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Les sentinelles
Sebastião Salgado, au Brésil : “Quel est le coût des arbres que l’on doit replanter ?”
Cette semaine, c’est au photographe franco-brésilien Sebastião Salgado, grand défenseur de la forêt, que nous avons laissé la parole. En 1998, il fonde avec sa femme Lélia Deluiz Wanick Salgado l’Instituto Terra, une expérience évolutive dont le but initial est de replanter les arbres de la vallée du Rio Doce au Brésil. Cette région, à l’origine couverte par la mata atlantica, la forêt atlantique, avait subi plusieurs décennies de lourdes dégradations. Vingt-cinq ans plus tard, quel est le bilan ? Trois millions d’arbres plantés, 2 000 sources d’eau récupérées et le retour de la biodiversité, pour un coût d’environ 20 millions d’euros, calcule Sebastião Salgado.
Pour cet ancien économiste devenu artiste, nous détruisons les écosystèmes amazoniens à grande vitesse et le compte n’y est pas. Plutôt que de regarder le coût des arbres mis à terre, il faudrait plutôt prêter attention à celui des arbres à replanter. “Il faut au moins 2 000 euros pour refaire 1 hectare de forêt, qu’il faut ensuite multiplier par les millions d’hectares abattus”, récapitule-t-il.
Nous avons à l’échelle mondiale les ressources nécessaires pour lutter contre la déforestation, mais nous ne les utilisons pas à bon escient, assure Sebastião Salgado. Une première étape, selon lui, serait d’inviter ceux qui connaissaient la terre, les paysans, à participer aux discussions internationales.
- Entretien, écriture et présentation : Flora Trouilloud
- Réalisation : Antoine Dabrowski
- Musique : Nikki, tirée de l’album Orchestra de Worakls
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4. Mohamed Miled : Pourquoi enseigner en français ?
11:41||Saison 9, Ep. 4Dans ce quatrième épisode, nous avons demandé à Mohamed Miled, professeur émérite à l’université de Carthage en Tunisie spécialiste de l’enseignement en français dans les contextes multilingues africains, quel était le rôle du français dans l’enseignement d’autres disciplines. En effet, dans de nombreux pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, le français n’est pas une langue étrangère, mais une langue d’enseignement pour d’autres disciplines, comme les sciences et les mathématiques. En 2022, 93 millions d’élèves et d’étudiants utilisaient le français dans ce cadre, selon l’Organisation internationale de la francophonie. Ce rôle de “langue médium” favoriserait à la fois les apprentissages des élèves et le développement des systèmes éducatifs, selon Mohamed Miled.Cependant, cet usage s’inscrit dans un contexte complexe de rejet de l’histoire coloniale, il doit coexister avec une réhabilitation des langues nationales dans les espaces publics et éducatifs. L’avenir est dans la francophonie plurielle, avance Mohamed Miled.Entretien, écriture et présentation : Flora TrouilloudRéalisation : Antoine DabrowskiMusique : Nikki, tiré de l’album Orchestra de WoraklsLes Sentinelles est un podcast produit par Courrier international et l’Agence française de développement, avec la participation de Carole Lembezat, Flora Trouilloud, Hassina Mechaï, Antoine Dabrowski, Pascale Boyen et Virginie Lepetit. Chaque série explore une question et y répond en cinq épisodes avec cinq intervenants différents : philosophe, scientifique, anthropologue, artiste, acteur ou actrice de terrain.3. Kaoutar Harchi : “Qu'est-ce qu'un écrivain francophone ?”
12:45||Saison 9, Ep. 3Dans ce troisième épisode, nous nous intéressons avec la sociologue de la littérature Kaoutar Harchi à la distinction faite entre les “écrivains français” et les “écrivains francophones”.“La catégorie ‘littérature francophone’ ou ‘écrivain francophone’ signale un écrivain qui est de quelque part, qui n’est pas la France hexagonale”, dit-elle. On désigne ainsi un étranger, et non blanc. Michel Houellebecq ou Frédéric Beigbeder ne seront jamais considérés comme des écrivains francophones. Ils parlent pourtant la langue française ; mais ils sont considérés comme des écrivains nationaux. Une hiérarchie s’installe, qui “dessine ainsi dans la littérature des frontières de classe, et de race”, précise Kaoutar Harchi.Pour elle, ces définitions s’inscrivent dans l’histoire de la France : au XIXe siècle, la littérature devait représenter la France et sa grandeur, et cette langue, par le processus de colonisation, a essaimé dans de nombreux espaces. Pour les auteurs du Sud global, la lutte consiste à appartenir à cet espace français. Et les écrivains – notamment africains – vont avoir beaucoup de difficultés à y parvenir. “Personne ne franchit ces frontières aisément”, rappelle la sociologue.Entretien, écriture et présentation : Hassina MechaïRéalisation : Antoine DabrowskiMusique : Nikki, tiré de l’album Orchestra de WoraklsLes Sentinelles est un podcast produit par Courrier international et l’Agence française de développement, avec la participation de Carole Lembezat, Flora Trouilloud, Hassina Mechaï, Antoine Dabrowski, Pascale Boyen et Virginie Lepetit. Chaque série explore une question et y répond en cinq épisodes avec cinq intervenants différents : philosophe, scientifique, anthropologue, artiste, acteur ou actrice de terrain.2. Wim Remysen : “Le Français du Québec, une langue vivante et émancipée”
