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Faire genre
Naturaliser l'infériorité des femmes
Si l’on se souvient des Lumières pour ses grandes avancées intellectuelles, le XVIIIe siècle revêt également une face plus sombre : un socle de la domination patriarcale. À cette époque, de nombreux textes philosophiques et scientifiques ont brandi la rationalité et l’objectivité pour justifier une infériorité supposée naturelle des femmes qu’elles porteraient dans leur corps : c’est ce qu’on appelle la naturalisation.
Par quels arguments les discours scientifiques et médicaux des Lumières ont-ils légitimé les différences entre hommes et femmes et leur hiérarchisation ? Comment rendre compte de ce processus de naturalisation et de normalisation ? Quelles contraintes de genre et quelles pathologies cette naturalisation génère-t-elle ? Quelles traces de ce processus subsistent dans notre société actuelle ?
Pour répondre à ces questions, Laurène Daycard reçoit l’historienne et maîtresse de conférence Nahema Hanafi, membre du laboratoire TEMOS et du Conseil scientifique de l’Institut du Genre, autrice de la thèse Le frisson et le baume. Expériences féminines du corps au Siècle des Lumières (éd. PUR, 2017). Elle explique comment les savoirs du XVIIIe siècle reflètent la domination masculine de l’époque, mais aussi la domination raciale et un certain ordre du genre.
RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ENTRETIEN
Retrouvez toutes les ressources citées à l’adresse https://www.binge.audio/podcast/fairegenre/naturaliser-l’inferiorite-des-femmes
CRÉDITS
Faire Genre est un podcast co-produit par Binge Audio et l’Institut du Genre. Préparation et animation de l’entretien : Laurène Daycard. Prise de son : Paul Bertiaux. Réalisation : Thomas Plé. Direction de production : Albane Fily. Production : Camille Khodor & Naomi Titti. Édition : Paloma Tisaire & Naomi Titti. Composition musicale : Alexandre Delmaere. Identité graphique : Upian.
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6. Mécanismes d'(in)visibilisation : où sont les femmes artistes ?
46:31||Saison 2, Ep. 6« Le plus souvent dans l'histoire, “anonyme” était une femme ». Ces mots de Virginia Woolf résument bien ce dont il est question dans cet épisode. Que ce soit via des mécanismes de ségrégation, de hiérarchie sexiste ou d’invisibilisation a posteriori, le travail et la vie artistique des femmes a longtemps été masqué voire dévalorisé, alors même que ces femmes pouvaient être extrêmement reconnues à leur époque. L'histoire de l’art a donc été écrite sans elles à partir du XIXe siècle. Il aura fallu l’émergence d’une pensée critique féministe à partir des années 1970, doublé d'un changement de regard, de travaux de recherche et des initiatives par les commissaires d'exposition, les musées ou les activistes pour, à la fois, casser le mythe du « génie masculin » et réhabiliter la production artistique des femmes, de la préhistoire jusqu'à notre présent.Quelles sont les différences entre invisibilité, oubli et invisibilisation ? Quels ont été les phénomènes et processus à l’œuvre de la Renaissance à nos jours ? En quoi le XIXe siècle constitue-t-il l’apogée et un moment pivot en termes d’effacement des œuvres féminines ? Qu'est-ce qui permet de voir autrement et de faire surgir au regard des œuvres invisibilisées? Comment réintégrer le point de vue féminin dans l’écriture de l’histoire culturelle et faire passer les femmes de sujets à actrices sociales ?Pour répondre à ces questions, Laurène Daycard reçoit Magali Nachtergael, professeure à l’Université Bordeaux Montaigne, responsable du parcours en études de genre et membre du Conseil scientifique de l’Institut du Genre.Références citées dans l'épisode :Quelles histoires s’écrivent dans les musée. Récits, contre-récits et fabrique des imaginaires, par Magali Nachtergael, éditions MKFHistoire de l’art d’un nouveau genre, Anne Larue, éditions Max MiloThe Guerrilla Girls' Bedside Companion to the History of Western ArtL’homme préhistorique est aussi une femme de Marylène Patou-Mathis, Allary EditionsLinda Nochlin, Pourquoi n'y a-t-il pas eu de grands artistes femmes? (1971), tr. fr. 2021: https://boutique.centrepompidou.fr/fr/product/10092-pourquoi-t-il-pas-eu-de-grands-artistes-femmes.htmlLaura Mulvey, "Plaisir visuel et cinéma narratif" (1975), trad. Gabrielle Hardy, https://debordements.fr/plaisir-visuel-et-cinema-narratif/Griselda