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Choses à Savoir HISTOIRE
Pourquoi les Vikings préféraient-ils la hache à l’épée ?
Quand on imagine un Viking en plein combat, on pense immédiatement à une grande hache tranchante brandie avec rage. Et ce n’est pas un cliché : les Vikings utilisaient bel et bien majoritairement des haches au combat, bien plus que des épées. Mais pourquoi ce choix ? Était-ce une question de stratégie, de tradition… ou tout simplement de budget ? Plongeons dans les coulisses de l’armement viking.
La hache : un outil devenu arme
D’abord, la hache était un outil courant dans la vie quotidienne des Scandinaves. Qu’il s’agisse de couper du bois, de construire des bateaux ou d’abattre des arbres, chaque foyer possédait une ou plusieurs haches. Résultat : c’était une arme familière, robuste et polyvalente. En temps de guerre, il suffisait de renforcer le manche ou d’affûter la lame pour transformer cet objet domestique en arme redoutable.
Les archéologues ont retrouvé de nombreuses haches de guerre spécifiques, notamment la célèbre "hache danoise", longue et à lame large, utilisée à deux mains. D’autres modèles étaient plus compacts, légers et rapides, parfaits pour les raids éclairs.
L’épée : un luxe réservé à l’élite
L’épée, elle, n’était pas à la portée de tous. Fabriquée en fer, souvent décorée, équilibrée et nécessitant un savoir-faire de forgeron très avancé, elle coûtait extrêmement cher. Pour un Viking ordinaire, l’épée représentait un symbole de richesse et de prestige.
Certaines épées, comme les fameuses Ulfberht, étaient si bien conçues qu’on les considère comme les Rolls-Royce de l’époque. Elles étaient souvent transmises de génération en génération, accompagnées de rituels funéraires. Mais dans un combat de masse ou un raid, peu de guerriers en possédaient réellement.
Efficacité et brutalité
La hache n’avait pas seulement l’avantage du coût : elle était aussi terriblement efficace. Grâce à son poids décalé, elle permettait des frappes puissantes capables de briser des boucliers, d’éventrer des armures légères ou de désarmer un adversaire. Certaines étaient dotées de crochets, permettant d’agripper un bouclier ou de tirer un ennemi au sol.
De plus, dans la tradition viking, le combat rapproché, brutal et direct était valorisé. La hache incarnait cette philosophie du guerrier sans fioritures, efficace et sans peur.
Une arme identitaire
Enfin, la hache était aussi un marqueur culturel. Elle symbolisait l’identité scandinave, à tel point qu’on la retrouve gravée sur des pierres runiques, des pendentifs, et même dans les mythes — le dieu Thor lui-même manie une arme lourde, le marteau Mjöllnir, qui partage une parenté symbolique avec la hache.
En résumé, les Vikings se battaient avec des haches parce que c’était pratique, économique, redoutable… et profondément enraciné dans leur culture. Une arme à la fois populaire et mythique.
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Pourquoi l'accès civil au GPS vient-il d'un drame ?
02:19|Aujourd’hui, il suffit de sortir son téléphone pour connaître sa position exacte sur Terre. Mais ce confort technologique, si banal aujourd’hui, trouve son origine dans un événement tragique. Car l’ouverture du GPS au grand public n’est pas née d’un progrès pacifique… mais d’un drame en pleine Guerre froide.Tout commence le 1er septembre 1983. Un Boeing 747 de la compagnie Korean Air Lines, vol 007, quitte New York à destination de Séoul. Mais quelque part au-dessus de l’océan Pacifique, l’avion s’écarte de sa trajectoire prévue. Il vole à l’aveugle, guidé uniquement par des instruments de navigation classiques, reposant sur le magnétisme terrestre.Ce que l’équipage ignore, c’est que leur appareil entre dans l’espace aérien soviétique, au-dessus de la péninsule de Sakhaline, une zone ultra-sensible militairement. Les Soviétiques, convaincus d’avoir affaire à un avion espion américain, ne prennent aucun risque. Deux chasseurs sont envoyés. L’un d’eux tire un missile. Le Boeing est abattu. Les 269 passagers et membres d’équipage périssent.L’émotion est immense. Le choc est mondial. Et à Washington, le président Ronald Reagan décide de réagir, pas seulement sur le plan diplomatique, mais aussi technologique.À l’époque, les États-Unis disposent déjà du GPS, un système de géolocalisation par satellite, mais il est réservé aux militaires. Reagan annonce alors une décision stratégique : une fois le système finalisé, le GPS sera ouvert à l’usage civil dans le monde entier, gratuitement. L’idée : permettre à l’avenir à tout avion, bateau ou véhicule, de connaître sa position avec précision et d’éviter de tels accidents.Mais il y a un bémol : pendant des années, l’armée américaine garde une main sur le système. Une dégradation volontaire de la précision, appelée "Selective Availability" (SA), est activée. Les civils peuvent utiliser le GPS, mais avec une précision limitée à environ 100 mètres.Il faut attendre l’an 2000 pour que cette restriction soit levée. Le président Bill Clinton donne alors l’ordre de désactiver le SA. Résultat : la précision passe à quelques mètres pour tous les utilisateurs. C’est cette décision qui marque le véritable envol du GPS dans la vie quotidienne : dans les voitures, les téléphones, les avions, les montres de sport.Ce que l’on oublie souvent, c’est que derrière ce confort moderne se cache une tragédie. Le GPS civil, ce n’est pas seulement de la technologie : c’est aussi une réponse politique à une erreur de navigation fatale. Un progrès né du chaos, comme souvent dans l’histoire.Pourquoi Bonaguil est-il considéré comme le dernier château fort construit en France ?
