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Les amants de la guillotine

François-Joseph Lemettre, le sodomite assassin

Saison 1, Ep. 4
Né en 1842, François-Joseph Lemettre est placé comme domestique dès son enfance dans la ferme de Selle, sur la commune d'Audresselles, dans le Pas-de-Calais. Ses maîtres, les Dély, apprécient sa gentillesse, sa serviabilité. Il a l'apparence d'un enfant de chœur à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession. Au fil des années, il devient l'homme de confiance de son patron. Et pourtant, cette aimable façade cache une âme noire, celle d'un incendiaire doublé d'un assassin. Pour comprendre comment ce gentil garçon est devenu un diable, il faut remonter à son adolescence. Il a vécu un viol collectif, qui l'a à jamais détruit. À cette époque, ses maîtres l'avaient prêté à un vieil oncle, qui avait insisté pour que François-Joseph lui soit confié. Un jour, le vieil homme invite plusieurs voisins à jouer aux cartes et à boire. La soirée dégénère. Le maître de la maison et ses invités ivres violent le jeune garçon. Celui-ci jure de se venger et d'acquérir suffisamment d'argent pour s'offrir une ferme. Dès ce jour, il se met à rôder dans le pays, incendiant les granges de ses tourmenteurs et volant tout ce qu'il trouve. De retour chez les Dély, il poursuit ses actes délictueux. Il multiplie les cambriolages de ferme. Bientôt, le voilà à la tête d'une petite fortune. 1 600 francs ! Une somme impossible à rassembler par un domestique payé une misère chaque année. Alors, comment justifier sa provenance ? François-Joseph a une idée de génie. Il va trouver le maire d'Audresselles à qui il remet une bourse qu'il prétend avoir trouvée sur la route. Sans doute un commerçant l'a-t-il perdue ! On l'ouvre. Il y a 1 600 francs à l'intérieur. Le maire félicite le jeune homme pour son honnêteté. Une année et demie passe. Personne ne réclame la bourse. Forcément ! Le maire la remet à Lemettre pour prix de son honnêteté. Elle lui appartient désormais. Le tour est joué. Voilà comment le jeune voleur a blanchi sa fortune volée. Pour autant, il poursuit ses cambriolages, ceux-ci sont mis sur le compte de bandes de voleurs écumant la région. Une nuit, François-Joseph dévalise le curé d'Audresselles durant la messe de minuit. Une autre fois, il cambriole la ferme d'une vieille femme qu'il perce de vingt coups de couteau, sans la tuer néanmoins. Un jour, il s'attaque en pleine campagne à un jeune brasseur de 19 ans pour le voler. Il le laisse quasi mort. Il vole sans vergogne son meilleur ami. Bien que sa présence soit souvent signalée à proximité des crimes qui se multiplient, il n'est jamais soupçonné. Comment donc, un si gentil garçon, bon catholique et si honnête… Avec l'argent volé, il loue une ferme, il se marie aussi. Ses ambitions augmentent, il veut maintenant acheter un hôtel pour accueillir les touristes qui séjournent en bord de mer. Pour le meubler, il poursuit ses vols. Comme si cela ne suffisait pas, Lemettre a un vice secret. Il a pris goût aux amours contre nature, comme on disait autrefois. Il séduit de jeunes garçons impressionnables pour abuser d'eux. Tant qu'ils gardent le secret sur ces amours secrets, tout va bien. Mais s'ils se mettaient à parler ? Surtout cet Adolphe Cugny qui se soûle souvent dans les auberges. Alors, P'tit Joseph, comme on l'appelle dans le pays, décide de le tuer. Il passe à l'action le 24 juin 1869 en employant une méthode monstrueuse. Il invite sa future victime chez lui pour, prétendument, une partie de jambes en l'air. L'autre se fait prier, mais obéit. Pendant qu'ils font l'amour, P'tit Joseph, placé derrière son amant, lui saisit les testicules pour les tordre avec une violence inouïe. La douleur brutale et insupportable fait s'évanouir Cugny. Tranquillement, Lemettre le garrotte avec un mouchoir bleu auquel il avait noué un bout de corde. Cugny est passé directement du septième ciel au troisième sous-sol de l'enfer. Lemettre se contente de tirer le cadavre dans la rue pour le déposer contre un mur, en face de chez lui. Qui pourrait le soupçonner, lui, l'honnête P'tit Joseph ? Les gendarmes s'empre...