Pollock, Rozsika Parker, Maîtresses d'autrefois - Femmes, art et idéologie (1981), tr. fr. 2024: https://lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=11484Le dernier ouvrage de Charlotte Foucher Zarmanian, Créatrices en 1900. Femmes artistes en France dans les milieux symbolistes (2024): https://www.ehess.fr/fr/ouvrage/cr%C3%A9atrices-en-1900Le dernier ouvrage de Magali Nachtergael, Soccer Moms: Chroniques d'une femme au bord d'un terrain de foot, 2024, : https://www.librairie-des-femmes.fr/livre/9782384313617-soccer-moms-chroniques-d-une-femme-au-bord-d-un-terrain-de-foot-magali-nachtergael/4. Changer les règles du jeu : la mixité à l’école
38:58||Saison 2, Ep. 4Dans les cours d’écoles, le plus souvent les garçons sont maîtres des terrains de sport tandis que les filles restent cantonnées aux jeux plus calmes, en périphérie. Et dans les cours d’EPS, c’est pareil : alors même que garçons et filles sont mélangé·es depuis des décennies, la mixité ne suffit toujours pas à transcender les différences genrées. Quand et comment la mixité s’est-elle mise en place à l’école en France ? Pourquoi les stéréotypes de genre persistent-ils, voire s'accentuent-ils dans les cours d’EPS, malgré la mixité ? Comment créer des environnements scolaires plus inclusifs et équitables ? Pour explorer ces enjeux, Laurène Daycard s'entretient avec Loïc Szerdahelyi, maître de conférences en STAPS à l’Université Claude Bernard Lyon 1, membre du conseil scientifique de l’Institut du Genre et auteur de la thèse « “Femmes d’action”. Parcours d’enseignantes d’EPS en France, des recrutements séparés à la mixité des concours (1941-1989) » (2014). Selon lui, il est essentiel de dépasser la binarité fille-garçon pour promouvoir une véritable égalité de genre. RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ENTRETIENRetrouvez toutes les ressources citées à l’adresse https://www.binge.audio/podcast/fairegenre/changer-les-regles-du-jeu-:-la-mixite-a-l’ecoleCRÉDITSFaire Genre est un podcast co-produit par Binge Audio et l’Institut du Genre. Préparation et animation de l’entretien : Laurène Daycard. Prise de son : Paul Bertiaux. Réalisation : Thomas Plé. Direction de production : Albane Fily. Production : Camille Khodor & Naomi Titti. Édition : Paloma Tisaire & Naomi Titti. Composition musicale : Alexandre Delmaere. Identité graphique : Upian.3. Scènes de désirs et de fantasmes
44:50||Saison 2, Ep. 3Si le mouvement #MeToo nous a appris une chose, c’est que les rapports de pouvoir sont loin de s’arrêter aux portes de la chambre à coucher. Nos désirs les plus intimes sont pris dans des normes de genre et de sexualité, mais aussi dans des logiques capitalistes. Par exemple, la pornographie s’est construite comme un marché qui met en images nos fantasmes, qui rend excitants certains corps et certains gestes, en s’appuyant sur un regard masculin qui serait mû par une “pulsion”.Est-ce que la pornographie influence nos désirs, ou est-ce l’inverse ? Quelle est la différence entre désir et fantasme ? Comment opèrent les processus d’érotisation ? Que signifie être “pris·e” dans le fantasme d’un·e autre ? Désirer nous définit-il comme sujets ? Comment la naturalisation du désir justifie-t-elle des violences ?Dans ce nouvel épisode de Faire Genre, Laurène Daycard dresse un panorama de la sociologie du désir avec Mathieu Trachman, sociologue à l’INED et enseignant à l’EHESS. Dans son ouvrage « Le travail pornographique. Enquête sur la production des fantasmes » (éd. La Découverte, 2013), l’invité met en regard ses observations du fonctionnement de cette industrie avec les analyses féministes du male gaze, du fétichisme ou encore de l’échange économico-sexuel.RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ENTRETIEN Retrouvez toutes les ressources citées à l’adresse https://www.binge.audio/podcast/fairegenre/scenes-de-desirs-et-de-fantasmesCRÉDITSFaire Genre est un podcast co-produit par Binge Audio et l’Institut du Genre. Préparation et animation de l’entretien : Laurène Daycard. Prise de son : Paul Bertiaux. Réalisation : Thomas Plé. Direction de production : Albane Fily. Production : Camille Khodor & Naomi Titti. Édition : Paloma Tisaire & Naomi Titti. Composition musicale : Alexandre Delmaere. Identité graphique : Upian.2. Féminicide : mécaniques d’un crime genré
