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Choses à Savoir PLANETE
Pourquoi les salles d’escalade seraient-elles plus polluées que certaines routes ?
Cela peut surprendre, mais l’air que vous respirez dans une salle d’escalade pourrait être aussi pollué – voire plus – que celui d’une route très fréquentée. C’est la conclusion alarmante d’une étude menée par des chercheurs suisses de l’EPFL et autrichiens de l’Université de Vienne, qui se sont penchés sur un élément inattendu : les semelles des chaussures d’escalade.
Ces chaussures, conçues pour offrir une adhérence maximale, sont fabriquées à partir de caoutchoucs très techniques, similaires à ceux utilisés dans les pneus automobiles. Cette similarité n’est pas anodine : comme les pneus, ces semelles contiennent des additifs chimiques leur conférant durabilité et résistance. Problème : lorsque les grimpeurs évoluent sur les murs, les semelles s’usent, libérant des microparticules dans l’air confiné des salles.
L’analyse de l’air intérieur dans plusieurs salles d’escalade a révélé des niveaux de pollution parmi les plus élevés jamais enregistrés dans des environnements clos. Selon Thilo Hofmann, vice-directeur du CeMESS à l’Université de Vienne, ces concentrations sont comparables à celles observées sur les axes routiers très fréquentés des grandes villes.
Parmi les substances identifiées, on retrouve notamment le 6PPD (N-(1,3-diméthylbutyl)-N’-phényl-p-phénylènediamine), un stabilisateur de caoutchouc utilisé pour retarder l’usure. Ce composé, déjà impliqué dans la mortalité massive de saumons dans certaines rivières nord-américaines, devient un toxique environnemental reconnu lorsqu’il est libéré sous forme de particules fines.
Dans une salle d’escalade, l’accumulation de ces microdébris en suspension, couplée à un renouvellement d’air parfois insuffisant, crée un cocktail potentiellement nocif. Bien que ces résultats soient préoccupants, les chercheurs ne recommandent pas d’abandonner l’escalade pour autant. Au contraire, ils appellent à une meilleure aération des locaux, à fréquenter les salles aux heures creuses, et surtout à sensibiliser les fabricants afin qu’ils remplacent les composés chimiques dangereux par des alternatives plus sûres.
Cette étude met en lumière un paradoxe : une activité perçue comme saine et proche de la nature peut, en intérieur, exposer à des niveaux de pollution inattendus. C’est un appel à la vigilance, non à la peur, pour que sport et santé restent compatibles – jusque dans les moindres recoins des salles d’escalade.
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Pourquoi faut-il protéger les haies ?
01:58|En bordure des champs, elles semblent discrètes, parfois même désordonnées. Et pourtant, les haies sont des piliers silencieux de nos paysages agricoles. Depuis les années 1950, la France a vu disparaître plus de 70 % de ses haies bocagères, victimes de l’agrandissement des parcelles, de la mécanisation et d’une logique de productivité à court terme. Pourtant, leur rôle est si crucial que leur déclin constitue aujourd’hui une véritable urgence écologique et agricole.Une haie, ce n’est pas qu’un alignement de végétation : c’est un écosystème en soi, formé d’arbres, d’arbustes, de plantes grimpantes, d’insectes, d’oiseaux, de petits mammifères et de micro-organismes. Elle agit comme un refuge pour la biodiversité. Mésanges, chauves-souris, hérissons, abeilles sauvages : tous y trouvent abri, nourriture, ou lieu de reproduction. Ces espèces sont loin d’être anecdotiques : certaines, comme les coccinelles ou les syrphes, rendent d’immenses services aux agriculteurs en luttant naturellement contre les pucerons ou les larves parasites.Mais les bénéfices des haies ne s’arrêtent pas là. Elles protègent les sols de l’érosion, en freinant le ruissellement de l’eau lors des fortes pluies. Leurs racines stabilisent les terrains et favorisent l’infiltration de l’eau dans les nappes phréatiques, limitant ainsi les inondations comme les sécheresses. En captant le carbone atmosphérique et en stockant la matière organique, elles jouent aussi un rôle dans la lutte contre le changement climatique.Autre fonction essentielle : le rôle de brise-vent. Une haie bien placée peut réduire les pertes de rendement dues aux vents desséchants de 10 à 30 %. Elle crée un microclimat favorable aux cultures voisines, en retenant l’humidité et en atténuant les écarts de température. Elle limite aussi la dérive des pesticides pulvérisés sur les champs, protégeant ainsi les riverains et les zones sensibles.Malgré ces bienfaits, les haies continuent d’être arrachées. Leur entretien demande du temps, de la main-d'œuvre, et elles sont parfois perçues comme une gêne pour les grandes machines agricoles. Pourtant, des dispositifs d’aide à la plantation et à la gestion durable existent déjà, portés par les collectivités, les chambres d’agriculture et des associations environnementales. Le Plan haie lancé récemment par l’État vise à replanter 50 000 km de haies d’ici 2030. Mais cela reste insuffisant au regard des pertes passées.Protéger les haies, c’est investir dans un modèle agricole plus résilient, plus sobre et plus vivant. C’est aussi réconcilier les impératifs de production avec ceux de la nature. Car sans haies, ce sont des écosystèmes entiers que l’on condamne au silence.Peut-on vraiment dire qu’un arbre meurt de « vieillesse » ?
