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Ballades Confinées, le podcast

Propriétaire confinée

Saison 1, Ep. 23

"Devenir propriétaire est loin d’être contraignant et aujourd’hui, j’ai sans doute en partie survécu en restant privilégiée, même dans la précarité, grâce à cela. Devenir propriétaire m’a affranchie, libre de vendre et d’acheter à ma guise, quand la nécessité l’imposait, pour continuer à rester autonome. Être propriétaire, c'est un pass-libertaire. "


Un jour, je comprends qu'être salariée m'oblige à d'affreuses distorsions. À emprunter le costume de quelqu'un d'autre que moi. Comme un pacte signé avec moi-même, après une séance de dialogue social schizophrénique.

Lors de mon 1er entretien d'embauche, je m'étais entendue répondre à la question qu'on me posait : Oui, je sais mentir. C'est même ce que je fais de mieux, m'sieur. J'étais devenue Dircom'. Pendant que ces mots-là sortaient de ma bouche, mes pensées en escalier me criaient le contraire.

Je sais à présent que je n'ai jamais menti puisque j'ai passé ma vie de salariée à mentir. Pour y parvenir. À rentrer dans le moule. Compromis efficace quoique douteux entre mes besoins et les injonctions, moi et les autres.

Devenir proprio, je ne l'avais pas davantage souhaité. Effet aliénant. De cette idée aussi, je me suis accommodée. Pour le meilleur. C'est en achetant et en revendant ce patrimoine que j'ai pu vivre hors salariat. Au prix de déménagements chaotiques certes, mais autant s'acquitter de ce prix-là. De ma liberté. À plusieurs reprises, je suis allée au bout du bout et quand le bout a été atteint, j'ai vendu et je suis partie.

Dans le 1er immeuble où j'ai acheté, un véto exerçait. Qui a euthanasié notre chien Oscar quand le moment fut venu.

Qui a stérilisé ma Mimi trouvée abandonnée. Avant de vivre moins chez moi que chez elle.

Aujourd'hui, je suis installée au bout du bout du monde. Au sens littéral. Bout de terre avant l'Océan et d'autres continents. Il n'est sans doute plus question de fuir cette fois. Mais alors : affronter quoi ?


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  • 25. Interlude, part 2

    10:45
    Confinée avec Patrick BruelLes Chênes
  • 24. Interlude, part 1

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    Confinée avec Patrick BruelLes Chênes
  • 22. Confinée à La Poste

    13:29
    "Je vais occuper la fonction de dircom’ pour la DRGP (dans le groupe, au siège, tout le monde est plus ou moins directeur en vérité), en pleine restructuration (on n’emploie pas encore de termes brutaux, on nuance. Restructuration plutôt que réorganisation). Sa secrétaire générale rencontre un problème avec moi : mon salaire ne correspond pas à la classification du poste. Philippe V. lui recommande de ne pas atermoyer des heures et je me retrouve sur-classifiée : je suis IV – 3 (classification – grade). J’ai l’impression de devenir un fossile dans la foulée. En réunion, les IV-3 parlent aux IV-3 mais pas aux IV-2, et rares sont les IV-4, les V et VI-le graal- invités. Comme dans toute institution de ce genre, verticale et autocratique, les bureaux des stratèges relèvent des étages élevés. Ceux de leurs équipes sont répartis au premier ou au deuxième étage. Le président cela va de soi, dispose du dernier étage, avec terrasse et vue panoramique, ascenseur personnel, pour ne pas avoir à répondre aux possibles importuns."On est passés à l'an 2000. Rien ni personne n'a bugué, sauf moi. Pour célébrer ce bug, je décide de me raser le crâne. Raser pour repartir, je sais qu'ils repousseront mes cheveux. Ce n'est pas la meilleure idée que j'ai eue, je l'avoue.Je suis passée de Dircom' en filiale à Dircom' au siège de La Poste. Le XXIè siècle sera parisien, institutionnel et bureaucratique, apparemment. Pas sûr que cette formule soit gagnante, mais comme un train à grande vitesse : je suis lancée. Il sera toujours temps d'y réfléchir à l'arrivée.Et vous, votre passage à l'an 2000, réussi ?Lire les Ballades Confinées : https://amzn.to/3FkkpYd
  • 21. Confinée en soirée