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  • -1. Bande-annonce : Les amants de la guillotine

    00:46
    Au XIXe siècle, la guillotine ne chômait pas. La justice ne tremblait pas devant la peine capitale. Ce podcast relate le destin tragique de onze meurtriers ayant tous eu le cou tranché. Certains affronteront la guillotine avec courage, d’autres avec terreur. Régalez-vous ! 
  • 1. Adolphe et Gustave, meurtriers à 19 ans

    04:29
    Adolphe et Gustave font partie d'une bande de jeunes voyous d'Asnières. Ils se retrouvent souvent chez la daronne d'Adolphe, la mère Berland. À 55 ans, celle-ci continue à se prostituer pour compléter son maigre salaire de marchande de journaux. Elle n'hésite pas à recevoir ses clients dans le lit qu'elle partage avec son fils. Lequel continue de dormir pendant que sa mère gagne son pain. Un jour, un client a même la mauvaise idée de mourir en pleine action. Comment s'en débarrasser ? Le couple se contente de le pousser dans un coin. Au bout de deux jours, l'odeur du cadavre alerte les voisins, qui préviennent la police. Le corps est emporté dans un vieux sac à patates, faute de draps dans l'appartement. Comme le commerce de la mère Berland commence à battre de l'aile, vu son âge, elle incite son fils et ses amis à pratiquer le vol à l'étalage. Elle fonde, en quelque sorte, une école du crime, pour les initier au vol avec effraction et à l'attaque à main armée. Mais là encore, les affaires marchent mal. Alors, elle décide de faire un gros coup. Un soir de décembre 1890, elle réunit la petite bande chez elle pour choisir une première victime. Finalement, c'est la proposition de Gustave qui l'emporte. Il soumet le nom de la veuve Menier-Dessaigne à qui il avait livré de la viande lorsqu'il était apprenti chez un boucher. Octogénaire, la veuve habite une maisonnette à Courbevoie. Elle a sûrement de l'oseille cachée chez elle. Détail macabre, sa mère et sa sœur avaient déjà été assassinées. Après avoir repoussé à plusieurs reprises l'attaque, la bande passe à l'action le 12 janvier 1891. Avant de partir, pour se donner du courage, ils avalent un repas plantureux composé de lapin, de poulets et d'un vol-au-vent, volés chez les commerçants locaux. Vers 18 heures, Adolphe et Gustave, accompagnés par deux complices, se présentent devant la grille du jardin de la veuve. Gustave la force d'un coup d'épaule. Dans la pénombre, Gustave et Adolphe se dirigent vers la porte de la maison, tandis que les deux autres font le guet. Apercevant par la fenêtre l'octogénaire seule en train de lire à haute voix le feuilleton du journal, ils poussent la porte d'entrée déverrouillée. En les voyant, la veuve sursaute, leur demande qui ils sont ? Les deux voyous lui présentent une lettre qui lui est soi-disant adressée. Elle tend la main. Au lieu de la missive, elle reçoit de la part d'Adolphe un violent coup de tête dans la poitrine. Elle chute lourdement. Mais son calvaire ne fait que commencer. Le misérable s'agenouille sur elle, la bâillonne avec son poing avant de s'acharner à lui arracher la langue pour l'empêcher de crier. Mais la vieille est une dure à cuire. Elle se débat comme une furie. Elle cogne le sol avec ses jambes. Le voyou veut alors la maîtriser en se jetant sur elle tout en lui martelant la figure à coups de poing. Comme cela ne suffit pas, Gustave vient prêter