À FLEUR DE NEZ

Parfumeur chez Robertet, Alexis Dadier a créé plusieurs fragrances pour la maison Fragonard, mais c’est autour de l’exposition COULEURS que nous nous sommes véritablement rencontrés. Lorsque le Centre Pompidou et le Grimaldi Forum viennent dans mon bureau pour me parler de leur projet d’exposition synesthésique, rapidement le nom d’Alexis Dadier s’impose. Son imaginaire, sa poésie naturelle et son goût pour la musique forment une créativité qui lui est propre et nous paraît idéale pour la réalisation de ce projet hors du commun : imaginer les odeurs de 7 couleurs. Après de longues discussions, interrogations, aller-retours, ensemble nous avons déterminé - de manière totalement subjective - ce que devait sentir le rouge, le rose, le jaune, le vert, le bleu, le noir et le blanc. Avant de plonger dans cet exercice olfactivement coloré, je vous propose de découvrir les souvenirs d’enfance d’Alexis, ses inspirations et influences, son parcours atypique de parfumeur, de la forêt de Compiègne à la lumière azuréenne, en passant par Soulages et le gâteau au chocolat. 

Karl Fournier est architecte. Avec Olivier Marty, il forme le duo à la tête de Studio KO, agence qu’ils ont cofondée en 2000. Ensemble, ils conçoivent des projets à travers le monde, mais c’est au Maroc que leur histoire s’enracine : la lumière, les couleurs, les matières et surtout les odeurs de ce pays les inspirent depuis toujours.C’est aussi à eux que Fragonard a confié la réhabilitation du futur Musée de la Mode et du Costume, à Arles. Une renaissance architecturale spectaculaire, pensée dans le respect du bâti des XVIIe et XVIIIe siècles, et enrichie par la vision contemporaine si singulière de Studio KO. Ce nouveau musée accueille la magnifique collection de costumes arlésiens acquise par la maison Fragonard. Dans cet épisode, Karl évoque ses souvenirs olfactifs les plus vifs, de la pinède de Calvi à l’immortelle corse, en passant par les effluves d’un parquet ancien ou les matières qu’il aime toucher, sentir. Avec lui, l’architecture devient un art sensoriel total.

Créatrices de la Confiture Parisienne, Nadège Gaultier et Laura Goninet ont réinventé un geste du quotidien : celui de tartiner. Installée dans l’une des arches du viaduc des Arts à Paris, leur  manufacture est un concentré de savoir-faire artisanal agrémenté d’une pincée créative et d’une joyeuse liberté. Des ingrédients qui nous ont immédiatement plu chez Fragonard et ont donné lieu à notre collaboration hautement fruitée et olfactive. Pendant que nous parlons, se fabrique la confiture Fragonard. Nadège et Laura l’ont imaginé autour de la mandarine et de la fleur d’oranger. Un mariage olfactif et gustatif extrêmement addictif, et toute en élégance car il est proposé dans un coffret inspiré d’une ancienne boîte à poudre de nos collections lui même décorée de motifs provençaux ! Dans cet épisode, Nadège et Laura nous partagent la naissance de Confiture Parisienne, les débuts, le succès, mais aussi les aléas de fabrication, et toujours cette envie de se réinventer et se challenger, entre ingrédients locaux, associations inhabituelles et recettes originales. 

Géographe de l’alimentation, Pierre Raffard explore les liens entre les territoires et leurs saveurs. Depuis quelques mois, il anime un magazine culinaire du lundi au jeudi sur la chaîne de télévision ARTE intitulé “Voyage en cuisine”. Véritable odyssée culinaire, son émission décortique ce que nous mangeons pour nous raconter les histoires de migrations et métissages qui s’y cachent. Son regard de chercheur est doublé de celui de fin gourmet, curieux du monde. Avec lui, je reviens sur toutes ces saveurs et odeurs qui ont teinté sa carrière mais aussi son enfance : celles des vieux livres qui ont forgé son imaginaire, et celle de la cuisine, chaleureuse et réconfortante. Ses nombreux voyages qui l’ont conduit notamment en Turquie, où il a vécu plusieurs années. Pierre Raffard a un don : celui de lire le monde à travers ses odeurs et saveurs. Ensemble, nous voyagerons de Fez à Séoul en passant par Urumqi.