02:26|Dans le Lot-et-Garonne, perché sur un éperon rocheux, le château de Bonaguil semble tout droit sorti du Moyen Âge. Avec ses tours massives, ses douves, ses ponts-levis et ses meurtrières, il incarne l’image même du château fort médiéval. Et pourtant… Bonaguil est un anachronisme architectural. Car il a été bâti à une époque où les canons régnaient déjà sur les champs de bataille. C’est ce qui en fait un monument à part : le dernier grand château fort construit en France.L’histoire commence au XIIIe siècle, mais c’est au tournant des XVe et XVIe siècles que Bonaguil prend son allure actuelle. Un homme va lui donner sa forme définitive : Bérenger de Roquefeuil, un riche baron visionnaire — ou entêté, selon les points de vue. Entre 1480 et 1510, il entreprend de transformer la vieille forteresse médiévale en une place forte ultra-moderne, capable de résister aux armes à feu.À cette époque, le paysage militaire a changé. L’invention de l’artillerie à poudre a rendu obsolètes les châteaux classiques. Les canons peuvent pulvériser des murailles en pierre. Les seigneurs abandonnent les forteresses verticales pour des bastions bas, aux murs épais et inclinés, comme dans les citadelles de Vauban un siècle plus tard. Et pourtant, Bérenger, lui, persiste à construire une forteresse féodale, avec créneaux, tours et échauguettes — mais en y intégrant des innovations militaires de son temps.Bonaguil est ainsi un château fort "hybride". Il possède :– des douves profondes et des murs inclinés pour amortir les tirs de canon ;– une barbette, plate-forme de tir pour l’artillerie défensive ;– des casemates voûtées pour stocker des munitions ;– des cheminées renforcées contre les incendies ;– et surtout, une complexité défensive hors norme : sept ponts-levis, des galeries souterraines, des herses, des pièges.Mais ce chef-d’œuvre d’architecture militaire ne servira jamais à la guerre. Bonaguil n’a jamais été attaqué. Trop isolé, trop coûteux, il devient rapidement obsolète. Pire : à peine terminé, il est déjà dépassé par les progrès de l’artillerie.C’est précisément cela qui en fait un monument unique : le dernier château fort construit selon les principes médiévaux, au seuil de la Renaissance. Un pont suspendu entre deux mondes, figé dans la pierre.Aujourd’hui, Bonaguil attire les visiteurs non pour ses batailles, mais pour le témoignage historique qu’il incarne : la fin d’une époque, celle des seigneurs bâtisseurs de forteresses.Pourquoi dit-on "être médusé" ?
02:22|L’expression "être médusé" est aujourd’hui utilisée pour désigner un état de stupéfaction intense, un moment où l’on reste bouche bée, figé, incapable de réagir. Mais derrière cette formule familière se cache une origine fascinante, puisée dans la mythologie grecque.Tout commence avec Méduse, une des trois Gorgones, ces créatures monstrueuses aux cheveux faits de serpents et au regard pétrifiant. Contrairement à ses sœurs, Méduse n’était pas immortelle. Selon la version la plus répandue du mythe, elle était à l’origine une belle jeune femme, prêtresse d’Athéna. Mais après avoir été séduite — ou violée, selon les récits — par Poséidon dans le temple même de la déesse, Athéna, furieuse, la punit en la transformant en monstre. Son regard devint si redoutable qu’il changeait en pierre quiconque croisait ses yeux.C’est ce pouvoir terrifiant qui donne naissance à notre expression. Être "médusé", c’est littéralement être figé, paralysé par la stupeur, tout comme les victimes de Méduse étaient pétrifiées sur place. Cette paralysie n’est pas physique aujourd’hui, mais psychologique : surprise, choc, incompréhension, émerveillement… Tous ces états où l’esprit s’arrête un instant sont "médusants".Le mythe va plus loin encore. Méduse est finalement tuée par Persée, grâce à un stratagème ingénieux. Pour éviter de croiser son regard, il utilise un bouclier poli comme un miroir, observe son reflet et la décapite sans la regarder directement. La tête de Méduse devient alors une arme puissante, capable de pétrifier les ennemis même après sa mort. Elle est fixée sur le bouclier d’Athéna, la fameuse égide, devenant un symbole de pouvoir et de protection.C’est à partir du XIXe siècle que l’expression "être médusé" entre vraiment dans la langue française, dans le sens figuré que nous lui connaissons. Elle évoque toujours cette même idée d’un choc si soudain, si intense, qu’il nous laisse figés, sans voix.Ainsi, chaque fois que nous disons être médusés par une nouvelle, un spectacle ou un événement, nous faisons sans le savoir appel à une image vieille de plusieurs millénaires : celle d’une femme maudite, aux cheveux de serpents, dont le regard figeait la vie elle-même.Et c’est peut-être là, dans cette légende aussi troublante que puissante, que réside toute la beauté de la langue : faire survivre les mythes dans nos mots du quotidien.Quel est le plus mystérieux cold case de la préhistoire européenne ?
02:07|Charterhouse Warren. Un site archéologique, situé près de Bristol, au sud-ouest de l’Angleterre. Tout commence par une découverte macabre faite dans les années 1970 : au fond d’une fosse naturelle, les archéologues mettent au jour un amas de restes humains. Rien d’étonnant, pense-t-on d’abord : le site est un ancien puits d’extraction de plomb, utilisé plus tard comme sépulture collective.Mais les analyses plus récentes ont révélé une toute autre histoire. Il y a environ 4000 ans, à l’âge du bronze, une communauté entière aurait été massacrée, puis partiellement dévorée. Le site se transforme alors en un véritable mystère pour les scientifiques.Que sait-on ? Les restes appartiennent à au moins 40 individus — hommes, femmes, enfants. Mais ce n’est pas un tombeau organisé. Les ossements sont jetés pêle-mêle, démembrés, avec de nombreuses traces de violence extrême. Les crânes sont fracturés, les os longs portent des marques de coupures nettes, comme si l’on avait retiré chair et moelle. Certaines fractures indiquent que les victimes étaient encore en vie au moment des coups.Plus troublant encore : des traces de découpe et de cuisson ont été détectées sur plusieurs os. Ces indices accréditent la thèse d’un cannibalisme rituel ou de survie. Mais pourquoi ? Guerre tribale ? Vengeance ? Famine extrême ? Le contexte exact échappe encore aux chercheurs.Le mystère de Charterhouse Warren réside aussi dans l’absence de parallèles connus. En Europe de l’âge du bronze, les sépultures sont en général ordonnées, respectueuses. Ici, on est face à une scène de violence collective, isolée, sans précédent clair. Était-ce une attaque venue de l’extérieur ? Un massacre interne ? Une exécution de prisonniers ? Le site défie les interprétations.Ce qui ajoute encore au trouble, c’est que le site n’était pas une nécropole : c’est un ancien gouffre de mine, qui a servi d’abattoir et de décharge humaine. Pourquoi ce choix ? Était-ce pour effacer les traces ? Pour symboliser un rejet ? Pour isoler les morts du monde des vivants ?En résumé, Charterhouse Warren est un mystère parce qu’il brise les codes connus de la préhistoire britannique. Ce n’est pas un simple site funéraire, mais la scène d’un crime de masse vieux de 4000 ans — un massacre suivi d’actes de cannibalisme dont les motivations nous échappent encore. Un vrai cold case pour les archéologues… et pour l’imaginaire.Pourquoi dit-on un "plouc" ?
01:38|Aujourd’hui, traiter quelqu’un de "plouc", c’est l’accuser d’être mal dégrossi, rustre, provincial, voire carrément vulgaire. Mais d’où vient exactement ce mot que l’on utilise si facilement dans la conversation ? Comme souvent avec le langage populaire, l’histoire du mot "plouc" est plus subtile qu’il n’y paraît.Le terme apparaît pour la première fois à la fin du XIXe siècle, et son origine est géographique. À cette époque, de nombreux Bretons viennent chercher du travail à Paris. Or, les Bretons de langue bretonne utilisent couramment le mot "plou", qui signifie "paroisse". Il est d’ailleurs omniprésent dans les toponymes de Bretagne : Plouha, Plougastel, Plouzané, Ploudalmézeau, etc.Ces travailleurs bretons étaient souvent mal vus à Paris. Ils parlaient mal le français, avaient un accent prononcé, et occupaient des emplois peu valorisés. Les Parisiens, moqueurs, se mirent à les surnommer les "Ploucs", en référence à ce "plou" qui leur collait à la peau. Le "c" final aurait été ajouté par déformation ou par analogie avec d’autres mots péjoratifs.Mais le mot ne tarda pas à s’élargir : il ne désignait plus seulement les Bretons, mais plus généralement tous ceux que les Parisiens percevaient comme des "péquenauds" ou des provinciaux un peu arriérés. Le succès du mot dans l’argot parisien a été renforcé par le développement de la presse populaire et des chansons de cabaret au début du XXe siècle.Au fil du temps, "plouc" a perdu son ancrage breton pour devenir un terme générique. On l’utilise aujourd’hui pour désigner quelqu’un de malhabile socialement, de mal habillé, ou simplement jugé de mauvais goût. Ce peut être un provincial aux yeux d’un urbain snob, mais aussi un nouveau riche sans raffinement, ou un voisin perçu comme "beauf".L’histoire de "plouc" est donc celle d’un mot né d’une moquerie sociale et régionale, qui a fini par s’universaliser. Ce qui en fait aussi un témoignage sur les tensions entre Paris et la province, entre élites urbaines et classes populaires rurales.Aujourd’hui, bien sûr, le mot est employé sur un ton souvent humoristique ou affectueux. Mais son origine nous rappelle que le langage véhicule aussi des préjugés… et que certains mots, derrière leur apparente légèreté, ont une histoire bien plus sérieuse.Depuis quand se fait-on des doigts d’honneur ?
02:10|Ce geste universellement compris — lever le majeur en repliant les autres doigts — est aujourd’hui un symbole grossier et insultant. Mais quelle est son origine ? À quand remonte-t-il vraiment ? Pour le savoir, il faut remonter… très loin.Les historiens s’accordent à dire que le doigt d’honneur est l’un des gestes obscènes les plus anciens de l’histoire. On en retrouve des traces dans l’Antiquité. Chez les Grecs déjà, au IVe siècle avant notre ère, le philosophe Diogène de Sinope l’utilisait pour se moquer ou provoquer ses interlocuteurs. Le geste, appelé katapygon, visait clairement à représenter un symbole phallique. Le majeur dressé était vu comme la représentation d’un sexe masculin tendu, les doigts repliés suggérant les testicules. Une manière directe et visuelle d’insulter.Les Romains ont hérité de cette coutume. Chez eux, le geste était connu sous le nom de digitus impudicus — littéralement, le "doigt sans pudeur". Il avait la même connotation sexuelle et servait à marquer le mépris ou à offenser quelqu’un. On le retrouve mentionné dans plusieurs textes latins, preuve de sa large diffusion.Et après l’Antiquité ? Le geste n’a jamais complètement disparu. Il a traversé les siècles, souvent associé aux classes populaires et aux comportements jugés vulgaires. Mais son retour en force dans la culture contemporaine est plus récent.Contrairement à une légende tenace, le doigt d’honneur ne vient pas des archers anglais de la guerre de Cent Ans. Cette histoire raconte que les archers anglais faisaient le geste pour narguer les Français, qui leur coupaient l’index et le majeur s’ils étaient capturés. Mais cette anecdote est largement apocryphe : aucun document médiéval sérieux ne la confirme.Le doigt d’honneur tel qu’on le connaît aujourd’hui s’est surtout popularisé au XXe siècle, avec l’émergence de la culture de masse. Dès les années 1920-30, on retrouve des clichés de boxeurs ou de gangsters américains utilisant le geste. Puis, avec le rock’n’roll, le cinéma et la télévision, il devient un signe de rébellion et de provocation universellement compris.En résumé : le doigt d’honneur est un geste vieux de plus de deux millénaires. Né dans la Grèce antique, codifié chez les Romains, il a survécu à travers les âges pour devenir ce symbole de défiance que l’on retrouve aujourd’hui sur tous les continents. Un simple doigt levé… mais chargé de 2 400 ans d’histoire.Pourquoi Witold Pilecki a-t-il été prisonnier volontaire à Auschwitz ?
02:29|La question semble presque insensée. Qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, choisirait délibérément de se faire enfermer dans l’un des camps les plus terrifiants du régime nazi ? Pourtant, c’est exactement ce qu’a fait Witold Pilecki, officier de l’armée polonaise et membre de la résistance.L’histoire débute en 1940. La Pologne est écrasée sous l’occupation allemande. À Varsovie, des rumeurs circulent : à environ 50 kilomètres de là, un nouveau camp, appelé Auschwitz, aurait été ouvert. Officiellement, il s’agit d’un camp pour prisonniers politiques. Mais des échos plus sinistres commencent à émerger. Le commandement de l’Armée secrète polonaise cherche alors un volontaire pour pénétrer ce camp et en rapporter des informations fiables.Witold Pilecki se porte volontaire. Officier de carrière, profondément patriote, il est convaincu que seule la connaissance précise de ce qui se passe à Auschwitz permettra à la résistance et aux Alliés de réagir. En septembre 1940, il se fait délibérément arrêter lors d’une rafle à Varsovie, sous une fausse identité. Direction Auschwitz.Ce qu’il découvre dépasse l’horreur. Conditions de vie inhumaines, travail forcé, exécutions sommaires, famine, maladies… Dès l’intérieur du camp, Pilecki organise un réseau clandestin de résistance, le ZOW (Związek Organizacji Wojskowej). Ce réseau collecte des renseignements, prépare des sabotages et, surtout, transmet des rapports détaillés vers l’extérieur via des contacts infiltrés. Ce sont les premiers témoignages crédibles sur les atrocités d’Auschwitz qui parviennent à Londres.Pendant près de trois ans, Pilecki survit et documente l’enfer. Mais en 1943, constatant qu’un soulèvement interne reste irréalisable sans aide extérieure, il décide de s’évader. Après une évasion rocambolesque, il reprend le combat dans la résistance polonaise.Après la guerre, le sort de Pilecki reste tragique. Opposé au nouveau régime communiste installé en Pologne, il est arrêté en 1947 par la police politique. Accusé de conspiration, il est condamné à mort et exécuté en 1948. Pendant des décennies, son histoire est étouffée.Aujourd’hui, Witold Pilecki est reconnu comme l’un des héros les plus courageux de la Seconde Guerre mondiale. Son incroyable sacrifice volontaire a permis au monde de prendre conscience, dès 1941-42, de la véritable nature d’Auschwitz. Un geste de bravoure rare, qui force encore le respect.Pourquoi Burke et Hare furent-ils des serial killers originaux ?
02:25|Au cœur de l’Édimbourg du début du XIXe siècle, l’université de médecine connaît un essor fulgurant. Les étudiants affluent pour suivre les cours des plus grands anatomistes. Mais il y a un problème : la loi écossaise autorise seulement l’utilisation des cadavres de condamnés à mort pour les dissections. Bien trop peu pour répondre à la demande grandissante des écoles de médecine. C’est dans ce contexte que s’installe un marché noir macabre : le trafic de cadavres.C’est là qu’entrent en scène William Burke et William Hare. Les deux hommes se rencontrent en 1827 à Édimbourg. Hare tient une modeste pension de famille. Un jour, un de ses pensionnaires meurt brutalement, laissant une dette impayée. Plutôt que d’alerter les autorités, Burke et Hare décident de vendre le corps à un certain docteur Robert Knox, éminent professeur d’anatomie. Knox leur offre une belle somme pour ce cadavre tout frais. L’idée fait son chemin : pourquoi attendre les morts naturelles quand on peut... provoquer la mort ?Le duo sombre alors dans une spirale criminelle. Leur méthode est simple et redoutablement efficace : attirer des victimes isolées, souvent des mendiants ou des prostituées, dans la pension, les enivrer, puis les étouffer — une technique baptisée plus tard le "Burking", qui ne laisse pas de traces visibles. Ensuite, les corps sont vendus à Knox, qui ferme volontairement les yeux sur l’origine douteuse de ses précieuses fournitures.En moins d’un an, Burke et Hare assassinent au moins 16 personnes. Mais leur série macabre finit par éveiller les soupçons. En novembre 1828, le corps d’une de leurs victimes, Margaret Docherty, est découvert dissimulé dans la pension. La police intervient.Lors du procès retentissant, Hare passe un accord : il témoigne contre son complice en échange de l’immunité. Burke, lui, est condamné à mort. Il est pendu en janvier 1829 devant une foule immense. Ironie du sort : son propre corps est ensuite... disséqué publiquement par les médecins d’Édimbourg.Quant au docteur Knox, bien qu’il ne soit jamais poursuivi, sa réputation est irrémédiablement ternie. L’affaire provoque un tollé en Écosse et en Grande-Bretagne. En 1832, une nouvelle loi sur l’anatomie est votée : désormais, les hôpitaux peuvent utiliser les corps non réclamés des pauvres, mettant fin au sinistre commerce des "résurrectionnistes".Ainsi se clôt l’histoire glaçante de Burke et Hare — deux hommes ordinaires devenus serial killers par appât du gain, dans une ville fascinée... par la science du corps humain.Comment l’amour de Cléopâtre et Marc Antoine a provoqué leur chute ?
02:46|C’est l’une des plus célèbres histoires d’amour tragiques de l’Antiquité : celle de Cléopâtre VII, reine d’Égypte, et de Marc Antoine, général et homme fort de Rome.Mais derrière la légende romantique, leur alliance fut aussi un choix politique, qui finit par précipiter leur perte. Voici pourquoi.Tout commence après l’assassinat de Jules César, en 44 av. J.-C.Marc Antoine, son fidèle lieutenant, hérite d’une partie du pouvoir à Rome. Il forme avec Octave (le futur Auguste) et Lépide le Second Triumvirat pour gouverner la République en crise.Envoyé en mission en Orient, Marc Antoine rencontre Cléopâtre en 41 av. J.-C. à Tarse. La reine d’Égypte, fine stratège, comprend qu’elle peut faire de cette liaison un atout politique. Antoine, fasciné par son charisme et sa richesse, tombe amoureux. Très vite, leur relation devient autant personnelle que politique.Cléopâtre lui offre un soutien financier et militaire. En échange, Antoine lui cède des territoires en Orient. Ils ont ensemble des enfants, et Antoine passe de plus en plus de temps à Alexandrie, ce qui irrite profondément les Romains.Pourquoi cela conduit-il à leur chute ?Le problème, c’est que cette alliance apparaît à Rome comme une trahison des intérêts romains.Octave, rival d’Antoine, s’en sert habilement dans sa propagande : il accuse Marc Antoine d’être sous l’emprise de Cléopâtre, de vouloir déplacer le centre de pouvoir à Alexandrie, et même de préparer une guerre contre Rome.Le coup de théâtre a lieu en 32 av. J.-C. : Antoine divorce de sa femme romaine, Octavie (sœur d’Octave), pour vivre pleinement avec Cléopâtre. C’est le prétexte qu’attendait Octave pour déclarer la guerre... non pas à Antoine, mais à Cléopâtre elle-même. C’est donc une guerre entre Rome et l’Égypte qui se prépare.Le conflit culmine en 31 av. J.-C. avec la célèbre bataille navale d’Actium. La flotte romano-égyptienne, commandée par Antoine et Cléopâtre, est battue par celle d’Octave.Fuyant vers l’Égypte, les deux amants tentent de se ressaisir, mais la cause est perdue.En 30 av. J.-C., Octave envahit Alexandrie. Antoine se suicide, croyant Cléopâtre morte. Peu après, Cléopâtre, refusant d’être exhibée en triomphe à Rome, met fin à ses jours, selon la tradition, en se faisant mordre par un aspic.Leur chute signe la fin de l’indépendance de l’Égypte, qui devient province romaine. Et Octave, vainqueur, pose les fondations de l’Empire romain.Ainsi, ce qui était au départ une alliance stratégique et une passion sincère est devenu le levier qu’Octave utilisa pour abattre ses rivaux et refonder Rome.