main-forte à son pote. Il saisit un poinçon qu'il avait emporté à tout hasard et porte deux coups terribles à la tempe de la veuve, au grand dam de sa cervelle. La veuve Dessaigne se met à… saigner et à râler. Gustave l'abandonne pour se précipiter à l'étage avec l'un des deux guetteurs ayant accouru, attiré par le bruit. Tous deux saccagent les meubles, éventre les matelas, à la recherche d'argent, mais ils ne mettent la main que sur 23 francs et 20 centimes et des couverts en argent. Tu parles d'un butin ! En bas, ils retrouvent Adolphe dansant sur le cadavre de la vieille réduit à une charpie sanglante. Gustave la déshabille pour la montrer nue à ses complices, puis il s'empare de pain et de viande froide dans la cuisine pour calmer sa faim. Enfin, les quatre gredins se carapatent dans les rues de Courbevoie, se lavant à une fontaine pour faire disparaître les éclaboussures de sang. Puis ils retrouvent la mère Berland à qui il revient de partager entre eux le maigre butin. « Ça, c'est bien travaillé, mes enfants », les félicite-t-elle. Enfin, la bande se rend au théâ...
  • 2. Joseph Philippe, l’éventreur de prostituées

    04:19
    Vingt ans avant Jack l’Éventreur, un ex-militaire français massacre au moins douze prostituées. Il aura la tête coupée le 24 juillet 1866.
  • 3. Sophie Gautié, l’infanticide aux aiguilles à tricoter

    03:45
    Avec son époux, Sophie Gautié tient une modeste auberge au Bourg, un paisible village du Lot, entre Cahors et Figeac. Petite, à l’apparence frêle, Sophie aime faire la fête avec ses clients. Et la gnole aidant, il peut lui arriver de finir dans leur lit. De quoi mettre de la graisse de canard dans ses topinambours. Son mari Boyou, épousé en secondes noces, ferme les yeux tant que l’auberge est fréquentée. De temps à autre, la Gautié tombe enceinte, forcément. À dix reprises, elle accouche. Mais le bon petit Jésus a la bonté d’appeler à lui sept des charmants bambins avant l’âge d’un an. Alléluia ! Cette hécatombe n’intrigue pas trop le voisinage, la mortalité infantile au XIXe siècle étant fréquente. En juin 1875, le fils aîné de la mère Gautié, né d’un premier mariage, se meurt à l’auberge. Victime de la tuberculose, il crache ses dernières alvéoles. Il est veillé par son épouse, qui a accouché trois mois auparavant. C’est la mère Gauthié qui prend soin du nourrisson nommé Élisa. Un jour, elle sort affolée de sa chambre en hurlant : « Ahhhh ! Élisa ne respire plus. Elle est morte ! » Le médecin, appelé en urgence, ne peut que constater le décès de la petite. À première vue, rien ne peut expliquer cette mort soudaine. Le père, qui a été délaissé, en profite pour prendre lui aussi la poudre d’escampette du côté du ciel, deux heures après sa fille. Dans le village, ce double décès fait bavarder. Le fils, on l’admet, on connaît les ravages du mal de poitrine, mais la petite Élisa ! C’est le huitième bébé à mourir à l’auberge. Pas normal du tout, millediou de millediou ! La mère Gautié aurait-elle été capable de tuer ses enfants ? La rumeur court, la rumeur enfle. C’est alors que certaines commères se rappellent des menaces de mort proférées par la femme aubergiste à l’encontre de sa bru qu’elle accuse de guetter son héritage. Ces accusations finissent par tomber dans les oreilles des gendarmes, lesquels ordonnent d’exhumer le corps de la petite Élisa, mais aussi celui