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Philomonaco

Guerre et philosophie // Isabelle Delpla, Constantin Sigov et Francis Wolff

Confrontée à la guerre, la philosophie semble intempestive, à contre temps. Elle se déploie quand la guerre n’est pas encore là, tentant de retenir tout ce qui pourrait prolonger la paix, ou quand la guerre n’est plus là, s’escrimant alors à penser la «réparation», panser les blessures, accompagner les deuils, réanimer la morale, rétablir la justice. Lorsque «la guerre est là», lorsque fusils d’assaut, bombes et missiles éventrent les immeubles, incendient fermes, écoles, hôpitaux et usines, rasent des quartiers entiers, laissant sur le sol carbonisé enfants, hommes et femmes, chiens et chevaux, lorsqu’on est contraint de vivre tremblant dans des caves, lorsqu’il n’y a plus d’eau potable, lorsqu’on meurt de faim et de douleur – eh bien la philosophie ne trouve guère de place dans les esprits. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle il n’y a pas une «philosophie de la guerre» comme il y a une «philosophie du langage» ou une «philosophie de l’art», et que le discours de la guerre renvoie plus aisément à la littérature ou au cinéma, aux discours de stratégie et d’art militaire, d’Intelligence, d’histoire, d’économie, de politique. Pourtant – de Héraclite à Hegel, de Platon à Machiavel, d’Augustin à Hobbes, de Montesquieu à Carl von Clausewitz, Sebald Rudolf Steinmetz, Bertrand Russell, Jan Patočka ou Michael Walzer – les philosophes ont toujours «parlé» de la guerre, pour la dénoncer ou la justifier, analyser ses fondements, ses causes, ses effets. La guerre serait-elle le «point aveugle» de la philosophie, la condamnant à ne parler que de ce qui la précède ou la suit, ou au contraire le «foyer» brûlant où se concentrent tous ses problèmes, de morale, d’immoralité, de paix sociale, d’Etat, de violence, de mort, de responsabilité, de prix d’une vie?



«Polemos (guerre, conflit) est le père de toutes choses, le roi de toutes choses. Des uns il a fait des dieux, des autres il a fait des hommes. Il a rendu les uns libres, les autres esclaves», Héraclite, Frag. 56)

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  • De l'amour // Denis Kambouchner : Désir, passion, jalousie

    21:04
    L’amour se vit dans le désir de l’autre et là où les amants ne cessent de relancer leur relation en se livrant passionnément pour l’autre. Désir de l’autre et passion pour l’autre forment ainsi l’influx perpétuellement réinventé du rapport amoureux. C’est, en quelque sorte, son langage secret et unique ; l’expressivité qui rythme et offre la cadence insubstituable entre amants. Or si désir et passion traduisent l’expression propre et la dynamique personnelle, impénétrable, inaccessible de l’amour, peut-on éviter la jalousie de s’y immiscer ? En effet, comment ne pas jalousement retenir l’autre désiré à n’être que pour soi-même et ainsi restreindre sa liberté ? Comment, au coeur du désir et de la relation passionnelle, accepter dans la confiance la liberté de l’autre, voire donner à l’autre sa liberté dans l’alliance aimante ?
  • De l'amour // Giulia Sissa : Désir, passion, jalousie

    22:20
    L’amour se vit dans le désir de l’autre et là où les amants ne cessent de relancer leur relation en se livrant passionnément pour l’autre. Désir de l’autre et passion pour l’autre forment ainsi l’influx perpétuellement réinventé du rapport amoureux. C’est, en quelque sorte, son langage secret et unique ; l’expressivité qui rythme et offre la cadence insubstituable entre amants. Or si désir et passion traduisent l’expression propre et la dynamique personnelle, impénétrable, inaccessible de l’amour, peut-on éviter la jalousie de s’y immiscer ? En effet, comment ne pas jalousement retenir l’autre désiré à n’être que pour soi-même et ainsi restreindre sa liberté ? Comment, au coeur du désir et de la relation passionnelle, accepter dans la confiance la liberté de l’autre, voire donner à l’autre sa liberté dans l’alliance aimante ?
  • De l'amour // Patrick Pharo: Amour narcissique et amour de l'autre

    30:51
    Est-ce toi que j’aime ou aimé-je moi en toi ? Quel amant(e) ne s’est pas posé(e), au moins une fois, cette question ? Car elle interroge précisément l’ambiguïté qui hante toute relation amoureuse, à savoir celle entre le narcissisme de l’amant(e) et le désir d’aimer l’autre comme autre. Nous touchons ainsi au difficile équilibre entre amour narcissique et amour de l’autre. N’aime-t-on en l’autre que le reflet de soi-même ? Peut-on jamais aimer l’autre en tant qu’autre ? Comment ne pas transformer la relation amoureuse en une stratégie narcissique de manipulation, voire de domination, où l’autre n’est aimé que parce qu’il est utilisé en tant que moyen pour le bénéfice du soi ?
  • De l'amour // Christian Godin : Peut-on tout pardonner? - Amour et justice