16:26||Saison 9, Ep. 2Dans ce deuxième épisode de notre série consacrée au français, une langue dans tous ses états, nous nous intéressons au français tel qu’il est parlé au Québec.Wim Remysen est professeur à l’université de Sherbrooke. Il dirige le Centre de recherche interuniversitaire sur le français en usage au Québec, une région de près de 9 millions d’habitants, où trois quarts des Québécois ont le français pour langue maternelle. Un îlot francophone dans un océan anglophone. C’est précisément l’objet d’étude de Wim Remysen : cette langue vivante et autonome. Émancipée du français “de France”.Pour ce chercheur, en effet, le français que l’on parle outre-Atlantique est désormais une langue autonome. La preuve, tandis que la plupart des autres espaces de la francophonie ont des dictionnaires différenciés de belgicismes, d’helvétismes ou de particularismes propres à certains pays d’Afrique, le Québec est la seule société francophone à disposer d’un dictionnaire général du français tel qu’il est en usage là-bas. En documentant une langue à part entière, et non une déclinaison du français de France, le Québec fait figure de précurseur. Une langue au cœur de l’identité québécoise. Un français âprement défendu et protégé.Entretien, écriture et présentation : Virginie LepetitRéalisation : Antoine DabrowskiMusique : Nikki, tiré de l’album Orchestra de WoraklsLes Sentinelles est un podcast produit par Courrier international et l’Agence française de développement, avec la participation de Carole Lembezat, Flora Trouilloud, Hassina Mechaï, Antoine Dabrowski, Pascale Boyen et Virginie Lepetit. Chaque série explore une question et y répond en cinq épisodes avec cinq intervenants différents : philosophe, scientifique, anthropologue, artiste, acteur ou actrice de terrain.1. Salikoko Mufwene, aux États-Unis : “Qu'est-ce que le créole ?”
11:25||Saison 9, Ep. 1Y a-t-il une seule langue française ? Ou plutôt une mosaïque de langues bien vivantes ? Du créole au québécois, la langue se métisse, évolue, s’enrichit… Mais elle est de plus en plus contestée dans l’espace francophone, en tant qu’instrument politique. Comment faire pour que le français reste une langue vivante, un outil d’échange et non de domination ? Qu’est-ce que la francophonie aujourd’hui, et à quoi pourrait-elle ressembler demain ?Dans ce premier épisode de notre série consacrée au français, une langue dans tous ses états, un linguiste nous explique ce qu’on entend aujourd’hui, par “créoles” – au pluriel.Salikoko Mufwene est chercheur spécialisé en linguistique évolutive. Né en République démocratique du Congo, à l’époque où on l’appelait encore “Congo belge”, il a commencé sa carrière en Jamaïque à l’université des Indes occidentales, puis travaillé dix ans à l’université de Géorgie, aux États-Unis, avant de rejoindre l’université de Chicago. Il y est désormais professeur au département “Race, diaspora et indigénéité”.Au printemps dernier, Salikoko Mufwene était de passage à Paris. C’est à cette occasion que nous l’avons rencontré. Il occupait la chaire annuelle “Mondes francophones” au Collège de France, où il a notamment animé un colloque sur l’émergence des parlers et des cultures créoles. Mais qu’entend-on au juste par “créole” ?Le français dans tous ses états
01:08||Saison 9, Ep. 0Y a-t-il une seule langue française ? Ou plutôt une mosaïque de langues bien vivantes ? Du créole au québécois, la langue se métisse, évolue, s’enrichit… Mais elle est de plus en plus contestée dans l’espace francophone, en tant qu’instrument politique. Comment faire pour que le français reste une langue vivante, un outil d’échange et non de domination ? Qu’est-ce que la francophonie aujourd’hui, et à quoi pourrait-elle ressembler demain ? C'est à ces questions que nos invités vont répondre dans notre nouvelle série des Sentinelles, "Le français dans tous ses états", disponible dès le 2 décembre.4. Emilie Pradichit, en Thaïlande : “Il faut changer les relations avec les grands bailleurs de fonds”
15:42||Saison 8, Ep. 4Pour ce quatrième épisode, nous nous intéressons aux ONG. Comment lèvent-elles des fonds, et à quelles conditions ?Le 27 février, nous célébrerons la Journée mondiale des ONG. Elles sont actuellement plus de 70 000 dans le monde, selon l’Union des associations internationales. Et certaines, Amnesty international, la Croix-Rouge ou plus récemment l’ONG russe Memorial ont même obtenu le prix Nobel de la paix. Mais quelles que soient leur taille et leur mission (humanitaire, environnementale, économique), elles dépendent du bon vouloir des bailleurs de fonds. Comment cela fonctionne-t-il ? Comment renverser le rapport de force entre certains bailleurs de fonds et les plus petites des ONG ? Emilie Pradichit, fondatrice de l’ONG Manushaya, nous répond.La