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Afrotopiques

SERGE LATOUCHE // Déconstruire le Développement

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Un podcast produit et réalisé par Marie-Yemta Moussanang

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Dans cet épisode on rencontre Serge Latouche, économiste, précurseur de la décroissance, auteur d’une grande oeuvre critique sur le discours économique dominant, qui permet de mieux comprendre ce qui se joue dans la bataille des imaginaires économiques.


Serge Latouche a commencé à déconstruire toute la mystique idéologico-théorique sur laquelle repose le discours économique et la notion de développement, dès les années 60. Il nous raconte son parcours intellectuel, depuis l’époque du freudo-marxisme, en passant par le Congo et le Laos, et nous permet de comprendre comment la notion de développement - ainsi que son corollaire, le sous-développement - ont été les outils idéologiques de la politique hégémonique américaine, dont le produit n’est pas autre chose que l’extension de la société à économie de marché à la planète entière, donc une certaine occidentalisation du monde… En somme, la poursuite sous une autre forme, de la colonisation entamée au XVème siècle.


On insiste aussi sur l’importance du moment historique des "Trente Glorieuses", apogĂ©e de l’ère pĂ©trolière, qui a donnĂ© une rĂ©alitĂ© temporaire au discours sur le dĂ©veloppement et Ă  la prospĂ©ritĂ© des sociĂ©tĂ©s industrielles : la prĂ©tendue "fin de l’histoire" thĂ©orisĂ©e dans les annĂ©es 80', l’imaginaire Ă©conomique qu’il a produit et dans lequel nous baignons toujours aujourd’hui. Pour penser les dĂ©fis contemporains posĂ©s par le modèle occidental et son insoutenabilitĂ©, on dĂ©colonise notre imaginaire Ă©conomique pour porter un regard radicalement diffĂ©rent sur ce que le discours dominant nomme « Ă©conomie informelle Â» et le voir en rĂ©alitĂ© comme une alternative Ă  l’économie, comme de l’auto-organisation, de la rĂ©sistance Ă  un modèle de sociĂ©tĂ©, Ă  une Ă©conomie de marchĂ© prĂ©datrice et destructrice.


On considère la voie ouverte par l’économie du lien dans les sociĂ©tĂ©s africaines, et on entrevoit ce qui pourrait devenir la Nouvelle Critique de l’économie et qui s’exprime dans et par les pratiques des Suds. Pour rĂ©pondre aux dĂ©fis du prĂ©sent, les sociĂ©tĂ©s du Nord comme du Sud doivent dĂ©coloniser leurs imaginaires Ă©conomiques, et dĂ©sactiver les effets produits par les mots toxiques, afin de retrouver leur capacitĂ© de crĂ©ativitĂ© sociale et refabriquer des Ă©conomies qui soient des moyens au service de la matĂ©rialisation de leur idĂ©al de vie collective et individuelle… qu’il s’agisse « d’écouter le riz pousser Â» ou d’être simplement « bien ensemble Â».


Bonne écoute !

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  • Manifeste AFROTOPIQUES par MARIE-YEMTA MOUSSANANG & entretien avec FELWINE SARR

    24:39|
    Un podcast produit et réalisé par Marie-Yemta MoussanangSi vous aimez Afrotopiques, soutenez le podcast avec un don sur HelloAsso.Bonjour, je suis Marie-Yemta Moussanang, je lance ce podcast Afrotopiques et je vous invite ici à en découvrir la ligne éditoriale.J'y expose mes intentions, ma manière de questionner le présent à partir des Suds en général et des Mondes africains en particulier...Je diffuse ici un extrait d'un entretien que j'ai réalisé avec Felwine SARR en Décembre 2018. Il n'était pas destiné à être diffusé sous cette forme là, mais puisqu'il n'a trouvé ni revue, ni journal, ni magazine qui veuille bien le publier, je le partage ici, et c'est heureux.Il est question de patrimoine culturel immatériel, d'économicité, de la crise civilisationnelle et des enjeux épistémologiques contemporains.Bienvenue et bonne écoute !
  • FRANCOISE VERGES // Les racines esclavagistes de notre mondialisation et leurs ramifications

