Afrotopiques

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SAGESSE DES LIANES 1/3 Dénètem Touam Bona

Un podcast produit et réalisé par Marie-Yemta Moussanang

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Dans cet épisode je reçois le poète et philosophe Dénétem Touam Bona, il nous parle de « Sagesse des lianes ». Sagesse des lianes, c’est à la fois le titre de l’exposition collective que Dénètem Touam Bona présente au Centre International d’Art et du Paysage de Vassivière (CIAPV), jusqu’au 9 Janvier 2022, qui réunit des oeuvres d’artistes issus des mondes afro-diasporiques, sur le Plateau de Mille Vaches, à la frontière entre la Creuse et le Limousin.


« Sagesse des lianes » c’est aussi le titre de l’essai qu’il a publié en Septembre, aux éditions Post-édition, en Octobre 2021.

Cet épisode est une sorte de « carte blanche sonore » accordée à Dénètem, qui fuit, se dérobe, contorsionne, se déplace, et qui à l’image de la liane, choisit les chemins de ses réponses… imprévisibles. Donc voilà, je vous invite ici, à suivre les traces de Dénètem, et à explorer ce qui est l’enchevêtrement inextricable des lianes de son paysage.


Dénètem nous parle de la genèse du projet, qui est né, à la fois dans la Creuse il y a 2 ans, et en Guyane, il y a plusieurs années. L’entretien est un dialogue permanent entre le livre et l’exposition, qui est elle-même une variation autour d’un motif, celui de la fugue végétale qu’est la liane, et du marronnage qui est le processus d’arrachement à la domestication, lui-aussi, inscrit dans le vivant et qui s’actualise dans des mouvements contemporains.


Dénétem nous partage les expériences des mondes qui lui tiennent à coeur, à travers la notion de lyannaj, il nous parle de la mémoire de l’exploitation et de la résistance, et de la manière dont elles sont sont indissociables. Car le lyannaj, c’est à la fois le terme qui désigne le processus par lequel on attachait ensemble des faisceaux de cannes à sucre dans les plantations esclavagistes, Mais c’est aussi, par ce même terme et geste que les jeunesses autochtones de Guyane ont construit leur mouvement de solidarité en 2017 dans la Caraïbe, entre peuples des Outre-Mer et du Brésil, qui subissent les mêmes oppressions.


La liane, c’est le mouvement d’exploitation qui devient processus d’alliance, geste de réparation, dans le sens où il vient ré-unir ce qui était désolidarisé. Donc le livre et l’exposition Sagesse des lianes, sont des tribunes, elles déploient et nous montrent la puissance des mondes afro-diasporiques et afro-caribéens, il faut les lire comme des cartes de paysage archipeliques qui situent des savoirs écologiques, des techniques de résistance, et des rituels de guérison…développés dans ces territoires.


Cet épisode a été enregistré sur l’île de Vassivière, en partenariat avec le centre international d’art et du paysage de Vassivière, ainsi que Radio Vassivière, pour le programme « Sonder l’île ».


Bonne découverte de l’archipel, et bonne écoute !

Plus d'épisodes

12/1/2022

Carnets des Ateliers n°4 - Politiques de la solidarité : les chemins de l'Etat de demain - Nadine Machikou