fondation Manushaya est une fondation féministe, régionale, basée à Bangkok, qui veut défendre les droits des communautés autochtones, des femmes, des minorités LGBTQI et des défenseurs de l’environnement. L’un de ses projets concerne actuellement des agricultrices autochtones de Thaïlande. Pour mener à bien ses missions, Manushaya, comme toute ONG, doit lever des fonds, qui financeront des aides et des actions sur le terrain, mais paieront aussi les salaires des gens qui travaillent pour l’association.Cette recherche permanente d’argent occupe une grande part du temps d’Emilie Pradichit. Et beaucoup d’énergie aussi. Les grands bailleurs de fonds imposent souvent leur point de vue. Trop paternaliste et trop néocolonialiste, avance Émilie Pradichit. “On a l’impression d’être traités comme des juristes ou travailleurs de troisième classe parce que nous sommes sur le terrain, dit-elle. Et cela doit vraiment changer !” C’est pour cela qu’elle a rejoint le mouvement #ShiftThePower, qui a réuni en décembre plusieurs associations à Bogota, en Colombie. Sous l’égide du manifeste Shift The Power, elles cherchent à instaurer de nouvelles relations entre les associations de terrain et les puissants bailleurs de fonds. Le but : changer de paradigme pour aller vers des relations plus équitables.Entretien, écriture et présentation : Virginie LepetitRéalisation : Antoine DabrowskiMusique : Nikki, tiré de l’album Orchestra de Worakls3. Assata Doumbia, en Côte d’Ivoire : “La coopérative permet aux femmes d’avoir leurs propres revenus”
16:35||Saison 8, Ep. 3Et s’il était temps de parler d’argent ? Climat, éducation, égalité femmes-hommes, biodiversité… Pour aller vers un monde bas carbone, plus juste et plus résilient, il faut mieux mobiliser les ressources publiques et privées. Dans cette nouvelle série consacrée au financement durable, nous interrogerons des chercheuses, des militants, des bailleurs de fonds et des artistes pour répondre à la question : comment financer un monde plus juste ?Cette semaine, pour notre troisième épisode, Assata Doumbia, qui dirige une grande coopérative ivoirienne de producteurs de cacao, détaille le fonctionnement de cette structure de commerce équitable. Cette coopérative, qui a commencé il y a vingt ans avec 87 producteurs et rassemble aujourd’hui 3 000 producteurs (dont plus de 700 femmes) fonctionne sur le mode de la démocratie participative et de la mutualisation des moyens. Les agricultrices y ont des responsabilités, une voix à faire entendre, et peuvent récupérer les fruits de leur travail. Ce qui est rare dans le monde agricole – en Afrique comme ailleurs.Ces agriculteurs doivent relever plusieurs défis : les fluctuations du cours du cacao, dont les prix sont sont fixés unilatéralement par les grands acheteurs internationaux ; celles du prix des engrais, lié aux incertitudes géopolitiques ; mais aussi des cahiers des charges contraignants ; et évidemment le changement climatique.Entretien, écriture et présentation : Hassina MechaïRéalisation : Antoine DabrowskiMusique : Nikki, tiré de l’album Orchestra de Worakls2. Kampeta Pitchette Sayinzoga, au Rwanda : “Nous avons tous besoin de financements en même temps”
10:47||Saison 8, Ep. 2Et s’il était temps de parler d’argent ? Climat, éducation, égalité femmes-hommes, biodiversité… Pour aller vers un monde bas carbone, plus juste et plus résilient, il faut mobiliser les ressources publiques et privées. Dans cette nouvelle série consacrée au financement durable, nous interrogerons des chercheuses, des militants, des bailleurs de fonds et des artistes pour répondre à la question : comment financer un monde plus juste ?Pour ce deuxième épisode, nous nous intéressons aux banques de développement. Elles seraient plus de 500 aujourd’hui dans le monde et financeraient environ 10 % des investissements mondiaux, soit plus de 2 000 milliards d’euros chaque année. Des financements qui répondent notamment aux défis posés par le réchauffement climatique.C’est ce que nous raconte Kampeta Pitchette Sayinzoga, directrice générale de la Banque rwandaise de développement (BRD). Elle revient sur le choix du Rwanda de se développer “en passant directement à des solutions durables” dans l’énergie, les transports, l’agriculture, l’adaptation au changement climatique…Autant de domaines dans lesquels les projets nécessitent souvent une prise de risque et un accès à des technologies coûteuses qui peuvt dissuader le secteur privé. C’est là qu’intervient la Banque de développement du Rwanda, explique Kampeta Pitchette Sayinzoga. En fournissant des prêts à des taux favorables, des dons ou une expertise technique, elle cherche à permettre aux entreprises privées d’investir dans ces secteurs prioritaires pour l’État. Cette banque dite “verte”, adossée à l’État, est en train de devenir un outil incontournable pour le Rwanda afin de soutenir sa transition vers une économie durable.Entretien, écriture et présentation : Flora TrouilloudRéalisation : Antoine DabrowskiMusique : Nikki, tirée de l’album Orchestra de Worakls