de la petite Marie, fille de Sophie enterrée deux mois plus tôt. Avec une grande émotion, le médecin légiste qui pratique l’autopsie découvre dans les petits corps des aiguilles à repriser la laine et des fragments d’aiguille à tricoter. Les deux fillettes ont été assassinées ! Et par qui ? Par la mère Gautié, pardi. Il n’y a qu’elle qui a pu faire cela. Les pandores l’arrêtent aussitôt. Durant son interrogatoire, elle reconnaît les meurtres d’Élisa et de Marie, mais nie celui de ses précédents bébés. La seule excuse qu’elle trouve est pitoyable. Elle accuse sa belle-fille d’avoir couché avec son époux. « J’avais surpris des relations coupables entre ma bru et mon mari. Ça me tourna la tête. Je ne savais plus ce que je faisais… Un jour, dans mon auberge, on s’entretenait de la manière de faire périr secrètement les petits enfants : on disait que les enfants ne souffraient pas, et que les aiguilles disparaissaient dans le corps. » Une excuse cousue de fil blanc que les jurés ne retiennent pas. La cour d’assises de Cahors condamne Sophie Gautié à être guillotinée devant son auberge. Le 3 janvier 1876, en fin d’après-midi, l’aubergiste est tirée de la prison de Cahors pour être amenée au Bourg en charrette. Le trajet prend neuf heures et demie. Durant tout ce temps, elle ne cesse de prier, encadrée par deux curés. La charrette arrive à destination avant le lever du soleil. La condamnée est amenée à l’école pour subir la toilette d’avant exécution. Le bourreau lui coupe les cheveux et découpe son col pour libérer le cou. Une foule de 4 000 curieux accueille l’infanticide. Elle est venue se repaître du hideux spectacle. Les insultes pleuvent. Une femme hurle : « Malheureuse, tu vas mourir, et tu seras bien reçue dans l’autre monde, tous tes enfants t’attendent. » Le bourreau l’empoigne, la ligote sur la bascule. Un de ses assistants vérifie que le cou est correctement placé. La lame chute. Elle est autrement plus efficace qu’une aiguille à tricoter. Le sang jaill...
  • 5. Martin Dumollard, le tueur de bonnes

    04:07
    Martin Dumollard est un petit bonhomme de 51 ans. Son physique est loin d'en faire un Apollon. Avec son gros crâne taillé en pointe et une tumeur lui mangeant la lèvre supérieure, il est carrément repoussant. Fils d'un émigré hongrois, il a été placé comme berger à 8 ans, puis est devenu domestique avant de vivre de petits larcins et de mendicité. Tout affreux qu'il est, il épouse une certaine Marie-Anne Martinet. Le couple s'installe dans une maison isolée sur la commune de Dagneux, située à une vingtaine de kilomètres de Lyon. Dans le pays, on le surnomme Raymond, un prénom qui était celui de son frère mort en bas âge. De quoi vivent-ils ? Nul ne le sait dans le pays. Du reste, ils ne fréquentent quasiment personne. Ils ne cultivent pas, ils ne commercent pas. En fait, ils ont inventé une activité originale qui leur permet de vivoter : l'assassinat de jeunes femmes à la recherche d'un emploi de domestique. Dumollard compte officiellement six meurtres à son palmarès. Voici comment il procède. Quand il n'y a plus d'argent à la maison, il se rend à Lyon. Il aborde des jeunes femmes de petites conditions en se faisant passer pour un employé de maison chargé de recruter une domestique par son maître. Il fait miroiter des gages élevés, aussi finit-il toujours par convaincre l'une ou l'autre de le