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Les mots des autres

Langue et politique (2/4). Du “dog whistling” au “kompromat” , tous les coups sont permis

Saison 1, Ep. 12

En avril, Les mots des autres, notre podcast sur les langues étrangères, se met à l’heure de la présidentielle. Découvrez nos quatre épisodes spéciaux sur la politique, garantis sans langue de bois ! Dans ce second volet, on décortique les techniques et stratégies des hommes et femmes politiques pour arriver à leurs fins. 


Ce deuxième volet contient huit termes dans trois langues différentes. En voici la liste, avec leur prononciation et leur définition :

- « Astroturfing » : le terme est dérivé d’AstroTurf, une marque américaine de gazon artificiel. C’est un jeu de mot lié à l’expression « grassroot movement », qui désigne un mouvement politique avec un ancrage populaire, venu « d’en bas ». En effet, « grassroot » en anglais signifie littéralement « les racines d’herbe » - en français, on pourrait dire « la base ». L’astroturfing est une pratique qui consiste à faire croire qu’un mouvement politique a des racines populaires, alors que ce n’est pas le cas. Un exemple : « l’alliance nationale des fumeurs » créée par les industriels du tabac, avec l’objectif affiché de défendre les droits des fumeurs - mais surtout leurs parts de marché.


- « Dog-whistling » : en anglais, un « dog whistle » est un sifflet émettant des ultrasons que seuls les chiens peuvent entendre. En politique, le « dog-whistling » consiste à envoyer des messages très précis aux partisans de certaines idées de manière déguisée, en utilisant des mots qui peuvent paraître anodins aux non-initiés, mais revêtent une signification bien précise pour d’autres. Par exemple, lorsqu’un politicien ultranationaliste utilise le terme « globalist » (ou cosmopolite en français) pour parler d’une personne, ce peut être une manière discrète de décrier ses origines ethniques. En France, il a récemment été reproché au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d’avoir pratiqué le « dog-whistling » en lançant à une journaliste : « calmez-vous, ça va bien se passer ». Cette phrase est un « mème » célèbre sur les réseaux sociaux, fréquemment utilisé à l’égard des femmes par les internautes masculinistes et antiféministes.


- « Kompromat » : ce terme russe qui signifie « matériel compromettant » est une technique bien connue depuis l’époque soviétique, lorsque le KGB montait des dossiers compromettants sur des personnalités politiques pour mieux les faire chanter.


« Xiao fen hong » (小粉红) : en chinois, ce sont « les petits roses » ou « l’armée rose ». C’est ainsi qu’on désigne les internautes chinois, généralement plutôt jeunes, qui relaient le discours officiel de Pékin sur les réseaux sociaux. Leur couleur « rose » est un « rouge doux », une façon d’évoquer le « soft power » qu’ils exercent pour le compte de Pékin.


« Wu mao » (五毛党) : en Chine, « le parti des 50 centimes », ce sont les internautes chinois rémunérés par le régime pour soutenir sa propagande. Chaque publication ou commentaire sur les réseaux sociaux en soutien à Pékin leur est payé 50 centimes de yuan. Il s’agit généralement d’étudiants ou de travailleurs précaires.


« Zi gan wu » (自干五) : les internautes chinois qui relaient la propagande de Pékin gratuitement, pour l’amour de l’art (par opposition à ceux qui le font pour arrondir leurs fins de mois).


Un grand merci à Françoise Lemoine, Chenxi Zhang et Yutao Zhang pour leur aide sur le chinois dans cet épisode. 


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  • 6. Les mots voyageurs - L’étranger d’ici à là-bas (5/5)

    06:26
    Preuve que les langues sont vivantes, elles ont aussi la bougeotte. Et quand les mots partent en goguette, leur périple est aussi passionnant au plan linguistique qu’historique. Pour conclure cette série, on remonte aux sources d’un mot qui comme Ulysse, a fait un bien beau voyage et a surtout beaucoup évolué : alors qu’à son départ, il désignait les Français, à son arrivée, il signifie « étranger » sur trois continents !Comme leur nom l’indique les Français sont les descendants des Francs. Mais les Francs ont également engendré un rejeton étymologique qui, dans de nombreuses autres langues, a pris un sens très différent (et même diamétralement opposé à celui des Français) : « farang ». Un terme qui circule entre les continents et exprime l’idée d’« étranger ».Alors comment le nom des Français, hérité d’une tribu germanique, est-il devenu synonyme d’étranger presque partout dans le monde ? Pour y répondre, il faut remonter loin en arrière, au temps des croisades, et suivre le mouvement d’expansion de différentes civilisations sur plusieurs siècles.
  • 6. Les mots voyageurs - La météo tous azimuts (4/5)

