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Violences sexuelles et de genre dans le monde
La binarité de sexe dans le droit constitutionnel au Japon : vers l'indifférence ou la redéfinition ?
Cette contribution porte sur l’évolution du droit constitutionnel japonais dans la prise en considération de la binarité de sexe. Le texte constitutionnel étant discret sur la question, les études de la jurisprudence et de la doctrine apporteront des éclairages sur l’état actuel du droit. Si la justice japonaise semble avoir enfin réalisé l’égalité formelle entre les deux sexes, l'égalité réelle et substantielle reste loin d'être judiciairement acceptée sur le plan constitutionnel, et loin d'être socialement atteinte.
Aujourd'hui, alors que nous sommes face à cette impasse, les revendications émergentes des communautés LGBT tendent à relativiser l'hétéronormativité et la dichotomie des sexes. Pourtant, la lutte en faveur d'une égalité plus substantielle entre les femmes et les hommes nécessite souvent de partir d'un constat de la dualité du sexe pour mieux saisir et corriger les réalités inégalitaires. Comment peut-on alors composer avec ces nouvelles demandes sans que cela ne menace pour autant l'égalité déjà fragile entre les deux sexes au Japon ?
Biographie de l'intervenante
Diplômée de l'université Hitotsubashi à Tokyo, Emiko Saito est docteur en droit, chercheuse en droit constitutionnel et Gender and Law et représentante de la branche française du Gender and Legal Policy Center (GELEPOC).
Conférence enregistrée le 9 novembre 2023.
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A History of the Israeli Transgender Community from the 1950s to the Present Day
01:05:30||Saison 2People who crossed gender boundaries have lived in Israel since its foundation. The first request for a gender affirmation surgery was submitted in 1953 by Rina Nathan and was subsequently turned down by the Israeli Attorney General. The first visible group of sexual and gender dissidents coalesced in the early 1960s in the Tel Aviv commercial sex area, and included mainly teenagers who we would today be called "trans".Following the successful tours in the mid-1960s of the Parisian cabaret Le Carrousel with its famous transgender star "Coccinelle" (Jacqueline Dufresnoy), these Israeli trans pioneers obtained the derogatory term "Coccinellim" – a French-Hebrew blend carrying with it notions of loathing and abjection. This lecture will follow the historical development of transgender life in Israel during eight decades. It will focus in particular on the 1970s and 1980s – a period in which the Israeli gay and lesbian movement underwent a steady growth while the transgender community experienced extreme marginalization and brutalization. The lecture will conclude by assessing the changes that have been taking place in the past two decades, and the challenges that emerged under the right-wing religious government.Biographie de l'intervenanteIris Rachamimov is the Head of the Department of History at Tel Aviv. She received her Ph.D. at Columbia University and has been a visiting professor at Stanford and Oxford Universities. She has published extensively on internment camps and on World War I, and has been researching and writing about Israeli queer history especially trans and lesbian history. Until recently – and for many years – she was the only transgender academic in Israeli higher education.Conférence enregistrée le 2 mai 2024.A History Without Binaries? Queer and Trans Histories of Gender Transgression in Argentina
49:25||Saison 2This presentation explores the challenges of writing histories of gender non-conformity. Focusing on the cases of maricas, invertidos sexuales, and mujeres hombres in the early twentieth century in Argentina opens questions about the methodological challenges of narrating lives that moved and transgressed what was socially defined as gender. Dr Simonetto engages with the overlapping queer and trans histories of Argentina to open questions about how lives of gender-nonconformity have been archived and the legacies of their memories in the present.Biographie de l'intervenant Patricio Simonetto is a Lecturer in Gender and Social Policy at the University of Leeds. His research focuses on the queer histories of Latin America. He is the author of Entre la injuria y la revolución. El Frente de Liberación Homosexual en la Argentina (UNQ, 2017), El dinero no es todo. La compra y venta de sexo en la Argentina del siglo XX (Biblos, 2019) and Money is Not Everything. The Purchase and Sale of Sex in Argentina in the Twentieth Century (The Univesity of North Carolina, 2024). He was awarded the Carlos Monsivais Prize from the Latin American Studies Association in 2021.Conférence enregistrée le 3 avril 2024.Parcours transgenres dans la France du XIXe siècle