50:04||Saison 2, Ep. 2Le féminicide n'a pas attendu d'être nommé pour exister. Dans la presse, les romans ou les tribunaux français, il a été longtemps été question de “crime passionnel” ou de meurtre “par amour”. Puis des mouvements féministes et des recherches parties de l’Amérique latine ont permis d’affiner la définition du féminicide pour comprendre ce crime dans sa dimension genrée : le meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme.Comment identifier un féminicide ? Quelle est l’histoire de ce terme, comment s’est-il imposé dans le débat public et juridique ? Quelles sont les mécaniques du crime de féminicide ? Pour répondre à ces questions, Laurène Daycard reçoit la chercheuse Margot Giacinti, qui a décortiqué les archives judiciaires du Rhône sur la période de 1791 à 1976 pour rédiger sa thèse : Quand il n’y a pas mort d’hommes : Socio-histoire du féminicide en France (1791-1976) (ENS Lyon, 2023). Margot Giacinti est docteure en science politique de l'ENS de Lyon, rattachée au laboratoire Triangle (UMR 5206), et elle a exposé en 2019 les résultats de ses travaux lors du 2e Congrès international de l'Institut du Genre "Genre et émancipation", organisé en partenariat avec l'Université d'Angers.RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ENTRETIEN Retrouvez toutes les ressources citées à l’adresse https://www.binge.audio/podcast/fairegenre/feminicide-mecaniques-dun-crime-genre CRÉDITSFaire Genre est un podcast co-produit par Binge Audio et l’Institut du Genre. Préparation et animation de l’entretien : Laurène Daycard. Prise de son : Paul Bertiaux. Réalisation : Thomas Plé. Direction de production : Albane Fily. Production : Camille Khodor & Naomi Titti. Édition : Paloma Tisaire & Naomi Titti. Composition musicale : Alexandre Delmaere. Identité graphique : Upian.1. Quand les femmes objets deviennent sujets
38:01||Saison 2, Ep. 1Droit de vote en 1944, droit d'ouvrir d'un compte bancaire à son nom en 1965, loi sur l'égalité salariale en 2006... En France, les évolutions législatives et avancées pour les droits des femmes rythment les le dernier siècle. Mais sont-elles pour autant devenues des sujets comme les autres, tout à fait maîtresses de leurs choix ? Ce processus pour devenir un sujet, c’est-à-dire développer sa prise sur le monde, est ce qu’on appelle la subjectivation. Or dans nos sociétés patriarcales, femmes et hommes ne deviennent pas des sujets de la même manière. Que ce soit dans l’exercice de leurs droits reproductifs, sur les applications de rencontre ou dans la conception de la morale, les femmes doivent encore faire face à de nombreuses injonctions paradoxales.Comment dès lors devenir un sujet après avoir été si longtemps reléguée à une position d’objet ? D’où vient la notion de sujet en philosophie, et comment a-t-elle infusé nos représentations morales, politiques ou économiques ? Dans quelles mesures les femmes peuvent-elles paradoxalement participer à leur propre objectivation ? Pour décortiquer la notion de subjectivation dans une perspective de genre, Laurène Daycard reçoit Estelle Ferrarese, professeure de philosophie morale et politique à l’Université de Picardie Jules Verne et directrice sortante de l’Institut du Genre.RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ENTRETIEN Retrouvez toutes les ressources citées à l’adresse https://www.binge.audio/podcast/fairegenre/quand-les-femmes-objets-deviennent-sujets CRÉDITSFaire Genre est un podcast co-produit par Binge Audio et l’Institut du Genre. Préparation et animation de l’entretien : Laurène Daycard. Prise de son et réalisation : Thomas Plé. Production et édition : Camille Khodor et Naomi Titti. Direction de projet : Soraya Kerchaoui-Matignon & Albane Fily. Composition musicale : Alexandre Delmaere. Identité graphique : Upian. Direction des programmes : Joël Ronez. Direction de la rédaction : David Carzon. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles.8. 50 nuances de l'émancipation