    04:02
    Partout où il pleut, neige ou vente, les langues ont inventé des termes pour désigner ces phénomènes naturels. Mais que se passe-t-il lorsque des hommes découvrent une spécificité climatique inédite et inconnue sous leurs latitudes ?La pluie, tout le monde connaît. Mais que dire quand on découvre un pays où elle dure des mois et des mois ?Les phénomènes naturels transcendant les frontières, on a tendance à les croire universels. Ainsi toutes les régions du monde connaissent la pluie et toutes les langues du monde ont un mot (ou plusieurs) pour la désigner.Mais il existe des phénomènes naturels, et notamment météorologiques, spécifiques à certaines régions. Pour en parler, le plus simple consiste généralement à emprunter des termes aux langues locales - et à faire tourner.
  • 6. Les mots voyageurs - Quand le langage fleurit (3/5)

    05:22
    Les mots sont parfois comme des plantes qui essaiment entre les langues et les continents : ils se croisent, s’hybrident et se fondent dans de nouveaux paysages linguistiques. Il était donc logique, dans le troisième épisode de cette série audio sur les mots voyageurs, que l’on s’intéresse à la flore.
  • 6. Les mots voyageurs − Vous avez dit franglais? (2/5)

    06:22
    Entre la France et l’Angleterre, la rivalité ne date pas d’hier. Entre meilleurs ennemis, invasions et pillages sont monnaie courante - y compris au plan linguistique. Et les mots sont parfois comme des butins qu’on s’approprie mais que l’ennemi peut nous reprendre. C’est d’ailleurs pour ça que l’histoire de certains termes ressemble à une partie de ping-pong entre Londres et Paris. Dans ce deuxième épisode de notre série audio sur les mots voyageurs, on vous raconte ces curieux allers-retours entre la langue de Shakespeare et celle de Molière.
  • 6. Les mots voyageurs − L’envers du vêtement (1/5)

    06:02
    Au gré des grandes épopées humaines, les langues ont évolué, elles se sont nourries les unes des autres. Dans cette nouvelle série audio, ce n’est pas aux mots-valise qu’on s’intéresse, mais aux mots voyageurs : ceux qui ont traversé les frontières des pays, et même parfois des continents. Ce premier épisode est consacré au vocabulaire vestimentaire : saviez-vous que le mot "cravate" a été inventé sous Louis XIII, en référence à un régiment croate ? Ou que l'histoire du pantalon "chino" prend sa source à la fois de la colonisation britannique des Indes et de la guerre de Trente ans, qui opposait les États-Unis à l'Espagne ? Découvrez dans cet épisode l'envers du vêtement.
  • 5. Bulle apéritive : lâcher les chevaux (10/10)

    01:24
    Le rapport entre la tequila et le cheval ? Il faut être mexicain pour le connaître et savoir ce qu’est un caballito, littéralement un “petit cheval”. Ou écouter l’ultime épisode de notre série d’été.Notre série de dix bulles sonores et apéritives se termine aujourd’hui, nous espérons qu’elle vous a plu ! Rendez-vous à l’automne pour de nouveaux épisodes sur l’actualité vue par les langues étrangères.L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
  • 5. Bulle apéritive : des lendemains qui tanguent (9/10)

    01:33
    En matière d’excès, surtout alcoolisés, tout est affaire de degrés. S’il arrive aux meilleurs d’entre nous de participer à une soirée bien (trop) arrosée, il est des situations extrêmes où l’ivresse se poursuit pendant plusieurs jours, voire semaines.En russe, c’est ce que l’on appelle zapoï.Et si certains sont tentés d’idéaliser cet état second, on notera que c’est surtout une forme de naufrage qu’on ne souhaite à personne.L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
  • 5. Bulle apéritive : trinquez, parlez ! (8/10)

    01:25
    Au Japon, partager un verre entre collègues est parfois encouragé au nom d’un concept original : l’alcommunication (アルコミュニケーション), mot-valise associant les termes “alcool” et “communication”. Une idée selon laquelle l’alcool aurait l’effet d’un lubrifiant social favorisant la communication entre les gens. Dans les faits, ça ne se vérifie pas vraiment et l’exercice reste très codifié.Les prochains épisodes seront diffusés chaque jour de la semaine dans le Réveil Courrier, jusqu’au vendredi 4 août.L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
  • 5. Bulle apéritive : éméché, dans la dignité (7/10)

    01:25
    Dans les occasions festives, il est utile de se souvenir qu’il y a toujours des limites. La boisson pouvant faire tomber certaines inhibitions, il convient de faire preuve de modération.Le suédois semble ne jamais l’oublier et a forgé un terme pour nous le rappeler : salongsberusad. On y retrouve un mot familier, salong, dérivé de notre « salon » français, accolé à l’adjectif berusad qui signifie « éméché ».Entre pompette et poli(e), il ne faut pas toujours choisir.