    12:30
    "Quand j’ai eu signé mon préavis de départ de l’appartement de Boulogne Nord, quand Christophe P. a eu officialisé sa démission, après l’enterrement de mamée qui m’a achevée, j’ai décidé d’inviter mes amis. Lele serait le disc-jockey. Ce serait une fête mémorable, on passerait à l’an 2000 et à autre chose. J’ai invité tout mon carnet d’adresses, de A à Z. J’ai eu envie de mettre les petits plats dans les grands et j’ai fait des folies au MIN de Rungis, où -en tant que dircom' dans la zone Silic- je possédais mes entrées. Le buffet était grandiose.Ce samedi-là, la gardienne de l’immeuble était partie avec sa famille, dans leur maison secondaire et comme chaque week-end, la résidence avait été désertée de ses occupants, qui en Normandie, qui à Ramatuelle. On pouvait brancher la sono à fond et sortir la boule à facettes. Je défiais les rats du bois de s’aventurer jusqu'à nous mais les rats, comme Christophe P., sont couards et insidieux. Nous n'avions rien à craindre. A priori."Sauf que...Rien ne se passe jamais comme prévu. J'avoue que cette soirée-là s'est déroulée aussi intensément qu'un scénario de Martin Scorcese et de Brian de Palma réunis. Des paillettes et du glam', du sang et des larmes, des poings et du verre brisé, des putes et des flics, des proxénètes et des rats, et des remises en question radicales. Heureusement du chaos a émergé autre chose, de plus régulé et de moins malsain, pour tous. Protagonistes majeurs comme personnages secondaires, même pour les figurants. Ça se passe toujours comme ça. Entre jamais et toujours, les ténèbres et la lumière, l'avant et l'après, ça tangue, tout devient nauséeux et décadent. Je me trompe ?Lire les Ballades Confinées : https://amzn.to/3FkkpYd
  • 20. Confinée à Quantico

    13:15
    "... Un parcours touristique quasi obligatoire au cœur de la Grande Pomme. L’avantage de découvrir les States avec des cops', c’est qu’ils ont des privilèges à nuls autres pareils. Le FBI et leurs bureaux me laissent de marbre. Administratif. Le Capitole et le Pentagone : spectaculaires, de véritables fourmilières. L’impression d’être plongée en plein cœur d’une série télé. De Quantico, je garde le souvenir le plus impérissable. L’université des federal agents. Ville fantôme, cachée en pleine forêt, dans laquelle les flics se forment, s’entraînent aux stands de tir, imaginent des jeux de rôles et des cas de figure extrêmes dans des espaces reconstitués comme des décors de cinéma. Ils sont alternativement flics, voyous, victimes. ..."Rien ne va plus dans ma vie.Déménager et vivre à deux, c'est l'enfer. Travailler ensemble, l'enfer. Être si vite enceinte, l'enfer. Avorter, c'est l'enfer. Assister à l'enterrement de ma grand-mère Mamée, c'est l'enfer. Avec Christophe P. l'enfer. Au bureau, l'enfer. En famille, l'enfer. Avec mes amis, c'est l'enfer. Boulogne Nord, c'est l'enfer. Je me perds. Tout se délite.Hier au sommet, aujourd'hui effondrée.M'envoler quelque part.Oui, c'est ça.Qu'importe la destination, pourvu que je puisse nier la situation.Je décide de rendre visite à ma copine Coralie C.Après avoir quitté le golf et la France, elle est devenue special agent au FBI et s'est mariée avec Jimmy T., lui aussi federal agent. Ils habitent à Washington et travaillent à la DEA. J'ignore tout de New-York, des États-Unis d'Amérique, de l'outre-Atlantique.Partir.Loin.Fuir.Est-ce la solution ?Et vous, qu'auriez-vous décidé : affronter ou abdiquer ? Comment abordez-vous un raz de marée ?Lire les Ballades Confinées : https://amzn.to/3FkkpYd
  • 19. Confinée à Boulogne Nord

