprit des Montagnards révolutionnaires.

Versailles, symbole absolu de la monarchie, devient… Berceau-de-la-Liberté. Un nom audacieux, voire ironique.


Les saints disparaissent. On les remplace par des mots comme “liberté”, “égalité”, “montagne”, “république”, “la raison”… Toute une géographie nouvelle, façonnée par les idéaux révolutionnaires.


Mais attention : ces changements ne sont pas tous imposés d’en haut. Beaucoup viennent des communes elles-mêmes, désireuses de prouver leur attachement à la Révolution, parfois pour échapper à la suspicion ou aux représailles.

Certaines vont même plus loin que nécessaire, supprimant tout ce qui pourrait rappeler une croix, une abbaye ou un seigneur.


Mais cette frénésie toponymique ne dure qu’un temps.


Avec la fin de la Terreur en 1794, et surtout sous le Directoire, la ferveur radicale s’essouffle. Bon nombre de villes reprennent progressivement leurs anciens noms – parfois dès les premières années du XIXe siècle, parfois beaucoup plus tard.


Alors non, ce grand nettoyage de la carte de France n’a pas duré. Mais il a laissé une trace. Il nous rappelle qu’un nom, ce n’est pas neutre. C’est un choix, une mémoire, une idéologie.


Changer le nom d’un lieu, c’est essayer de changer ce qu’il signifie. Et pendant quelques années, la France a tenté de se renommer elle-même… pour réinventer son avenir.

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  • Pourquoi les arrondissements de Paris forment-ils un escargot ?

    02:37|
    Quand on observe le plan de Paris, la succession des vingt arrondissements trace une spirale compacte, si parfaite qu’on la surnomme « l’escargot ». Contrairement à la légende, cet enroulement n’a rien d’esthétique : il résulte de deux opérations de découpage que la capitale a connues, d’abord sous la Révolution française, puis sous Napoléon III, chacune répondant à des impératifs très prosaïques.Le 11 octobre 1795, la Convention thermidorienne supprime les anciennes paroisses héritées de l’Ancien Régime et répartit Paris en douze arrondissements. Le principe retenu est celui d’une lecture « en zigzag » : on commence au Palais-Royal, on longe la Seine vers l’ouest, puis on remonte vers le nord jusqu’aux Buttes-Montmartre, avant de redescendre vers l’est. Ce système, calqué sur la façon dont on tourne les pages d’un livre, suffisait tant que la ville restait contenue à l’intérieur du mur des Fermiers généraux.Or, à partir de 1852, Napoléon III engage le préfet Haussmann dans un vaste projet d’embellissement. Pour aérer la ville, il faut annexer les faubourgs qui se sont densifiés de l’autre côté des fortifications de Thiers. Le décret du 1ᵉʳ janvier 1860 agrandit Paris et absorbe onze communes voisines : Passy, Auteuil, Belleville, La Villette, entre autres. En conséquence, la capitale passe de douze à vingt arrondissements ; il devient impossible de garder la vieille numérotation sans bouleverser des milliers d’adresses déjà gravées dans la pierre.Haussmann se met donc en quête d’un schéma qui limite les changements. Avec l’ingénieur Alphand, il décide de prendre le Louvre comme point de départ, symbole central du pouvoir, puis d’attribuer les numéros en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre : on balaye la rive droite jusqu’à la barrière d’Ivry, on traverse la Seine au Jardin des Plantes, et l’on achève la boucle sur la rive gauche pour revenir vers Passy. Ce mouvement continu forme une spirale, maintient presque intacte la numérotation du centre et immortalise, par le simple dessin d’une coquille, les priorités sociales et la hiérarchie spatiale voulues par le Second Empire.Rapidement, Charivari et Le Monde illustré repèrent cette forme et la baptisent « l’escargot parisien ». Le surnom reste : il suffit de suivre la coquille pour se repérer, du Louvre (1ᵉʳ) à Belleville (20ᵉ). La logique est si ancrée qu’en 2020, lors des débats sur la fusion administrative des quatre premiers arrondissements, la Ville a préservé la numérotation historique pour ne pas briser la spirale. Ainsi, si les arrondissements de Paris forment un escargot, c’est parce que la capitale a cherché, en 1860, le compromis le plus efficace : économiser les plaques, ménager les riches, intégrer de nouveaux quartiers et offrir au promeneur l’un des plans urbains les plus reconnaissables du monde.
  • Pourquoi dit-on un café “mocha” ?