    01:02:57|
    Un podcast produit et rĂ©alisĂ© par Marie-Yemta MoussanangSi vous aimez Afrotopiques, soutenez le podcast avec un don sur HelloAsso.Dans cet Ă©pisode, on rencontre Françoise Vergès et on explore les racines profondes du dĂ©sordre de notre monde contemporain.Impossible de penser l’extractivisme, la fracture Nord/Sud, les mĂ©canismes de fabrication de la dĂ©shumanisation et le capitalisme, sans remettre au coeur de l’analyse, le système d’exploitation absolue que fut l’esclavage colonial europĂ©en. Pendant quatre siècles, ce système de prĂ©dation industrialisĂ© a configurĂ© le monde que nous connaissons.Ce système a organisĂ© la dĂ©portation de dizaines de millions d'africains, internĂ©s dans des camps de travail sous un rĂ©gime plantionnaire productiviste. Il a alimentĂ© la rĂ©volution industrielle europĂ©enne, et durablement impactĂ© les contours du monde dans lequel nous vivons.Dans son livre intitulĂ© « L’homme prĂ©dateur Â» Françoise Vergès arrache la question de l’esclavage colonial Ă  la sphère morale, voire Ă  la case raciale dans laquelle il est souvent enfermĂ© et condamnĂ© Ă  l’impuissance des problĂ©matiques de mĂ©moire.Françoise Vergès remet l’esclavage colonial et ce qu’il a produit, au centre de l’analyse historique et politique de nos sociĂ©tĂ©s, et dĂ©veloppe une critique forte et radicale de nos systèmes, et de la mondialisation qu’il a configurĂ©. On parle Ă©galement du prĂ©sent, de la manière dont s’actualise le colonialisme au coeur de nos vies, et de la manière dont il faudrait renouveler la rĂ©flexion sur ce qu’est la colonisation aujourd'hui, afin de dĂ©ployer de nouveaux imaginaires pour s’en dĂ©faire.Bonne Ă©coute !
  • AMZAT BOUKARI-YABARA // Le Panafricanisme ou les Mondes africains rĂ©volutionnaires

    01:05:30|
    Un podcast produit et réalisé par Marie-Yemta MoussanangSi vous aimez Afrotopiques, soutenez le podcast avec un don sur HelloAsso.Dans cet épisode, on rencontre Amzat Boukari-Yabara qui nous raconte une histoire contemporaine des mondes africains, où tout commence en Haïti. C’est l'histoire des luttes de libération, de la résistance et de la solidarité des peuples du continent et des diasporas africaines.Amzat Boukari-Yabara dresse une grande fresque de l’histoire politique africaine révolutionnaire, des grandes figures de la lutte et des projets de société alternatifs au colonialisme et au libéralisme qui ont été élaborés depuis le XIXe siècle, jusqu’à aujourd’hui. Il nous parle de l’historien guyanien Walter Rodney, dont on découvre l’analyse - critique et actuelle - de la place de l’Afrique dans mondialisation, à partir d'une déconstruction historique, politique et économique des rapports qui ont été configurés dès le XVIe siècle.On parle également des grandes figures qui ont marqué l’histoire panafricaine, du rôle de la culture dans la transformation des sociétés, des stratégies de libération et de l’actualité de nombreuses idées et solidarités qui peuvent nous aider à penser le présent et préparer l’avenir politique autrement.Bonne écoute !
  • FELWINE SARR // L'Afrotopie qui vient

    58:23|
    Un podcast produit et réalisé par Marie-Yemta MoussanangSi vous aimez Afrotopiques, soutenez le podcast avec un don sur HelloAsso.Dans cet épisode, on retrouve Felwine Sarr pour un long entretien où l’on prend le temps de parler "Afrotopie", des potentialités africaines, des modalités de leur surgissement ; et à travers elles, de notre monde en commun. Felwine Sarr nous redit l’importance de penser l’utopie, de penser le monde que l’on souhaite habiter pour le faire advenir.On entrevoit comment les enjeux du présent nous appellent à former une véritable communauté humaine, à dépasser les catégories héritées du vieux monde, pour être en mesure de faire face aux défis du présent. Etats-nation, frontières, identité, figure de l’étranger...etc.On revisite également les ordres du discours économique dominant. Felwine Sarr nous invite à faire un travail de déconstruction épistémologique radical pour sortir du capitalisme et de l’unimonde néo-libéral, afin de penser le réel à partir du plurivers, des différentes manières de faire l’expérience du monde, qui s’affirment de plus en plus fortement depuis les Suds. Le temps de l’insurrection épistémologique est venu.On découvre comment le moment de réenracinement du patrimoine culturel africain peut soutenir la reconstruction du continent et pourquoi cette réappropriation est une étape essentielle de la reconstitution d’une mémoire longue, pour l’ensemble de la communauté africaine, diasporique et humaine. Pour habiter le monde en commun, le plus grand défi est peut-être celui d’avoir en partage une mémoire commune de nos histoires plurielles.Bonne écoute.
  • PHILIPPE DESCOLA // D'autres compositions du monde sont possibles