01:51:36||Saison 2La transidentité, en termes de fluidité des identités de genre, est un impensé dans la France du XIXe siècle. Dans une société marquée par la binarité sexuelle, on peut toutefois découvrir des existences transgenres dans tous les milieux sociaux et notamment les plus modestes. L’intensité performative qui les caractérise se lit d’abord dans l’apparence physique recomposée et s’apprécie à travers la capacité à intégrer au quotidien la sociabilité du genre choisi. Elle frappe par sa plénitude et sa durée, par son caractère irrévocable quand il n’est pas contraint, par l’audace et la liberté qui la nourrissent. Elle invite à considérer la projection dans l’autre genre non pas seulement comme une opportunité, mais comme une impérieuse exigence.Biographie de l'intervenante Gabrielle Houbre est historienne au laboratoire CERILAC d'Université Paris Cité. Spécialiste d’histoire sociale et culturelle du XIXe siècle, notamment des sexualités et des identités de genre, elle a écrit la partie consacrée au XIXe siècle dans Une histoire des sexualités (PUF, 2018) et a publié Les deux vies d'Abel Barbin, né Adélaïde Herculine (1838-1868) (PUF, 2020).Conférence enregistrée le 11 mars 2024.Performances queer sur la scène. Un regard extra-européen
01:15:31||Saison 2La scène théâtrale offre le potentiel d'être un lieu d'émergence de nouveaux imaginaires artistiques, sociaux et politiques. Par excellence, elle remet en question les frontières dichotomiques entre l'espace privé et l'espace public, permettant ainsi l'émergence d'un tiers lieu où les normes hétéronormatives de la société peuvent être confrontées, négociées, suspendues, contournées ou transformées. Les performances sur scène donnent visibilité, à travers le récit et le corps, aux expériences des minorités invisibilisées dans l'espace public. Cette intervention analysera les performativités queer dans les arts du spectacle vivant à partir des années 1990. Les exemples européens seront étudiés en parallèle avec des cas d'études non-européens afin d'offrir un regard décentré et comparatif sur les différentes trajectoires de la performance queer dans divers contextes culturels. Un accent particulier sera mis sur la Turquie, basée sur de l'étude de terrain de la recherche doctorale de Zeynep Uğur. Nous déplacerons le regard du discours officiel du pouvoir politique, ouvertement anti-LGBTIA+, vers la vie quotidienne où de nombreux théâtres et initiatives de la vie nocturne créent des performances queer qui composent une scène artistique underground.Biographie de l'intervenante Zeynep Uğur est doctorante à l'EHESS, CESPRA en études politiques sous la direction de Nilüfer Göle avec sa thèse intitulée Transformation de la culture publique en Turquie à partir des années 2000 : Le théâtre comme le lieu d’apparition de nouveaux imaginaires politiques. Ses domaines de recherche portent sur le théâtre, l'espace public, les mouvements de la place publique et les nouvelles formes du politique. Elle est également co-fondatrice et directrice de la politique culturelle du festival international des arts du spectacle Istanbul Fringe.Conférence enregistrée le 11 décembre 2023."Ekifire – les demi-morts". De l’invisibilité forcée des minorités LGBTQ en Afrique des Grands lacs
01:08:40||Saison 2Frédéric Noy est un photographe documentaire et photojournaliste français indépendant diffusé par l’agence britannique Panos Pictures. Il a été récompensé par un Visa d’or magazine en 2019 pour son travail consacré à « La lente agonie du lac Victoria », reportage également primé au World Press 2020.Il a beaucoup voyagé en Afrique et a vécu successivement en Tanzanie, au Nigeria, au Soudan, au Tchad et en Ouganda où il s’installe en 2012. Pendant plus de 7 ans, il documente le quotidien des communautés LGBTQ en Afrique des Grands lacs (Rwanda, Burundi, Ouganda) où la législation envers les homosexuel.le.s est particulièrement répressive. Il en tire un ouvrage Ekifire.Pour la conférence inaugurale du cycle « La construction du genre : au-delà de la binarité », Frédéric Noy reviendra sur la naissance de son travail au Rwanda, au Burundi et en Ouganda puis, à travers des témoignages audio et des pastilles vidéo, sur le quotidien des personnes LGBTQ dont la situation s’est sensiblement dégradée depuis qu’il travaille sur le sujet et ce, dans la loi comme sur le terrain.Frédéric Noy vit actuellement en Inde.Conférence enregistrée le 25 octobre 2023.Feminist Dilemmas: How to approach gender-based violence in the Middle East
01:05:17||Saison 1The talk will address the challenges and dilemmas for feminist scholars to research, write and talk about gender-based violence in relation to the Middle East and its diasporas. My focus will be on Iraq - a country marked by war, conflict and violence but I will also refer to examples based on my research in Egypt, Turkey, Lebanon and the Kurdish movement. I plan to provide both empirical insights into the intersections of war and gender-based violence while also mapping the discursive, political and empirical challenges and complexities linked to scholarship and activism that is grounded in both feminist and anti-racist/anti-Islamophobic politics.Biographie de l'intervenanteNadje Al-Ali is Director of the Center for Middle East Studies at Brown where she is Robert Family Professor of International Studies and Professor of Anthropology and Middle East Studies. Her main research interests revolve around feminist activism and gendered mobilization, mainly with reference to Iraq, Egypt, Lebanon, Turkey and the Kurdish political movement. Her publications include What kind of Liberation? Women and the Occupation of Iraq (2009, University of California Press, co-authored with Nicola Pratt), Iraqi Women: Untold Stories from 1948 to the Present (2007, Zed Books), and Secularism, Gender and the State in the Middle East (2000, Cambridge University Press). She is on the advisory board of kohl: a journal of body and gender research and has been involved in several feminist organizations and campaigns transnationally.Conférence enregistrée le 23 mai 2023.Engagement, souffrance, résilience : pour une histoire genrée de la guerre du Viêt-Nam