    02:27|
    Le café "mocha" – ou "moka" en français – n’est pas seulement une boisson aromatisée au chocolat. C’est avant tout un nom chargé d’histoire, qui puise ses origines dans le commerce maritime et les débuts de la mondialisation du café. Ce nom fait directement référence à la ville portuaire de Mokha, située sur les côtes du Yémen, au bord de la mer Rouge.Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, Mokha fut le principal port d’exportation du café au monde. C’est depuis ce comptoir que les Européens ont découvert le café, et ce bien avant que les premières plantations ne soient créées ailleurs. À cette époque, les grains étaient cultivés exclusivement sur les plateaux du Yémen, notamment autour de la ville de Sana'a. Les grains récoltés étaient ensuite transportés à dos de mulets ou de chameaux jusqu’au port de Mokha, d’où ils prenaient la mer pour rejoindre les grandes villes d’Europe et d’Asie.Le café exporté par Mokha avait une saveur particulièrement réputée : corsée, intense, légèrement cacaotée. Ce profil aromatique unique, dû à l’altitude et au climat des hauts plateaux yéménites, allait marquer les palais européens. Très vite, le nom "mocha" devint synonyme de café de qualité, et par extension, de café tout court dans certaines régions.Au fil des siècles, la ville de Mokha perdit de son importance. À partir du XIXe siècle, de nouvelles plantations virent le jour ailleurs, notamment à Ceylan (l’actuel Sri Lanka), en Indonésie, puis en Amérique latine. Les Hollandais, puis les Britanniques, développèrent ces cultures coloniales qui finirent par supplanter le quasi-monopole yéménite. Le port de Mokha déclina peu à peu, concurrencé par Aden et d’autres hubs maritimes plus modernes.Malgré cela, le nom "mocha" resta dans les mémoires et s’ancrera durablement dans le langage du café. Lorsque, plus tard, les Italiens ou les Américains commenceront à mélanger du café espresso avec du chocolat fondu et du lait, cette boisson prendra naturellement le nom de "mocha" — en hommage à l’arôme chocolaté du café original venu du Yémen.Aujourd’hui, dans les coffee shops, le terme "mocha" désigne surtout une recette gourmande, à base de café, de chocolat et de lait. Mais son nom raconte une histoire bien plus ancienne, celle des premiers grains exportés sur les voiliers arabes, du goût inimitable du café yéménite… et d’un petit port oublié qui a donné son nom à une boisson mondialement célèbre.
  • Pourquoi ne faut-il surtout pas donner de carottes à votre lapin ?

    01:40|
    Il est tentant de donner une carotte à un lapin, surtout à cause de l'image populaire véhiculée par des dessins animés comme Bugs Bunny. Pourtant, les carottes ne sont pas un aliment adapté au quotidien des lapins, et en abuser peut nuire à leur santé. Voici pourquoi il ne faut surtout pas en donner régulièrement à votre lapin :Trop sucré pour leur système digestifLa carotte est un légume-racine très riche en sucres. Or, l’intestin du lapin est adapté à une alimentation pauvre en glucides et riche en fibres, comme le foin et les herbes. Une consommation régulière de carottes peut déséquilibrer leur flore intestinale et provoquer des ballonnements, de la diarrhée, voire des entérites potentiellement fatales chez les lapereaux.Mauvais pour leurs dentsContrairement à ce qu’on pense, les carottes ne sont pas assez dures pour entretenir la pousse continue des dents du lapin. Seul le foin permet un bon frottement et une usure naturelle.Risque d’obésitéÀ cause de leur teneur élevée en sucre, les carottes peuvent favoriser une prise de poids rapide, surtout si l’animal vit en intérieur et se dépense peu. Un lapin obèse est plus exposé aux problèmes cardiaques, articulaires et urinaires.Alors, que donner ?Le foin doit représenter 80 à 90 % de son alimentation. En complément, on peut lui offrir des légumes-feuilles (endives, fanes de carottes, céleri-branche, coriandre…), un peu de granulés de qualité sans céréales, et très exceptionnellement, un petit morceau de carotte en friandise, pas plus d’une ou deux fois par semaine.Conclusion :Les carottes ne sont pas toxiques, mais elles doivent être considérées comme des bonbons pour lapin : un petit plaisir rare, et certainement pas une base de l’alimentation. 
  • Tintin cache-t-il un secret de famille ?