02:27|Dans l’imaginaire collectif, un chêne millénaire finit par s’éteindre parce qu’il a simplement atteint la limite de son horloge biologique. Mais la réalité forestière est plus nuancée : les arbres ne possèdent pas de programme de mort prédéterminé comparable à celui des mammifères. Ils succombent le plus souvent à une combinaison de stress externes—tempêtes, sécheresses, parasites, incendies—auxquels vient parfois s’ajouter un lent déclin physiologique lié à l’âge.Chez les plantes ligneuses, le vieillissement se manifeste surtout au niveau des organes : feuilles, branches et racines suivent des cycles de croissance, de sénescence puis de remplacement. Le tronc, lui, s’épaissit année après année grâce au cambium, ce tissu méristématique capable de produire de nouveaux anneaux de bois tant qu’il reste protégé. Tant que la circulation de sève n’est pas interrompue, techniquement, l’arbre peut se maintenir indéfiniment.Pourtant, des signes d’usure s’accumulent. Les cellules les plus anciennes, situées au cœur du bois, deviennent inactives ; elles ne meurent pas mais cessent de conduire l’eau. À mesure que la hauteur augmente, la gravité complique la montée de la sève : la pression négative nécessaire devient telle que le moindre épisode de sécheresse peut provoquer la cavitation des vaisseaux, créant des bulles d’air fatales. Plusieurs études menées sur les séquoias et les eucalyptus indiquent qu’autour de 100 mètres, le système hydraulique approche sa limite physique : la croissance ralentit, la couronne se réduit, la photosynthèse pâtit.En parallèle, la défense chimique faiblit. Des travaux parus en 2018 dans New Phytologist montrent que les conifères très âgés produisent moins de résines antifongiques, rendant leurs cernes internes plus vulnérables aux champignons lignivores. Les pathogènes profitent alors des micro-fissures créées par le vent ou la glace pour s’installer et fragiliser les racines. De son côté, l’accumulation de mutations somatiques dans les méristèmes, bien que lente, peut altérer la régulation hormonale et la capacité de cicatrisation.Ainsi, le scénario le plus courant ressemble moins à une mort « naturelle » qu’à une série d’assaillants profitant d’un organisme affaibli : un orage arrache une grosse branche, l’humidité s’infiltre, un champignon pourrit le cœur, puis un coup de vent achève l’édifice. Dans les rares forêts exemptes de perturbations majeures, certains individus dépassent quand même les trois, quatre voire cinq millénaires—le pin de Bristlecone en Californie, des ifs d’Europe ou l’olivier de Vouves en Crète. Leur longévité exceptionnelle prouve que l’espèce-arbre, en théorie, dispose d’un potentiel de vie quasi illimité.En conclusion, on peut dire que les arbres ne meurent pas « de vieillesse » au sens biologique strict ; ils meurent parce que le temps allonge la liste de leurs ennemis et fragilise peu à peu leurs défenses. La vieillesse n’est pas la cause directe, mais elle rend inévitable la rencontre avec un facteur létal.Pourquoi la construction de la ville d'Elon Musk inquiète-t-elle ?