    59:27|
    Un podcast produit et rĂ©alisĂ© par Marie-Yemta MoussanangSi vous aimez Afrotopiques, soutenez le podcast avec un don sur HelloAsso.Dans cet Ă©pisode, on rencontre Philippe Descola, anthropologue et auteur d’une grande oeuvre qui permet Ă  notre Ă©poque de mieux comprendre notre humanitĂ©.Le professeur Descola nous explique ce qui fait l’objet de l’anthropologie et pourquoi cette discipline nous est utile pour penser les dĂ©fis du prĂ©sent.On revient sur ses travaux et l'on dĂ©couvre comment, Ă  partir de cette discipline, il a modĂ©lisĂ© et schĂ©matisĂ© la manière dont les humains fabriquent non seulement leur reprĂ©sentation du monde, mais encore comment les rapports entretenus entre les humains entre eux, ou avec les hon-humains, dĂ©coulent de ce qu’il appelle un système de « distributions ontologiques Â». En d’autres termes, l'anthropologie permet de faire le lien entre les diffĂ©rents usages humains du monde, les types de rapports qui s’y manifestent, les diffĂ©rentes compositions du monde Ă©laborĂ©es par les sociĂ©tĂ©s, et les diffĂ©rentes conceptions de ce qui est considĂ©rĂ© comme nĂ©cĂ©ssaire pour vivre une vie pleine.Un point important que l’anthropologie permet de clarifier aujourd'hui, c’est que les rapports de prĂ©dation, de production, de compĂ©tition - naturalisĂ©s dans nos sociĂ©tĂ©s car nous les avons institutionnalisĂ©s en construisant des mĂ©canismes Ă©conomiques, sociaux et culturels basĂ©s sur ces mĂŞmes reprĂ©sentations, qui les renforcent chaque jour dans leur rĂ©alitĂ© (propriĂ©tĂ© privĂ©e, intĂ©rĂŞt privĂ©, individu…etc) - en rĂ©alitĂ©, ces rapports ne sont pas plus naturels que les rapports de don, de coopĂ©ration, d’échange ou d’entraide.L’anthropologie nous dit donc que le monde actuel n’est pas une nĂ©cessitĂ©, qu’il n’y a pas une NATURE humaine, bonne ou mauvaise. Elle nous dit en revanche, qu’il existe une multitude de manières de composer le monde et de faire sociĂ©tĂ©.On explore les innovations politiques et culturelles contemporaines qui prennent la forme de recompositions de la relation avec le vivant. Ces initiatives sont le fait de groupes humains du Nord et du Sud, on aborde le Processus des CommunautĂ©s Noires (PCN) en Colombie et la Zad de Notre Dame des Landes en France, et l’on entrevoit l’idĂ©e que ces communautĂ©s, par leur manière de rompre avec un certain monde pour en composer de nouveaux, sont en train de proposer des bases structurelles Ă  la nĂ©cessaire transformation de nos imaginaires collectifs et de nos institutions juridiques occidentales ou occidentalisĂ©es.Deux jalons essentiels de la transition vers des sociĂ©tĂ©s plus justes et plus apaisĂ©es dans leur rapport au rĂ©el, et plus ambitieuses dans leur proposition de trajectoires de vies individuelles et collectives.Bonne Ă©coute !
  • GAĂ‹L GIRAUD // DĂ©règlement ou gĂ©nocide climatique ? Le front des Communs

    01:03:16|
    Un podcast produit et rĂ©alisĂ© par Marie-Yemta MoussanangSi vous aimez Afrotopiques, soutenez le podcast avec un don sur HelloAsso.Dans cet Ă©pisode on rencontre GaĂ«l Giraud, jĂ©suite, brillant Ă©conomiste qui vient de quitter son poste Ă  l’AFD (Agence Française de DĂ©veloppement). Il porte une parole nĂ©cessaire et courageuse qui nous met debout et nous arme pour faire face aux dĂ©fis de notre prĂ©sent. Il connait bien le Sud du Tchad car il y a vĂ©cu 2 ans, en tant que volontaire de la DCC (DĂ©lĂ©gation catholique pour la coopĂ©ration).GaĂ«l Giraud est très investi sur les questions Ă©conomiques, Ă©nergĂ©tiques et financières contemporaines, il nous permet de bien comprendre l’insoutenabilitĂ© du modèle des sociĂ©tĂ©s dites « dĂ©veloppĂ©es Â», l’absurditĂ© et la fragilitĂ© et du système financier international et la gravitĂ© des situations sociales, humaines, dans lesquels l’immobilisme politique et Ă©conomique pourrait nous conduire.Je vous invite Ă  regarder les vidĂ©os de ses confĂ©rences, Ă  suivre le MOOC « Transition Ă©nergĂ©tique et Ă©cologique dans les pays du Sud Â» et Ă  Ă©couter l’excellent Ă©pisode du podcast PrĂ©sages d’Alexia Soyeux.Ici, GaĂ«l Giraud dĂ©code sans filtre la signification rĂ©elle de la notion de « dĂ©règlement climatique Â», et nous rappelle que nous faisons face Ă  une situation d’une barbarie inouĂŻe, oĂą nous pourrions assister Ă  l’injustice ultime : le monde des uns, saccagĂ© par la banalitĂ© du mal qui rĂ©side dans le mode de vie des autres. Les territoires et populations dites du Sud sont dĂ©jĂ  les plus violemment impactĂ©es par le modèle de dĂ©veloppement insoutenable et prĂ©dateur des populations dites du Nord. Elles l’étaient jusqu’à prĂ©sent sur le mode Ă©conomique. Elles sont dĂ©sormais exposĂ©es Ă  une menace climatique inquantifiable et inqualifiable.Le temps est au basculement. Basculement des mondes et de nos reprĂ©sentations. Nous ne pouvons pas accepter cette ultime provocation et la dĂ©figuration absolue de notre humanitĂ© vers lesquelles nous conduisent l’idĂ©ologie nĂ©olibĂ©rale et la propriĂ©tĂ© privĂ©e, diluĂ©es dans un modèle de sociĂ©tĂ© qui prend des multitudes en otage. Face Ă  la gravitĂ© de la situation, nous devons rĂ©apprendre Ă  faire monde Commun, renouer avec le sens profond de nos existences et rompre avec les croyances, les conditionnements, les modes de vies et de de sociĂ©tĂ© qui ont construit ce monde inĂ©galitaire et ces rapports prĂ©dateurs. Abolir l’asymĂ©trie Nord-Sud en changeant les termes de la relation. Apprendre les uns des autres et changer de rĂ©cit.Les guerres civiles, les famines, les milliards de morts ou de rĂ©fugiĂ©s climatiques annoncĂ©s ne sont pas une fatalitĂ©, ni une nĂ©cessitĂ©. De nombreuses alternatives existent, Ă  nous de leur donner de la force pour les faire advenir.On peut choisir de relever le dĂ©fi, faire preuve d’un "incrĂ©mentalisme enragĂ©" pour configurer le monde que nous voulons, et d’un pragmatisme offensif pour le construire. L’horizon des communs est vraisemblablement celui vers lequel nous pouvons tourner nos regards.Ce futur qui est derrière nous. Le seul effondrement qui doit se produire, c’est celui de l’imaginaire destructeur et individualiste qui nous a colonisĂ©s, sur lequel reposent nos sociĂ©tĂ©s et nos institutions, et parfois jusqu’à nos croyances les plus intimes.Bonne Ă©coute.
  • MALCOM FERDINAND // Penser une Ă©cologie dĂ©coloniale, une Ă©cologie-du-monde