Saison 4, Ép. 4
Carnets des Ateliers n°4 - "Politiques de la solidarité : les chemins de l'Etat de demain" avec Nadine Machikou.Pour financer Afrotopiques 👉🏽 Les amis du podcast AfrotopiquesDans ce carnet, j’ai eu envie de faire un épisode qui marque un véritable temps d’arrêt. (pause)C’est un peu la « main stage » de cette série, car l’intervention de Nadine Machikou aux Ateliers a fait une grande impression sur moi. Nadine Machikou est professeure de Sciences Politiques au Cameroun, et elle a présenté sa compréhension de phénomènes de solidarité dont nous sommes familiers : à savoir, le fait que dans nos familles africaines et diasporiques, il est commun d’envoyer de l’argent pour subvenir aux besoins de santé, d'étude, etc….des cousins, neveux, tantes, frères et soeurs au pays.Mais Nadine a formulé tout cela dans le langage analytique de théorie politique et de la sociologie.Et vraiment, la pensée critique c’est puissant, parce que cela m’a fait l’effet d’une révélation.Elle nous permet de poser un regard neuf qui historicise et politise des pratiques que l’on considère traditionnellement comme relevant du « culturel ».Et ce qui est puissant, c’est que si l’on regarde les pratiques sociales de solidarité sous cet angle, on peut également commencer à envisager de répondre à la demande sociale de manière plus collective, et moins individuelle. Repenser l’Etat, ses fonctions et son rôle, son modèle économique. Je trouve cela absolument passionnant, Nadine Machikou a ouvert de nombreuses pistes de travail et de réflexion dans cet échange.Je vous laisse écouter et réécouter cet épisode, déconstruire et reconstruire vos représentations de la solidarité, et du rôle de l’Etat moderne, dans les société ex-anté industrielles, et faire votre propre chemin. Je vous donne rendez-vous plus tard dans la saison, pour approfondir quelques unes de ces pistes.Bonne écoute.Ecriture, réalisation, prise de son, montage : Marie-Yemta MoussanangMixage : Victor DonatiMusique : Hiba Elgizouli
11/24/2022

Carnet des Ateliers n°3 - Justice, Réparations, Care... Are we getting there ? - Olivia Rutazibwa, Maboula Soumahoro, Riikka Prattes et Fatou Sow

Saison 4, Ép. 3
Carnet des Ateliers n°3 - Justice, Réparations, Care... Are we getting there ? - Olivia Rutazibwa, Maboula Soumahoro, Riikka Prattes et Fatou SowDans ce carnet, j’ai choisi de faire entendre les voix de celles qui questionnent le sens de la Justice, le sens de la communauté, et qui nous rappellent que le Nous n’est pas acquis, car on retrouve toute la violence du monde, à l’intérieur de nos espaces et de nos communautés.Vous allez entendre les voix d’Olivia Rutazibwa, Maboula Soumahoro, Riikka Prattes et Fatou Sow. Elles nous parlent de l’exploitation et de la domination qui se perpétue de manière structurelle à l’encontre de certains membres - de certainES membres de la « communauté » et elles proposent des pistes de réflexion pour transformer la situation.Qui bénéficie du système établi ? Qui en use à son propre profit ? Qui aurait la possibilité de réparer et ne le fait pas ? Qui se défausse de ses responsabilités ? Qui est le Je du Nous dont on parle ? La matérialité de la domination se confond souvent avec le privilège de l’ignorance. L’ignorance des torts causés, l’ignorance des réparations à effectuer.La conversation s’ouvre entre « eux et nous ».-Si on creuse, on s’aperçoit que le Nous est un parfois suspect. On ne peut pas faire l’économie de l’interroger, et de chercher à savoir si on est vraiment « ensemble ». Maboula Soumahoro, elle, parle de Nous radical. -Riikka est une brillante chercheuse autrichienne, qui a travaillé en Australie et aux Etats-Unis. Elle aborde d’abord le sujet de la posture de non prédation épistémique dans la recherche académique, et ensuite, elle présente des pistes de réflexion sur la collectivisation du soin. Elle nous dit en substance que nos sociétés modernes enjoignent les personnes à répondre de manière individuelle à des problèmes collectifs et structurels, et que tout l’enjeu, c’est de trouver des manières collectives et plurielles de partager, répartir équitablement le travail de soin.-Fatou Sow, elle, nous rappelle que le Nous, là, et bien, n’est tout simplement pas dedans. Que le travail de soin est encore bien loin d’être reconnu comme du travail, et qu’il faudra repartir de l’économie de subsistance, de l’économie politique de subsistance, pour penser une économie du vivant qui porte vraiment son nom.Ecriture, réalisation, prise de son, montage : Marie-Yemta MoussanangMixage : Victor DonatiMusique : Hiba ElgizouliPour soutenir la production du podcast, rendez-vous sur Helloasso : Les amis du podcast Afrotopiques