suivre. Une fois que sa victime est allée chercher ses maigres biens, ils prennent le train pour Dagneux où le prétendu châtelain pour qui travaille Dumollard réside. Une fois arrivé à destination, l'ignoble meurtrier invite sa victime à le suivre à pied sur un chemin au milieu des bois. Quand ils sont loin de toute habitation, Dumollard saute sur la malheureuse jeune fille qui l'accompagne. Il l'étrangle. Certaines parviennent à s'enfuir, mais c'est rare. En général, la vue du cadavre emporte ses sens : il se rue dessus, écarte ses vêtements et le viole. Retrouvant son calme, il enterre la victime après lui avoir retiré ses habits. Il n'a plus qu'à prendre le chemin de sa masure avec tous les effets de sa victime, où sa chère et tendre épouse l'attend avec un sourire sardonique. Ils revendent sur les marchés des alentours les maigres biens récupérés. Ils n'en tirent pas une fortune, mais cela leur permet de survivre. Durant neuf ans, l'infâme couple poursuit son manège sans être inquiété. Très exactement jusqu'au 26 mai 1861, le jour où il revient de Lyon avec la jeune Marie Pichon. Il la rencontre sur le point de la Guillotière. Cette fois, il s'est fait passer pour un jardinier chargé par son maître, habitant près de Montluel, de recruter une servante. Arrivés à destination, Dumollard charge sur ses épaules la malle de la jeune fille, et les voilà qui s'enfoncent dans la forêt pour rejoindre le prétendu château. La nuit tombe. Après une longue marche qui n'en finit pas, la jeune femme commence à s'inquiéter. Son guide marche devant elle sans lui répondre. Elle regrette de l'avoir suivi. Mais c'est trop tard ! Soudain, Dumollard s'arrête de marcher pour s'assoir sur la malle qu'il a jetée à terre. Il reprend des forces. La marche l'a épuisé. Marie sent qu'il trame un mauvais coup. Dommage qu'elle ne l'ait pas senti plus tôt. Le « jardinier » se lève et se précipite vers elle avec un nœud coulant à la main. Il tente de lui passer autour du cou. Malgré la terreur qui la submerge, la jeune fille se débat et parvient à s'enfuir. Dans l'obscurité, les branches la griffent, les racines la font tomber. Rien ne peut l'arrêter. Elle entend derrière elle le souffle court de l'homme. Un sursaut d'adrénaline la pousse en avant. Au loin, elle perçoit une lumière. Oui, c'est celle d'une masure. Marie parvient à la rejoindre. Elle tambourine contre la porte en laissant échapper un hurlement de terreur. Il faut qu'on lui ouvre. C'est sa dernière chance de rester vivante. À son grand soulagement, la porte s'ouvre sur un homme inquiet. Il regarde cette jeune femme dans une agitation extrême, au visage meurtri, aux habits en désordre. Il la fait en...
  • 6. Michel Eyraud et la malle sanglante

    04:49
    L'affaire de la malle Gouffé, ou encore de la malle sanglante, fit frissonner d'horreur la France entière à partir de juillet 1889. Durant plusieurs mois, les journaux en firent leurs choux gras. Le fait divers est, en partie, né avec cette affaire d'un couple improbable ayant assassiné un huissier transporté dans une malle. Ce crime où se mêlent sexe, appât du gain, trahison et meurtre monstrueux rassemble tous les ingrédients d'une série documentaire pour Netflix. Né en 1843, d'un père négociant, Michel Eyraud vit d'expédients. Il multiplie les affaires louches et les escroqueries. Son épouse lui a donné trois filles, et, en guise de récompense, reçoit quantité de coups. Bien vite, il abandonne sa petite famille, attiré par l'aventure. Il s'enrôle un temps dans l'armée et va combattre au Mexique. Mais bientôt le voilà qui déserte. En 1889, il se met en ménage avec une jeune danseuse de 21 ans, aux mœurs très, très légères, nommée Gabrielle Bompard. L'été arrivant, ils se retrouvent raides comme des passe-lacets. Alors ils cherchent un sale coup à faire pour se remplumer. Un jour, Eyraud rencontre dans le café un huissier de 48 ans nommé Gouffé. L'homme se vante de sa fortune et de ses conquêtes féminines. Cheveux châtain clair coupés court, moustache longue et épaisse, il fait à peine 40 ans. Eyraud voit en lui le parfait pigeon à plumer. Il charge Gabrielle de le séduire, ce qui ne devrait pas être trop difficile vu le bonhomme, et de l'attirer chez elle pour lui subtiliser la recette du jour de son étude. Pour l'occasion, Eyraud loue un appartement sous un faux nom. Ils passent à l'action le 26 juillet 1889, la belle Gabrielle s'arrange pour rencontrer l'huissier dans un café et l'invite à lui rendre visite le soir même dans son appartement. Gouffé ne se le fait pas dire deux fois. Quelques heures plus tard, la charmante demoiselle lui ouvre avec un grand sourire. Complètement excité, il lui jette avec un air libidineux : « Petit diable ! » Elle l'invite à s'asseoir sur une chaise longue du salon le temps de se changer. Gouffé la voit réapparaître en peignoir, l'air plus aguicheur que jamais. Il perd toute raison et toute prudence. Il laisse Gabrielle lui passer autour du cou un nœud coulant réalisé avec son cordon de robe de chambre. « Cela te ferait une belle cravate », minaude-t-elle. Il prend cela pour les prémices d'un jeu amoureux. Quel jobard il fait ! Il ne s'aperçoit pas que sa séductrice a passé l'autre extrémité du cordon à son complice Eyraud, caché derrière une tenture. Celui-ci l'attache à une corde qui passe dans une poulie fixée au plafond. Il n'a plus qu'à tirer fortement sur la corde pour pendre sa victime. Mais le notaire se débat, il commence même à arracher le nœud coulant, ce qui oblige Eyraud à l'étrangler de ses propres mains. Le voilà enfin mort, allongé sur le parquet. Eyraud avale un verre de cognac avant de déshabiller le mort. Il ne trouve sur lui que 250 francs. Une misère alors qu'il en espérait plusieurs milliers. Avec l'aide de Gabrielle, il enfile le corps dans un sac en jute que Gabrielle avait cousu spécialement à cet effet. Le sac est ensuite jeté dans une grosse malle dont Eyraud avait pris soin de renforcer le fond. Celui-ci s'empare alors du trousseau de clés de Gouffé avec l'intention de se rendre à l'étude de celui-ci pour y rechercher de l'argent. Il laisse Gabrielle garder le cadavre. Cet idiot d'Eyraud parvient effectivement à pénétrer dans l'étude, mais il rate une enveloppe contenant plusieurs milliers de francs qui est posée sur le bureau de l'huissier. En partant, il échappe de justesse au concierge, étonné par ce visiteur. De retour dans l'appartement, il retrouve Gabrielle endormie. Au petit matin, comme ils l'avaient prévu, ils se rendent en fiacre avec la malle à la gare de Lyon, où ils prennent deux billets de première classe pour la capitale des Gaules. Ils passent la nuit à l'hôtel avant d'embarquer la malle dans un cabriolet de location. Direction le lieu-dit...
  • 7. Hélène Jégado, l’empoisonneuse en série

    03:26
    Rien ne prédestine Hélène Jégado, née le 17 juin 1803 à Plouhinec, à devenir une tueuse en série. Elle naît dans une famille croyante, mais, à 7 ans, elle devient orpheline de mère. Placée comme domestique chez le curé de Bubry, elle se met à boire dès son adolescence. C’est une vraie Bretonne. Moins courant, elle prend également du plaisir à torturer les animaux. Son alcoolisme grandissant, allié à un caractère de cochon, la fait renvoyer de nombreuses places. Elle ne découvre sa vocation d’empoisonneuse qu’après dix-huit ans de tribulation dans le Morbihan, enchaînant les emplois dans les maisons bourgeoises et les presbytères. De domestique, elle devient cuisinière. À 30 ans, elle aurait rencontré une certaine Eugénie avec qui elle tisse des liens d’amitié. C’est elle qui l’aurait initiée au pouvoir de l’arsenic. Hélène passe aussitôt aux travaux pratiques avec son entourage. Elle vient alors de remplacer sa sœur Anna chez l’abbé du village Guern, un certain Le Drogo. Elle se fait d’abord la main sur les deux parents de son employeur. C’est un succès. Ils tombent malades et meurent après d’atroces souffrances. Empoisonneuse, certes, mais aussi bonne catholique. Aussi veille-t-elle sur le vieux couple avec affliction. Elle adore ce rôle. Aussi, Hélène recommence avec la nièce de l’abbé qui n’a que 7 ans. Courageusement, elle enchaîne avec deux autres domestiques, puis avec l’abbé Le Drogo en personne. Et quand sa sœur Anna vient assister aux obsèques, elle aussi a droit à une pincée d’arsenic qui l’amène droit au cimetière ! Le comportement d’Hélène Jégado restera un grand mystère. Si elle n’est pas soupçonnée d’être à l’origine de cette hécatombe, elle, l’unique survivante, c’est que la Bretagne se relève à peine d’une épidémie de choléra, une maladie funeste dont les symptômes ressemblent à ceux d’un empoisonnement. Même l’autopsie du curé n’a pas levé le lièvre. Durant dix-huit ans, la Jégado trace son sillon mortel dans tout le Morbihan. Et jamais elle n’est soupçonnée. Jusqu’au jour où elle est embauchée par un avocat pénaliste nommé Bidart de la Noë, expert des affaires criminelles. Nous sommes alors en 1851. Deux semaines après son arrivée, Hélène a déjà empoisonné une domestique nommée Rose. Sa remplaçante aurait connu le même sort si elle ne s’était pas enfuie de la maison dès ses premiers maux de ventre. La remplaçante de la remplaçante file à son tour au cimetière. Cette fois, les médecins et l’avocat pénaliste soupçonnent un empoisonnement à l’arsenic. L’autopsie des corps le confirme. Tous les regards se portent sur Hélène Jégado. On se rappelle alors tous les décès subits qui ont marqué sa carrière. La voilà arrêtée, malgré ses dénégations farouches. La nouvelle électrise toute la Bretagne. Les feuilles de chou en font des tonnes. L’enquête diligentée par les gendarmes a vite fait d’accabler la cuisinière. Le 6 décembre 1851, Hélène Jégado comparaît devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. La salle du tribunal de Rennes est bourrée à craquer. On se bat pour assister au procès de l’empoisonneuse. L’avocat qui la défend n’a que 24 ans, mais il vient de sauver la tête de deux meurtriers. Il choisit de plaider la folie, mais les témoignages sont accablants. Ce qui ne l’empêche pas de lancer aux jurés : « Ma conscience ne me reproche rien puisque je suis innocente ! » Elle rajoute : « Je n’ai jamais donné la mort à personne. Si je l’avais fait, je le dirais. Et je dirais que je mérite de mourir moi-même ! » Des arguments qui glissent sur les jurés comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Ils la déclarent coupable sans circonstance atténuante. Le 14 décembre, elle est condamnée à la peine capitale pour cinq empoisonnements et cinq tentatives d’empoisonnement. Les autres crimes remontant à plus de dix ans sont prescrits. En entendant le verdict, Hélène Jégado ne désarme pas : « Je suis victime de faux témoins et de méchantes langues. J’ai ma conscience pour moi. Le Bon Dieu est juste, et il nous jugera t...
  • 8. Modeste Louchard, le fils maudit

    03:51
    Emmanuel Modeste Louchard, approche à pas de loup du lit de sa mère qui dort. De toutes ses forces, il abat un marteau sur le crâne de sa daronne âgée de 56 ans. Il frappe à nouveau. Encore et encore. La voilà morte. Le fils indigne s’empare d’une serpe qu’il a pris soin d’aiguiser pour la découper en morceaux. Il jette la tête dans le four pour la faire cuire de façon à ce que ses traits ne soient plus reconnaissables. Puis il entasse les autres morceaux du corps dans une brouette pour aller les jeter dans un puits de marnière abandonnée situé à un kilomètre de là. Enfin, le voilà seul maître de la bergerie ! Âgé de 27 ans, Modeste est connu dans le pays de Goupillères, au sud de Rouen, pour sa méchanceté et sa brutalité. Mieux vaut ne pas se frotter à lui. À 10 ans, il tuait les moutons de son père à force de coups. Avec l’âge, il devenait de plus en plus sauvage, inspirant la terreur à toute sa famille. Après le décès de son père, il terrorise son frère et sa sœur pour qu’ils déguerpissent. Puis il fait pression sur sa mère pour qu’elle lui cède le bail de la bergerie. Malgré ses menaces de mort, la vieille refuse de lui céder. Où irait-elle ? Il la frappait régulièrement, lui crachait : « J’aimerais que vous fussiez crevée. » C’est pour cela qu’Emmanuel Modeste passe à l’action dans la nuit  du 16 au 17 mars 1877. Après avoir jeté les restes de sa mère dans le puits, Louchard éponge tant bien que mal le sang sur le plancher et les murs. Comme la bergerie est isolée, dans un premier temps, les voisins ne s’inquiètent pas de la disparition de la veuve Louchard. Et quand ils posent la question de savoir où elle est, le fils indique qu’il l’a vue partir avec ses vêtements du dimanche. Sans doute est-elle partie rendre visite à une de ses sœurs. Au bout de plusieurs jours, les voisins commencent à s’inquiéter, jamais la vieille femme ne s’était absentée aussi longtemps. Ils pressent Modeste Emmanuel de demander de ses nouvelles à ses sœurs et d’avertir les autorités. Dans un premier temps, le jeune homme se montre indifférent au sort de sa mère, puis comprenant que cette attitude pourrait attirer les soupçons, il écrit le 25 mars à son oncle de Rouen une lettre où il lui fait part de son inquiétude. Et le 27 mars, il finit par alerter le maire de la commune. Or, deux jours plus tôt, un cultivateur nommé Gosset et son fils, passant près du puits de la marnière, constatent que les madriers qui le recouvrent ont été légèrement déplacés pour dégager une ouverture. Plus inquiétant, ils repèrent des traces de sang. Ce n’est pas fini. Un sillon laissé par la roue d’une brouette mène à proximité de la maison des Louchard. Pensant immédiatement à la disparition bizarre de la mère Louchart, l’agriculteur file raconter sa découverte au maire de Goupillères, qui prévient les gendarmes. Ceux-ci se déplacent sur place en se faisant accompagner d’un nommé César Brunet qui accepte de descendre dans le puits profond de 40 mètres. Ce qu’il découvre le paralyse d’horreur : deux bras coupés au ras des épaules dépassent de l’eau vaseuse. Traumatisé, il se demande qu’on le remonte illico. Les gendarmes remettent au lendemain la suite de la fouille. Le jeudi 29 mars 1877, le procureur du pays, le juge d’instruction et plusieurs autres fonctionnaires reviennent sur place pour poursuivre l’exploration de la marnière. Un puisatier accepte de remonter les restes du puzzle humain. La tête est broyée et informe, la face mutilée n’est plus reconnaissable, une jambe est également repêchée. Le tronc est retrouvé sans ses deux seins et le cœur. L’embonpoint, la forme des doigts, la chevelure et une déviation anormale du poignet permettent d’identifier la veuve Louchard. Modeste Emmanuel est immédiatement appréhendé. Confronté aux débris répugnants, il n’esquisse même pas un battement de sourcil. Dans le four de la maison, on retrouve les restes calcinés du visage de sa mère. Des experts qui passent au peigne fin la bergerie retrouvent quantité de traces...