    01:10:49|
    Un podcast produit et rĂ©alisĂ© par Marie-Yemta MoussanangSi vous aimez Afrotopiques, soutenez le podcast avec un don sur HelloAsso.Dans cet Ă©pisode je rencontre Malcom Ferdinand, philosophe et auteur d’un essai important qui vient de paraitre au Seuil, intitulĂ© « Une Ă©cologie dĂ©coloniale, Penser l’écologie depuis le monde caribĂ©en Â».Malcom Ferdinand propose une conception de l’écologie radicalement en rupture avec son acception dominante. Une Ă©cologie dĂ©coloniale, une Ă©cologie-du-monde.(Cet essai a Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© par le prix Fetkann ! Maryse CondĂ© et le prix de la fondation de l'Ă©cologie politique).Par delĂ  environnementalisme et colonialitĂ©, il dĂ©veloppe un rĂ©cit qui nous permet de penser la ModernitĂ© depuis la perspective des mondes caribĂ©ens, un rĂ©cit qui n’occulte pas l’existence des navires nĂ©griers du passĂ© et du prĂ©sent, des plantations d’ici et d’ailleurs, ni le sort de ceux qui sont dans les cales de ce navire ModernitĂ©. Il nous propose un rĂ©cit qui saisit le Tout-Monde contemporain dans sa complexitĂ©, et qui permet de thĂ©oriser et problĂ©matiser les enjeux du prĂ©sent autrement.Ce rĂ©cit propose une autre comprĂ©hension et une autre gĂ©nĂ©alogie de la crise Ă©cologique, d’autres rĂ©fĂ©rences et d’autres figures, et nous permet de comprendre que toutes les destructions sont construites, qu’elles s’inscrivent dans une histoire politique, sociale, Ă©conomique, culturelle…Ici, celle de notre ModernitĂ© occidentale et du monde qu’elle a configurĂ© autour de ce qu’il appelle « un habiter colonial de la terre Â».L’ambition de l’écologie dĂ©coloniale, ce n’est pas seulement de changer de rĂ©cit, de protĂ©ger l’environnement, ni seulement de reconnaĂ®tre les luttes anti-racistes ou anti-esclavagistes, mais bien plutĂ´t d’instaurer un monde. De rĂ©parer la double fracture qui sĂ©pare les luttes dĂ©coloniales des luttes environnementales, afin de retrouver la force nĂ©cessaire pour briser la cale du monde. Cette Ă©cologie dĂ©coloniale propose de quitter la plantation et son ère, elle nous permet de voir ce qu’il reste Ă  faire, et Ă  dĂ©faire. Elle nous rappelle Ă©galement que l’écoutille qui sĂ©pare le pont de la cale se brise des deux cĂ´tĂ©s, du cĂ´tĂ© des libres et des captifs, que l’on a tous du travail, car la ModernitĂ© nous a inculquĂ© - Ă  tous - des formes de l’habiter colonial.C’est un livre passionnant et important qui rĂ©ussit Ă  tenir ensemble, sans mettre de cĂ´tĂ© l’exigence de justice. On vous invite vraiment Ă  le lire, parce que l’on a pas eu le temps de parler de tout, et que c’est un essai qui a vĂ©ritablement le pouvoir de transformer nos imaginaires. Et que l’écologie c’est, aussi, une question d’imaginaire.Bonne Ă©coute !
  • YOPOREKA SOMET // La Maât pharaonique, les racines africaines de futurs dĂ©sirables

    01:07:45|
    Un podcast produit et rĂ©alisĂ© par Marie-Yemta MoussanangSi vous aimez Afrotopiques, soutenez le podcast avec un don sur HelloAsso.Dans cet Ă©pisode, on rencontre le professeur Yoporeka Somet, philosophe et Ă©gyptologue, pour Ă©tudier le principe de la Maât : concept Ă©gyptien antique de l’équilibre cosmique, dans l’univers, dans la nature et entre les humains. La philosophie de l’Egypte pharaonique a façonnĂ© une PensĂ©e du monde, une PensĂ©e de la nature, un discours sur l’origine et la nature des « Ă©tants Â», qui a produit une conception mobilisatrice de la Justice et un solide principe d’organisation du monde.Dans cette pensĂ©e, tous les Ă©tants (humains, animaux, vĂ©gĂ©taux, minĂ©raux...) partagent une mĂŞme fraternitĂ©, c’est Ă  dire qu’ils appartiennent Ă  la mĂŞme famille. Cette conception du rĂ©el a nourri les principes d’organisation des rapports et des relations entre les humains entre eux, et avec le reste de la nature.Le principe de la recherche et du maintient de l’équilibre, de la cohĂ©rence, de la cohĂ©sion entre tout ce qui se trouve dans l’univers a beaucoup Ă  nous apporter, aujourd’hui.On revisite la manière dont les vestiges de la civilisation pharaonique nous sont parvenus depuis le XIXe, siècle, c’est Ă  dire bien abĂ®mĂ©s par la colonialitĂ© des discours scientifiques et philosophiques d’une Europe esclavagiste, raciste et impĂ©rialiste. On dĂ©couvre le travail et l’audace du jeune savant sĂ©nĂ©galais Cheikh Anta Diop ; qui a osĂ© imaginer la possibilitĂ© d’une Renaissance de l’Afrique, enracinĂ©e dans les valeurs profondes qui ont alimentĂ© et soutenu la civilisation Ă©gyptienne pharaonique pendant des millĂ©naires.L’étude de la Maât nous permet Ă©galement de penser le prĂ©sent. La PensĂ©e est un outil puissant, ne la nĂ©gligeons pas. La civilisation Ă©gyptienne nous rappelle ceci que, c’est une PensĂ©e de l’équilibre et de l’ordre juste du monde qui a servi de pilier pour organiser une sociĂ©tĂ© dans laquelle l’exploitation n’était pas une option. Ce passĂ© nous Ă©claire et nous invite Ă  rĂ©animer nos cosmologies africaines pour envisager des prĂ©sents qui soient le reflet de nos conceptions exigeantes de l’ordre juste des choses.Bonne Ă©coute !