47:04||Saison 1, Ep. 8Quels liens établir entre féminisme, genre et culture populaire ? En d’autres termes, combien sommes-nous à penser que regarder Les feux de l’amour ou lire Fifty Shades of Grey, a fortiori lorsqu’on est une femme, nuit à notre respectabilité, voire nous aliène ? Ce discours dominant et stigmatisant s’intègre dans un contexte marqué par l’illégitimité de la culture populaire qui pèse particulièrement sur les pratiques connotées comme « féminines ». Celles-ci continuent à souffrir d’incompréhension, de dévaluation et de mépris; elles sont jugées comme indignes et incompatibles avec le féminisme. En décryptant ce qu’elle nomme la « subculture féminine », la chercheuse Delphine Chedaleux nous offre des clés pour réfléchir à la fonction des produits culturels, plus complexes qu'il n'y paraît, pour interroger les normes de genre et penser les différentes modalités de l'émancipation.Delphine Chedaleux est historienne des médias, maîtresse de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Technologie de Compiègne et lauréate d'une bourse de mobilité de l'Institut du Genre.RESSOURCESRetrouvez toutes les références citées dans l'épisode à l'adresse https://www.binge.audio/podcast/fairegenre/8-50-nuances-de-lemancipationCRÉDITSUn podcast de Binge Audio et de L’Institut du genre. Préparé et animé par Laurène Daycard et réalisé par Thomas Plé. Production et édition : Camille Khodor. Direction de projet : Soraya Kerchaoui-Matignon & Albane Fily. Composition musicale : Alexandre Delmaere. Identité graphique : Upian. Direction des programmes : Joël Ronez. Direction de la rédaction : David Carzon. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles.7. Intersectionnalité : toutes les dimensions de la domination
45:08||Saison 1, Ep. 7« Toutes les femmes sont blanches, tous les Noirs sont hommes, mais nous sommes quelques-unes à être courageuses ». Le titre de l’ouvrage sur le Black Feminism de Gloria Hull, Patricia Bell Scott et Barbara Smith exprime l’invisibilisation des expériences de racisme imbriquées au sexisme, mais aussi à la classe, l'âge ou la validité. C’est pourquoi la pensée intersectionnelle, introduite par la juriste Kimberlé Crenshaw en 1989 et popularisée ces dernières années, offre une nouvelle perspective permettant d'enrichir les recherches en études de genre et de mieux décortiquer les mécanismes des systèmes oppressifs et discriminants à l’œuvre dans nos sociétés, notamment dans le milieu éducatif.Dans cet épisode Laurène Daycard reçoit les enseignantes-chercheuses Francine Nyambek Mebenga et Fanny Gallot pour revenir en détail sur le concept d’intersectionnalité qui fait l’objet de nombreux malentendus et continue à générer le débat, parfois même des crispations, au sein des sphères universitaire, médiatique, politique ou militante. Francine Nyambek Mebenga est maîtresse de conférences en sciences de l’éducation, rattachée à l’INSPE. Elle mène ses recherches au sein du Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Transformations des pratiques Éducatives et des pratiques Sociales.Fanny Gallot est historienne, maîtresse de conférences en histoire contemporaine et chercheuse française, lauréate du Prix de thèse de l'Institut du Genre en 2013. Elle s'intéresse aux inégalités de genre dans les conditions de travail et la participation des femmes dans les conflits ouvriers.RESSOURCESRetrouvez toutes les références citées dans l'épisode à l'adresse https://www.binge.audio/podcast/fairegenre/7-intersectionnalite-toutes-les-dimensions-de-la-dominationCRÉDITS Un podcast de Binge Audio et de L’Institut du genre. Préparé et animé par Laurène Daycard et réalisé par Thomas Plé. Production et édition : Camille Khodor. Direction de projet : Soraya Kerchaoui-Matignon. Direction des programmes : Joël Ronez. Direction de la rédaction : David Carzon. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles.6. Aux sources du Patriarcat
41:49||Saison 1, Ep. 6Comment définir « le Patriarcat » ? Et comment s’y prendre pour déconstruire l’idée de « mythe patriarcal » encore souvent évoqué, et expliquer la persistance de ce système dans nos sociétés capitalistes où l’exploitation des femmes et des minorités demeure ? La chercheuse Salima Naït Ahmed, Docteure agrégée de philosophie et spécialiste de la Théorie critique allemande et de l’École de Francfort, revient sur cette problématique.RESSOURCESRetrouvez toutes les références citées dans l'épisode à l'adresse https://www.binge.audio/podcast/fairegenre/6-aux-sources-du-patriarcat CRÉDITSUn podcast de Binge Audio et de L’Institut du genre. Préparé et animé par Laurène Daycard et réalisé par Thomas Plé. Production et édition : Camille Khodor. Direction de projet : Soraya Kerchaoui-Matignon. Direction des programmes : Joël Ronez. Direction de la rédaction : David Carzon. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles.