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Choses à Savoir HISTOIRE

Comment un moine a-t-il inventé la clémentine ?

L’histoire de la clémentine ressemble à un conte fruité, né au croisement de la science, du hasard et de la passion botanique. Elle commence en 1902, dans un orphelinat agricole tenu par les Frères de l’Annonciation, près d’Oran, en Algérie alors française. Le responsable des lieux, le frère Clément Rodier, moine d’origine alsacienne, s’intéresse depuis longtemps à l’agriculture et à l’amélioration des cultures fruitières. Curieux, il multiplie les expérimentations dans le verger de l’orphelinat.


Un jour, en observant des plants d’agrumes, il découvre un arbre étrange. Celui-ci, issu vraisemblablement d’un croisement naturel entre un mandarinier et un oranger doux, porte des fruits petits, ronds, à la peau fine et à la chair sucrée. Contrairement aux mandarines classiques, ils sont presque sans pépins. Le frère Clément comprend vite qu’il tient là une découverte précieuse, facile à cultiver et surtout très appréciée des enfants de l’orphelinat. On baptise ce nouveau fruit « clémentine », en hommage à son découvreur.


L’innovation tombe à point nommé. À l’époque, la mandarine, bien que populaire, est jugée trop acide et pleine de graines, ce qui limite sa consommation. La clémentine, elle, se pèle facilement, ne laisse pas de jus collant sur les doigts et plaît aux plus jeunes comme aux adultes. Sa douceur et sa praticité la rendent rapidement irrésistible.

Dès les années 1920, la culture de la clémentine se répand dans toute l’Algérie, puis en Corse, au Maroc et en Espagne. Après la Seconde Guerre mondiale, elle conquiert la France métropolitaine, devenant un fruit d’hiver emblématique. Dans les années 1960, la Corse en fait même une spécialité locale, donnant naissance à l’appellation « clémentine de Corse », très recherchée pour sa qualité.


Aujourd’hui, la clémentine est produite sur tous les continents, des vergers méditerranéens aux plantations de Californie et d’Afrique du Sud. Mais son origine reste profondément franco-algérienne, née de l’observation attentive d’un moine qui voulait nourrir au mieux les enfants d’un orphelinat.


Ce qui frappe dans cette histoire, c’est la rencontre entre le hasard biologique et la curiosité humaine. Sans le regard passionné du frère Clément, ce croisement naturel aurait pu passer inaperçu. Sa découverte illustre la manière dont l’agriculture, parfois, se réinvente grâce à des figures modestes, éloignées des laboratoires mais proches de la terre.


La clémentine n’est donc pas seulement un fruit d’hiver que l’on déguste à Noël. Elle est le symbole discret d’une invention née dans un coin de verger algérien, devenue en un siècle un véritable patrimoine mondial.

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  • Pourquoi Athènes et Sparte se sont-elles affrontées ?

    02:40|
    Au Ve siècle avant notre ère, la Grèce antique n’était pas un pays unifié, mais une mosaïque de cités-États — les polis — jalouses de leur indépendance. Parmi elles, deux dominaient par leur puissance et leur prestige : Athènes, cité maritime et démocratique, et Sparte, cité militaire et oligarchique. Leur affrontement, connu sous le nom de guerre du Péloponnèse, allait bouleverser le monde grec.Après les guerres médiques contre les Perses (490–479 av. J.-C.), Athènes émergea comme la grande puissance navale du monde grec. Elle mit sur pied la Ligue de Délos, une alliance censée protéger les cités grecques contre un retour des Perses. En réalité, Athènes transforma peu à peu cette ligue en empire maritime, imposant son autorité, exigeant des tributs et plaçant des garnisons dans les cités alliées. Cette expansion, vécue comme une domination, inquiéta profondément Sparte et ses alliés du Péloponnèse.Sparte, société austère et militarisée, dirigeait de son côté la Ligue du Péloponnèse, une coalition de cités conservatrices. Là où Athènes incarnait le mouvement, la culture, la démocratie et la mer, Sparte représentait la stabilité, la discipline, la tradition et la terre. Deux visions du monde s’opposaient : celle d’une cité commerçante ouverte sur l’extérieur, et celle d’un État guerrier refermé sur lui-même. La tension idéologique devint politique, puis militaire.Les premières frictions éclatèrent dès le milieu du Ve siècle. Des incidents en Béotie, en Mégaride et à Corinthe mirent le feu aux poudres. En 431 av. J.-C., la guerre fut officiellement déclarée : Sparte contre Athènes, dans un conflit total qui allait durer près de trente ans. Les Spartiates dominaient sur terre, les Athéniens régnaient sur mer. Mais la guerre ne se joua pas seulement sur le champ de bataille : Athènes fut frappée par une terrible peste qui décima sa population, dont son stratège Périclès.En 404 av. J.-C., affaiblie par la guerre, la famine et les divisions internes, Athènes capitula. Sparte imposa un régime oligarchique, mettant fin à la démocratie athénienne pendant un temps.Mais cette victoire fut illusoire : la Grèce sortit épuisée, divisée, incapable de résister à la montée en puissance d’un nouvel acteur — la Macédoine. Ainsi, l’affrontement entre Athènes et Sparte ne fut pas seulement une guerre entre deux cités, mais le début du déclin du monde grec classique.
  • Comment l’Amérique a tenté de séduire Moscou en pleine guerre froide ?

    02:36|
    En 1959, en pleine guerre froide, un événement improbable se déroula à Moscou. Les États-Unis, rivaux idéologiques de l’Union soviétique, y organisèrent une vaste exposition nationale : l’American National Exhibition. Pendant six semaines, trois millions de visiteurs soviétiques purent découvrir, dans le parc Sokolniki, un condensé du rêve américain — gadgets, réfrigérateurs, jeans, voitures rutilantes, et même une maison modèle entièrement équipée.L’objectif n’était pas innocent. Dans un monde coupé en deux blocs, cette exposition constituait une véritable opération de séduction, un exercice de “soft power” avant l’heure. Washington voulait montrer la supériorité de son modèle, fondé sur la prospérité et la liberté individuelle, face au communisme soviétique. Les Américains y exposèrent non seulement leurs innovations technologiques — télévision couleur, ordinateurs, cuisine moderne — mais aussi leur mode de vie. Le message implicite : “Voyez comme on vit bien sous le capitalisme.”Pour de nombreux Soviétiques, c’était un choc. Certains voyaient pour la première fois un Coca-Cola, un lave-vaisselle ou un tourne-disque haute fidélité. Les files d’attente s’étiraient sur des centaines de mètres, non pour acheter, mais pour regarder. Les autorités soviétiques, méfiantes, surveillaient la foule tout en essayant de contenir l’enthousiasme.L’épisode le plus célèbre de cette exposition reste le “Kitchen Debate” — le “débat de la cuisine” — entre le vice-président américain Richard Nixon et le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev. Devant une cuisine américaine reconstituée, les deux hommes s’affrontèrent verbalement sur les mérites comparés du capitalisme et du communisme. Nixon vantait la liberté de choix et la consommation, Khrouchtchev répondait que le système soviétique produisait “de meilleurs réfrigérateurs et de meilleures fusées”. Ce dialogue improvisé, capté par les caméras, fit le tour du monde et symbolisa la rivalité idéologique des deux blocs — avec, en toile de fond, un simple évier chromé et un four électrique.L’exposition de Moscou fut un succès diplomatique pour les États-Unis. Elle montrait qu’au-delà des armes et de la propagande, la guerre froide se jouait aussi dans les cuisines, les supermarchés et les foyers. En confrontant les Soviétiques à la culture de consommation occidentale, elle sema les graines d’une curiosité qui, des années plus tard, contribuerait à fissurer le rideau de fer.Une leçon d’histoire : parfois, un réfrigérateur peut en dire plus qu’un discours politique.
  • Pourquoi l’affaire Calas a-t-elle indigné toute la France ?

    04:27|
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  • Pourquoi "l'arbre de vie" est-il un arbre sacré au Japon ?

    02:13|
    Au Japon, l’arbre de vie a pris une dimension nouvelle au XXᵉ siècle, lorsque le ginkgo biloba, déjà symbole de longévité dans la culture asiatique, est devenu le témoin d’un événement tragique : la bombe atomique d’Hiroshima. Le 6 août 1945, à 8 h 15, l’explosion pulvérisa presque toute la ville. Les températures atteignirent plus de 4 000 °C, et plus de 100 000 personnes périrent instantanément. Pourtant, parmi les ruines calcinées, quelques arbres résistèrent — et parmi eux, plusieurs ginkgos.Ces arbres, situés à moins d’un kilomètre de l’hypocentre, furent entièrement brûlés à la surface, mais leurs racines restèrent vivantes. À la stupéfaction des survivants, de jeunes pousses vertes apparurent au printemps suivant, dans une ville dévastée. Ce phénomène devint un symbole national : la vie plus forte que la destruction. Ces ginkgos, appelés hibakujumoku (« arbres bombardés »), existent encore aujourd’hui. On en recense une centaine à Hiroshima, soigneusement identifiés, protégés et entretenus. Chacun porte une plaque indiquant sa distance du point d’explosion et sa date de repousse.Mais la sacralité du ginkgo ne naît pas seulement de sa survie physique : elle rejoint une tradition spirituelle japonaise ancienne. Dans le shintoïsme, la nature est habitée par les kami, les esprits divins. Les arbres, par leur longévité et leur verticalité, sont perçus comme des passerelles entre le ciel et la terre. Le ginkgo, avec sa capacité à renaître après la destruction, incarne désormais une forme moderne d’arbre de vie : il relie la souffrance du passé à l’espérance du futur.Les Japonais voient dans ces arbres rescapés une métaphore de la résilience nationale. Après la guerre, ils devinrent lieux de recueillement et d’enseignement moral. Autour de certains d’entre eux, les habitants plantèrent des jardins de paix. Des graines furent envoyées à travers le monde, jusqu’en Europe et aux États-Unis, comme symboles de réconciliation.Aujourd’hui encore, ces ginkgos rappellent la capacité humaine à se relever. Leur silhouette élégante, leurs feuilles en éventail qui jaunissent chaque automne, racontent une histoire plus vaste que celle du Japon : celle de la vie qui persiste malgré la folie des hommes. C’est pourquoi, au Japon, l’arbre de vie n’est pas seulement une métaphore spirituelle : c’est une réalité historique, gravée dans l’écorce brûlée des ginkgos d’Hiroshima, témoins silencieux de la survie du monde.
  • Pourquoi Winston Churchill reste-t-il un héros… controversé ?

    02:37|
    Winston Churchill demeure l’un des visages les plus emblématiques du XXᵉ siècle. Premier ministre britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, il incarne la résistance face à l’Allemagne nazie. Ses discours galvanisants, son courage et sa détermination ont fait de lui un symbole de liberté. Pourtant, derrière cette figure héroïque se cache un homme dont certaines positions politiques et morales suscitent aujourd’hui une profonde controverse.Car si Churchill fut le sauveur de la démocratie européenne, il fut aussi, selon de nombreux historiens, le produit et le défenseur d’un empire colonial profondément inégalitaire. En 1937, lors de la Commission Peel chargée d’examiner l’avenir de la Palestine mandataire, il déclara sans détour qu’il ne voyait « aucun tort » à ce que des peuples autochtones — les Aborigènes d’Australie ou les Amérindiens d’Amérique — aient été remplacés par une « race plus forte et de meilleure qualité ». Pour lui, la domination britannique n’était pas seulement légitime : elle relevait d’un ordre naturel des choses.Mais c’est en Inde, joyau de l’Empire, que ses choix politiques ont eu les conséquences les plus tragiques. En 1943, une famine d’une ampleur catastrophique frappe la province du Bengale. Environ trois millions de personnes meurent de faim. Les causes sont multiples — mauvaises récoltes, guerre, blocages des transports —, mais les archives montrent que Churchill refusa sciemment d’envoyer les cargaisons de blé disponibles dans les colonies voisines. Il justifia ce choix par des considérations racistes : selon lui, « les Indiens se reproduisent comme des lapins » et « étaient de toute façon mal nourris ».Pendant que des familles entières mouraient dans les rizières, le gouvernement britannique continuait d’exporter du riz indien pour nourrir ses troupes et ses alliés. Interpellé par ses ministres sur la gravité de la situation, Churchill répondit par des sarcasmes : il demanda pourquoi Gandhi n’était pas encore mort de faim.Aujourd’hui, ces propos ternissent l’image d’un héros longtemps présenté sans nuance. Pour beaucoup d’historiens, il faut reconnaître Churchill dans toute sa complexité : un stratège exceptionnel et un orateur de génie, mais aussi un homme pétri de préjugés raciaux et d’un colonialisme brutal.Ainsi, l’héritage de Churchill reste double. Il fut le défenseur du monde libre… mais pas de tous les peuples libres. Une gloire bâtie sur la victoire, et une ombre que l’Histoire, désormais, ne peut plus ignorer.
  • Pourquoi le “Rouleau de cuivre” fascine-t-il les archéologues ?

    02:45|
    Parmi les plus mystérieux trésors archéologiques découverts au XXᵉ siècle figure un objet singulier : le Rouleau de cuivre. Il fait partie des célèbres manuscrits de la mer Morte, retrouvés entre 1947 et 1956 dans les grottes de Qumrân, au bord de la mer Morte, en Israël. Mais contrairement aux centaines d’autres rouleaux faits de cuir ou de parchemin, celui-ci a été gravé… dans du cuivre pur. Et son contenu n’a rien de religieux : c’est une carte au trésor.Découvert en 1952 dans la grotte n°3, ce rouleau se présentait sous la forme de deux cylindres verdâtres, corrodés par les siècles. Trop fragiles pour être déroulés, ils furent découpés en bandes à l’aide d’une scie fine à l’université de Manchester. Ce n’est qu’alors que les archéologues purent lire les inscriptions gravées en hébreu ancien sur le métal. À la différence des autres manuscrits de Qumrân, composés de textes bibliques, le Rouleau de cuivre énumérait… des lieux et des quantités d’or et d’argent.Le texte, long d’environ 60 colonnes, répertorie 64 caches de trésors : lingots, pièces, vases sacrés, objets précieux, pour un total estimé à plusieurs tonnes de métaux précieux. Certaines cachettes seraient dissimulées sous des marches de temples, d’autres dans des grottes ou des citernes, aux alentours de Jérusalem et du désert de Judée. Si ces chiffres étaient authentiques, le trésor aurait une valeur inestimable.Mais à qui appartenait-il ? Les hypothèses se multiplient depuis plus de soixante-dix ans. Pour certains chercheurs, il s’agirait des richesses du Temple de Jérusalem, dissimulées juste avant sa destruction par les Romains en l’an 70. Pour d’autres, le texte aurait été rédigé par la communauté des Esséniens de Qumrân, qui aurait voulu protéger ses biens religieux. D’autres encore pensent à un document symbolique ou à une liste fictive, destinée à nourrir un enseignement spirituel.Aucune des caches décrites n’a jamais été retrouvée. Les indications géographiques sont trop vagues, les paysages ont changé, et il est possible que le trésor ait été pillé ou détruit depuis des siècles. Pourtant, le mystère demeure. Le Rouleau de cuivre, avec son allure de plan codé, fascine archéologues et aventuriers. C’est un texte unique au monde, entre mythe et archéologie, qui témoigne d’une époque troublée où les fidèles tentaient de sauver ce qu’ils avaient de plus précieux — leurs richesses, mais aussi leur foi. Et peut-être, quelque part sous les sables de Judée, dorment encore les trésors qu’il évoque.
  • Pourquoi beaucoup de médecins de la Rome antique étaient-ils des esclaves ?

    02:27|
    Cette réalité surprend aujourd’hui, car on imagine le médecin comme une figure respectée, savante, au service du bien commun. Mais à Rome, la médecine n’avait pas ce prestige. C’était un métier utile, certes, mais considéré comme manuel, presque servile. Les citoyens romains libres, surtout les plus aisés, voyaient mal l’idée d’un homme libre penché sur un malade ou manipulant le corps d’autrui. Ce rôle était donc souvent confié à des esclaves instruits, souvent d’origine grecque.Les Grecs étaient alors réputés pour leurs connaissances dans les sciences et la philosophie, et beaucoup avaient été réduits en esclavage après les conquêtes romaines. Parmi eux, certains maîtrisaient les textes d’Hippocrate, de Galien ou d’Aristote. Rome, pragmatique, récupéra ce savoir à sa manière. Un riche patricien pouvait ainsi posséder un esclave formé à la médecine, chargé de soigner la maisonnée, les enfants, les domestiques et parfois même les voisins. Cet esclave, s’il s’avérait compétent, gagnait en considération et pouvait être affranchi, devenant un « médecin affranchi ». Mais son origine servile restait souvent un stigmate social.Dans les grandes familles, on formait même des esclaves spécialement pour ce rôle. On les instruisait dans des écoles de médecine grecques, ou on les plaçait en apprentissage auprès d’un médecin expérimenté. Ces hommes (et parfois ces femmes) devenaient les « medici » du domaine, au même titre qu’un cuisinier ou qu’un scribe. Ils soignaient les blessures, préparaient des onguents, réalisaient des saignées et suivaient les accouchements. Leur valeur économique était telle qu’un médecin esclave pouvait coûter très cher sur le marché.Il faut aussi se rappeler que la médecine romaine était très pragmatique : plus proche de la pratique que de la théorie. Le prestige allait plutôt aux philosophes, aux juristes, aux orateurs. Le médecin, lui, touchait les corps — et cela le plaçait dans une catégorie inférieure. Il n’exerçait son art que par tolérance sociale, pas par reconnaissance.Pourtant, certains d’entre eux réussirent à s’élever. Le plus célèbre, Galien, né libre mais influencé par cette tradition gréco-romaine, fit carrière auprès des empereurs. D’autres, affranchis ou anciens esclaves, devinrent riches et respectés, preuve que la compétence pouvait parfois transcender le statut.Ainsi, dans la Rome antique, le savoir médical circulait grâce à des esclaves savants. Ce paradoxe dit beaucoup de cette société : c’est au cœur même de la servitude que Rome a puisé une partie de son savoir scientifique.
  • Je vous présente mon nouveau label de podcasts

    02:56|
    Voici les 3 premiers podcasts du label Audio Sapiens:1/ SurvivreApple Podcasts:https://podcasts.apple.com/us/podcast/survivre-histoires-vraies/id1849332822Spotify:https://open.spotify.com/show/6m4YqFSEFm6ZWSkqTiOWQR2/ A la lueur de l'HistoireApple Podcasts:https://podcasts.apple.com/us/podcast/a-la-lueur-de-lhistoire/id1849342597Spotify:https://open.spotify.com/show/7HtLCQUQ0EFFS7Hent5mWd3/ Entrez dans la légendeApple Podcasts:https://open.spotify.com/show/0NCBjxciPo4LCRiHipFpoqSpotify:https://open.spotify.com/show/0NCBjxciPo4LCRiHipFpoqEt enfin, le site web du label ;)https://www.audio-sapiens.com
  • Pourquoi parle-t-on d'une éruption “plinienne” ?

    02:30|
    Une éruption plinienne, c’est l’une des formes les plus violentes et spectaculaires qu’un volcan puisse produire. Son nom évoque à lui seul la catastrophe : il vient de Pline le Jeune, un écrivain et sénateur romain du Ier siècle, témoin direct de la destruction de Pompéi lors de l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C.. C’est de son récit que les volcanologues ont tiré ce terme, en hommage à la précision et à la force de sa description.Tout commence au petit matin du 24 août 79. Le Vésuve, jusque-là endormi depuis des siècles, explose soudainement. Pline le Jeune, alors âgé de 17 ans, observe la scène depuis la baie de Naples, à plusieurs kilomètres du volcan. Dans une lettre qu’il écrira des années plus tard à l’historien Tacite, il raconte avoir vu s’élever dans le ciel une immense colonne de cendres « comme un pin parasol » : une tige verticale qui monte droit, puis s’élargit en une nuée sombre. Ce détail deviendra le symbole même du phénomène : la colonne plinienne.Ce type d’éruption se caractérise par une explosion extrêmement puissante, provoquée par la pression des gaz emprisonnés dans le magma. Quand cette pression devient insupportable, elle libère d’un coup une énergie colossale : les gaz s’échappent, entraînant cendres, roches et fragments de lave pulvérisée jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres d’altitude — parfois jusqu’à la stratosphère. La colonne de matériaux peut atteindre 30 à 40 km de haut, avant de s’effondrer partiellement, formant des nuées ardentes qui dévalent les pentes à plus de 300 km/h, brûlant tout sur leur passage.Lors du drame du Vésuve, ces nuées ont enseveli Pompéi, Herculanum et Stabies sous plusieurs mètres de cendres. Les habitants, surpris par la rapidité de l’éruption, ont été piégés par la chaleur et les gaz. Pline l’Ancien, oncle de Pline le Jeune et célèbre naturaliste, tenta de secourir les victimes par bateau — il mourut asphyxié sur la plage de Stabies.Depuis, les volcanologues parlent d’éruption plinienne pour désigner les explosions les plus intenses, comparables à celle du Vésuve. D’autres volcans ont connu le même sort : le Krakatoa en 1883, le Mont Saint Helens en 1980 ou le Pinatubo en 1991, dont l’éruption a projeté plus de 10 milliards de tonnes de cendres dans l’atmosphère.En somme, une éruption plinienne, c’est le volcan porté à son paroxysme : une force brute de la nature, capable d’effacer des villes entières — et dont le nom, depuis deux millénaires, porte la mémoire d’un témoin romain fasciné par la fin d’un monde.