    12:45
    "Ça commence de cette manière, l'emprise. Ça brille toujours un peu trop. Il me loue comme si j'étais une déesse, vampirise mon temps de travail et moi, au lieu de délimiter d’emblée le propos et le temps à y consacrer, je réponds à ses requêtes de plus en plus fréquentes en temps réel. Je me rends indispensable à ses yeux et je crée moi-même les contours du piège. Répondre du tac au tac à chacune de ses sollicitations justifie mon titre de directrice de la com', moi qui n'ai aucun diplôme et ne rentre dans aucun formatage. Je me retrouve dans son bureau chaque jour, avec toutes les pièces à conviction nécessaires.(...)Un matin, quelqu’un sonne à la porte de mon studio. Étonnée, je vais ouvrir. C’est Christophe P., caché derrière un énorme bouquet : J’ai quitté Clarisse. Hier soir j’ai loué un camion, j’ai déménagé mes affaires, que j’ai stockées dans le garage de mes parents. Je veux vivre avec toi. Je veux que tu sois ma femme et la mère de nos enfants."J’ignore ce qui va se passer même si je soupçonne que ça cloche.Dix ans plus tard cet épisode, romancé, sera l'objet de mon 1er roman : Cet enfant que tu m'as volé.Je m'aperçois que mon 1er éditeur avait tout plaqué de sa vie de financier à Paris, pour s'installer en forêt de Brocéliande et créer sa société d'édition, lui qui était amoureux des lettres et des mots (même si ces redditions de comptes étaient au cordeau), et poète, sensible à la simplicité et la beauté des choses de la vie.Cet homme est mort, sa société a été liquidée ; le stock de mes romans éparpillés, vendus au poids. J'ai récupéré les droits de ce roman. Si je devais le réécrire, je ne garderais ni le titre, ni la forme, ni la structure, ni le genre, ni le fil conducteur, ni les prénoms, ni les personnages secondaires. Rien d'autre que... l'Événement.Lire les Ballades Confinées : https://amzn.to/3FkkpYd
  • 18. Confinée à la compta

    11:39
    "Tout compte fait, cette ambiance industrielle me convient. Je suis bien plus souvent dans les centres de tri, à comprendre le fonctionnement des machines que dans un bureau ou une salle de réunion, même si à l’époque, cela n’est pas institutionnalisé. Avec les cols bleus, je me sens à l’aise. (...)Un lundi, Daniel D. présente Christophe P. en comité de direction : le comptable qu’il vient de recruter. Il aura en charge les budgets des directions fonctionnelles de Somepost, donc la mienne, la com’. Frais diplômé d’Assas, il s'affiche dans un costume trop chic, gris perle sans faux pli, une chemise blanche-cravate, des Weston reluisants, le teint blafard, les yeux vides de sens, d’un bleu délavé, le cheveux court et d’un blond du même délavé, de grosses joues. Il commence toutes ses phrases d’un ton sentencieux par « Fondamentalement, Je… » (...)"J'aurais dû suivre mon intuition.Mon intuition et les prédictions de ma voyante.Les chiffres, les tableaux excel et les mecs en costard, ça n'a jamais été mon truc. Pourtant...Vous êtes-vous aussi trompés en toute conscience ? Vous pénétrez dans un " déni lucide". Comme si vous saviez que vous deviez vous planter, vous planter GRAVE même, pour comprendre de manière ferme et définitive ce qui ne vous convient pas ? Ces provocations dangereuses m'apprennent à identifier les limites et me situer. J'avance à l'aveugle, je frôle toujours un peu le précipice et j'avoue que le prix à payer est proportionnel au danger et au risque.Mais impossible de faire marche arrière...Lire les Ballades Confinées : https://amzn.to/3FkkpYd
  • 17. Confinée à Somepost

    11:54
    "Me voilà dircom’ à Somepost. Une filiale historique du groupe La Poste qui assure la maintenance des centres de tri en France et propose une expertise de conseil postal à l’international. Je suis en charge de la com’ interne (...), de la com’ externe aussi. (...) En matière de conseil postal international, je soutiens les experts postaux (organisation par continents et pays). (...) J’accompagne les certifications qualité (ISO, EFQM). Somepost devient la première filiale du groupe à être certifiée, au niveau national et européen (process, procédures, processus). Je prends en charge la com' de marque, création de logo, signature, nom. Je trouve passionnant de créer une entreprise et d'imaginer son identité. Ce volet est-il à l'origine de mon esprit entrepreneurial ?"J'étais bien loin d'imaginer que 17 ans plus tard, j'allais déposer mon propre logo, ma propre signature, l'identité de ma propre société, et devenir chef d'entreprise... Chaque étape constitue un signe, un palier, un morceau du puzzle qui nous définit. Reconstituer ce puzzle prend une vie.La vie n'est qu'un enchaînement de causes et conséquences. La vie est un très long-métrage.Lire les Ballades Confinées : https://amzn.to/3FkkpYd