01:35:47||Saison 1Après un survol historiographique sur l'histoire des Jeunesses de choc (Thanh Niên Xung Phong), nous partirons sur les pas de cette jeunesse mobilisée sur la Piste Hô Chi Minh. La commémoration en 2019 du 60e anniversaire de l’ouverture de la piste (mai 1959) a permis de réévaluer l’importance stratégique de ce réseau dans la victoire communiste de 1975. Cette “piste mythique” (đường mòn huyền thoại) s'est révélée être la clé de voûte de la guerre de réunification. L'expérience de dizaines de milliers de femmes et d’hommes pour ravitailler le front du Sud en forces et en munitions est aujourd'hui mieux connue et fait surgir les questions d'engagement, de souffrance et de résilience.L’expérience de la Piste sera considérée ici sous la double perspective de la marge et du genre. Le rôle essentiel des femmes sera souligné : démineuses, déblayeuses, conductrices de camion, chanteuses, éclaireuses, infirmières, miliciennes… , nous relierons entre-elles ces marges multi-situées de la guerre (jungles, villes, campagnes, diplomatie internationale) pour offrir une photographie plus générale du conflit du point de vue du genre. Il reste en effet une histoire de la guerre du Viêt-Nam à écrire dans une perspective genrée, en prenant en compte toutes ses composantes (nord et sud, marge et centre, ethnies minoritaires, fonctionnement genré de l’armée populaire, engagement des femmes des deux côtés du 17e Parallèle, populations civiles).Biographie de l'intervenantFrançois Guillemot est historien, ingénieur de recherche au CNRS, chercheur à l’Institut d’Asie orientale (IAO, CNRS, UMR 5062), École normale supérieure de Lyon. Auteur de plusieurs ouvrages sur le Viêt-Nam contemporain dont Viêt Nam, fractures d’une nation. Une histoire contemporaine de 1858 à nos jours (Paris, La Découverte, 2018) et Des Vietnamiennes dans la guerre civile, 1945-1975. L’autre moitié de la guerre (Paris, Les Indes savantes, 2014). Il mène des recherches sur la guerre civile vietnamienne, les mouvements nationalistes, le genre pendant la guerre du Viêt Nam. Il anime les carnets de recherche Guérillera dédié à la problématique des femmes et de la guerre dans une perspective transnationale et Mémoires d’Indochine dédié à l'histoire et aux récits alternatifs de la révolution et de la guerre.Conférence enregistrée le 12 avril 2023.« Le goût des femmes tutsi » : race, genre et rupture de la filiation
45:51||Saison 1L’atteinte radicale au corps des femmes qu’accompagne le massacre systématique des enfants constitue une singularité irréductible de tout génocide. Au Rwanda, au printemps 1994, le saccage de la filiation organisée par les tueurs figure au cœur du projet politique d’extermination des Tutsi. Loin de représenter une forme de « déviance » ou d’invariant de toute forme de violence, certes regrettable mais inévitable, le viol massif des femmes tutsi pendant le génocide s’inscrit dans un système de représentation raciste qui le justifie – y compris au faîte de la hiérarchie gouvernementale – et lui donne tout son sens. De même le massacre des enfants – et parmi eux les plus jeunes – est-il revendiqué au nom d’une utopie de pureté raciale censée advenir par l’extermination. Viol systématique et assassinat en masse des enfants, pensés comme un ensemble de pratiques cohérentes permettent de mettre au jour les logiques profondes du génocide.Biographie de l'intervenanteHélène Dumas est historienne, chargée de recherche au CNRS et rattachée au CESPRA (EHESS), ses travaux sont consacrés à l’histoire du génocide des Tutsi rwandais de 1994. Après une recherche centrée sur l’analyse micro-locale des mécanismes d’investissement dans la violence reposant sur l’étude des procès tenus devant les tribunaux populaires traditionnels de proximité, elle s’intéresse désormais à l’histoire au long cours des victimes et des survivants du génocide, en amont comme en aval de la rupture de 1994. À partir d’un corpus de récits de jeunes rescapés, se dessinent avec précision les contours d’un étau meurtrier incarné par une série d’acteurs investis dans l’exécution du génocide à toutes les échelles du pouvoir d’État comme à celles des voisinages. Elle a publié Sans ciel ni terre. Paroles orphelines du génocide des Tutsi (1994-2006), La Découverte, « À la source », 2020 (prix de la Fondation Lafue 2021 et prix lycéen du livre d’histoire des Rendez-vous de l’histoire de Blois) et Le génocide au village. Le massacre des Tutsi au Rwanda, Seuil, 2014.Conférence enregistrée le 24 janvier 2023.