    30:05
    L’amour relève la justice. Non pas qu’il la supprime ou l’abolit, mais bien plutôt parce que s’y exprime son accomplissement. Nous le voyons, par exemple, dans les scènes de pardon ou de grâce où la justice rétributive se suspend pour laisser se dire l’instant d’une réconciliation effective. En ces scènes, l’exigence n’est plus celle de la Loi, mais se fait supplément amoureux de miséricorde. D’où la question : comment penser ensemble la Loi qui juge en déterminant les peines selon un calcul de la rétribution et le geste d’absolution toujours au-delà̀ de la Loi ? Certes cette question se pose dans le sillage de l’histoire de la philosophie, mais elle touche aussi et permet d’aborder l’apport de la religion.
  • De l'amour // Corine Pelluchon : Aime ton prochain comme toi-même

    26:17
    Si amour en politique il y a, c’est toujours afin de concilier ou réconcilier les êtres autour d’un projet de société commun et partagé. Il s’agit d’un dessein éthique au sein duquel les citoyens s’adonnent à faire valoir une conception du « vivre- ensemble ». Pourquoi alors parler d’amour ? Il se construit en effet au sein de ce « vivre-ensemble » non pas simplement une rationalité politique collective, mais aussi la possibilité de son dépassement ou de son débordement dans une « aimance » capable de transformer la socialité en communauté, voire en fraternité. Il nous appartiendra de poser la question philosophique de savoir comment maintenir l’équilibre entre l’agir et la décision politiques et cette « aimance » où les citoyens se reconnaissent, au-delà de la raison politique, en tant que frères et sœurs engagés dans un destin commun.
  • De l'amour // Michel Erman : Aimer, mentir, trahir

    24:24
    Tout amour porte en lui une promesse. Mais si la promesse ne peut se donner qu’en supposant l’impossibilité de la tenir, comment ne pas y voir déjà une logique mensongère et l’inévitabilité d’une trahison ? La promesse d’amour, pour se dire vraiment, est-elle toujours assujettie à la pure transparence ou bien doit elle aussi se réserver dans une certaine obliquité ? Aimer est-ce « tout » dire ou bien se garder de dire « tout » ? Peut-on mentir et trahir par fidélité à l’amour ? Ou aimer dans l’infidélité mensongère et traîtresse ?
  • De l'amour // Monique Canto-Sperber : Aimer, mentir, trahir

    25:22
    Tout amour porte en lui une promesse. Mais si la promesse ne peut se donner qu’en supposant l’impossibilité de la tenir, comment ne pas y voir déjà une logique mensongère et l’inévitabilité d’une trahison ? La promesse d’amour, pour se dire vraiment, est-elle toujours assujettie à la pure transparence ou bien doit elle aussi se réserver dans une certaine obliquité ? Aimer est-ce « tout » dire ou bien se garder de dire « tout » ? Peut-on mentir et trahir par fidélité à l’amour ? Ou aimer dans l’infidélité mensongère et traîtresse ?
  • De l'amour // Paul Audi : Aimer, mentir, trahir

    27:06
    Tout amour porte en lui une promesse. Mais si la promesse ne peut se donner qu’en supposant l’impossibilité de la tenir, comment ne pas y voir déjà une logique mensongère et l’inévitabilité d’une trahison ? La promesse d’amour, pour se dire vraiment, est-elle toujours assujettie à la pure transparence ou bien doit elle aussi se réserver dans une certaine obliquité ? Aimer est-ce « tout » dire ou bien se garder de dire « tout » ? Peut-on mentir et trahir par fidélité à l’amour ? Ou aimer dans l’infidélité mensongère et traîtresse ?
  • De l'amour // Frédéric Worms : Aime ton prochain comme toi même - Amour et politique

    26:02
    Si amour en politique il y a, c’est toujours afin de concilier ou réconcilier les êtres autour d’un projet de société commun et partagé. Il s’agit d’un dessein éthique au sein duquel les citoyens s’adonnent à faire valoir une conception du « vivre- ensemble ». Pourquoi alors parler d’amour ? Il se construit en effet au sein de ce « vivre-ensemble » non pas simplement une rationalité politique collective, mais aussi la possibilité de son dépassement ou de son débordement dans une « aimance » capable de transformer la socialité en communauté, voire en fraternité. Il nous appartiendra de poser la question philosophique de savoir comment maintenir l’équilibre entre l’agir et la décision politiques et cette « aimance » où les citoyens se reconnaissent, au-delà de la raison politique, en tant que frères et sœurs engagés dans un destin commun.