02:15|La construction de Starbase, la base spatiale privée de SpaceX située à Boca Chica, au sud du Texas, soulève depuis plusieurs années des problèmes environnementaux majeurs. Si le projet incarne l’ambition spatiale d’Elon Musk, il inquiète de nombreux scientifiques, associations écologistes et habitants locaux.Tout d’abord, Starbase est implantée en plein cœur d’un écosystème particulièrement fragile : marais, dunes, lagunes et zones humides abritent une biodiversité exceptionnelle. La région est voisine du Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge, une réserve naturelle protégée. On y trouve des espèces menacées ou rares, comme le pluvier siffleur (un petit oiseau côtier en danger), le jaguarundi (un petit félin difficile à observer), des tortues de mer comme la tortue luth, ainsi que des centaines d’espèces d’oiseaux migrateurs. La construction d’infrastructures (routes, réservoirs, plateformes de lancement) a fragmenté les habitats et mis en péril l’équilibre de cet environnement unique.Ensuite, les lancements eux-mêmes ont des conséquences spectaculaires. Le 20 avril 2023, le tout premier vol d’essai du lanceur Starship a causé une explosion massive sur le pas de tir. Des tonnes de béton et de débris ont été projetées à plusieurs kilomètres à la ronde. Un nuage de poussière a recouvert les plages voisines et les habitats naturels. Des oiseaux et poissons morts ont été signalés, et la faune a été soumise à un stress sonore extrême.Par ailleurs, SpaceX bénéficie de dérogations accordées par la Federal Aviation Administration (FAA), qui est critiquée pour son manque de rigueur dans l’évaluation des risques environnementaux. En 2023, plusieurs organisations écologistes, dont le Center for Biological Diversity, ont porté plainte contre la FAA, estimant que les impacts du projet n’avaient pas été correctement pris en compte.Enfin, le site génère une pollution sonore, lumineuse et chimique. Les tests de moteurs produisent un bruit intense, perturbant pour les animaux et les habitants. L’éclairage nocturne trouble les cycles de reproduction de certaines espèces. Et les carburants utilisés, très puissants et corrosifs, peuvent contaminer les sols et les nappes phréatiques.En résumé, Starbase pose un véritable dilemme : d’un côté, une avancée technologique spectaculaire vers l’exploration spatiale ; de l’autre, la destruction possible d’un écosystème rare et précieux. La question reste entière : jusqu’où peut-on aller au nom du progrès, sans sacrifier les équilibres naturels ?Pourquoi une résine grecque fascine-t-elle le monde ?
02:20|Le mastiha, aussi appelé mastic de Chios, est une résine aromatique rare produite par le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus var. chia), un arbuste qui pousse presque exclusivement dans le sud de l’île grecque de Chios, en mer Égée. Depuis plus de 2 500 ans, cette résine, surnommée la « larme des arbres », fascine les civilisations pour ses vertus médicinales, ses usages spirituels, son parfum singulier et même son rôle dans l’histoire.Sa production est un phénomène quasi miraculeux. Le mastiha ne coule que dans des conditions climatiques très spécifiques. Les arbres sont incisés à la main, et la résine s’écoule lentement avant de sécher au soleil sous forme de petits cristaux. Seuls les villages appelés mastichochoria, dans le sud de Chios, parviennent à en produire de manière significative.Dans l’Antiquité, Hippocrate recommandait déjà le mastiha pour soigner les troubles digestifs et les affections respiratoires. Les Égyptiens l’utilisaient dans les rites funéraires, tandis que les Romains l’ajoutaient à leurs parfums et leurs vins médicinaux. À l’époque byzantine et sous l’Empire ottoman, il était si précieux qu’il servait parfois de monnaie d’échange. Des anecdotes historiques rapportent même que la contrebande de mastiha pouvait être punie de mort.Aujourd’hui, la science valide bon nombre de ses vertus traditionnelles. Des études ont montré que le mastiha a des propriétés antibactériennes, notamment contre la bactérie Helicobacter pylori, responsable des ulcères de l’estomac. Il est aussi reconnu pour ses effets anti-inflammatoires, antioxydants, et pour son efficacité dans les soins bucco-dentaires. En 2015, l’Agence européenne des médicaments l’a reconnu comme substance végétale traditionnelle.Le mastiha continue de séduire dans le monde entier. Il est utilisé en cosmétique (crèmes, dentifrices, soins de la peau), en gastronomie (liqueur de mastiha, pâtisseries orientales) et en parfumerie pour ses notes boisées et résineuses uniques.Depuis 1997, le mastiha de Chios bénéficie d’une Appellation d’Origine Protégée (AOP) au niveau européen. Sa production est toujours gérée par une coopérative locale fondée en 1938 : l’Union des producteurs de mastiha de Chios.En résumé, le mastiha fascine depuis l’Antiquité parce qu’il unit rareté, tradition, efficacité médicinale et richesse culturelle. C’est un véritable trésor végétal qui continue de relier nature, science et histoire humaine.Pourquoi le deep sea mining est-il dangereux ?