    02:41|
    Derrière l’univers aventureux, limpide et rassurant de Tintin, se dissimulerait un non-dit familial aux résonances profondes. C’est la thèse que défend le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron, dans une étude publiée en 1985, et confirmée en 1987 par des recherches biographiques. Selon lui, Hergé aurait inconsciemment peuplé ses albums de symboles et de personnages reflétant un secret enfoui dans sa propre histoire familiale.Le point de départ de cette hypothèse : le père d’Hergé, Alexis Remi, était né de père inconnu. La mère d’Alexis, donc la grand-mère paternelle d’Hergé, n’a jamais révélé l’identité du géniteur. Ce silence, ce tabou, a laissé une empreinte durable dans la mémoire familiale. Hergé lui-même n’en parlait jamais. Mais selon Tisseron, l’œuvre de fiction serait devenue le lieu d’expression détournée de cette énigme généalogique.Parmi les indices les plus troublants : la figure des Dupondt. Ces deux policiers identiques, mais non apparentés, seraient une représentation symbolique du père d’Hergé et de son frère jumeau. Ce détail est réel : le père d’Hergé avait effectivement un frère jumeau, ce qui donne du crédit à l’idée que les Dupondt — clones sans origine claire — seraient une métaphore visuelle de cette gémellité et de ce double mystère.Autre personnage clé de cette grille de lecture : la Castafiore. Selon Tisseron, la diva exubérante et fantasque serait une projection caricaturale de la grand-mère d’Hergé, gardienne du secret. Toujours prête à faire du bruit, à envahir l’espace, mais incapable de nommer ce qui compte vraiment — à savoir, dans cette lecture, l’identité du père caché.Hergé lui-même, dans les dernières années de sa vie, semblait préoccupé par des questions liées à la généalogie, à la filiation, au secret. Certaines planches inachevées du dernier album, Tintin et l’Alph-Art, laissent entrevoir un univers plus sombre, plus introspectif. Un tournant peut-être vers une œuvre plus intime, jamais aboutie.En définitive, cette lecture ne réduit pas Tintin à un règlement de comptes familial. Mais elle révèle que même dans les aventures les plus ludiques, la mémoire inconsciente peut s’exprimer. À travers la quête perpétuelle d’un jeune reporter sans famille, toujours lancé vers des vérités cachées, peut-être Hergé cherchait-il, sans le dire, à percer son propre mystère d’origine.
  • Pourquoi la Thaïlande n’a-t-elle jamais été colonisée ?

    02:35|
    La Thaïlande, anciennement appelée royaume de Siam, est l’un des rares pays d’Asie à n’avoir jamais été colonisé par une puissance européenne. Cette exception historique s’explique par un ensemble de facteurs diplomatiques, géopolitiques et internes qui ont permis au pays de préserver son indépendance durant tout le XIXe siècle.Une position géographique stratégiqueLa Thaïlande se situait entre deux grandes puissances coloniales rivales : les Britanniques à l’ouest (en Birmanie et en Malaisie) et les Français à l’est (au Laos, au Cambodge et au Vietnam). Plutôt que de s’emparer du Siam, ces puissances ont préféré en faire un État tampon pour éviter un affrontement direct. Cette situation géopolitique a offert au royaume une marge de manœuvre précieuse.Une diplomatie habile et moderneLe rôle des rois du Siam a été déterminant. En particulier, le roi Mongkut (Rama IV) et son fils Chulalongkorn (Rama V), qui ont régné de 1851 à 1910, ont mené une politique de modernisation et de diplomatie très habile. Ils ont envoyé des ambassadeurs en Europe, étudié les institutions occidentales, et signé des traités commerciaux avec les puissances coloniales pour entretenir des relations pacifiques.Chulalongkorn, notamment, a réformé l’administration, l’armée, l’éducation et la justice pour montrer que son royaume était « civilisé » et capable de s’administrer lui-même — un argument essentiel à l’époque pour échapper à la domination coloniale, qui se justifiait souvent par la « mission civilisatrice ».Des concessions territoriales stratégiquesPour préserver leur cœur territorial, les rois de Siam ont parfois dû céder des provinces périphériques. En 1893, le royaume abandonne le Laos à la France, et plus tard certaines régions du Cambodge et de la Malaisie. Ces pertes ont été douloureuses, mais elles ont permis de préserver l’indépendance du pays central. La stratégie était claire : perdre un peu pour ne pas tout perdre.L’intelligence culturelle et symboliqueLes souverains thaïlandais ont aussi su jouer sur la valorisation de leur monarchie, en adoptant certains codes occidentaux tout en affirmant leur spécificité. Ils se sont faits photographier en costumes européens, ont appris l’anglais et le français, tout en gardant une forte identité culturelle thaïe.En résuméLa Thaïlande n’a jamais été colonisée grâce à un jeu d’équilibre subtil entre modernisation interne, concessions diplomatiques et rivalités entre puissances étrangères. Les rois du Siam ont su anticiper les menaces, moderniser leur État, et utiliser les tensions entre Britanniques et Français pour préserver l’indépendance nationale, une exception remarquable dans l’histoire de l’Asie du Sud-Est.
  • Pourquoi dit-on un “océan” ?

    02:00|
    Le mot "océan" vient du latin oceanus, lui-même emprunté au grec ancien Ôkeanós (Ὠκεανός). Dans la mythologie grecque, Océan est un dieu primordial, représentant un immense fleuve qui entourait le monde connu. Pour les Anciens, ce n’était pas un océan au sens moderne, mais un gigantesque cours d’eau formant une frontière liquide autour de la Terre habitée.Avec le temps et l’évolution des connaissances géographiques, le mot oceanus a cessé de désigner un fleuve mythologique pour désigner les vastes étendues d’eau salée qui couvrent aujourd’hui plus de 70 % de la surface terrestre.Pourquoi dit-on "un" océan, et pas "une" ? Tout simplement parce qu’en latin, oceanus est un mot de genre masculin. En français, les mots empruntés au latin conservent très souvent leur genre d’origine. C’est aussi le cas pour d’autres termes liés à l’eau, comme "le fleuve" (latin fluvius), "le courant" (latin currens) ou "le détroit" (latin strictus), qui sont tous masculins.À l’inverse, des mots comme "la mer", issus du latin mare (qui était neutre en latin), sont devenus féminins en français. Cette variation s’explique en partie par l’évolution du genre neutre latin vers les genres masculin ou féminin en français médiéval.Il existe aussi une dimension symbolique. Dans l’imaginaire collectif, la mer et l’océan ont parfois été associés à des qualités genrées : la mer serait plus proche, plus familière, parfois douce ou capricieuse (et donc associée au féminin), tandis que l’océan, immense, sauvage, puissant, incarnerait une force plus brute, plus lointaine, d’où son association avec le masculin. Ce sont bien sûr des représentations culturelles, mais elles ont pu influencer l’usage linguistique.En résumé, on dit "un océan" :– parce que le mot vient du latin oceanus, de genre masculin,– parce qu’il désignait à l’origine un dieu masculin dans la mythologie grecque,– et parce que la langue française conserve généralement le genre des mots empruntés au latin ou au grec.C’est donc un choix à la fois linguistique, historique et symbolique.
  • Qu'est-ce qu'un mot “proclitique” ?

    02:06|
    Un mot proclitique est un mot grammatical qui ne peut pas être prononcé seul de manière autonome : il est phonétiquement attaché au mot qui le suit, comme s’il en faisait partie. Autrement dit, il se colle au mot suivant pour être prononcé, et forme avec lui une unité prosodique, c’est-à-dire une seule syllabe accentuée ou rythmique.Le terme vient du grec « pro » (avant) et « klínein » (incliner), ce qui signifie littéralement « incliné vers l’avant ». Le mot proclitique se place donc toujours devant un autre mot, sur lequel il s’appuie.En français, de nombreux mots sont proclitiques. Il s’agit notamment :– des articles définis : le, la, les → le chat, la maison– des articles contractés : du, des → du pain, des amis– des prépositions simples : de, à → de Paris, à Marseille– de certains pronoms personnels : je, me, te, se, le, la → je pars, me voilàPrenons un exemple : dans la phrase « le garçon arrive », le mot « le » ne peut pas être prononcé isolément de manière naturelle. On dit [ləgaʁsɔ̃], c’est-à-dire « le-garçon », comme une seule unité rythmique. Si l’on essaie de détacher le mot « le », il perd son sens et sa fluidité.Les proclitiques sont des mots outils : ils n’ont généralement pas de sens lexical fort, mais remplissent une fonction grammaticale essentielle. Ils servent à structurer la phrase, à introduire un complément ou à déterminer un nom. Surtout, ils n’ont pas d’accent tonique propre : l’accent tombe toujours sur le mot suivant. Cette absence d’accent les rend phonétiquement dépendants.Il ne faut pas les confondre avec les enclitiques, qui sont des mots qui se collent au mot qui les précède. En français, ce phénomène est plus rare, mais on peut le trouver dans des tournures anciennes comme « a-t-il », où le « -t- » joue un rôle enclitique. Les mots proclitiques ne doivent pas non plus être confondus avec les mots toniques, qui portent l’accent principal de la phrase.Le phénomène de cliticité (proclitique et enclitique) est répandu dans de nombreuses langues. En espagnol ou en italien, par exemple, les pronoms objets peuvent être proclitiques ou enclitiques selon la place dans la phrase.Comprendre ce qu’est un mot proclitique permet de mieux analyser la structure rythmique des phrases, d’enseigner la prononciation et de distinguer les mots de fonction des mots lexicaux. En résumé, un mot proclitique est un petit mot grammatical qui s’appuie phonétiquement sur le mot suivant. Il est indispensable pour parler naturellement, mais toujours discret.
  • Pourquoi le docteur Delgado est-il si célèbre (et controversé) ?

    02:27|
    Le docteur José Manuel Rodríguez Delgado est célèbre pour avoir été l’un des pionniers de la neurostimulation du cerveau. Ce neurophysiologiste espagnol, actif surtout dans les années 1950 à 1970, est devenu célèbre (et controversé) pour ses expériences spectaculaires visant à contrôler le comportement humain et animal à distance à l’aide de dispositifs électroniques implantés dans le cerveau.1. L’invention du "stimoceiver"Delgado a mis au point un appareil appelé "stimoceiver" : un petit émetteur implanté dans le cerveau d’un sujet (humain ou animal), permettant de stimuler certaines zones cérébrales à distance via des ondes radio. L’objectif ? Explorer le rôle précis de certaines régions du cerveau dans le comportement, les émotions ou la motricité.2. L'expérience du taureauSon expérience la plus célèbre reste celle de 1963, lorsqu’il est parvenu à arrêter un taureau en pleine charge dans une arène de Cordoue, simplement en appuyant sur un bouton. Le taureau, équipé d’un stimoceiver, s’est brusquement arrêté net à quelques mètres de Delgado. Cette scène a frappé les esprits et a symbolisé la capacité (réelle ou exagérée) de la science à contrôler le vivant par la technologie.3. Le contrôle du comportement humainDelgado a également mené des expériences sur des patients souffrant de troubles psychiatriques. En stimulant certaines zones du cerveau, il parvenait à provoquer ou apaiser la colère, le plaisir ou la peur. Ces travaux ont alimenté l’idée que les émotions et comportements humains pouvaient être "programmés", ce qui a suscité autant d’enthousiasme scientifique que d’inquiétudes éthiques.4. Une figure controverséeDelgado a suscité la controverse, notamment parce qu’il parlait ouvertement de l’usage possible de la neurostimulation pour modeler une société "meilleure". Il affirmait que la technologie permettrait un jour de corriger la violence, le fanatisme ou les troubles mentaux en agissant directement sur le cerveau.En résumé :Le docteur Delgado est célèbre pour avoir ouvert la voie au contrôle cérébral à distance, en démontrant que l’activité neuronale pouvait être modifiée artificiellement pour influencer le comportement. Ses expériences, aussi fascinantes qu’inquiétantes, restent une référence dans l’histoire des neurosciences, et un symbole des dérives potentielles du pouvoir technologique sur le cerveau humain.
  • Pourquoi le "Triangle de l'Alaska" est-il si dangereux ?

    02:31|
    Moins connu que son cousin des Bermudes, le Triangle de l’Alaska est pourtant tout aussi mystérieux… voire plus inquiétant. Situé dans une zone délimitée entre Anchorage, Juneau et Barrow (au nord de l’État), ce triangle imaginaire fascine les chercheurs, les passionnés d’ésotérisme et les populations locales pour une raison troublante : plus de 16 000 personnes y ont disparu depuis les années 1980, sans laisser de traces.Ce chiffre impressionnant alimente la réputation d’une zone où avions, randonneurs, chasseurs et touristes disparaissent inexplicablement. Un des cas les plus célèbres remonte à 1972, lorsque le petit avion transportant le membre du Congrès américain Hale Boggs s’est volatilisé dans la région, sans jamais être retrouvé malgré d’intenses recherches mobilisant l’armée. Ni épave, ni corps, ni explication.Mais que se passe-t-il réellement dans ce triangle de glace ? Plusieurs hypothèses coexistent.D’abord, l’environnement naturel. L’Alaska est une terre extrême : conditions climatiques imprévisibles, blizzards soudains, forêts denses, montagnes escarpées, crevasses cachées sous la neige. À cela s’ajoutent les activités sismiques fréquentes (l’Alaska est l’un des États les plus géologiquement actifs des États-Unis) et la présence de failles tectoniques majeures qui pourraient entraîner des glissements de terrain ou engloutir des objets sans laisser de traces visibles.Ensuite, des phénomènes plus mystérieux sont évoqués. Des témoignages parlent de lumières étranges dans le ciel, de perturbations magnétiques, voire de portails vers d’autres dimensions. Des théories pseudo-scientifiques suggèrent l’existence de vortex énergétiques, comme ceux évoqués dans le mythe du Triangle des Bermudes. Pour les populations autochtones, la région est habitée par des esprits ou créatures surnaturelles, comme le Kushtaka, une entité mi-loutre mi-humaine qui attirerait les voyageurs perdus vers leur perte.Enfin, certains chercheurs évoquent des causes plus humaines : isolement extrême, trafics illicites, ou fugues délibérées. Dans une région aussi vaste, peu peuplée et difficile d’accès, il est relativement facile de disparaître… volontairement ou non.En résumé, le Triangle de l’Alaska est célèbre car il cumule des disparitions massives, un environnement hostile et des légendes captivantes. Dangereux à la fois par la nature et par les mystères qu’il inspire, il reste l’un des lieux les plus énigmatiques d’Amérique du Nord. Un triangle où la frontière entre réalité et mythe se brouille à chaque nouvelle disparition.