Écrivain et journaliste, Mathieu Palain plonge dans les profondeurs des histoires humaines avec une sensibilité unique, il se nourrit du monde qui l’entoure et s’interroge à son tour. Auteur de plusieurs romans - souvent issus de ses longues enquêtes et immersions, il a reçu de nombreux prix, notamment pour son livre intitulé “Ne t’arrête pas de courir”, paru en 2021 aux éditions L’iconoclaste. Depuis 2022 - année de création du prix littéraire Fragonard, nous avons l’immense honneur de le compter parmi les membres de notre jury. Nous aimons son regard d’écrivain et d’homme, évidemment, un regard qu’il m’amusait de  traduire en odeur. Voici donc son portrait olfactif, les odeurs de son enfance,  celle des vestiaires lorsqu’il s’imaginait sportif professionnel, ou encore celle du tabac froid dans les bureaux de Libération, marquant ses débuts de journaliste.

Victoire Finaz a inventé sa profession : chocologue. Une science qui permet la connaissance  du cacao de sa culture à sa consommation. Pour déguster cet or noir incroyable et l’apprécier, elle met en éveil tous ses sens, dont bien sur celui de l’olfactif.. Pour vous, j’ai puisé d’ailleurs dans son livre “Chocolat du plaisir à la santé” un petit exercice olfactif à réaliser : Prenez un carré de chocolat, mâchez-le en vous bouchant le nez, laissez fondre le chocolat sans l’avaler et libérez vos narines, vous expérimentez la rétro olfaction ! Dans cet épisode, Victoire Finaz nous partage cette passion qui l’anime depuis toujours et nous transporte dans ses souvenirs d’enfance où les arômes chocolatés sont sources de plaisir, de rencontres… de tant d’autres choses qu’il est bien difficile d’en faire le tour… 

Karine Dubreuil était prédestinée à devenir parfumeur. Originaire de la ville de Grasse, berceau de la parfumerie, elle a grandi dans les jardins fleuris et parfumés de ses grand-parents, où elle aimait passer tout son temps libre. Une jeunesse qui façonnera son odorat et sa signature olfactive. Après des études de chimie, elle se forme à l’école de parfumerie Roure Bertrand Dupont (devenue l’école Givaudan). Aujourd’hui, Karine nous raconte son métier, ses rencontres et nous confie les dessous de sa dernière création pour Fragonard, la nouvelle fleur de l’année 2025 : la fleur de citronnier. Elle nous explique comment elle a imaginé cette fragrance, ses inspirations et son amour depuis toujours pour les agrumes.

Son métier est aussi extraordinaire et exceptionnel que le produit qu’il contribue à fabriquer. Ce qu’il réalise aujourd’hui sera goûté par ses successeurs, tant la maturation et l’élaboration est longue. Baptiste Loiseau est maître de chai depuis 2014 pour la Maison Louis XIII - l’un des plus prestigieux cognacs français. Sa profession : avoir le nez pour assembler de très vieilles eaux-de-vie charentaises et les faire devenir cognac. Sentir avec lui, c’est partir sur les terres de son enfance, la Charente, mère patrie de cette boisson mondialement connue et reconnue. Et nul besoin de s'enivrer, le sniff d’un verre de cognac qu’il m’apporte est une explosion olfactive inimaginable. Laissez-vous mener par le bout du nez de Baptiste Loiseau, il nous confie ses secrets de fabrication, son parcours, mais aussi et surtout sa grande passion pour ce trésor couleur ambre.

À l'occasion de l'exposition “Luxe de poche” au Musée Cognacq Jay à Paris, le Musée du parfum Fragonard a prêté plusieurs objets de parfumerie. Des flacons, bien sûr, mais également de petits objets aujourd'hui disparus de notre quotidien, tels que boîtes à mouches, pomanders, nécessaires ou encore flacons bonbonnières. Tout un art de vivre méconnu, mais également un art olfactif étonnant. Initiatrice de la Chaire de professeur junior Olfactions à l’Université Grenoble Alpes et historienne spécialiste des odeurs au XVIIIe et XIXe siècle, Erika Wicky nous fait l'honneur d'une conférence au musée pour nous transmettre les clés de compréhension de la culture olfactive du siècle des Lumières. Comment se parfumait-on ? Quels étaient donc les usages et les matières premières utilisées ? Pourquoi les métiers de parfumeur et confiseur étaient si proches ? Nous saurons tout des parfums du XVIIIᵉ.