02:23|Depuis plusieurs années, l’idée d’exploiter les fonds marins pour en extraire des métaux rares et précieux séduit de plus en plus de gouvernements et d’entreprises. En 2024, Donald Trump s’est publiquement déclaré favorable à l’exploitation minière sous-marine à grande échelle, sous prétexte de « souveraineté économique » et d’indépendance stratégique face à la Chine, qui domine l’extraction terrestre de nombreux matériaux. Mais cette vision court-termiste fait peser des menaces majeures sur l’un des écosystèmes les plus fragiles de la planète.Qu’est-ce que le deep sea mining ?Le deep sea mining, ou exploitation minière des grands fonds, consiste à extraire des nodules polymétalliques (riches en cobalt, nickel, manganèse…), situés à plus de 4 000 mètres de profondeur, dans des zones comme la Zone Clarion-Clipperton dans l’océan Pacifique. Ces ressources sont convoitées pour produire des batteries, notamment pour les voitures électriques.Pourquoi c’est dangereux ?1. Des écosystèmes méconnus et extrêmement fragilesLes fonds océaniques abritent une biodiversité unique, avec des espèces encore inconnues. À ces profondeurs, la vie est lente, les organismes mettent des décennies à se développer. Une perturbation mécanique ou chimique peut les anéantir irréversiblement.2. Des sédiments toxiques remis en suspensionLe dragage du sol libère des plumes de sédiments qui peuvent s’étendre sur des centaines de kilomètres, perturbant les espèces filtrantes et polluant toute la colonne d’eau. Des métaux lourds pourraient aussi remonter et entrer dans la chaîne alimentaire.3. Un effet domino sur le climatLes fonds marins stockent du carbone dans les sédiments. Les remuer pourrait libérer du CO₂, aggravant le réchauffement climatique. De plus, les océans jouent un rôle majeur dans la régulation planétaire, et leur déstabilisation aurait des effets imprévisibles.4. Un vide juridique dangereuxLes fonds marins internationaux ne sont pas « possédés » par un pays. L’Autorité Internationale des Fonds Marins (ISA), censée encadrer leur exploitation, est vivement critiquée pour sa proximité avec l’industrie. Trump et d'autres pourraient contourner les règles et agir sans cadre clair, au mépris de l’environnement.Pourquoi dire non maintenant ?L’urgence n’est pas de piller un nouvel espace, mais de recycler, innover, et protéger ce que nous ne comprenons pas encore. Plus de 700 scientifiques ont déjà appelé à un moratoire mondial sur le deep sea mining. Des pays comme la France ou le Chili y sont favorables.Empêcher Trump — ou toute autre puissance — de foncer tête baissée dans cette ruée vers les abysses, c’est préserver le dernier sanctuaire naturel de la Terre. Car dans les profondeurs, une fois détruit… rien ne repousse.Quel est le plus haut sommet vierge du monde ?
02:05|Le Gangkhar Puensum est le plus haut sommet vierge du monde, c’est-à-dire jamais gravi par l’homme. Situé dans l’Himalaya, à la frontière entre le Bhoutan et le Tibet (Chine), il culmine à environ 7 570 mètres d’altitude, bien que certaines anciennes mesures aient indiqué 7 754 mètres. Cette incertitude reflète le caractère mystérieux et peu exploré de la région.Ce sommet reste inviolé pour plusieurs raisons. D’abord, la région est extrêmement reculée, difficile d’accès, et soumise à des conditions météorologiques très instables. Ensuite, les cartes topographiques disponibles dans les années 1980 étaient imprécises, rendant l’approche du sommet encore plus complexe. Mais surtout, le Gangkhar Puensum n’a jamais été gravi à cause d’une interdiction formelle du gouvernement bhoutanais.En 1994, le Bhoutan a interdit l’ascension de tous les sommets de plus de 6 000 mètres pour des raisons culturelles et religieuses. Dans la tradition bouddhiste bhoutanaise, les hautes montagnes sont considérées comme les demeures de divinités et d’esprits protecteurs. Les gravir serait une profanation. Depuis, le Gangkhar Puensum est protégé par la loi et par la foi.Avant cette interdiction, entre 1983 et 1986, quatre expéditions internationales ont tenté d’atteindre le sommet, sans succès. Elles ont été freinées par des cartes erronées, des pentes dangereuses et un climat imprévisible. En 1998, une équipe japonaise a essayé de contourner l’interdiction en partant du versant tibétain, mais elle a été stoppée avant d’atteindre le sommet principal.Aujourd’hui, le Gangkhar Puensum est le plus haut sommet de la planète à n’avoir jamais été gravi. Tous les sommets de plus de 8 000 mètres, comme l’Everest ou le K2, ont été conquis. Même des sommets de 7 000 mètres dans des régions hostiles comme l’Afghanistan ou l’Alaska ont été atteints. Le Gangkhar Puensum demeure donc une exception.Ce sommet est devenu un symbole : celui d’une limite volontaire à la conquête humaine, d’un respect pour le sacré, et d’un espace préservé dans un monde où tout semble cartographié, filmé, escaladé. Le Gangkhar Puensum n’est pas seulement une montagne : c’est un rappel que certains lieux doivent peut-être rester intacts, hors de notre portée.Quel est le pays au plus haut risque de déforestation ?
01:32|Selon la récente classification de l'Union européenne (UE) sur le risque de déforestation, quatre pays sont identifiés comme présentant un risque élevé : la Russie, le Myanmar, la Biélorussie et la Corée du Nord. Cette liste, publiée en mai 2025 dans le cadre du règlement européen sur les produits exempts de déforestation (EUDR), vise à renforcer la traçabilité des produits importés tels que le soja, le cacao, le bois, l'huile de palme et le bétail .La Russie, en particulier, attire l'attention en raison de l'ampleur de ses pertes forestières. Entre 2020 et 2024, le pays a perdu environ 5,59 millions d'hectares de forêts naturelles, équivalant à 816 millions de tonnes de CO₂ émises . Cette déforestation est principalement due à l'exploitation illégale du bois, souvent destinée à l'exportation vers la Chine, et à des incendies de forêt de plus en plus fréquents et intenses.Le Myanmar figure également parmi les pays à haut risque, avec une déforestation alimentée par l'exploitation illégale du bois, notamment du teck, et par des conflits internes qui entravent la gestion durable des forêts.En revanche, des pays comme le Brésil et l'Indonésie, historiquement associés à des taux élevés de déforestation, sont classés comme présentant un risque standard. Cette décision a suscité des critiques de la part d'organisations environnementales, qui estiment que ces pays devraient être soumis à des contrôles plus stricts .Le classement de l'UE repose sur plusieurs critères, notamment les taux de déforestation récents, la transparence des données, la législation environnementale en place et la coopération avec l'UE. Les pays à haut risque seront soumis à des contrôles plus rigoureux, avec des vérifications portant sur 9 % des importations concernées, contre 3 % pour les pays à risque standard et 1 % pour ceux à faible risque .Ce système de classification vise à encourager les pays à améliorer leurs pratiques en matière de gestion forestière et à renforcer la durabilité de leurs chaînes d'approvisionnement. Il reflète également la volonté de l'UE de lutter contre la déforestation importée et de promouvoir des produits respectueux de l'environnement sur son marché.En conclusion, bien que la Russie et le Myanmar soient actuellement identifiés comme les pays présentant le plus haut risque de déforestation selon l'UE, cette classification est susceptible d'évoluer en fonction des efforts déployés par les pays pour améliorer la gestion de leurs ressources forestières et renforcer la transparence de leurs chaînes d'approvisionnement.Pourquoi les démocraties ne sont pas si “vertes” ?
01:44|À première vue, les démocraties semblent être les championnes de l'environnement, avec des politiques climatiques ambitieuses et une forte mobilisation citoyenne. Cependant, une étude récente remet en question cette perception en révélant que les démocraties ont tendance à externaliser leur pollution en important des biens polluants produits ailleurs.Cette étude, publiée dans PLOS Climate, a analysé les données de 161 pays entre 1990 et 2015, en croisant les émissions de gaz à effet de serre, les flux commerciaux et les indices de démocratie. Les résultats montrent que les démocraties ont des émissions domestiques plus faibles, mais cela s'explique en partie par le transfert de la production polluante vers des pays moins démocratiques. En moyenne, les émissions de gaz à effet de serre étaient supérieures d'un peu plus d'une tonne par personne dans les démocraties qui externalisent davantage leur pollution, comparées à leurs homologues moins démocratiques.The IndependentCe phénomène, connu sous le nom de "pollution offshoring", signifie que les pays démocratiques arrêtent de produire des biens polluants eux-mêmes et les importent à la place, déplaçant ainsi les dommages environnementaux vers les pays producteurs. Cela est courant dans le commerce mondial, en particulier entre les démocraties plus riches et les nations à faible revenu dotées de réglementations environnementales plus faibles.The IndependentPar exemple, la Norvège, souvent saluée pour ses politiques environnementales progressistes, reste l'un des plus grands producteurs de pétrole par habitant. Bien que le pays investisse massivement dans les énergies renouvelables et la conservation internationale, sa dépendance à l'égard des combustibles fossiles soulève des questions sur sa véritable empreinte écologique.The GuardianEn revanche, certaines autocraties, comme la Chine, ont mis en œuvre des politiques environnementales strictes, notamment des investissements massifs dans les énergies renouvelables et des réglementations sévères sur la pollution. Cependant, l'absence de transparence et de participation citoyenne dans ces régimes peut limiter l'efficacité et la durabilité de ces initiatives.En conclusion, la performance environnementale d'un pays ne dépend pas uniquement de son régime politique. Les démocraties peuvent afficher de faibles émissions domestiques tout en externalisant leur pollution, tandis que certaines autocraties peuvent adopter des politiques environnementales ambitieuses malgré des systèmes politiques fermés. Pour une évaluation plus précise, il est essentiel de considérer l'empreinte écologique globale, y compris les émissions importées, et de promouvoir des politiques transparentes et inclusives, quel que soit le régime politique.Pourquoi le dessalement de l’eau de mer n'est pas généralisé ?
01:46|Face à la raréfaction de l’eau douce sur la planète, le dessalement de l’eau de mer semble une solution séduisante : après tout, les océans couvrent plus de 70 % de la surface terrestre. Pourtant, cette technologie reste peu développée à l’échelle mondiale. Pourquoi ?La première raison est énergétique. Dessaler l’eau de mer demande une quantité importante d’énergie. La méthode la plus courante aujourd’hui, l’osmose inverse, utilise des membranes sous haute pression pour filtrer le sel. Produire un mètre cube d’eau potable nécessite en moyenne entre 3 et 5 kWh. Cela reste beaucoup plus coûteux que le traitement de l’eau douce issue de nappes phréatiques ou de rivières.Or, dans de nombreux pays, cette énergie provient encore de sources fossiles. Résultat : les usines de dessalement émettent du CO₂, contribuant au changement climatique. Paradoxalement, en cherchant à compenser la pénurie d’eau, on alimente le réchauffement global qui aggrave justement cette pénurie.La deuxième limite est économique. Construire une usine de dessalement coûte cher : plusieurs centaines de millions d’euros pour des unités de grande capacité. L’eau ainsi produite reste donc plus onéreuse pour les consommateurs. Ce modèle est viable pour des pays riches (comme Israël, les Émirats arabes unis ou l’Espagne), mais reste inaccessible pour de nombreuses régions du monde.Enfin, il y a la question de l’impact environnemental. Le processus de dessalement génère un sous-produit appelé saumure : une eau extrêmement concentrée en sel, souvent rejetée dans la mer. Cela crée des zones de forte salinité au large des usines, perturbant les écosystèmes marins. La faune benthique, les poissons, les coraux peuvent en souffrir.Une étude publiée en 2019 dans Science of the Total Environment a révélé que pour chaque litre d’eau douce produite, 1,5 litre de saumure est rejeté. Avec plus de 16 000 usines de dessalement en activité dans le monde, cela représente un enjeu écologique majeur.Certaines solutions émergent : valoriser la saumure en extrayant des minéraux (magnésium, lithium), ou la diluer avant rejet. Mais ces techniques restent coûteuses et complexes.En résumé, le dessalement n’est pas généralisé car il est énergivore, coûteux et impacte les milieux naturels. C’est un outil précieux dans certaines régions arides, mais pas une solution miracle. Mieux vaut en parallèle renforcer les économies d’eau, recycler les eaux usées, et protéger les ressources existantes. La clé réside dans une gestion globale et durable de l’eau.